161 - Le chasse marée

Un chasse marée reconstitué défile à Ry

La tour du relai de chevaux du chasse marée
à Pierreval

Le poisson de mer est disponible frais sur la côte mais doit être salé ou fumé pour rejoindre les villes trop éloignées.

Durant le Haut Moyen ge les prescriptions religieuses (jours maigres, carême…) font augmenter la consommation de poisson. Des transports rapides se mettent en place pour avoir du poisson frais dans les grandes villes (Rouen, Paris ,Beauvais….).

Ces transports ont eu à pâtir de la rapacité de certains seigneurs, abbés et officiers qui imposent des péages abusifs mais aussi des bandits qui rançonnent et pillent ces mareyeurs. Le roi Jean II Le Bon en 1351 prend des mesures pour les protéger et ainsi assurer l’abondance de poissons à Paris.

Pour réduire le temps d’acheminement, les chasse-marée sont prioritaires dans les ports pour acheter la marchandise et un marché centralisé est organisé aux halles de Paris. Mais le facteur limitant reste l’état des routes qui tout au long des siècles est mauvais.

Les chasse-marée adaptent leur itinéraire en fonction de la météorologie car des chemins sont impraticables par temps de pluie. Les améliorations des routes au 18ème siècle par pose de pavés ne sont pas favorables à ces voitures car à grande vitesse les chevaux glissent sur ces pavés. Il faut attendre le début du 19ème siècle et l’empierrement des routes, selon les idées de Mac Adam, pour avoir les vitesses les plus élevées.

Dès l’arrivée au port, le poisson est déchargé du bateau et mis dans des paniers en osier. Ces paniers sont normalisés et ne doivent contenir qu’une espèce de poissons issus de la même pêche. Les paniers sont chargés sur la voiture et recouverts d’une bâche pour maintenir la fraîcheur. Ce véhicule est une voiture à deux roues qui est aménagée pour être légère et pour amortir les chocs durant le voyage. Le fond de celle-ci n’est pas en planches mais en cordes entrecroisées et les ridelles sont en osier à claire-voie.

L’attelage est constitué de quatre ou six chevaux qui sont changés au bout de sept lieues dans des relais. Cela veut dire que le mareyeur utilisant un attelage de six chevaux doit en posséder trente pour rejoindre Paris distant de trente cinq lieues de Dieppe. Le cheval de tête de cet attelage porte un grelot qui signale l’arrivée du véhicule. Au 19ème siècle un chasse-marée partant de Dieppe en fin de journée arrive à Paris tôt le lendemain matin.

Le chemin de chasse-marée qui passe à Saint-André vient de Dieppe et mène à Paris. Le véhicule passe à Clères puis à Saint-Georges-sur-Fontaine et en passant par Saint-André se rend à Pierreval où se trouve le relais (1). Un guetteur posté dans la tour de ce relais sonne du cor pour signaler l’arrivée d’un attelage et activer la préparation des chevaux de rechange. Après le relais, la direction est Ry, Beauvoir, Neuf Marché, Gisors et Paris.

Au moment où les routes permettent enfin de se déplacer rapidement avec les voitures à cheval, le chemin de fer fait son apparition et l’ouverture des lignes en 1848 condamne les chasse- marée.

(1) Seule subsiste la tour de cet édifice, le reste a été détruit en 1942.