Avant la Révolution, le clergé s’occupait seul de l’instruction communale. Lors de sa visite de l’église en 1717, Claude Maur d’Aubigné note : « Enjoignons de plus au Sr curé d’avoir un clerc tant pour les aider à chanter les offices toutes les festes et dimanches, que pour luy aider à administrer les sacrements et pour tenir l’école aux petits garçons ». Celle-ci était donc livrée au bon plaisir des Prélats dirigeant le diocèse. A Grugny, comme ailleurs, le curé a vraisemblablement délivré quelques rudiments d’enseignement, essentiellement religieux.
Il faut arriver à l’an 1794 pour voir un sieur Vaillant demander à tenir les écoles de la commune. En 1812, nous trouvons des renseignements plus précis : les enfants des paroisses d’Ormesnil, Frichemesnil, Les Authieux sur Clères et Grugny se rendent à l’école de la Houssaye Béranger et paient une somme totale de 60 frs par an pour indemnité de logement à l’instituteur, dans les proportions suivantes : La Houssaye Béranger 22 frs, Frichemesnil 17 frs, Ormesnil 8 frs, Grugny 7 frs, Les Authieux 6 frs.
Les 4/5 des enfants les plus aisés paient en outre par mois, pour la classe la plus avancée 1 fr 50, pour ceux auxquels la lecture et l’écriture sont enseignées 1 fr 20, pour ceux qui apprennent seulement à lire 0,75.
En 1817 les communes d’Ormesnil, Frichemesnil et Les Authieux cessent d’envoyer leurs enfants à la Houssaye d’où suppression de ressources dont se plaint amèrement le maître.
Le 28 février 1818, le Conseil municipal de Grugny demande à être déchargé de la contribution scolaire, deux élèves seulement fréquentant l’école de la Houssaye, les autres prenant des leçons des instituteurs de Clères et de Frichemesnil.
En 1821, M. Boucher instituteur à la Houssaye renouvelle ses doléances et demande que l’indemnité annuelle de Grugny soit portée de 7 frs à 15 frs.
En 1826 des démarches sont faites pour que les filles qui avaient pris le chemin de l’école des Sœurs d’Ernemont de Clères puissent fréquenter de préférence celle de la Houssaye. Le Conseil municipal de Grugny vote à l’unanimité pour le maintien du statu quo, trouvant l’usage habituel pratique et suffisant.
On devine combien était pénible et précaire la situation du maître rural, obligé d’en venir aux suppliques parfois humiliantes afin d’assurer une fréquentation scolaire capable de le faire vivre, lui et les siens.
En 1833 est enfin promulguée la loi fondamentale de l’instruction primaire à laquelle Guizot attache son nom.
Le 2 février 1834, le Conseil municipal consulté sur la réunion de la commune de Grugny à l’école de la Houssaye, dit que tous les pères de famille sans exception envoient leurs enfants à Clères, où il y a une école primaire de filles dirigée par les Soeurs d’Ernemont, et que l’instituteur de la Houssaye est omnipotent ( ?).
En 1860 nouvelle difficulté, Grugny se refusant de payer le 1/5 des 200 frs de traitement de l’instituteur de Clères. Dans les années suivantes, des indemnités sont néanmoins versées, comme le mentionnent les délibérations des conseils municipaux.
Enfin le 7 septembre 1888, il est décidé d’ouvrir une école mixte à Grugny pour l’instruction des 30 enfants de 6 à 13 ans qui fréquentent les écoles de Clères trop chargées. Mais rien ne se passe.
En 1893, Monsieur le Préfet adresse au Maire une lettre lui demandant de construire de toute urgence une école pour sa commune. Le conseil municipal décide le 26 novembre d’y joindre une mairie et un logement pour l’instituteur.
Il faut attendre 1900 pour que le projet se réalise. L’architecte chargé de la construction de l’ensemble mairie-école est M. Rémi Martin, assisté de MM. Eugène Lagnel entrepreneur de maçonnerie à Grigneuseville, Victor Lainay entrepreneur de couverture à Clères, Alfred Cottard de St Clair sur les Monts pour la menuiserie et peinture.
L’école est ouverte le 1er octobre 1901 par M. Rémy Busvestre. Nommé par la suite à Bonsecours, il est remplacé par Mr Verlaguet. Ce dernier donne à l’école une impulsion sérieuse. Grâce à lui est créée une Société de Tir dont il est élu président. Celle-ci inaugure un stand le dimanche de Pâques 7 avril 1914, sous la présidence de M. Canville maire et de M. Ed. Dequen Directeur de l’Etablissement Départemental d’assistance, président d’honneur.