Charles Nicolle (1866-1936)

Charles Nicolle naît à Rouen le 21 septembre 1866. Fils et frère de médecins, il s’oriente tout naturellement vers des études médicales. Peu de temps après, se découvrant atteint d’une surdité évolutive il va choisir la dermatologie et les sciences de laboratoire pour lesquelles l’ouïe est moins indispensable. Au cours de son internat dans les Hôpitaux de Paris, il se passionne ainsi pour la microbiologie et travaille en particulier sous la direction du Pr Emile Roux (1853-1933), dont il suit les cours à l’Institut Pasteur.

De retour à Rouen, il devient chef du nouveau laboratoire de bactériologie de l’école de médecine (1896) puis chef de service à l’Hospice Général de Rouen (1900), s’occupant plus spécialement des maladies vénériennes et des maladies de la peau. Rencontrant de puissantes oppositions à ses projets et à ses ambitions, il démissionne à la fin de 1902 pour prendre la direction de l’Institut Pasteur de Tunis.

A la tête de cet établissement, Charles Nicolle entreprend une vaste étude microbiologique des maladies qui sévissent au nord du continent africain. Parmi ses nombreux travaux, il faut particulièrement retenir sa découverte, en 1908, avec Louis Hubert Manceaux (1865-1943), d’un nouveau parasite, qui se révèlera être l’agent de la toxoplasmose humaine. Mais ce sont surtout ses travaux sur le typhus -maladie infectieuse trop souvent mortelle depuis longtemps associée aux guerres et à la misère - qui lui valent une renommée internationale. En 1909, avec Charles Comte (1869-1943) et Ernest Conseil (1879-1930), il apporte la preuve expérimentale que cette maladie est transmise par les poux du corps. Cette découverte permet de mettre en œuvre des mesures de prophylaxie efficaces et de sauver bien des vies grâce à l’épouillage systématique des sujets en provenance des régions contaminées. Poursuivant ses travaux sur ce fléau, il sera aussi l’inventeur du concept des infections inapparentes qui sera, selon ses propres termes, la plus importante de ses découvertes.

Ses recherches sur le typhus lui valent deux distinctions majeures : le Prix Osiris en 1927, décerné par l’Institut de France, et le Prix Nobel de physiologie et de médecine en 1928. En 1932, il est nommé à la prestigieuse chaire de médecine du Collège de France. Dans son enseignement, il fait preuve d’un prophétisme scientifique dont les médecins de la fin du XXe siècle confrontés à l’émergence du sida, ne pourront que constater la justesse :

« Il y aura donc des maladies nouvelles. C’est un fait fatal. Un autre fait, aussi fatal, est que nous ne saurons jamais les dépister dès leur origine. Lorsque nous aurons notion de ces maladies, elles seront déjà toutes formées, adultes pourrait-on dire ».

Charles Nicolle repose à l’Institut Pasteur de Tunis. Sur la dalle de marbre de son tombeau se trouvent gravés deux rameaux entrelacés, alliance du pommier et de l’olivier, de la Normandie et de la Tunisie.