Élise Harvey

6.6.02.6.5 Marie Louise dite Élise Harvey (1836-1907), 6e génération 

Maxime Dubé (1799-1899), l’épouse de Jean Baptiste Hervé (1798-1862) accouche de son sixième enfant le 18 juillet 1936.  Leur troisième fille sera prénommée «Marie Louise» lors du baptême qui a lieu le jour de sa naissance[1]

Marie Louise a treize ans lorsque ses parents prennent l’idée de quitter le village de son enfance pour partir s’établir à plus de deux cents kilomètres au nord-est dans le secteur du village de Sainte-Flavie où elle vivra son adolescence.  Comme à l’époque, on faisait usage de façon bien cavalière de ses deux, trois ou quatre prénoms donnés au baptême, Marie Louise avait transformé les siens en Élise à son arrivée à Sainte-Flavie[2].

Élise a seize ans lorsqu’elle épouse le fils d’un voisin, Jérôme Gagnon (1830-1910), le 7 février 1853 à Sainte-Flavie[3]Jérôme Gagnon dit Belzile est natif de Trois-Pistoles et a vingt-deux ans[4]

Élise accouchera de dix enfants dans le Bas-Saint-Laurent, le dernier le 3 mars 1875.  Un seul d’entre eux était décédé.

La crise agricole bas son plein dans la province et la région n’est pas épargné.  Avec huit enfants à nourrir, Élise et son mari choisissent de partir pour la Nouvelle-Angleterre afin de fournir à leurs enfants la chance de travailler.  La famille d’Élise et Jérôme part avec celle d’Agathe (1841-1877), une sœur de ce dernier à l’automne 1875.

Le choix d’Élise et de Jérôme s’arrête sur Fall River au Massachusetts.  Les moulins à coton y sont nombreux et bon nombre de familles de la région y sont déjà.  Fall River est à la limite sud de l’État, tout près de la frontière nord du Rhode Island qui n’est qu’à deux kilomètres de marche.  La famille aura plus de mille kilomètres à faire par train, un périple en 1875.  Contrairement à bien d’autres villes manufacturières de la Nouvelle-Angleterre d’où les nôtres parti y vivre revenaient occasionnellement pour visiter la famille où allait simplement travailler le temps d’une saison, Fall River est si loin que ce sera l’endroit d’où les Québécois reviendront le moins.  Lowell par exemple, une autre ville qui attira bien des Harvey à la recherche de travail est située moitié moins loin.



À leur arrivée dans le quartier Flint de Fall River, il loue un logement de la manufacture de coton de la rue Thomas à un coin de rue du parc Lafayette.   L’endroit est un quartier largement canadien-français qui compte deux cent cinquante familles canadiennes-françaises venant pour la plupart des environs de Rimouski, surtout de Sainte-Flavie.  Élise et Jérôme sont donc en pays de connaissance.  Au centre du quartier à peu près exclusivement francophone s’élève l’église de Notre-Dame de Lourdes, la nouvelle paroisse de la famille et tout à côté le parc Lafayette. 

Bien que tous les enfants en âge de travailler se trouvent un emploi au moulin à coton, les conditions de vie dans les logements du moulin sont exécrables.  L’insalubrité des logements et les conditions sanitaires dans le quartier où vit la famille à l’époque entraîneront le décès du beau-frère et de la sœur de Jérôme deux ans après leur arrivée[5]





Pendant que Jérôme et les enfants s’échinent au moulin soixante heures par semaine, c’est dans ce même logement de la compagnie que naît le dernier enfant d’Élise en décembre 1878.   

Élise et perdra deux fils avant le tournant du siècle.  Le premier emporté par une tuberculose pulmonaire en 1889 et le second par une pneumonie en 1898.  Une troisième décédera également de la tuberculose en 1902[6].  En vingt-cinq ans, les conditions de travail et les conditions sanitaires dans les logements de s’étaient guère amélioré.

En 1902, après la mort d’Éphrem (1824-1902), l’unique frère d’Élise toujours vivant, Anselme (1858-1921), l’un de ses fils, vient tenter sa chance à Fall River avec sa famille.  Elle qui apprenait les nouvelles du bas du fleuve par la poste depuis son départ devait être heureuse de sentir les effluves de sa région à travers les paroles de son neveu.

 

Au tournant du siècle, seuls trois enfants sont toujours dans le logement du couple du quartier Flint.  Élise qui a engendré onze enfants, n’en a plus que six toujours vivants.  Même après vingt-cinq ans aux États-Unis, elle n’a toujours pas demandé sa citoyenneté[7].  Espérait-elle revenir sur les rives du Saint-Laurent avant sa mort.  Si tel était le cas, son vœu ne fut pas exaucé puisqu’elle décède d’une sténose aortique le 18 août 1907 à l’âge de soixante et onze ans dans son logement du 215 de la rue Thomas à Fall River[8].  Son mari s’éteindra trois ans plus tard.


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Ceci termine la sous-section des enfants de Jean Hervé.

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[1] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne-de-la-Pocatière, 18 juillet 1836.

[2] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada 1851, district de Rimouski, sous-district de Sainte-Flavie, page 63.  L’énumération connue sous le nom du Recensement de 1851 n’a débuté officiellement que le 12 janvier 1852. 

[3] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Flavie, 7 février 1853.

[4] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-des-Neiges de Trois-Pistoles, 2 novembre 1830.

[5] State of Massachusetts. Record of Deaths for Fall River, 29 avril et 2 octobre 1877.

[6] State of Massachusetts. Record of Deaths for Fall River, 19 mai 1889, 5 décembre 1898 et 18 mai 1902. 

[7] 1900, Recensement fédéral américain, État du Massachusetts, ville de Fall River, pages 16 et 17.

[8] Massachusetts Vital Records, 1840–1911, Fall River, Bristol County, Massachusetts, 18 août 1907.