Delamare-Deboutteville et la diligence

English version

Edouard Delamare-Deboutteville est né le 08 février 1856, dans une famille de riches industriels de la région. Après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur de l’Ecole industrielle de Rouen, il se passionne pour les moteurs à gaz et à essence et conçoit, en 1884, dans son château de Montgrimont à Fontaine-le-Bourg, une adaptation de break de chasse pour faire évoluer son moteur à quatre temps, de 8 cv et 3,8 litres de cylindrée pour laquelle il dépose un brevet.

Léon Malandain, son mécanicien, poursuit les essais vers Cailly, profitant de la place du marché pour faire demi-tour, bienheureux de l’aide des habitants pour y parvenir.

Cette automobile n’aura pas de suite, car Edouard Delamare-Deboutteville s’intéresse plus au développement du moteur à explosion qu’à celui d’une automobile. Il le perfectionne donc et dépose près de 40 brevets. De 8 cv en 1884, la puissance atteint 100 cv en 1889 et 700 cv en 1900.

Le moteur rivalise alors avec les machines à vapeur, à puissance égale, mais avec une souplesse de mise en route et d’entretien bien plus grande.

Il reçoit pour ces inventions médailles d’or et diplômes d’honneur à l’exposition universelle de 1900.

Il meurt prématurément le 17 février 1901 dans son château.

Quand le break de chasse à moteur fait son demi-tour devant les halles de Cailly, c’est à proximité d’une des dernières diligences destinées au transport des voyageurs vers Rouen.

Voici ce qu’en écrit le journaliste Georges Dubosc, quelques années plus tard:

"La plus typique des diligences encore existantes, celle qui rappelle le mieux les antiques pataches du bon vieux temps, roulant cahin-caha par les ornières des vieilles routes de France, c'est certainement la voiture de Cailly. A la voir sans chevaux, comme échouée sur le trottoir, en face de l'Hôtel du Cygne, place Beauvoisine, tout près d'un kiosque à journaux, on ne peut se figurer le véritable aspect de la vénérable guimbarde. Il faut la voir, dégringolant au trot de ses trois chevaux les tournants de la côte de Neufchâtel, basse sur ses roues crottées, large et trapue, ventrue et lourde.

La voiture de Cailly avec son coupé - car elle a un coupé, - avec sa caisse jaune serin, de ce beau jaune de la diligence de Sèvres, peinte par Géricault, a les allures de ces berlines de l'Emigré. Elle a surtout ces airs mystérieux qui auraient ravi d'aise Barbey d'Aurevilly, quand, à la nuit tombante, elle file sur la route bordée de peupliers frissonnants, aux environs de cette auberge du Vert-Galant aujourd'hui abandonnée. Elle n'en fait pas moins son chemin avec son "impériale" couverte de paquets et sa civière qui se balance au ras du sol, conduite par le père Douyer, gravement assis près de son coupé ouvert, menant placidement son équipage".

Elle continua au moins jusqu’en 1914 conduite alors par Henri Gaugué (MPLF) et Paul Boucher, ici, sur la photo.