Le moulin de la nation

Progressivement restauré en habitation, le moulin de la Nation est aujourd’hui dépourvu de tout matériel de meunerie. Il est l’unique témoin des anciens moulins à blé, à tan ou encore à papier établis dans la haute vallée du Cailly. 

Cette bâtisse, toujours flanquée de la roue à aubes qui actionnait les meules, repose sur d’importants blocs de grès. Elle s’élève sur trois étages et ses murs, constitués de deux types de briques, témoignent des différentes phases de reconstruction et d’agrandissement effectuées au cours du XIXe siècle. En effet, sur cet emplacement existait jadis un vieux moulin qui appartenait sous l’ancien régime à l’abbaye de Fécamp. 

Devenu propriété nationale (d’où l’origine de son nom) consécutivement à la confiscation des biens du clergé par l’Assemblée constituante le 2 novembre1789, le moulin fut remis en vente en août 1807 par la caisse d’amortissement du Domaine Impérial.  Acheté au sieur David Dubuc, fabricant à Rouen, Mme Vve Edet obtint le 16 février 1846, par ordonnance du roi Louis Philippe, l’autorisation d’utiliser la force hydraulique. Devenu la propriété de François Vendémiaire Delamare en 1849, le moulin fut transformé deux ans plus tard en construction multi-étagée lui donnant ses dimensions actuelles. 

A l’aube du XXe siècle, le moulin changea de propriétaire et de fonction ; un atelier de confection se substituant au matériel de minoterie. En 1920, Achille Acloque (père) rééquipa l’établissement en matériel de meunerie.  Malgré tous les efforts de modernisation entrepris par son fils, Pierre Acloque, le moulin cessa définitivement de produire de la farine en 1958. 

L’actuelle roue à aubes est reliée par l’intermédiaire de plusieurs organes de transmission à un générateur pouvant fournir occasionnellement de l’électricité. Elle est du type « de côté », mesure 5 m de diamètre et 1,20m de large. Sa structure est principalement métallique à l’exception des 40 aubes qui sont en bois de différentes espèces (chêne, acacia, azobé). Elle tourne normalement à 4 tr/ min et entraîne directement sur son axe un rouet de fosse équipé de dents en bois de charme. 

L’ensemble de transmission constitué d’un pignon complémentaire droit, de deux poulies à gorge et de quatre poulies plates, permet d’obtenir une vitesse de rotation finale de 1 000 tr/min. La hauteur de chute étant de 1,70 m et le débit de la rivière estimé à 300 l /s, la puissance maximale utile est de l’ordre de 3kW. 


A. Dugard