L'arbre de la liberté

La plantation s’effectue en un endroit de la commune où l’arbre est à la vue de tous. L’inauguration se fait avec une grande solennité suivie de réjouissances populaires.

Mr. Lame, agent national de la commune, fait un compte rendu  de cette cérémonie de Saint-Germain aux administrateurs du district de Rouen. Il raconte ce qui suit.

La garde nationale et tous les citoyens jeunes ou vieux, hommes ou femmes, assistent à l'événement. La municipalité renouvelle le serment de vivre libre ou de mourir, lequel serment est repris 20 fois par la garde nationale et par les autres citoyens. Des chants patriotiques ont été chantés et on a dansé auprès de l’arbre de la liberté. Enfin un repas champêtre a été donné à tous. “ Chacun était enivré de cette joie douce et pure que les hommes libres savent seuls si-bien sentir”.

Quelques mois plus tard (9 avril 1794), l’administration municipale de Saint -Germain-sous-Cailly délivre un certificat de civisme à celui qui a été le curé de Saint-Germain : l’abbé Le Baillif.

On le déclare partisan du principe de la Révolution ayant obéi à toutes les lois qui le concernent en prêtant les serments prescrits. “ Il a assisté à la fête de la plantation de l’arbre de la liberté mêlé avec les citoyens, il a dansé à l'entour, pris avec eux un repas frugal et coopéré généreusement aux frais”.

Près d ‘un siècle plus tard, Jules Cellier, curé de Claville Motteville, fait un récit tout autre :

“Un jour, ce curé fut arraché de son presbytère et forcé d’assister à la plantation de l’arbre de la liberté à Saint-Germain. Après la cérémonie, on fit danser en rond avec les autres assistants le pauvre curé autour de l’arbre et on l’obligea, par dérision, à manger sur place un chétif et maigre hareng saur “.

Voilà deux versions bien différentes de la cérémonie de plantation de l’arbre de la liberté. Sans se positionner sur la vérité de l’une ou l’autre relation des faits, il apparaît que le conflit entre l’Eglise et l’Administration est, encore, en 1872 très important.