La cachette monétaire

C'est au mois de juillet 1913 que M. Buquet, bûcheron occupé à lier des fagots dans le bois de Mme Pellerin au hameau de Colmare, remarque un terrier de lapin.

Dans la terre rejetée, il ramasse des rondelles de métal, considérées comme des boutons ; il les dépose sur sa cheminée.

Au bout de quelque temps, il observe ses trouvailles et s’aperçoit que certains de ces disques métalliques sont en argent, gravés de croix et de lettres. Il fait part de sa découverte à M. Dupuis, instituteur de la commune. Celui-ci montre ces pièces à Mr Léon de Vesly, archéologue réputé et directeur du musée des antiquités de Rouen. Celui-ci date ce dépôt de monnaies de la fin du XVème siècle. Le maire d’Yquebeuf, comme le veut la loi, en informe le préfet.

En janvier 1914, les mauvaises conditions météorologiques empêchent une exploration du terrier. Toutefois, le 19 janvier, M. de Vesly se rend à Yquebeuf et le maire lui remet onze cents pièces très oxydées ainsi que les débris de deux vases ayant contenu les pièces.

Quelques jours plus tard M. Dupuis et Mme Pellerin remettent, respectivement, à l’archéologue 83 et 186 pièces. L’inventaire effectué dénombre un total de 1442 pièces pour une valeur estimée à 791,10 Fr.

L’ensemble est composé de pièces françaises :

  • 20 pièces du règne de Louis XI

  • 249 pièces du règne de Charles VIII

  • 84 pièces du règne de Louis XII

  • 96 pièces du règne de François 1er

A cela s’ajoutent 24 pièces étrangères un peu plus rares ainsi que 969 pièces de monnaies de moindre valeur : des billons, pièces en alliage de cuivre et plomb avec environ 50 % d’argent.

Léon de Vesly se demande quelle est la raison de cette dissimulation d’argent. Après avoir pensé aux pillages de voleurs ou aux méfaits des troupes de Charles le Téméraire, il retient l’hypothèse que ce dépôt a eu lieu vers 1530, une époque d’exaction de la taille commise sur les habitants des campagnes.

Pour aller plus loin :

La cachette monétaire par Léon De Vesly dans le fonds Bizet.