Joseph Hervey

6.6.04.05.13 Joseph Hervey (1838-c.1894), 6e génération 


Joseph Hervey, de la sixième génération, quittera le chemin Kénogami dans la Mission Saint-Cyriac au Saguenay en 1888.  Né le 1er octobre 1839 dans la seigneurie de Murray Bay, il est le fils cadet d’un deuxième lit de son père Pierre Lumina Hervé (1796-1858) à David Hervé (1764-1837) chez Dominique Hervé (1736-1812).  Avec sept fils et quatre filles pour lesquels Joseph devait envisager l’avenir, le choix de la municipalité de Brunswick, à l’époque, offrira une multitude de possibilités d’emplois pour cette famille de cultivateur qui avait une bonne expérience du travail dans les chantiers et dans les moulins.  Joseph et sa famille, à l’exception d’un de ses fils, ne reviendront pas au pays.  Neuf des enfants de Joseph Hervey nés au Saguenay seront parmi nos cousins américains : François (1859-1927), David (1861-1899), Marie (1863-post.1932), Anna (1867-post.1894), Thomas (1872-1920), Joseph (1874-1944), Alexina (1875-1918), Théophile (1880-1952) et Guillaume (1884-post.1940).

Les premières années avant sa majorité 


Le 1er octobre 1839, Modeste Couturier accouche de son septième et dernier enfant dans la concession de la rivière Mailloux; pour le père, il s’agit de son treizième.  Comme la famille habite la seigneurie de Murray Bay, l’enfant est conduit à l’église Saint-Étienne de lendemain pour son baptême.  Pierre Lumina Hervé est revenu des chantiers à l’époque du baptême de « Joseph Hervey », son tout dernier enfant.  Martin Gravel (1782-1860), un voisin sans doute, sans aucun lien de parenté, est choisi comme parrain.  Léocade (1821-1895) dite « Léocadie Hervey », soeur de l’enfant, agit comme marraine[1].     

Joseph n’a probablement pas encore cinq ans lorsque la famille migre au Saguenay.  Il travaillera sur la terre de cinquante arpents en culture de son père qui deviendra sienne pendant toute son enfance et son adolescence.  Il passera sans doute ses hivers dans les chantiers comme son père, ses frères et la plupart des hommes[2]

Avec les départs de ses frères Onezime et Michel en 1856, le premier après s’être marié au printemps et le second décédé en automne, Joseph est maintenant seul à s’occuper des travaux de la ferme puisque son père est malade.  Joseph a dix-neuf ans lorsqu’en 1857, son père malade quitte le domicile familial et sa terre du canton de Bagot pour aller vivre à Chicoutimi chez Sara (1824-post.1901), l’une de ses filles du premier lit.  À l’évidence, sa mère quitte également la maison à la même période; elle aussi est probablement logée chez l’une de ses filles mariées ou elle est hospitalisée[3].  Quoi qu’il en soit, le 28 janvier 1858, alors qu’il est «au lit malade» son père rédige son testament et lègue à Joseph l’ensemble de ses biens meubles et immeubles.  Comme conditions à son héritage, ce dernier devra donner à son frère Onezime (1836-1897) un poulain en guise de part d’héritage.  De plus, Joseph continuera d’héberger et nourrir sa sœur Émilienne (1833-1877) jusqu’à son mariage ou jusqu’à son décès si elle ne se marie pas[4].  Son père décède le 14 juin suivant à Saint-Alphonse; il était revenu mourir dans sa maison ou celle de son fils Onezime quelques jours auparavant[5].

Décidément, l’année 1858 allait être marquante pour Joseph.  Trois mois jour pour jour après le décès de son père il épouse « Marie Delphine Pedneau », dix-huit ans, après avoir obtenu deux dispenses de bans et une dispense du troisième au quatrième degré de parenté.  Alors que Delphine est mineure, Joseph est déclaré majeur, ce qu’il n’est pas le cas puisqu’il n’a pas encore vingt ans, ce que n’a pu vérifier le célébrant, car Joseph est né à Murray Bay; une telle déclaration de majorité devait être plus aisée en l’absence du père décédé et d’une mère dont le célébrant ne connaît même pas le prénom «… fils majeur de feu Pierre Harvey et de Couturier», ni l’état ni le lieu de résidence.

Joseph ne fera probablement qu’une bouchée du petit patrimoine familial puisqu’il est peu certain qu’il soit demeuré sur la terre familiale; il l’a probablement vendu au cours du même été puisque lors de son mariage il est vaguement déclaré de la paroisse Saint-François-Xavier de Chicoutimi :

«… Joseph Harvey, fils majeur de feu Pierre Harvey et de Couturier de cette paroisse d’une part, et Delphine Pedneau fille mineure de Joseph Pedneau et de feu Marie Dufour aussi de cette paroisse…»[6]

Canton de Chicoutimi

Il est très difficile de savoir à quel territoire correspond le lieu de sa résidence ou celui de la maison familiale dont il a hérité.  Son père, tout comme lui d’ailleurs, avait été recensé en 1852 dans le canton de Bagot et tous les documents le concernant placent sa résidence dans la paroisse de Saint-Alphonse.  Joseph est lui-même recensé en 1861 comme cultivateur dans le District de recensement no 2 du Township de Chicoutimi dans le comté de Chicoutimi[7].  Les subdivisions de ce recensement ont été faites en fonction de l’organisation municipale existante en 1861, telle que comprise par des fonctionnaires coloniaux connaissant peu le terrain.  L’exemple du canton de Chicoutimi illustre le problème à localiser les individus qui souvent n’ont jamais migré ou déménagé et qui sont recensés aux dix ans et, faussement, à des endroits apparemment différents.  Ledit township est divisé en quatre districts désignés : district de recensement no 1 du Township de Chicoutimi, comprenant le village non incorporé, faisant partie de la Municipalité du Township de Chicoutimi; district de recensement no 2 du Township de Chicoutimi, dans le comté de Chicoutimi, comprenant la section hors du village faisant partie de la municipalité du Township de Chicoutimi; district de recensement no 3 du Township de Chicoutimi comprenant la section annexée à la municipalité du Township de Laterrière; district de recensement no 4 du Township de Chicoutimi comprenant la section annexée à la municipalité de Bagotville, partie nord-ouest du Township de Bagot.  Aller donc vous y trouver aujourd’hui



Malgré toute cette confusion, il est peu probable que la maison familiale se soit retrouvée ailleurs que dans le canton de Bagot, si l’on considère qu’elle devait être à une certaine proximité du moulin de la Rivière-à-Mars.  Il faut donc conclure que Joseph s’en est départi au cours de l’été 1858[8].  On ne trouvera probablement jamais la trace de cette vente puisque Joseph n’est pas en âge de signer un contrat.  De plus, comme on l’a vu dans la section traitant de la vie de son père, la situation des «squatters» n’étant toujours pas résolue, il est encore très facile de se départir d’une terre qu’un colon peu avisé aura reprise[9]

Neuf enfants de Joseph et Delphine naîtront dans le canton de Chicoutimi entre 1857 et 1874 : François (1859), David (1861), Marie (1863), Louis (1865-1867), Anna (1867), Louis (1869), Marie Adélard (1871-1871), Thomas (1872), Joseph Alfred (1874).  Lors des baptêmes de ces derniers, Joseph sera qualifié de « cultivateur » à six reprises, mais sera un « père absent » dans les chantiers, quatre fois lors des cérémonies.  Comme le fut son père et comme tous les hommes de ce nouveau pays du Saguenay, il est d’abord un travailleur forestier qui nourrit sa famille de la terre que sa femme et ses enfants cultivent.

Le 1er mai 1863, lors du baptême de sa fille Marie, Delphine, en l’absence de son mari monté dans les chantiers, choisit son père comme parrain et Modeste Couturier, sa belle-mère, comme marraine[10].  Ce sera l’avant-dernière apparition de Modeste dans les registres puisqu’elle décède à l’automne 1868, alors que ses fils sont présumés être aux chantiers.  Le couple avait perdu un premier enfant, âgé de deux ans, un an auparavant[11].   

Au printemps 1871, Joseph alors âgé de trente-deux ans est toujours cultivateur sur une terre de la paroisse de Chicoutimi; le voisinage et les registres du Crown Lands Office permettent maintenant de la situer; il s’agit du lot numéro dix dans le treizième rang, le rang Saint-Ignace[12].  Cinq enfants vivent avec lui et Delphine[13] ; en effet, en février, ils ont perdu leur petite dernière qui n’a vécu qu’une journée[14].   

Le rang Saint-Ignace, où la famille s’est établie, est peuplé surtout par des parents de toutes sortes, dont des Harvey comme « Ubalde Hervai » (1823-1882), un cousin issu de germain, qui jouera peut-être un rôle d’entraînement dans le départ de Joseph et sa famille au Maine dans quelques années, puisque Ubalde et sa famille quitteront le Saguenay pour le Maine au début des années 1880.  « Benoni Harvay », fils aîné d’Ubalde, sera d’ailleurs parrain du dernier enfant que Joseph et Delphine auront dans la paroisse de Chicoutimi[15]Ubalde n’est pas nouveau dans le secteur, car il y était déjà à l’hiver 1848-1849 alors que l’arpenteur Têtu, qui avait la tâche de chaîner la vallée de la rivière au Sable, le dénombra parmi la vingtaine des premiers squatters du canton Jonquière[16].

Chemin Kénogami

Si, partant de Saint-Alphonse de Bagotville où Joseph a grandi, on entrait dans les terres par le chemin aménagé il y avait une vingtaine d’années afin de communiquer avec la Grande-Baie, on trouvait, à trois lieues et demie[17], le village du Grand-Brûlé.  Il fallait faire un autre deux lieues pour atteindre le portage des Roches, à la tête du lac Kénogami. C’est à cet endroit qu’est le commencement de la grande ligne qui relie le lac Saint-Jean à la mer, à la Grande Baie[18].  Le chemin Kénogami est encore à cette époque la seule voie reliant le lac Saint-Jean au Saguenay.  Passage obligé des voyageurs et des colons, cette route traditionnelle est utilisée depuis des siècles par les Amérindiens et les coureurs de bois. 

À l’époque de Joseph, il y a encore une barrière, à l’extrémité ouest du lac Kénogami, où l’on paye « cinq centins » au gouvernement pour le droit de passage et pour l’entretien du Chemin Kénogami, car il y a encore trop peu de colons pour l’entretenir[19]

Le Grand Feu de 1870 avait tout enlevé à plusieurs des premiers colons s’étant établis dans le secteur, mais il avait eu l’avantage d’accélérer le défrichage et de libérer ainsi de grandes terres prêtes pour la culture.




Pour une raison qui deviendra apparente sous peu, en 1874 probablement, Joseph et sa famille déménagent sur le territoire de la Mission Caskouia qui deviendra plus tard la Mission Saint-Cyriac, justement sur ce Chemin Kénogami. 

L’année suivante Deplphine est encore enceinte.  Comme elle est nouvelle et bien seule le long du lac Kénogami, Zoë Harvay (1831-1902), sa belle-sœur, est venue de Saint-Jérôme sur les rives du lac Saint-Jean pour l’épauler.  Delphine accouche d’une fille le 28 décembre 1875.  Trois jours plus tard, en l’absence du journalier Joseph, une fois encore dans les chantiers, Zoë amène « Philomène Aléxina Hervey » pour son baptême à l’église d’Hébertville, à une quinzaine de kilomètres; elle sera marraine[20].  


Delphine accouchera de cinq autres enfants dans sa maison du Chemin Kénogami devenue bien vite une halte pour les voyageurs se rendant au lac Saint-Jean : Louise (1877), un enfant mort-né (1879), Théophile (1880), Marie Annebelle dite Elisabeth (1882-1885), Guillaume (1884). 

Joseph n’abandonnera probablement pas la culture de sa terre, mais il s’est fait «cabaretier»; c’est ainsi qu’il sera qualifié dès le 22 décembre 1877 lors du baptême de sa fille « Marie Louise Hervey ».  Il est probable qu’il accueille ainsi les voyageurs de passage depuis même son arrivée sur les rives du lac Kénogami puisque sa halte est connue.  Chose certaine, il sera cabaretier pendant toutes les années où lui et sa famille vivront encore au Saguenay[21].  En effet, la famille ne quittera plus la terre du Chemin Kénogami avant au moins sept ans durée pendant laquelle notre cabaretier-travailleur de chantiers continuera probablement à retourner la terre. 

Ce n’est pas le métier de cabaretier de grand chemin qui apporte suffisamment à manger pour une famille de neuf enfants et, pour y parvenir, Joseph continuera de monter dans les chantiers l’hiver, pendant que Delphine accueillera les voyageurs, accouchera seule de ses enfants et verra à les faire baptisés[22].


À l’époque de Joseph, le chemin Kénogami est «la grande route carrossable du Saguenay» qui longe le lac Saint-Jean dans toute sa longueur et s’étend sur un parcours d’environ vingt-cinq lieues, jusqu’aux dernières limites de la colonisation sur la rivière Ashuapmushuan.  Par ce chemin, de Jonquière à Hébertville, on compte à cette époque trois haltes ou auberges qui permettent aux voyageurs et à leur monture de se reposer.  Le trajet en charrette entre ces deux endroits prend aux environs de neuf heures dans les meilleures circonstances.  Le premier point d’arrêt est celui de l’hôtellerie de Jean Deschênes (1812-1888), l’ancien fier-à-bras à la solde de Peter McLeod de son vivant.  Le second, la maison de pension d’Éloi Gagné. Le dernier point d’arrêt avant d’atteindre Hébertville est celui appartenant à Joseph.

Ce sont généralement à ces trois endroits, sur le Chemin Kénogami, que s’arrêtent les voyageurs; «c’est là où font halte tous ceux qui se rendent au lac St. Jean ou en reviennent», comme le firent en août 1880, Pierre Boucher de la Bruère en voyage vers le lac Saint-Jean avec quelques compagnons, dont le trésorier de la province et le député des comtés unis, de Saguenay et Chicoutimi. 


Boucher de la Bruère n’est pas le seul individu connu à s’être arrêté dans l’une des auberges comme celle de Joseph répartit le long du Chemin Kénogami.  Mgr Eugène Lapointe (1860-1947) le fit également en 1879.  Ce dernier, encore séminariste n’ayant pas débuté sa prêtrise, n’a que dix-neuf ans lorsqu’il s’arrête chez notre cabaretier.  Question, qui à cet âge, semble l’intéressé, il note d’ailleurs que l’on n’y sert pas de boisson : «Chez Joseph Harvey, pas de licence  »[23].

L’idée de Joseph de s’établir à cet endroit tombe donc sous le sens dans le contexte de l’époque, alors qu’il ne réussissait plus à faire vivre sa famille de l’unique produit de sa terre et de ses hivers aux chantiers.  Les revenus de sa nouvelle profession ne devaient pas être suffisants, car, comme on l’a vu, il faut le dire, il faisait alors compétition dans son voisinage à «la cambuse à whisky de Jean Dechêne»[24], lequel avait ouvert sa halte pour les voyageurs bien longtemps avant l’arrivée de Joseph dans le secteur, une hôtellerie qui survivra d’ailleurs encore quelques années[25]

Sept ans après son arrivée au lac Kénogami, il y a douze bouches à nourrir sous le toit de la famille de Joseph le cultivateur; dix enfants ont survécu[26].  Afin d’établir François et David, ses deux plus vieux, en 1882, Joseph cautionne une transaction qui les portent acquéreurs des lots soixante-deux et soixante-trois du chemin Kénogami.  Les aînés se retrouvent ainsi avec leur propre terre de soixante-cinq acres chacun et quelques bâtiments qui avaient été érigés par des colons ayant depuis abandonné les lieux.  Ces terres étaient entre les mains de la veuve du marchand Johnny Guay, Marie Émilie Tremblay qui les vend pour la somme de «trois cents quinze piatres et cinquante sept centins» que François et David s’engagent à rembourser dans les trois ans, moyennant des intérêts de l’ordre de sept pour cent[27].  Se faisant, Joseph libère ainsi un peu d’espace dans son gîte.

Delphine accouche de son quinzième et dernier enfant le 5 décembre 1884; la maison en compte dorénavant quatorze, car ce huitième fils survivra[28].

La famille continuera de travailler sur les terres du chemin Kénogami quelques années encore puisque le 2 août 1887, David (1861-1899), «fils majeur de Joseph Harvey, cultivateur, et de Delphine Pednaud, de St Cyriac» se marie à Chicoutimi en présence de son père. 

Avec l’avènement de chemins alternatifs pour atteindre le lac Saint-Jean, le Chemin Kénogami n’était plus la manne qu’avaient connue Joseph et ses deux confrères aubergistes.  Depuis le printemps 1883, le chemin d’hiver entre la Rivière-au-Sable et Alma était une réalité bien vivante et avait entraîné déjà une baisse de l’achalandage à sa table.  Même après six ans, les revenus de Joseph et ceux de ses fils aînés n’ont toujours pas été suffisants pour le remboursement de l’acquisition des terres de ces derniers, les intérêts courants toujours.


La migration vers la Nouvelle-Angleterre

Du Chemin Kénogami dans la Mission Saint-Cyriac au Saguenay, Joseph et une partie de sa famille migrent donc à Brunswick dans l’état du Maine en décembre 1888[29].  Avec sept fils et quatre filles pour lesquels il devait envisager l’avenir, le choix de la petite municipalité de Brunswick, à l’époque, offre une multitude de possibilités d’emplois pour cette famille de cultivateur qui avait une bonne expérience du travail dans les chantiers et dans les moulins. 

La rivière Androscoggin traverse la ville de Brunswick et fournit l’énergie hydraulique à vingt-cinq scieries, ce qui offre de l’emploi pour les fils de Joseph.  D’autres entreprises produisent du papier, du savon, de la farine, du marbre et du granit, des chariots et des harnais, des charrues, des meubles et des chaussures.  Une filature de coton, la Maine Cotton and Woolen Factory Company y a pignon sur rue.  La Cabot Manufacturing Company fabrique des textiles en coton et offre une multitude de possibilités d’emploi pour ses filles.

À son arrivée aux États-Unis, Joseph, qui a maintenant cinquante ans, établit sa famille au numéro 14 de la nouvelle rue Oak.  Cette rue est dominée par les Canadiens français expatriés comme eux.  S’il a choisi une ville de moulin pour permettre à ses enfants de se trouver un emploi, contrairement à plusieurs expatriés, il est assez fortuné pour se permettre d’acheter une copropriété plutôt que de loger sa famille dans l’une des maisons de la Cabot textile où tous travaillent, car elles sont surpeuplées et les éclosions de diphtéries y sont chose courante.  Les expatriés Canadiens français construisaient à cette époque des maisons en coopération dans cette nouvelle partie de la ville.  Ainsi, on comptait quatre familles dans l’immeuble où vivait Joseph.  Dans quelques années, une autre famille Harvey viendra y habité, celle de Joseph Harvey (1846-1899) et de Marie Boudreau; ils arriveront de Sacré-Cœur au Saguenay en 1893.  Les deux Joseph sont de bien lointains cousins puisque leurs arrière-grands-pères, Pierre (1733-1799) et Dominique (1736-1812) étaient frères.  Leur provenance commune du Saguenay les unit à l’époque probablement beaucoup plus que leurs liens filiaux.

Il n’y avait pas d’église francophone à Brunswick que les familles Harvey pouvaient fréquenter, mais il y avait l’Église catholique irlandaise St. John’s ouverte depuis 1882.  À l’arrivée de Joseph dans ce qui n’était encore qu’un gros village, les Canadiens français avaient commencé à assister aux messes à cette église, mais ils étaient repoussés par les paroissiens irlandais.  Comme les Canadiens français étaient maintenant beaucoup plus nombreux que les Irlandais, ils commencèrent à exercer leur influence et réussir à faire venir un prêtre francophone qui y livrait les sacrements en français.  Ce dernier ouvrit une école en 1893, voisine de la maison où habitaient Joseph et sa famille.  L’école et le couvent étaient dirigés par huit sœurs de la congrégation de Notre-Dame de Sion arrivées de Paris[30].  La maison où la famille habite est voisine du couvent[31].  La première école Saint-Jean-Baptiste, l’école paroissiale francophone du temps était située à l’arrière de ce couvent dans un hangar aménagé. 

Comme au Saguenay, Joseph sera journalier à ses heures, là où l’on voudra de lui, car le travail ne manque pas à Brunswick : Fire enginner[32], Mill Operative[33], Railroad employee[34], Paper Maker[35]

Joseph avait été précédé en 1881, à ce même endroit, par sa cousine Phébée Harvai (1826-c.1915), fille de l’oncle Joseph François Hervé (1794-1890).  Bien que l’on ne sache pas si elle joua un rôle dans la décision de départ de Joseph, à tout le moins, ce dernier ne se retrouvait pas dépourvu d’appuis dans cette nouvelle vie.

Comme plusieurs des migrants en Nouvelle-Angleterre qui espéraient un avenir meilleur, Joseph est probablement fort préoccupé de la déchirure que sa décision a provoquée dans la famille.  Son fils David, marié en 1887, est demeuré au Saguenay sur sa terre acquise en 1882; son frère Joseph ainsi que leur jeune sœur Louise y sont également.    Ils y sont toujours en avril 1891 avec Thomas qui est de retour à Saint-Cyriac dans l’un de ses nombreux allers-retours entre Brunswick et le Saguenay[36].

Le rêve américain de Joseph n’aura duré que bien peu de temps puisqu’il est déjà décédé lors du mariage de sa fille Anna le 5 novembre 1894 à Brunswick[37].

Il est difficile de connaître les aléas exacts de la famille au cours de cette décennie de 1890 sans connaître le moment exact du décès de Joseph.  On peut présumer, sans se tromper, qu’il n’avait pas cinquante-six ans au moment de son décès.  On sait que Delphine demeura aux États-Unis avec la majorité de ses enfants. 

Son fils David se départira de la ferme familiale du Saguenay après la mort de Louise Barette sa première épouse, le 7 juin 1892 à Saint-Cyriac, devenue paroisse en 1889.  David sera d’ailleurs le dernier Harvey de la paroisse de Saint-Cyriac; aucun autre porteur du patronyme ne viendra s’y établir.  Trente-quatre ans après son départ, le glas sonnera sur l’endroit alors qu’en mars 1923, débutent les travaux de construction d’un barrage et de plusieurs digues de retenue qui forceront le départ de sa population puisque l’endroit sera inondé[38]David et son seul fils vivant, Joseph David, rejoindront la famille dans le Maine et, comme il l’avait fait à Saint-Cyriac, il y prendra un peu la place de son père décédé.  Il se remarie à Cédulie Mercier à Brunswick le 27 septembre 1897.  Il ne vivra cette union que pour un court laps de temps puisqu’il y décède le 14 novembre 1899[39].  Il semblerait qu’avant sa mort, David et son frère aîné François n’aient jamais complètement remboursé la somme qu’ils devaient à la veuve du marchand Johnny Guay pour leurs terres du chemin Kénogami.  En 1897, la Cour supérieure de Chicoutimi, à la demande de la veuve, ordonnera à «David et Francis Harvey, de Brunswick, Maine, États-Unis d’Amérique» de comparaître[40].  L’histoire ne dit pas s’ils se sont exécutés, mais plus aucun avis n’apparaîtra dans le journal.

Pour ce qui de Thomas et Joseph qui ont aussi rejoint la famille, on ne sait guère si le décès du père provoqua leurs retours à Brunswick ou s’ils faisaient simplement des allers-retours entre le Saguenay et le Maine, comme l’on fait tant de Canadiens français à l’époque, avant de s’établir définitivement aux États-Unis.  Thomas, après s’être marié en 1896, reviendra au Québec et s’établira pour un certain temps comme cultivateur sur les terres de sa belle-famille dans la municipalité de canton de Saint-Camille, l’un des rares cantons francophones des Eastern Townships à l’époque[41].  Il repartira pour Brunswick avant le tournant du siècle. 

Delphine est toujours à Brunswick en 1900, assumant le rôle de chef de famille.  Quatre de ses enfants vivent toujours avec elle : Guillaume dit Willie, Marie, Louis et son épouse ainsi que leur premier enfant, et le jeune veuf Thomas qui est de retour à la maison avec son unique fille toujours vivante[42].

Seuls deux enfants de Joseph et Delphine finiront leurs jours au Québec:  

Marie Louise, la cadette des filles qui n’était pas partie avec ses parents en 1888, semble être demeurée au Québec un certain temps.  Peut-être avait-elle tenté l’aventure américaine plus tard avant de revenir au Québec, puisqu’à cinquante-deux ans elle vit à Sainte-Anne-de-Beaupré, alors qu’elle n’était pas au Québec en 1921.  Elle épouse le veuf Elzéar Fortier en octobre 1929 dans son village d’adoption[43].  Le couple aménage dans le quartier Saint-Roch de Québec où Louise décède à cinquante-sept ans le 2 septembre 1936 loin des siens, expatriés aux États-Unis[44]

Le fils Thomas Louis, second de prénoms et quatrième fils, épouse Alexina Normand, une expatriée elle aussi en 1899 à Brunswick[45].  Les nouveaux époux vivront aux États-Unis encore une douzaine d’années[46] avant de revenir au Québec avec leurs six enfants.  Louis qui travaillait comme brakeman sur les trains aux États-Unis retrouve un emploi comme serre-frein, cette fois-ci dans le port de Montréal[47].  Il s’établit dans la paroisse de la Nativité-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie du quartier ouvrier d’Hochelaga avant 1915.  Il y rejoint la famille de son oncle Onezime Hervai (1836-1897), dont le fils Louis (1865-1936) et son épouse seront d’ailleurs parrain et marraine de son premier fils à naître au Québec[48]Louis s’éteindra le 11 juin 1929 à Montréal.  Après son service chanté dans l’église de la paroisse Notre-Dame de Montréal, il ira rejoindre trois jours plus tard les centaines de milliers inhumés au cimetière Notre-Dame-des-Neiges[49].

La famille de Joseph et de Delphine s’est donc dispersée sur le continent nord-américain.  Parmi ceux qui prendront différentes directions, une arrière-petite-fille du couple, Marie Jeanne Gertrude Harvey (1912-2011), fille de Joseph David (1891-1964) chez leur fils David (1861-1899) viendra au Québec.  Elle était venue vivre chez sa grand-tante Marie Louise (1877-1936) à Québec quand elle rencontra Lionel Cantin, un «employé civil» au gouvernement du Québec[50].  Après être retourné se marier dans sa ville natale de Lewiston au Maine en 1936[51], le couple reprendra la direction de Québec.  Marie Jeanne fera sa vie à Sainte-Foy[52].

Joseph Hervey, ses enfants, données généalogiques — 7e génération 

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[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 2 octobre 1838.

[2] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada 1851, district du township de Bagot, page 9 et recensement agraire du Bas-Canada 1851, district du township de Bagot, page 99. Pour le Canada-Est, l’énumération connue sous le nom du Recensement de 1851 a débuté officiellement le 12 janvier 1852.

[3] Je n’ai pu retrouver Modeste Couturier chez l’un de ses enfants lors du recensement de 1861.

[4] A.N.Q., GN. Minutier Ovide Bossé, no 694, 28 janvier 1858.

[5] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Alphonse-de-Bagotville, 16 juin 1858.

[6] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-François-Xavier de Chicoutimi, 14 septembre 1858.

[7] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada de 1851, district du township de Bagot, page 9 et Recensement du Canada-Est de 1861,

District de recensement no 2 du Township de Chicoutimi dans le comté de Chicoutimi, feuillet 33.

[8] POUYEZ, Christian et Michel Bergeron.  L’étude des migrations au Saguenay (1842-1931) : problèmes de méthode.  Chicoutimi, Université du Québec, 1973, pages 39-40.  Le manuscrit du recensement de 1861 rédiger par les représentants du gouvernement colonial pour le comté de Chicoutimi est si flou que les auteurs on du regroupé les districts nos 1 et 2, car la description qui en est donnée ne permettait pas de les distinguer spatialement.

[9] Je n’ai pu trouver dans les archives des notaires ayant pratiqué dans la région entre janvier 1858 et avril 1861 aucun acte de vente pour la terre dont Joseph a hérité.

[10] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-François-Xavier de Chicoutimi, 1er mai 1863.

[11] Ibid., 18 avril 1867.  Sépulture de Thomas Louis dit Louis Harvey. 

[12] BEAULIEU, Carl. Les Harvey, entrepreneurs polyvalents et citoyens engagés. Chicoutimi : Les Éditions du Patrimoines, 2002, pages 234-235.  Et BAnQ. Crown Lands Office, (1868), livre H, page 193.  Beaulieu mentionne qu’Ubalde Hervai finit par cultiver sa terre dans le rang St-Ignace à Chicoutimi avant son départ pour les États-Unis.  Hors Ubalde est l’un des voisins de Joseph; il demeure à moins d’un mile (1,5 km) de chez lui au recensement de 1871.  Les registres du Crown Lands Office mentionnent que Joseph est établi sur le lot #10 de 50 acres dans le treizième rang.

[13] B.A.C., G., Recensement du Canada de 1871, district de Chicoutimi, sous district de Chicoutimi (non-village), paroisse de Chicoutimi, page 120.

[14] Ibid., 5 février 1871. Sépulture de Marie Adélard Harvez.

[15] Ibid., 18 janvier 1874.  Baptême de Joseph Alfred Harvey.  Les deux familles habiteront à moins de trente kilomètres l’une de l’autre au Maine.

[16] BAnQ, «Journal d’arpentage du township de Jonquière (1848)», J-5.  Et dans : «Rapport de l’arpentage du township de Jonquière, exécuté en 1848 & 1849 par Frs Têtu».

[17] La lieue équivaut à 4,828032 kilomètres.

[18] PILOTE, François.  Le Saguenay en 1851 : Histoire du passé, du présent et de l’avenir probable du Haut-Saguenay au point de vue de la colonisation.  Québec, Imprimerie Augustin Côté et Cie, 1852, page 64.

[19] BOUCHER DE LA BRUÈRE, Pierre.  Le Saguenay : Lettres au Courriers de St. Hyacinthe.  Saint-Hyactinthe, Les Presses du Courrier de St. Hyacinthe, 1880, pages 7-9.

[20] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-de-L’Assomption d’Hébertville, 31 décembre 1875.

[21] Près du lac Kénogami, il y avait jadis la Mission de Saint-Cyriac.  Des colons comme Joseph s’y établirent dès les années 1870.  Les habitants étaient en majorité des agriculteurs, tandis que d’autres travaillaient pour l’industrie forestière.  La mission devenue paroisse ne put se développer pleinement, car en 1924 on construisit deux barrages, Portage-des-Roches et Pibrac, ce qui fit remonter le niveau du lac Kénogami.  Les inondations causées par la montée des eaux ne permettaient plus l’agriculture, le village fut donc abandonné.   On peut toujours voir l’église du village, construite entre 1902 et 1905 que Joseph ne connut jamais puisqu’il avait quitté l’endroit depuis près de quinze ans.

[22] Ibid., 22 décembre 1877, 12 juillet 1879 et 22 novembre 1880.  Baptêmes de Marie Louise Hervey, d’un enfant anonyme et de Joseph Théophile.

[23] Lettre d’Eugène Lapointe datée du mardi, 26 août 1879 où il mentionne son passage chez Joseph Harvey :

«Beau temps. Chaud toute la journée.»

«[Je suis] parti à neuf heures et demie de l’avant-midi pour Hébertville, mené par [le] charretier Blackburn. [J’ai] monté par le rang à Radin. Rendu à la Rivière-au-Sable, à midi, les chemins mauvais, [j’ai] [170] rencontré le postillon dans le chemin Jean-Dechêne. Rendu à l’hôtel Jean Dechêne à deux heures, [j’ai] dételé là et [j’ai] dîné là. Le vieux scélérat, [il m’a] chargé 1 $ pour deux mauvais repas et [un peu] d’avoine pour mon cheval. Beaucoup de terres de défrichées et de maisons qui étaient sur [le] bord du lac Kénogami [ont été] rétablies sur le bord du chemin.»

«[Je me suis] arrêté chez Éloi Gagné, nouvellement bâti sur le bord du lac Kénogami; [il] tient une maison [de] pension [et détient] une licence pour vendre au verre. Chez Joseph Harvey, [il n’y a] pas de licence. Rendu chez Louis Hudon à six heures et demie. [Il n’y était pas et j’ai] continué jusqu’à l’église [du] village d’Hébertville. [J’ai] logé chez M. Jauvin, près du pont, [j’ai] soupé et [je suis] allé faire une marche. Le village [est] peu considérable, mais très propre. La plupart des maisons [sont] blanchies. Horace Dumais 345 [a] de magnifiques bâtisses : maison, étable, hangar.» Cette lettre est citée dans : BOUCHARD, Russel Aurore. Histoire de Jonquière, cœur industriel du Saguenay-Lac-St-Jean : des origines à 1997. À compte d’auteur, Chicoutimi-Nord, 1997, pages 169-170.

[24] Écrits d’Auguste Béchard, fondateur du journal Le Saguenay, cités dans : BOUCHARD, Russel Aurore. Histoire de Jonquière, page 163.

[25] TREMBLAY, Victor. Histoire du Saguenay — Depuis les origines jusqu’à 1870. Chicoutimi, La librairie régionale inc., 1968, pages 246-247.

[26] B.A.C., G., Recensement du Canada de 1881, district de Chicoutimi et Saguenay, sous district du lac Kénogami, page 4.

[27] A.N.Q., GN. Minutier Jean Gagné, no 5105, 19 septembre 1882.

[28] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-de-L’Assomption d’Hébertville, 6 décembre 1884.  Baptême de Guillaume Harvey de la Mission Saint-Cyriac.

[29] Document de naturalisation américaine pour Joseph Théophile Harvey, 7 septembre 1904.

[30] NEW ENGLAND HISTORICAL SOCIETY.  How the French-Canadian Textile Worker Came to New England, [En ligne]. https://www.newenglandhistoricalsociety.com/ [page consultée le 22/10/2021].

[31] 1900, Recensement fédéral des États-Unis, Brunswick, Maine, page 12.

[32] 1900, Recensement fédéral des États-Unis, Brunswick, Maine, François Harvey.

[33] Archives de l’état du Maine, Brunswick. Record of mariage for Marie Harvey, 13 juin 1898.

[34] Archives de l’état du Maine, Brunswick. Record of mariage for Thomas Harvey, 25 mai 1896.

[35] Archives de l’état du Maine, Brunswick.  Record of a death, Alexina Harvey, 6 avril 1918.

[36] B.A.C., G., Recensement du Canada de 1891, district de Chicoutimi et Saguenay, sous district de Saint-Cyriac, page 3.

[37] Archives de l’état du Maine, Brunswick. Record of mariage for Anna Harvey, 5 novembre 1894.

[38] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Cyriac, 9 juin 1892 et 12 février 1920.  Il y eut également Edgard Harvey (1883-1951) de Tadoussac qui fit un bref passage dans la paroisse en 1920.  Par contre, il y était journalier et habitait alors avec sa famille à Jonquière avant de retourner sur la Côte-Nord cette même année.  

[39] Archives de l’état du Maine, Brunswick. Record of mariage for David Harvey, 27 septembre 1897 et record of Death for David Harvey, 14 novembre 1899.

[40] BAnQ., GOSSELIN, F.X. «Cour supérieure de Chicoutimi», Journal Le Progrès du Saguenay. Chicoutimi, volume X, N0. 31 (18 mas 1897), page 5.

[41] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Camille, 10 juillet 1899.  Baptême de Marie Alice Harvé.

[42] 1900, Recensement fédéral des États-Unis, Brunswick, Maine, Delphine Harvey.

[43] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne-de-Beaupré, 14 octobre 1929.

[44] BAnQ., Registre du cimetière Saint-Charles de Québec, 5 septembre 1936.

[45] State of Maine, Record of Marriage, Cumberland County, 17 avril 1899.

[46] 1900, Recensement fédéral américain, État du Maine, comté de Cumberland, ville de Brunswick, page 11.

[47] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Montréal, 2 novembre 1918.

[48] BAnQ., Registre de la paroisse de la Nativité-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie d’Hochelaga, 3 octobre 1915.

[49] Registre du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, 14 juin 1929.

[50] B.A.C., G., Recensement du Canada de 1931, district de Québec Ouest, microfilm, e011595267.

[51] Registre de la paroisse St Peter and Paul, Lewiston, Maine, 1er juin 1936.

[52] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Sacrement de Sainte-Foy, 21 juin 1939.  Et : Avis de décès, 13 juillet 2011.