L'ancien couvent des Célestins

C’est vers 1430, que le duc de Bedford, frère d’Henri V d’Angleterre, devenu régent de France sous le nom d’Henri VI à la mort de ce dernier, établit les Célestins dans son manoir de Chantereine, appelé ensuite le Joyeux Repos. Le couvent dit des Célestins fera successivement l’acquisition de maisons et de jardins entre le Robec et la Tour du Colombier ainsi que près de la place Saint-Hilaire et des remparts.

En 1449, Rouen redevient possession française et Charles VII confirme la légitime possession du Manoir de Chantereine par les Célestins. Le manoir est alors appelé Notre Dame du Val de Rouen. L’église de la fin du XVème siècle nous est connue par la représentation que nous en fait Jacques Lelieur dans le Livre des fontaines : l’intérieur mesure 30 pieds de long sur 60 pieds de large ; la nef se termine par une abside à hautes fenêtres de style flamboyant et deux chapelles accolées mais aux combles séparés. Le milieu de la toiture est surmonté d’une petite flèche en bois renfermant 4 cloches, dont l’une d’entre elles sera installée plus tard dans la nouvelle chapelle de l’Hospice Général.

En 1562, les protestants commettent dans le couvent des dégradations irréparables pillant littéralement les lieux et expulsant les moines. Les dégâts, évalués à 25 000 livres, feront l’objet d’un don du roi pour compenser les pertes.

L’ordre des Célestins disparaît à la fin du XVIIIème siècle, peu avant la Révolution, sur décision de l’autorité ecclésiastique. Le cardinal de la Rochefoucault réunira les biens du prieuré avec ceux du séminaire Saint Nicaise tout proche.

Dès 1771 les administrateurs des hospices entament des démarches actives auprès du roi pour obtenir, mais en vain, l’abandon, à titre gratuit de l’emplacement des Célestins qui délimite entièrement l’enceinte de l’Hospice Général vers l’est.

Entre 1784 et 1820, l’église est démolie, le terrain est divisé et mis en rente par parcelles. C’est à cette époque, vers 1820, que l’Hospice Général fait l’acquisition d’une grande partie du domaine pour 30 000 francs.

En 1960, ne subsistent plus que les beaux bâtiments de l’aile sud et d’une partie de l’aile est, seuls survivants des 4 constructions qui entouraient le cloître. Ces constructions en pierre étaient percées de 10 baies portes-fenêtres surmontées à l’étage de 10 fenêtres régulières. Au-dessus du rez-de-chaussée existait un cordon saillant qui devait surmonter la toiture des galeries du cloître. Une belle galerie à l’italienne donnait à l’origine sur le jardin. Une très grande salle servant de réfectoire possédait des lambris et moulures. La deuxième grande salle contiguë était réservée aux petits garçons atteints de maladies de peau et leur servait de salle de classe car ces enfants séjournaient souvent plusieurs années à l’hôpital. Sous ces deux grandes pièces se trouvait une cave magnifique comprenant dix piliers en pierre carrée et qui servit d’abri pendant la dernière guerre. Tout cet ensemble, après avoir été utilisé par le service de dermatologie, devient le lieu de l’internat en 1963.

Dans les années 1970, la construction du pavillon Félix Dévé et de l’anneau central aboutissent à la destruction du reste du couvent. La cave du XVème siècle, classée, devait être conservée, mais elle sera, en fait, très rapidement remblayée.