Jean, Henri et Marie Pillore (1807-1855)

Jean Pillore naît à Verfeil (Haute-Garonne) le 6 juin 1724. Ayant décidé d’étudier la chirurgie, il quitte son Languedoc natal pour la capitale. Intelligent et travailleur, il se distingue rapidement par ses talents de chirurgien et d’enseignant. En 1742, lorsque le célèbre chirurgien rouennais Claude-Nicolas Lecat (1700-1768) cherche un assistant, il s’adresse à l’Ecole de chirurgie de Paris qui lui propose le jeune Pillore. C’est ainsi que Jean Pillore devient chirurgien interne de l’Hôtel-Dieu où il reste pendant cinq ans, assistant également Lecat dans son école de chirurgie. Il suit ensuite sa propre voie et fait une brillante carrière ouvrant également un cours gratuit d’accouchement. En 1776, il effectue une première chirurgicale : la pose d’un anus artificiel. Père de douze enfants vivants, il s’éteint à Rouen en 1804.

Son fils, Henri Pillore, né en 1771, suit les traces paternelles. Après avoir été reçu docteur en médecine à la Faculté de Montpellier en l’an III (1794-1795), il s’installe à Rouen où il fait toute sa carrière. En 1842, alors qu’il se promène dans sa propriété du bois Bagnères, il meurt, frappé d’apoplexie.

Marie Jean Henry Pillore (petit-fils de Jean et fils d’Henri) naît rue de Fontenelle à Rouen en 1807. Il fait ses études de médecine à Paris auprès du célèbre Dupuytren et fait preuve d’un grand dévouement lors de l’épidémie de choléra de 1832. Docteur en 1834, il est nommé l’année suivante chirurgien-adjoint à l’Hospice-Général de Rouen. Chargé de cours d’anatomie à l’école de médecine, il devient en 1846, chef de service de la gésine de l’Hôtel-Dieu. En 1848 il est professeur titulaire d’anatomie et de physiologie.

Dès 1847, il expérimente l’anesthésie à l’éther et au protoxyde d’azote. Déchargé de la gésine en 1853, il poursuit sa carrière comme médecin-chef à l’Hôtel-Dieu jusqu’à sa mort prématurée survenue en son domicile le 26 février 1855.

Par testament, il lègue aux Hospices de Rouen une somme de 200 000 Francs afin de construire une gésine (maternité) moderne, formulant le vœu que sur sa façade soit inscrit « Gésine Pillore ». Il lègue également à la Ville de Rouen sa bibliothèque médicale composée de 3000 volumes. En 1856, sa mère décède à son tour faisant un legs à la municipalité afin de décerner chaque année un prix à l’élève de l’Ecole de médecine de Rouen qui aura le mieux réussi au concours.

Aujourd’hui, à travers le fonds Pillore de la Bibliothèque de la Faculté de médecine et le pavillon Pillore, qui hébergea longtemps le service de gastro-entérologie, la mémoire de cette dynastie médicale s’est perpétuée jusqu’à nous.

Pour aller plus loin :

- Henri Pillore - Jean-Luc Maupas - Séance GHHR 24 novembre 1999 - Echanges magazine n°36 - avril 2000 - p. 30-31.

- Jean Pillore - Jean-Luc Maupas - Séance GHHR 15 mars 2000 - Echanges magazine n°38 - février 2001-; p. 36-37.

- Eloge du Dr Henri Pillore. Discours prononcé le 15 novembre 1855 à la séance de rentrée des cours d’enseignement supérieur - par Marie-Louis Mélays - Rouen - Péron - 1855

- Une bibliothèque médicale aux XVIIIe et XIXe siècles : le fonds Pillore de la Faculté de Médecine de Rouen - 1989 - par Alain Obrier - Ecole Nationale supérieure de bibliothécaires