La cohue

Que signifie ce mot ? Selon certains linguistes ou philologues comme Friedrich Diez, son étymologie vient de co-huer à cause du bruit qui se fait dans les juridictions des halles.

Pour d’autres, il vient plutôt de coui, un vieux mot celtique, ou du bas-latin cohua. Ce terme est utilisé dans le Nord et le Nord-ouest de la France au XIIIe siècle. Il est présent dans le dictionnaire universel de Furetière en 1690. Nous y trouvons la définition suivante : On s’en est servi depuis pour signifier le lieu destiné à tenir la Justice dans les villages par des juges pédanées. 


Depuis le début du XIIe siècle, la baronnie de Fontaine-le-Bourg relève du temporel de l’abbaye bénédictine de Fécamp. Elle constitue une instance civile mais aussi pénale. En effet, le pouvoir de justice est primordial. Comment l’abbaye pourrait-elle percevoir ses diverses redevances, se faire respecter et obéir sans disposer d’un pouvoir coercitif ?  Elle dispose d’un droit de basse et de haute justice. 


C’est tout naturellement dans le chef de la baronnie que se tiennent les plaids présidés par le sous-sénéchal qui est l’officier seigneurial compétent en matière de juridiction civile. Le sénéchal intervient, quant à lui, pour les affaires les plus graves. 


Les prisonniers sont emmenés à Rouen Saint-Gervais pour y être jugés. S’ils sont condamnés par les jurés, ils sont ramenés à Fontaine-le-Bourg pour y être battus et fustigés dans un carrefour devant la population tout entière. 


On sait en effet que la mentalité médiévale est particulièrement sensible à ce genre de choses et que la foi dans la valeur de l’exemple est très forte. Les sentences les plus graves sont exécutées par pendaison sur un gibet dans un hameau surplombant le village. 


Si les belles cheminées de pierre, la chapelle et la prison ont disparu du bâtiment primitif, il conserve aujourd’hui encore de belles fenêtres à meneaux du XVIe siècle.

Alain Dugard