Des Hervy/Harvey à Moffet

Des descendants du migrant Hervy au Témiscamingue

La crise économique de 1929 a comme conséquence une grande misèreLe gouvernement du Québec offre alors des primes d’aide aux défrichements de terres sauvages.  Le Témiscamingue est parmi les terres envisagées pour l’établissement de colons.  Des subventions sont attribuées pour l’ouverture de chemins.  L’abbé Louis-Zéphirin Moreau (1887-1960) est nommé missionnaire colonisateur pour le Témiscamingue, poste qu’il occupera de 1930 à 1933. 

En 1930, il parcourt le sud du Québec afin de recruter des colons.  À Saint-Zacharie en Beauce, il fait une grosse prise : vingt familles de l’endroit quittent tout leur acquis pour aller s’établir à un endroit du Témiscamingue qui deviendra sous peu Moffet.  Saint-Zacharie de Beauce n’avait pourtant que cinquante ans; sans doute que la terre et ses forêts avoisinantes n’y offraient plus l’avenir souhaité pour ces cultivateurs bûcherons.  Il faut dire qu’avec la crise économique le travail dans les chantiers l’hiver, source majeure de revenus, avait passablement diminué. 

À l’automne 1931 ces Beaucerons, encouragés par les « primes de défrichement et de premiers labours », effectuent « le voyage à pied et en charrettes tirées par des chevaux. »  Ils deviennent des squatters, car ils ne possèdent pas encore de titres de propriété.  On tentera de les déloger, mais le missionnaire interviendra.  Ils bâtissent des cabanes et travaillent aux chantiers avoisinants. Certains d’entre eux retournent en Beauce chercher leurs familles.  Ils prendront un camion pour emmener leurs familles sur leurs nouveaux lots de colonisation.  Cette vingtaine de familles qui s’établissent autour du lac Rond et en bordure du lac des Quinze dans le canton Brodeur, fondent Saint-Romuald de Moffet[1].   

Parmi ces premières familles beauceronnes à s’établir dans la région, on compte celle de Philomène Harvey (1866-1943) à Narcis (1821-1890) chez François Hervy.  Huit de ses enfants, dont sept déjà mariés, suivront la famille dans l’aventure.  Deux autres de ses filles mariées resteront derrière, l’une d’elles finira sa vie en Beauce et l’autre à Willimantic au Connecticut.  En trois générations, une descendante du migrant Hervy partie de la France pour s’établir aux îles de la Madeleine arrive dans le nord-ouest du Québec après être née au Labrador et avoir vécu en Beauce.  Trois des enfants mariés de sa sœur Sophronie Harvey (1847-1934) à Narcis (1821-1890) chez François le migrant sont aussi partis du premier contingent de Beaucerons parti fonder Moffet.  C’est donc dire que la prise du missionnaire colonisateur s’était largement fait chez les Hervy/Harvey puisque des vingt familles qui partent, sept sont apparentés à Philomène; en comptant la sienne et trois à sa sœur, c’est la moitié du contingent provenant de la Beauce.

Quelques années plus tard Odina, l’une des filles de Philomène Harvey, mariée à son neveu Alphonse Harvey (1897-1986) à Louis (1864-1946) chez Narcis vient s’établir à Saint-Romuald de Moffet avec sa famille de sept enfants.   On se souviendra que l’année avant leur arrivée au Témiscamingue, Alphonse avait été parrain de Marie Marguerite Aurore Harvey, née de parents inconnus alors que son épouse était enceinte.  Quoique l’on ne puisse établir de lien entre cet évènement et le départ de la famille pour Saint-Romuald de Moffet, on peut se demander pourquoi cette famille n’avait pas quitté la Beauce en même temps que les autres, alors que des primes aux défrichements étaient encore offertes.  Alphonse ne part pas seul avec sa famille, il est accompagné de sa sœur Clarisse (1890-1975) et de sa famille également[2].

Les descendants de ces familles se sont dispersés au Témiscamingue, en Abitibi et dans les villes avoisinantes de l’Ontario. 

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[1] RIOPEL, Marc.  Le Témiscamingue : son histoire et ses habitants.  Montréal, les Éditions Fides, 2002, page 118.

[2] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Romuald de Moffet, 1932 à 1943.