Le site Charles Nicolle

Durant des siècles le principal hôpital de Rouen, l’Hôtel-Dieu, est situé dans le voisinage immédiat de la Cathédrale.

Au XIVe siècle, à partir de 1348, alors que de terribles épidémies de peste vont s’abattre sur la ville pendant trois siècles, les pestiférés sont isolés dans le faubourg Ouest de la ville dans des baraquements puis il est décidé une vaste construction en pierre qui devient au milieu du XVIIIe siècle le nouvel Hôtel-Dieu de Rouen.

Au XVIe siècle, la situation économique de la France se dégrade et la pauvreté s’aggrave. En 1534 se constitue, sous l’impulsion du Parlement, un « bureau des pauvres » chargé de coordonner l’aide sociale qui concerne au moins 15% de la population. Mais les distributions de pain et toutes sortes d’aides à domicile ne suffisent pas. Il est alors envisagé de disposer d’un vaste établissement pour réunir tous les pauvres, vieillards, enfants abandonnés et de faire travailler les pauvres valides.

Un pâté de maisons est acheté dans le quartier le plus pauvre de la ville, un marécage entre deux rivières, le Robec et l’Aubette, coincé entre le rempart et le couvent des Célestins. Ce site à la croisée de deux rues encore visibles (rue Lamauve et rue de Germont) se développe progressivement et devient en 1681 l’Hôpital Général, hébergeant rapidement plusieurs centaines de personnes. Les bâtiments en colombages sont progressivement remplacés par des bâtiments en brique et pierre.

Au XVIIIe siècle, l’assise foncière de l’hôpital ne cesse de se développer en particulier vers l’Est en englobant le vieux couvent des Célestins et en bénéficiant de terrains libérés par la démolition des remparts et la création du boulevard. Après la Révolution, les Hospices Civils de Rouen regroupant l’Hôtel-Dieu et l’Hôpital Général constituent un ensemble de plus de 3000 lits : à l’Hôtel-Dieu les adultes malades ; à l’Hôpital Général, les vieillards, les enfants abandonnés et toutes les misères du temps.

C’est au lendemain de la première guerre mondiale que se pose la question d’une stratégie hospitalière. Faut-il un ou plusieurs hôpitaux ? Où les implanter ? Quelle liaison établir avec l’Ecole de Médecine ? Comment exploiter les progrès du temps : chauffage central ; éclairage électrique ? laboratoires ? radiologie ? salles d’opération… etc.

La réponse sera apportée au lendemain de la Seconde guerre mondiale avec l’adoption en 1962 d’un plan-directeur qui prévoit de concentrer l’essentiel des activités sur le site de l’Hôpital Général qui devient à l’époque l’Hôpital Charles Nicolle. On prévoit en particulier un grand bâtiment central flanqué de deux ailes – Dévé et Derocque. Ce plan sera globalement achevé 30 ans plus tard, vers 1990.

Pendant un demi-siècle les travaux ne cesseront pas faisant d’un vieil hospice un hôpital universitaire performant. En dehors d’un ensemble de bâtiments construits de la fin du XVIIe siècle à la fin du XIXe (Secteur Germont), de la chapelle (1790) et d’un bâtiment en colombage érigé sur l’ancien rempart (le Colombier), il ne reste rien de l’ancien hospice aujourd’hui recouvert de bâtiments modernes qui se poursuivent même au delà du boulevard Gambetta.