Le monuments aux morts

Le cénotaphe de la Grande Guerre

L’édification d'un monument est envisagée à Fontaine-le-Bourg dès le début de 1916. 

Le 24 février, le conseil municipal décide à l'unanimité d'élever, dans le cimetière communal, un monument à la mémoire des soldats de la commune morts pour la France. Il fixe à cette date l’ouverture d'une souscription publique à la mairie et fait appel à toutes les bonnes volontés pour lui donner le plus large retentissement. 

Au mois d'août 1916, les premiers fonds recueillis sont placés en bons de la défense nationale afin d'en accroître le montant. Une décision de sagesse ou bien de résignation ? Le projet d'un monument aux morts rentre alors dans une profonde torpeur publique. Il faut attendre la session de mai 1920 pour voir ressurgir cette idée. Dans celle du mois d'août, le conseil municipal décide à l'unanimité d'élever le monument aux morts à l'entrée de la cour de la mairie. L'implantation prévue initialement est donc abandonnée. 

En choisissant de placer le cénotaphe au-devant de la cour de la mairie (où seulement 2 tilleuls sont supprimés), le conseil municipal souhaite que le monument patriotique soit accessible et à la vue de tous.  Les plans exécutés en avril 1921 par l'architecte Jules Duboc sont transmis à la commission des travaux qu'ont rejoint MM. Petit et Bourgeois.

A la verticalité de l'obélisque symbolisant l'essor de l'âme vers le ciel après la mort, la municipalité privilégie la colonne, métaphore de l'arbre, de la force et de la vie.  

L'œuvre, si elle n'est pas unique, s'inscrit néanmoins dans une certaine originalité.  

Sa réalisation est confiée à M. Langlier, marbrier et créateur de monuments funéraires à Petit-Quevilly. La colonne en pierre d'Euville repose sur un socle et des soubassements confectionnés par J. Raillot, entrepreneur de maçonnerie à Fontaine-le-Bourg. 

Elle porte à son sommet un coq en fonte de bronze de 0,80 m de hauteur symbolisant le patriotisme et le sentiment d'appartenance à la Nation. La croix de guerre située juste en dessous met en exergue la bravoure des soldats. Elle permet ici de décorer tous les morts avec l'idée qu'ils sont tous braves. Les 4 chutes de couronnement en faisceaux de baguettes et le trophée de drapeaux enlacés sont l'œuvre de sculpteurs réputés MM. Alphonse Guilloux et Louis Rose. Au sol, huit obus en fonte fournis par le constructeur-mécanicien T. Vieuxbled rappellent la guerre et délimitent l'espace du monument. 

Seuls le maire, les anciens combattants ou à la rigueur les enfants des écoles peuvent prétendre pénétrer cette parcelle de sol désormais sacrée. Le 6 août 1922, l'abbé Belot accueille une foule compacte dans le chœur de l'église pour une messe de Requiem. Après l'exécution d'un beau programme musical interprété conjointement par la chorale des jeunes filles de la paroisse et la Lyre amicale, le prêtre desservant prend ensuite la parole pour un discours patriotique. Malgré une pluie incessante, la cérémonie se poursuit par une bénédiction du monument sous les accents du Libéra ou encore de La Marseillaise

Un cénotaphe rend désormais hommage à nos valeureux soldats. La manifestation se prolonge l'après-midi par la réception, devant une impressionnante assemblée, de M. Labrégère, secrétaire général de la préfecture. L'appel aux morts, effectué dans un silence religieux, est suivi par un dépôt de palmes offertes par la municipalité, les enfants des écoles, ou encore par les camarades de combat des disparus.


Alain Dugard