L'emplacement de l'église
Ormesnil, autrefois paroisse puis commune avant son rattachement à Frichemesnil en 1823, perd son église, dédiée à Notre-Dame ou Saint-Adrien, au début du XIXème siècle. Cette église dépend du diocèse de Rouen. Son patron est alternativement le Comte de Clères et l'archevêque.
Les visites ecclésiastiques du début du XVIIIème siècle révèlent un état de délabrement avancé. Dès le 20 septembre 1710, le grand archidiacre A. de Tourouvre signale que la nef menace ruine prochaine en raison du manque de fondations dans ses murs. Il préconise alors une démarche des paroissiens auprès de l'intendant.
Quatre ans plus tard, le 2 octobre 1714, la visite de l'archevêque de Rouen, Mgr Claude Maur d’Aubigné, confirme et détaille l'état critique de l'édifice. De nombreux éléments sont défectueux : le ciboire n'est pas doré, il manque une boîte pour le Saint Viatique, le maître-autel n'a pas de contretable, pas de "dès" (probablement un gradin ou support) au-dessus et sa pierre n'est pas consacrée. Il n'y a ni lambri d'appui dans le sanctuaire, ni balustrade de communion, et le chœur n'est pas clos. Les chapelles sont en mauvais état, l'une avec des images "peu décentes et en partie mutilées" et un autel non consacré, l'autre d'une "malpropreté extrême". La chaire à prêcher "ne vaut rien", et le pavé de la nef est très dégradé. Les problèmes structurels sont majeurs : la couverture de la nef est à refaire, celle du clocher et sa charpente en très mauvais état. La nef, dont les murs sont "considérablement déverser en dehors", manque de contreforts. Une cloche est cassée, le portail couvert de chaume et la clôture du cimetière partielle. Les objets de culte sont jugés insuffisants ou impropres. Les finances de la fabrique sont très faibles.
Suite à cette visite, l'archevêque émet des ordonnances strictes le 14 octobre 1714, exigeant des réparations sous peine d'interdit. Il prescrit notamment le dorage du ciboire, l'acquisition d'une boîte d'argent pour le Viatique, des ornements décents, et la mise en conformité ou suppression des autels. Les réparations structurelles sont une priorité : la nef doit être appuyée par des contreforts, les toitures, le clocher et le pavé refaits. La cloche cassée doit être refondue. Une sacristie est à envisager. L'archevêque enjoint également au curé d'avoir un clerc pour les offices et l'école des garçons, et d'établir une maîtresse pour les filles.
Une visite en 1719 atteste que des réparations sur les murailles de la nef et du clocher ont été faites, et qu'une contretable a été installée au maître-autel. Vers 1734, un état décrit le curé Paterne Pottel comme infirme, mais juge que "tout est en bon ordre", malgré de modestes revenus pour la cure.
L'église est également touchée par les événements de la Révolution. Le curé en poste, J. B. Daubichon, installé en 1777, refuse formellement de prêter le serment le 23 janvier 1791. Cela mène à l'élection de Jean Chalambert, un curé assermenté, installé le 8 mai 1791. Un conflit s'ensuit entre les deux hommes. Daubichon se montre hostile, vidant notamment les boîtes des saintes huiles (retrouvées dans des tasses à café par les autorités) et prêchant contre le clergé constitutionnel. Malgré cette opposition, Chalambert reçoit le respect et l'affection des paroissiens. Daubichon obtient un passeport pour l'Angleterre en septembre 1792, et ses biens sont confisqués.
Malgré les tentatives de réparation et les troubles, l'état de l'édifice, jugé précaire dès le début du XVIIIe siècle, scelle son sort. L'église d'Ormesnil est détruite au début du XIXème siècle, ne laissant derrière elle que son histoire et les documents d'archives qui témoignent de son existence.