Le château de Montgrimont

C’est l’un des édifices emblématiques du village. Son nom, pour certains, suffit à faire rêver. Pour d’autres, c’est son héritage historique qui le distingue. 

De style « néo-Tudor », il se caractérise par une esthétique néo-gothique appliquée à une construction en briques et pierres blanches. Edifié dans la seconde partie du XIXe siècle sur une base très ancienne le château, doté à son origine d’un corps de bâtiment rectangulaire, connaît vers 1880 un déséquilibre provoqué par l’adjonction d’un bureau qui rallonge la façade Sud-Est. Cette disharmonie est atténuée au début du XXe siècle par la création de lucarnes, d’un bow-window et la construction d’un jardin d’hiver. 

Pour les habitants de Fontaine-le-Bourg, cette demeure reste principalement celle d’un prestigieux inventeur : Edouard Delamare Deboutteville. C’est là, en effet, que le célèbre ingénieur mécanicien a dessiné les plans de l’automobile moderne. 

Le premier véhicule automobile propulsé par un moteur à 4 temps alimenté par de l’essence est sorti des ateliers de la filature de coton situés en contrebas de la propriété, en bordure du Cailly. L’ensemble industriel n’existe plus depuis la vente de la propriété en 1901. La nature a repris ses droits sur ce splendide domaine de 42 hectares riche d’un patrimoine aussi bien naturel que culturel. 

Montgrimont, également orthographié Mont-Grimont, est un lieu chargé d’histoire notamment féodale. Si la première partie du nom rappelle la topographie du site, la seconde partie du toponyme Grimont a pour origine un nom de famille représentant la forme altérée de Grimmund. 

Ce patronyme d'origine germanique est issu de grim qui signifie cruel et mund protection, ancien surnom probable de guerrier. Le Mont-Grimont est une ancienne vavassorie ou vavassorerie. Le vavasseur ou vavassal, du latin médiéval vassus vassorum, était le vassal d'un seigneur lui-même vassal. 

En Normandie, où toute tenure était désignée par le mot ‘fief’, on distinguait juridiquement deux sortes de vavassories. Les unes étaient considérées comme nobles, c'est-à-dire exerçant un droit de seigneurie sur des tenures non nobles et les autres comme « vilaines » ou roturières c'est-à-dire qu'elles étaient des tenures non nobles dépendant d'une seigneurie. 

Ces vavassories nobles étaient généralement dénommées « franches vavassories » dans les aveux, expression tirée de liber vavassor. La nature de cette tenure foncière et les droits attachés de colombier, de chasse, de pêche, d’avoir le cheval ou haquenée seront les éléments centraux de plusieurs procès aux XVIIe et XVIIIe siècles entre les religieux de l’abbaye de Fécamp et les tenanciers de la vavassorie de Montgrimont relevant de leur baronnie. 

Alain Dugard