Les bâtiments du 17ème

Sous le règne de Louis XIV, la volonté de rétablir l’ordre dans les villes, de contrôler mendiants et marginaux et de se protéger contre les individus asociaux va entrainer la création d’établissements hospitaliers dont le but n’est ni le soin, ni la charité, mais l’enfermement des pauvres.

Ces établissements qui sont appelés hôpitaux généraux, sont créés par un édit royal de 1662.

Les hôpitaux généraux dont la mission est de donner asile à tous les pauvres valides et qui sont en fait des lieux de réclusion chargés d’assurer , en milieu urbain, un rôle d’assainissement social et non un rôle de lieu de soins. Selon la volonté royale, l’hôpital général chargé d’accueillir mendiants, vagabonds, enfants trouvés, insensés et incurables devient, en quelque sorte, le gardien de l’ordre social et en fait l’antichambre du cimetière.

La discipline y est stricte, les tensions importantes, et pour les personnes valides qui le peuvent, le travail est obligatoire.

C’est ainsi qu’en mai 1681, le Bureau des Pauvres Valides de Rouen est érigé en hôpital général des pauvres valides à la suite d’un édit du roi Louis XIV, enregistré par le Parlement de Normandie, le 23 juin 1681. Cet édit royal comprend 32 articles très explicites qui constituent un véritable code de lutte contre la mendicité à Rouen. Il est intitulé : Edit du Roi portant établissement de l’Hôpital Général pour le renfermement des pauvres, mendiants de la ville et faubourgs de Rouen.

Après l’apparition de l’édit royal de 1681, des agrandissements très important vont être réalisés sur le site du nouvel hôpital général. Selon certaines sources, le coût de ces travaux, estimés entre 400 000 et 500 000 livres, aurait été financé sur décision de l’autorité royale, en fait de Colbert, grâce à l’argent prévu pour réaliser des travaux du chemin neuf, un espace traversant le pré aux loups et reliant la porte Martainville à la route de Paris.

C’est Jacques Gravois, descendant d’une véritable dynastie d’architectes rouennais, qui fut chargé de réaliser les plans de ces nouveaux édifices. C’est ainsi, qu’entre 16877 et 1692, ont été édifiés 3 nouveaux bâtiments en forme de U, dont une branche a été ensuite démolie, puis reconstruite à la fin du XVIIIème siècle et qui accueillera la direction générale.

Il ne reste donc dans l’actuelle Cour d’honneur, ancienne cour des hommes, que deux bâtiments du XVIIème siècle, en forme d’équerre, et qui sont bien représentatifs de l’architecture hospitalière du XVIIème siècle.

Le grand bâtiment, constitué d’un rez-de-chaussée et de deux étages, abritait le réfectoire et les dortoirs des hommes. Il est de style Louis XIII en briques et pierres avec chaînage de pierres et percé par des fenêtres encadrées de moulures. Les combles mansardés sont couverts en ardoises et le bâtiment est relié à 2 beaux pavillons d’angle formant un léger avant-corps. Au centre du bâtiment, un fronton curviligne en pierre de Vernon est en léger avant-corps percé de trois fenêtres.

Le petit bâtiment en retour d’équerre est de même style avec en son centre un fronton curviligne en pierre de Vernon également et percé d’une seule fenêtre. Ce fronton surplombe un porche voûté qui va devenir la nouvelle entrée du centre hospitalier, l’ancienne étant située rue de la marêtrie. Le pavillon d’angle, à la porte 5, qui relie les deux bâtiments avec ses bandeaux de pierres horizontaux abrite le très bel escalier à balustres de style Louis XIII, également appelé escalier Legrix, conduisant à la salle de délibérations des administrateurs.