Guillaume Pierre Leleu premier juge de paix du canton de Clères est né à Bolbec le 9 avril 1743 d'un père marchand boulanger. Il exerça d'abord la profession de laboureur et vint s'établir près de son frère aîné qui avait été nommé curé de Grugny à la présentation des Seigneurs de Clères, probablement à la suite du décès de sa femme.
Le 3e jour de décembre 1790, Guillaume Pierre Leleu tient sa première audience à Monville, alors chef-lieu de canton. Les audiences se tenaient suivant les besoins tantôt à Monville, tantôt à Clères, souvent à 8 h du matin. Il y avait peu d'actes à cette époque, peut-être 35 à 40 par an.
Le juge continue à demeurer à Grugny, avec son frère et sa sœur restée célibataire, alors âgée de 52 ans. Cependant, pendant la révolution, son frère est déporté en exécution de la loi et son mobilier déposé à Rouen. Guillaume Pierre Leleu se plaint d'être sans feu malgré la rigueur de la saison et aussi de l'irrégularité du service du Bulletin des Lois.
Il fut semble-t-il un juge correct et conciliateur et en 1801, lorsque les trois justices de paix de Cailly, Monville et Quincampoix sont fondues en une seule ayant Clères pour siège, il est préféré à ses collègues Claude Dubuc et Jean Pierre Thomas Jones. Sa dernière audience comme juge du canton de Monville se tient le 22 septembre 1801.
Il continue ses fonctions de juge de paix du canton de Clères jusqu'à son décès chez son frère, le curé de Grugny le 6 mars 1812. Il avait encore tenu son audience du 12 février, il était alors âgé de près de 69 ans.
Pierre Leleu alias Adrien, alias Pierre Guillaume Adrien avait été vicaire de la Houssaye Béranger. Il est présenté à la cure de Grugny le 27 juillet 1769 par Françoise Martel veuve de Charles Martel.
Il déclare en 1791 qu’il ne pouvait prêter le serment civique tel que le demandait le décret de l’Assemblée Nationale. “Je déclare que comme pasteur, je m’engage à veiller avec soin sur le troupeau qui m’a été confié par Dieu. Comme patriote je promets à la Nation un attachement inviolable comme fidèle sujet. Je reconnais le roi pour le vrai et légitime monarque de la France et je voue à sa personne sacrée le dévouement le plus respectueux.”
Le 14 mai 1791, il confie à la municipalité le mobilier cultuel inventorié le 1er septembre 1790 et les registres de catholicité (ADSM L 2594). Il obtient un passeport de sa municipalité et s'embarque à Dieppe pour l’Angleterre le 10 septembre 1792.
En Angleterre, il “faisait des matelas à la française qu’il vendait cinquante francs pièce ; M. Meade était de ses clients. Il fabriquait aussi des chaussons fourrés pour l’hiver et des galoches ; M. Goudemetz en usait à la campagne, dans ses tournées d’hiver. Chez M. Meade, père, mère, enfants, domestiques, trouvèrent l’invention excellente et se fournirent chez l’exilé » (Un curé de Normandie réfugié en Angleterre. La Revue des Questions Historiques. 1900, page 487)
Il devient curé de Frichemesnil après le concordat et meurt le 4 octobre 1818. L’abbé Leleu fut le dernier curé de Grugny. En 1820, sa tombe subsistait contre le mur de l’église paroissiale. Son épitaphe élogieuse dans laquelle on l’appellait « père des pauvres, modèle de vertus, regretté de tous » n’attirait plus l’attention des fidèles, et la tombe a maintenant disparu.
Le curé Pierre Guillaume Adrien Leleu tenait également en son domicile à Grugny un collège où il accueillait en pension quelques élèves. Il déléguait à son frère Guillaume Pierre Leleu une grande partie de l’éducation des enfants. Jacques Salbigoton Quesné né à Pavilly le 1er janvier 1788 fut l’un des élèves de ce collège. Il évoque dans ses Confessions les souvenirs de son séjour à Grugny et des deux maîtres de pension, les deux frères Leleu.