L'activité textile

A la fin du 18e siècle, la filature et le tissage du coton étaient des activités essentiellement rurales : les artisans du pays de Caux travaillaient à façon pour le compte des fabricants rouennais. En 1825, l’apparition du tissage mécanique dans de grandes entreprises industrielles concurrence le tissage à domicile, qui reste quand même une activité importante jusque dans les années 1860.

L’’étude des recensements de 1841, 1851 et 1861 nous donne des détails intéressants sur les activités textiles à la Houssaye. En 1841 et 1851, beaucoup de tisserands, trameurs et trameuses,  particulièrement dans les hameaux du Verdret et de la Bouteillerie : une soixantaine de tisserands en 1841, 48 en 1851, de nombreux trameurs et trameuses (11 en 1841, 25 en 1851), mais aussi des tailleurs, des couturières (15 en 1851), et des blanchisseuses. Des familles entières vivent de ces activités. Comme c’est le cas ailleurs, on travaille la laine depuis plusieurs siècles, mais s’y ajoute, depuis le 18ème siècle,  le travail du coton provenant des Etats Unis via les ports du Havre et Rouen. L’essentiel de la production est collecté par des commissionnaires des entreprises textiles de Rouen, des vallées du Cailly et de l’Austreberthe. On peut supposer qu’une partie des étoffes fabriquées étaient aussi travaillées sur place étant donné le grand nombre  de  tailleurs et couturières au village. Comme ce fut souvent le cas ailleurs, ces activités viennent sans doute en complément d’activités agricoles à la morte saison. 

En 1860-61, la guerre de sécession aux états unis stoppe les importations de coton et la forte baisse des droits d’importation sur les toiles anglaises vont signer l’arrêt de ces activités dans nos villages. A partir du recensement de 1861, le nombre de tisserands, trameurs et trameuses baisse inexorablement : en 1866, il reste 7 tisserands, et 7 trameuses. En 1876, 5 tisserands et 1 trameuse, en 1881, 1 tisserand et 1 trameuse, et en 1891, plus aucun tisserand, plus de trameuses.. Que sont devenues toutes ces familles dont les noms ne figurent même plus dans les recensements après 1860 ? Certaines ont-elles rejoint les usines textiles des vallées du Cailly et de l’Austreberthe qui perdurent jusqu’au milieu du 20è siècle ?

Sur notre département, beaucoup de chômage et de misère résultent de cette conjoncture économique. Afin d’éviter des troubles, diverses mesures sont prises pour lutter contre la misère ; les municipalités, le département et l’Etat participent à leur financement, ainsi que des souscriptions organisées dans toute la France. 

Dans certains villages, des ateliers de charité sont organisés. A la Houssaye, le bureau de bienfaisance vient en aide aux plus démunis.

Pour aller plus loin

La crise de l'industrie cotonnière à Rouen