Le Capitole

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Si le nom de « Capitole » laisse penser à l’Abbé Cochet (1812-1875) que, compte tenu de l’importance gallo-romaine de Cailly, le lieu était occupé par un temple dominant ainsi la vallée et les sources, c’est avec certitude que l’on sait qu’un château est construit sur cet éperon calcaire, coupé du plateau par une douve sèche actuellement occupée par la rue du Marché.

Léon de Duranville(1803-1881), partage cette analyse. Il écrit : « on voyait encore fait à la fin du siècle dernier, sur une motte assez élevée, des ruines qui produisaient quelques effets. On les a détruites, probablement afin d’en approprier des matériaux à des constructions vulgaires. Cependant, elle pouvait faire la gloire du bourg, inspirée un juste orgueil à ses habitants en leur rappelant de vieux souvenirs et d’autant plus que cette motte portait et porte encore le nom de Capitole. L’usage s’établit sous les empereurs romains de donner le nom de Capitole aux temples et surtout à ceux des colonies. Peut-être Cailly a-t-il eu son temple. Ce temple est devenu le Capitole. Au moyen-âge on en a fait un château fort.

Château-fort dont ne connaissons pas la date de construction mais nous savons que Ralph est le premier seigneur des terres de Cailly données par Rollon en 912.

En 1010, il est occupé par Osbern, seigneur de Cailly et petit cousin de Guillaume le Conquérant.

Son petit-fils, Guillaume, embarque en 1066 pour la conquête de l’Angleterre avec quelques Caillais et combat aux côtés de Guillaume le Conquérant. Sa bravoure est reconnue et le poète normand du XIIème Robert Wace le cite en ces termes « aimant mieux mourir que de manquer à la foi qu’il devait à son Duc ».

Guillaume de Cailly fait souche outre-manche, et l’un de ses descendants, Thomas de Cailly, siège au parlement anglais sous Edouard II. Les patronymes Cailly et Caillais implantés outre manche dérivent pour devenir 10 siècles plus tard Sealy et Calleway.

Au XIIe siècle, un autre Osbern de Cailly doit fournir douze cavaliers pour le service d"Henri II, roi d'Angleterre. Il meurt sans héritier mâle et le château, délaissé, est occupé en 1194 par un mercenaire nommé Ranufle jusqu’en 1197 date à laquelle Richard, Roi d’Angleterre et duc de Normandie, le reprend pour le réunir à sa couronne.

Suite à la confiscation du Duché de Normandie en 1202, les terres de Cailly sont rattachées à la couronne de France.

Saint Louis en fait don, en novembre 1258, à la puissante Abbaye de Saint-Ouen et un peu plus tard, Gaucher de Chatillon les donne aux Templiers. Elles retournent ainsi à la Couronne de France après leur confiscation, comme toutes les possessions des Templiers en 1307 par Philippe Le Bel. Il est probable que le château fut en partie détruit à cette époque.

Si des murs en ruines y étaient encore visibles au 19ème siècle, ils ont maintenant complètement disparu pour laisser la place à une maison d’habitation.

Source: Fonds Véronique Langlois - ADSM