Delphine Couturier : du fait divers à l'oeuvre littéraire

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“Madame Bovary n’a rien de vrai, C’est une histoire totalement inventée”. C’est ainsi que s’exprimait, dans une lettre à Mademoiselle Leroyer de Chantepie, Gustave Flaubert.

Et pourtant …

Pour les lecteurs, l’oeuvre est perçue comme un roman à clefs.

Ainsi Georges Dubosc, écrivain et journaliste, affirme, arguments à l’appui dans un article du Journal de Rouen du 22 novembre 1890 (Page 3), que Madame Bovary c’est Delphine Couturier, née à la Rue Saint Pierre le 17 février 1822, comme Yonville l’Abbaye, c’est Ry.

Plus tard, le Professeur Raoul Brunon, fondateur du musée Flaubert et d’histoire de la médecine de Rouen, rapporte dans un article de La Normandie Médicale du 1er décembre 1907, les affirmations de sa mère : celle-ci aurait été dans la pension pour “jeunes demoiselles” de Mademoiselle Pauline Bisson à Cailly avec Delphine Couturier. La nourriture laissant à désirer, le père de Delphine, cultivateur aisé, la retire pour la mettre au couvent.

L’un et l’autre ne manquent pas d’arguments car le parallèle entre Delphine Couturier et Emma Bovary est frappant.

A 17 ans, le 7 août 1839, elle épouse, à Blainville, l’officier de santé Eugène Delamare, élève d’Achille Flaubert, père de Gustave, veuf d’un premier mariage, et demeurant à Ry. Elle donne naissance en 1842, à une petite fille Alice Delphine Delamare.

Après plusieurs aventures amoureuses déçues supposées, elle se suicide, à l’âge de 26 ans le 6 mai 1848, sa fille est alors âgée de 6 ans. Elle est inhumée à Ry le 8.

Quant à Eugène, son époux, il décède à Ry, 18 mois plus tard, le 7 décembre 1849.

D’autres modèles supposés de Madame Bovary peuvent également être évoqués.

Ainsi comme le rapporte Daniel Fauvel dans son livre “L’affaire Ferdinand Delamare a-t-elle inspiré Flaubert ? ” paru chez Wooz éditions, la relation d’Amélie Mandar et de son amant Ferdinand Delamare, officier de santé et pharmacien rue Eau de Robec à Rouen, également ancien élève d’Achille Flaubert, a pu être connue de l’auteur de Madame Bovary. L’arsenic, le suicide, le tiroir secret pour conserver la correspondance y sont bien présents.

Le roman de Gustave Flaubert paraît en 1857.

Sources :

- Journal de Rouen 22 novembre 1890 - Archives départementales

- Portraits supposés de Delphine Couturier par Joseph-Désiré Court (1844) :

- "Rigolette cherchant à se distraire en l'absence de Germain", Musée des beaux arts de Rouen

- "La vénitienne au bal masqué", Mairie de Rouen

Pour aller plus loin :

- Emma Bovary, du fait divers à l’oeuvre littéraire - Journal La Croix 23/08/2019

- "A propos de madame Bovary" par Raoul Brunon - La Normandie médicale du 1er décembre 1907 (Fonds Groupe Histoire des Hôpitaux de Rouen

- Delphine COUTURIER, le modèle supposé de Madame Bovary, a-t-elle été en pension à Cailly ? par Karl Feltgen - Association Histoire et Patrimoine du Haut Cailly - D’après une communication orale faite à Cailly le 30 septembre 2016.

- Les Tableaux de Joseph Court - bulletin n°11 page 36 - 1957 - Les amis de Flaubert et Maupassant

- A propos des portraits supposés de Delphine Couturier par Joseph Désiré Court (1797-1885) (sur le site Flaubert de l'université de Rouen)

- Généalogie de Delphine Couturier et de sa fratrie sur Geneanet.