Né en 1890 à Paris, Jean Delacour s’intéresse très jeune à la nature ; passion qu’il développe pendant les vacances de son enfance, passées dans la propriété familiale de Villers-Bretonneux, commune de la Somme où sa famille possède une usine de bonneterie.
Dans le parc, il crée les premières serres, peuplées d’oiseaux, et collectionne les orchidées.
Après son baccalauréat, il entreprend des études de botanique à Lille, et voyage, en Europe et en particulier en Angleterre. Durant une période, il s’y rend tous les mois et fréquente les milieux des Sciences et des Arts. Après son service militaire, il entame des études de zoologie à la Sorbonne et fréquente assidûment le Muséum National d’Histoire Naturelle, dont il deviendra plus tard chercheur associé et correspondant. Membre de la section ornithologique de la Société Nationale d’Acclimatation, il devient naturellement membre de l’Avicultural Society de Londres, les deux organismes étant très liés. Il participe à la création de la Ligue de Protection des Oiseaux avec son ami le prince Paul Murat.
Pendant la guerre de 1914-1918 et la Bataille de la Somme, la propriété familiale est détruite. Durant cette période, officier de liaison avec les armées britanniques et australiennes, Jean Delacour fait la connaissance de personnages dont il restera proche toute sa vie, comme Alfred Ezra et la famille Astley, chez qui il est reçu. Ceux-ci sont propriétaires, en Angleterre, de demeures avec parcs et collections botaniques, d’oiseaux et d’animaux. Ils le conforteront, après la perte de la propriété de Villers-Bretonneux, dans sa conviction à trouver le lieu idéal pour développer de nouvelles collections. Ce sera le domaine de Clères, qu’il acquiert en 1919.
Ce domaine avait déjà été rénové, au cours du XIXe siècle, par Hector de Béarn. Celui-ci avait ouvert l’espace autour des bâtiments en supprimant les murs de clôture, en agrandissant l’étang et en changeant les terrains à l’arrière en jardin romantique à l'anglaise. Jean Delacour continue les équipements extérieurs en transformant la prairie en façade en jardin Arts and Crafts, en arrangeant savamment les espaces de circulation humains-animaux avec des murs minérales ou végétales, en faisant construire des volières avec, pour certaines, des points d’eau aménagés en fontaine.
Toujours infatigable, Jean Delacour est sollicité dès 1923 par le Ministère de l’Instruction publique et par le Muséum National d’Histoire Naturelle pour une première expédition en Indochine Française. Six expéditions ont lieu dans cette partie du monde jusqu’en 1938-1939, entre lesquelles s’intercalent deux missions à Madagascar. C’est une période très faste pour Delacour. De ses expéditions, il ramène des milliers de spécimens, dont certains nouveaux pour la science. Il publie ouvrages et articles et devient correspondant de la plupart des plus importants musées d’Histoire Naturelle du monde.
Mais la guerre de 1939-1945 arrête cet élan. Après l’incendie du château de Clères en février 1939, qui détruit sa bibliothèque et ses archives scientifiques et personnelles, c’est un bombardement qui atteint sa propriété en mai et juin de la même année. Jean Delacour, découragé, rejoint les États-Unis en décembre 1940.
Il passe le reste de sa vie en partie dans ce pays, où il est associé de recherche au Musée américain d’Histoire Naturelle de New York. Il participe ainsi à la rénovation des volières du zoo du Bronx. En 1951, il rejoint le Comté de Los Angeles comme directeur du Département d’Histoire, Sciences et Art et y développe les musées. Le parc de Clères est à nouveau ouvert à la visite en 1947, et Delacour y revient plusieurs mois par an pour y séjourner, jusqu’à sa mort à l’âge de 95 ans, en novembre 1985. Dès les années soixante, Jean Delacour prépare l’avenir du parc en le léguant au Muséum National d’Histoire Naturelle, partenaire professionnel de l’ornithologue depuis toujours. Après avoir déjà géré le site durant plusieurs années, le Département de la Seine-Maritime acquiert la propriété du domaine en 2013.
L’esprit du lieu reste en accord avec la vision de Jean Delacour.