La légende de Sainte Avoye: "Avoye, Avia, Aurée, Auréa, Ave, Eve, suivant les lieux, suivant les dates, on la connaît et on l'invoque sous ces différents noms. On n'est pas plus précis sur l'époque de sa vie: IIIème Vème siècle? Les Jésuites du XVIIème siècle en ont pourtant donné une biographie. Avoye naît en Sicile au début du IIIème siècle, d'un père Sicilien nommé Quintien, idolâtre, et d'une mère baptisée originaire de Bretagne "en l'Ile", nommée Gérasine. Avoye a huit frères et soeurs. La maman réussit à convertir son époux à la religion chrétienne. Avoye, cependant, surpasse tous les autres enfants par sa ferveur ! Elle est aussi la plus belle ; d'une beauté qui touche à la perfection ; une beauté qui ne passe pas inaperçue. L'adolescente s'en rend compte, mais dès ce jeune âge elle a décidé de se consacrer à Dieu. Dans sa candeur, elle le prie de la rendre laide, afin de l'aider à rester fidèle à son vœu. Comme cette prière ne reçoit pas l'agrément du ciel, elle décide de vivre cachée, hors du monde.
Plusieurs fois victime des Barbares, des barbares qui vont s'employer à la martyriser avec un raffinement de cruauté incroyable. On la fouette avec des scorpions et des verges ; ses os sont à nu, on enfonce dans ses plaies "une haire piquante" ainsi que "du sel fondu tout bouillant", on lui coupe les seins avec -pour plus de sadisme- des couteaux émoussés, enfin, on l'achève en lui tranchant le cou.
L'église de Grugny, dit Mr l'abbé Cochet dans son Répertoire Archéologique du Département de la Seine Inférieure, dédiée à Ste Avoye ou Ste Hedwige, remonte par son ensemble au XIIIème siècle, mais elle a été profondément modifiée au XVIIème et XVIIIème siècle.
En l'église de Grugny deux vitraux modernes dont l'un a été offert par la confrérie de Ste Avoye en 1901, éclairent le choeur. A droite de l'autel se voit une représentation de Ste Avoye qui attire chaque année le dimanche de la Trinité de nombreux pèlerins
Ce pèlerinage annuel persista encore quelques années après la seconde guerre mondiale. En voici le récit de l'un d'eux rapporté par Edmond Spalikowski dans les années 1920. "Il en est venu de sept lieues à la ronde des pèlerins et des curieux de Rouen, de la Bouille et de Jumièges, de Buchy, de Bosc-le-Hard et de Tôtes, mais tous sont fidèles au rendez-vous annuel, pour honorer Sainte-Avoye. Il suffit que le populaire l'ait sacré maître guérisseur de maux d'estomac pour qu'à Grugny la foule soit accourue cette fois encore aussi nombreuse, aussi croyante que par le passé.
La légende vient que cette sainte enfermée dans une tour crénelée ait été alimentée de pain et d’eau par la Vierge qui la secourait par l’ouverture grillée. Ainsi la sainte est-elle représentée dans une prison et servie non plus par la Vierge mais par les anges. Il n’est pas rare de voir sur le rebord du socle des fragments de pain déposés par quelque crédule pèlerin qui ne peut se faire dire les évangiles pour les maux d’estomac, ainsi qu’il est d’usage le jour de la Trinité au pèlerinage annuel. Ceci explique encore l’invocation suivante : « Grande sainte Avoye, mère de la Très Sainte Trinité (sic), délivrez-nous du mau de la rate ». Si la théologie reçoit ainsi un rude assaut, le pèlerin par contre se croit guéri en sortant.