Le Temps des Marquis et des Conseillers
L'histoire documentée du Mont-Landrin s'éclaire notablement à la fin du XVIIe siècle. À cette époque, le manoir était la propriété de Gilles Henry Maignard de Bernières, marquis de Bernières et Président honoraire au Parlement de Normandie—un titre désignant un très haut magistrat.
Cependant, le fief changea de mains au début du XVIIIe siècle. En 1724 (contrat enregistré en 1732), Maignard de Bernières céda le domaine à Joseph Alexandre Pavyot, chevalier, seigneur de la Hauteville et Conseiller au Parlement de Normandie.
Cette transaction, un "bail à fieffe" et une "rente foncière perpétuelle," engageait Pavyot à tenir le fief directement du Roi par "foi et hommage" (allégeance). Ce fief était d'une importance notable, classé comme un quart de fief de haubert—le type de fief le plus élevé, traditionnellement associé à un service militaire lourd. Le siège du fief s'étendait alors sur la paroisse de Frichemesnil.
Le Hameau : Un Refuge contre le Tumulte Moderne
Au-delà de son manoir, le hameau du Mont-Landrin a été célébré comme un lieu de paix absolue et de retraite bucolique. Spalikowski s'émerveillait du site, le dépeignant comme une « Thébaïde » (un lieu de solitude et de méditation) :
« Le Mont-Landrin négligé des touristes, des chroniqueurs et des artistes est peut-être cependant l'Acropole de Clères, sans Parthenon toutefois. Mais son front couronné de bois, le rend aimable, parce qu'il invite le promeneur solitaire à venir errer sous les cimes des chênes, hêtres, bouleaux, malgré la rude ascension préliminaire de sa côte blanche devant laquelle regimbe le cheval et s'insurge le moteur.
Du sommet, la vue embrasse tout le cirque où le bourg que signale la flèche paroissiale, a vécu ses destinées. Aux soirs d'été, le tableau se colore de tons violets qui font penser à quelque vallée pyrénéenne où s'éteignent tous les murmures et rumeurs, même ceux des trains ne rompant que par intervalles le silence étendu de la gare à l'autre flanc de coteau.
En hiver, la neige y déploie l'étrange décor de ses hermines découpées en festons entre les champs, les maisons et les arbres.
Ici est le repos absolu, malgré le rendez-vous de chasseurs dans la maisonnette à l'orée du sous-bois où s'attardent quelques masures pittoresques que nos petits-fils ne verront plus. A l'autre extrémité, une grande ferme à colombage de la fin du XVI° siècle sans doute, avec son colombier Louis XIII, constituent les rares monuments de jadis.
N'avais-je pas raison de dire que l'Acropole était ici, avec ces quelques vestiges, épargnés par l'incendie et la destruction brutale de I’homme ? Pas d'autre histoire d'ailleurs, ne frôle d'une aile même légère et rapide, cette croupe crayeuse, que survole souvent l'avion d'un fervent ami de l'air. Les enfants en automne y trouvent parmi les ronces où se dérobe le gibier, la mûre des confitures familiales, et le tâcheron agricole, la fougère des litières dont l'hiver garnit le clapier. ».