La filature des prés

Tout au long du XIXe siècle, le village de Fontaine-le-Bourg vit au rythme de l’industrie textile qui assure son développement et sa prospérité. Le Cailly, qui traverse le village, fournit dans un premier temps l'énergie nécessaire aux établissements industriels. Il permet l'installation de six filatures de coton.

 

La filature des prés est construite en 1833 par Elie de Boutteville. Son successeur François Delamare Deboutteville la développe considérablement. Elle est vendue en 1893 à Emile Dantan. 


Elle cesse toute activité à la fin des années 1950.


Ce site devient en 1967 une unité du fabricant d’équipement électrique Legrand. Si l’ancienne filature de coton a été totalement transformée en une vaste usine moderne à la pointe de la technologie, il subsiste encore quelques sheds qui témoignent de son lointain passé. 


L'apparition du shed est directement liée à la révolution industrielle du XIXe siècle. Le besoin de grandes surfaces éclairées pour les ateliers, à une époque où l'éclairage électrique est encore rare, amène les architectes à cette solution. Un shed (anglicisme) désigne une baraque, une cabane ou encore un hangar. En français académique, c’est une toiture à redans partiels ou une toiture en dents de scie. Elle est formée d’une succession de toits à deux versants de pente différente. Le plus court est majoritairement vitré, couvrant en général un atelier industriel. Le shed permet donc d'amener la lumière au cœur des ateliers et usines. Dans l’hémisphère nord, on oriente habituellement le vitrage vers le nord car la lumière est constante. Cela permet d'éviter la surchauffe due au soleil direct ainsi que l'éblouissement des travailleurs.

 

L’appellation anglaise, en dehors de "sawtooth roof" (toit en dents de scie), est d'ailleurs explicite : "northlight roof" (toit à lumière du Nord). Une autre fonction des sheds est liée au mode d'entraînement des machines-outils dans les usines

 

Au cours du XIXe siècle, l'énergie est fournie par la machine à vapeur. C'est un moteur thermique à combustion externe. Il transforme l'énergie thermique, que possède la vapeur d'eau fournie par une ou des chaudières, en énergie mécanique. Cette machine puissante et solide, mais aussi onéreuse et encombrante, est installée à une extrémité du bâtiment. Elle fournit, seule, la force motrice à toute l'usine. 


Pour transmettre cette énergie aux différentes machines dans les ateliers, la machine à vapeur entraîne, via des courroies plates (textile-caoutchouc ou cuir-caoutchouc), une série de poulies et d'arbres transversaux installés au niveau du chaînage des murs, juste sous la toiture.


Alain Dugard