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Edmond Spalikowski naît à Rouen le 1er juin 1874. C’est le cinquième enfant de François Spalikowski, artiste peintre né en Pologne en 1835 et de Aline Andrzej-Kowicz, née en 1843. Le couple s’est uni à Caudebec-en-Caux en 1867.
Le jeune Edmond est élève du Petit séminaire du Mont-aux-Malades et du lycée Corneille. Des raisons de santé l’empêchent de devenir médecin. Il adhère et milite à des organisations pacifistes.
Edmond Spalikowski a énormément écrit, dessiné, publié : à la fois journaliste, chroniqueur, dessinateur, poète, historien de l’art, anthropologue, auteur de textes manuscrits et de dessins aquarellés, conférencier. C’est la Normandie qui sert de toile de fond à son œuvre féconde.
Il écrit avec M. Georges Cavé, juge de paix, autre érudit local, un ouvrage sur Grugny qui comporte un long chapitre sur l’établissement départemental.
A Grugny, il est économe, il contrôle en particulier la gestion des stocks. Des sommes considérables sont en jeu. Il remplit ses fonctions avec sérieux et compétence, mais son cœur est souvent brisé par l’état des personnes accueillies.
Son ami Camille Robert Désert relate :
« Les loisirs que lui laissaient ses fonctions d’économe à l’Etablissement départemental de Grugny, il les consacrait à la visite des pensionnaires, déshérités de la fortune et de la santé, sur le sort desquels il se penchait avec affection, aux dispositions à prendre pour leur procurer une existence matérielle aussi agréable et salutaire que possible, à la surveillance de la ferme et à la supervision des comptes »
Témoignage de Spalikowski lui même :
Grugny triste village au triste Etablissement d’assistance, où j’ai passé les plus tristes années de ma vie ! Je n’oublierai jamais la caserne morose et la geôle sans joie où je frôlai d’autres prisonniers administratifs s’acharnant le plus souvent à rendre plus pénible encore leur incarcération par leur mauvaise entente, leurs rages impuissantes et leur étroitesse d’esprit.
J’y fus d’abord sous un directeur au grand cœur, Mr Dequen, dont chacun ne prononce le nom qu’avec respect, puis sous un autre farouche et borné.
J’ai souffert trois années de toute ma sensibilité de poète dans des fonctions absorbantes et peu rémunérées. Mais qu’aurait valu l’argent même sans la libre expansion de soi-même. Et j’en sors le cœur à l’aise, heureux d’avoir brisé ma chaîne de servitude, très heureux aussi que le faix de celle-ci m’ait valu quelques milliers de francs de pension qui m’ont fait un peu moins maudire cette géhenne, d’où continuent à sortir les plaintes de ceux que le sort a rivé par la nécessité et l’espoir d’une retraite.
A Travers la Normandie (Bibliothèque de Rouen. Tome II. m 5557/2)