Le four à pain

Le four à pain, témoin d’un long passé.

Au Moyen Âge, le seigneur impose l’utilisation du four à pain au peuple contre des redevances généralement en nature (le droit de ban). Ce four banal est affermé à des boulangers appelés fourniers. Il faut attendre la nuit du 4 août 1789 pour voir sa totale abolition. 

L’usage des fours à pain se perpétue tout au long du XIXe siècle. Chaque grande ferme a le sien car le progrès de la culture du froment incite les cultivateurs à boulanger eux-mêmes. Par ailleurs, le mauvais état des chemins empêche les voitures d’accéder aux hameaux disséminés.

On cuit, pour la semaine ou la quinzaine, des pains de 6 à 12 livres chargés de mie sous une grosse croûte afin d’assurer la plus longue conservation naturelle possible. 

Il existe deux grandes typologies de fours : les fours « adossés » et les fours « isolés ». Les premiers sont construits contre le pignon d’un bâtiment dans lequel s’ouvre leur gueule. Les autres sont édifiés à distance afin d’éviter les risques d’incendie. Le progrès technique enregistré chez les artisans boulangers au début du XXe siècle entraîne le déclin inexorable de la fabrication domestique. 

À cause des restrictions pendant la Seconde Guerre mondiale, quelques décrets du gouvernement de Vichy donnent aux agriculteurs le droit d’utiliser leur propre farine. Néanmoins, à partir de 1950 le déclin semble définitif. Le bâtiment ou fournil, s’il est conservé, ne sert plus que de buanderie ou d’atelier. 

De nos jours, son utilité est devenue obsolète mais de nombreux propriétaires y sont encore attachés et permettent ainsi la conservation d’un riche patrimoine rural

Alain Dugard