La loge des fous

Francisco de Goya - La casa de locos - Académie royale des Beaux-Arts de San Fernando, Madrid

Sous l’Ancien Régime, il n’existe aucune disposition particulière pour la prise en charge des « fols ou insensés » comme on les appelle alors. Ils sont enfermés un peu partout dans différents endroits des villes et des faubourgs, voire même dans leurs campagnes environnantes.

A Rouen, ils sont détenus dans des dépôts de mendicité, des maisons de force, des tours de remparts, mais aussi au Bureau des Pauvres Valides, créé en 1681, qui deviendra l’Hospice Général et qui aura rapidement la charge de les héberger dans un quartier à part.

Une décision du 14 janvier 1687 indique que « du côté des hommes et du coté des femmes il sera établi des loges pour la demeure des débiles d’esprit, placés à la charge dudit hôpital ».

L’Hospice Général de Rouen va donc drainer, malgré lui, les « insensés » de son ressort géographique qui seront détenus dans un premier temps et dans des conditions déplorables dans la Tour du Colombier (voir fiche N°2).

Après la démolition de celle-ci, sont construites en 1733, 13 loges puis 10 autres dites « nouvelles loges » afin de recevoir cette population. Ce sont, en fait, des cachots étroits, aux murs sinistres dont les portes sont garnies de lourdes serrures, et qui sont également destinés aux « vénériennes révoltées ».

En 1797, l’Hospice Général de Rouen dénombre 120 individus « déments », enchainés, sans vêtements et sans autre alimentation qu’une nourriture grossière.

C’est pourquoi il est décidé, en 1800, la construction de nouvelles loges pour les fous dans le voisinage immédiat de la nouvelle chapelle, construction confiée à l’architecte de celle-ci, Bernard Vauquelin. L’ensemble est terminé en 1802 et comporte 35 loges pour les hommes, 50 loges pour les femmes et 2 cours séparées pour la promenade.

Le 11 juillet 1825, l’ouverture officielle des portes de l’asile Saint-Yon à Sotteville-lès-Rouen, va entraîner la fermeture définitive des loges de Vauquelin ainsi que leur destruction.