L'ancien pavillon Veuve Alexandre

Plusieurs épidémies de diphtérie vont faire des ravages au XIX° siècle partout en Europe et en particulier à Rouen : 300 morts lors de celle de 1882-1883. Puis, en 1893, 81 enfants sur les 172 hospitalisés dans le chalet des diphtériques décèdent ainsi que l’interne qui les soignait. Face à ces évènements tragiques, le Journal de Rouen lance une souscription pour la construction d’un nouveau bâtiment devant répondre à l’afflux de patients et aux nouvelles règles d’hygiène et d’isolement qui s’imposent désormais. Parmi les plus généreux donateurs : Madame Alexandre, veuve d’un riche industriel, dont on donnera le nom à ce nouveau pavillon.

Le croup « terreur des mères » ou diphtérie est une angine à fausses membranes entraînant l’obstruction du larynx (qui nécessite de trachéotomiser le patient pour lui éviter l’étouffement) ainsi que des paralysies des yeux ou des membres. La mortalité infantile effroyable, et la répétition des épidémies de maladies infectieuses, dont la diphtérie, vont conduire à la déclaration obligatoire des maladies contagieuses (loi du 30 novembre 1892).

Afin de combattre ce fléau, la science et en particulier la microbiologie vont progresser à grands pas durant le dernier quart du XIXème siècle : découverte du bacille de la diphtérie par Théodore Klebs et Friedrich Loeffler en 1883-84, perfectionnement du sérum antidiphtérique par Emile Roux qui travaille à l’Institut Pasteur inauguré en 1888. L’injection de ce sérum fera baisser la mortalité de 73 à 14 %. Charles Nicolle qui a été l’élève d’Emile Roux et de Louis Pasteur, va mettre au point sa fabrication à Rouen et celui-ci sera mis à disposition gratuite des patients dès janvier 1895. Enfin, la vaccination par l’anatoxine (toxine atténuée par la chaleur et le formol) sera finalisée par Gaston Ramon en 1923. Son efficacité,sa généralisation et la vaccination obligatoire feront disparaître la maladie.

C’est dès 1895 que débute la construction du nouveau pavillon des diphtériques sur les indications du Docteur Emile Ballay et les plans de l’architecte Lucien Lefort qui vont permettre de répondre aux nouvelles recommandations d’isolement et de désinfection, avec notamment 20 chambres particulières. Après la prise en charge des maladies infectieuses au Pavillon Louis Martin (PLM) en 1935, le pavillon des diphtériques sera occupé par la spécialité d’ophtalmologie. Puis, grâce au professeur Louise Delègue, le pavillon sera réhabilité en 1970 pour y accueillir le département d’anesthésiologie qui n’avait encore aucun local, et le premier service de réanimation chirurgicale, comptant une dizaine de lits parfaitement équipés pour le développement de cette nouvelle spécialité avant leur transfert dans le nouveau bâtiment Félix Dévé en 1975.

Le Pavillon Veuve Alexandre sera détruit pour construire le pavillon Martainville ouvert en 1982.