4 Marie Madeleine Hervé

5.6.02.4 Marie Madeleine Hervé (1793-1881), 5e génération

C’est en 1793 que Félicité Perpétue donne à François Hervé (1760-1843) une quatrième fille.  Marie Madeleine Hervé naît le 21 juillet.  Au baptême, le lendemain de la naissance, François est probablement sur la mer où il pilote puisqu’il n’assiste pas à la cérémonie.  Son frère Joseph Sébastien agit comme parrain.  Sa belle-sœur, Marie Louise LeBreton dite Lalancette, l’épouse de David Louis Dominique est la marraine[1]

Madeleine demeurera célibataire toute sa vie.  Par contre, elle nous cache peut-être un secret que tous les acteurs de l’époque devaient connaître.  Une jeune fille, probablement née vers 1828, la suivra au cours des différentes étapes de sa vie. 

À cinquante-sept ans, en 1851, Madeleine est à Sainte-Flavie.  Elle travaille chez Louis DuTremble dit Desrosiers (1806-1884) et Marie Ross (1807-1885), une famille nombreuse de cultivateurs.  Les DuTremble occupent des terres dans la région depuis quatre générations et furent les pionniers de l’anse au Lard alors que les Ross y sont depuis 1782[2].  D’ailleurs, deux ans plus tôt, le frère cadet de Madeleine avait acheté des terres de Daniel Ross (1813-1881), le frère de Marie.

Madeleine a peut-être de la famille chez les DuTremble puisque Mérance Harvey (1828-1905), née à Sainte-Anne-de-la-Pocatière y est aussi[3].  Or, on ne trouve aucune Mérance Harvey née à Sainte-Anne-de-la-Pocatière dans les années 1820.  De fait, les seuls Harvey nés dans cette décennie à Sainte-Anne sont les enfants de Jean, le frère puîné de Madeleine.  À cette époque cependant, les enfants illégitimes comme aimaient les nommer les curés, étaient nombreux dans la Grande Anse, soit six à sept en moyenne par année ; le Saguenay n’était pas encore ouvert et les jeunes gens des villages du pays de Charlevoix, en mal de terre ou de travail, étaient encore légion à traverser sur la Côte-du-Sud pour y trouver un gagne-pain comme journalier.  Ça laisse à penser.  Lorsque l’on regarde les paroisses avoisinantes comme à Saint-Roch-des-Aulnaies, là aussi les illégitimes sont nombreux.  Parmi eux, à Sainte-Anne, on y retrouve la naissance de deux jeunes filles pouvant correspondre à celle qu’on appelle Mérance : l’une prénommée Marie Émerance née en 1824 et l’autre baptisée Marie Émilie en 1828[4]

Mérance épouse le sergent de milice Louis Desrosiers (1828-1907), le fils aîné du patriarche DuTremble l’année suivante.  Lors du mariage, le curé inscrit qu’elle est une fille naturelle et c’est Jean, le frère cadet de Madeleine, qui lui sert de père[5].  Il est difficile aujourd’hui d’établir qui cachait le secret de qui.  Quoi qu’il en soit, c’est chez Mérance que Madeleine passera les trente prochaines années de sa vie[6].

Elle devait avoir quitté Sainte-Anne-de-la-Pocatière depuis longtemps, car elle ne fut marraine d’aucun des nombreux enfants de sa sœur Victoire ou de son frère Jean nés après 1830.  Peut-être était-elle partie pour le bas du fleuve au même moment que sa sœur Marguerite, quelque part entre 1834 et 1840.

Madeleine demeurera donc chez une nièce (ou sa fille ?) jusqu’à sa mort le 20 août 1881[7].  Elle venait tout juste de fêter son quatre-vingt-huitième anniversaire.

[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies, 22 juillet 1793. 

[2] DESROSIERS, Georges. « Les débuts du peuplement de la côte de la Pointe-au-Père à l’Anse-aux-Coques, 1750-1791», L’Estuaire, numéro 63, juin 2003.pages 3-8. Et DESROSIERS, Georges. « La famille Desrosiers dans la région de Rimouski au XVIIIe siècle ». L’Estuaire, volume 24, numéro 1, janvier 2002, pages 12-19. 

[3] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada 1851, district de Rimouski, sous district de Sainte-Flavie, page 5. 

[4] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne-de-la-Pocatière, 11 avril 1824 et 12 juin 1828.   Les âges déclarés aux recensements et au décès ne permettent pas d’établir un lien avec certitude avec l’une ou l’autre.  Au recensement de 1852, Mérance Harvey serait née en 1828, à ceux de 1861 et 1871 la naissance se situerait en 1827 et à ceux de 1881 et 1891 en 1826.  Par contre, au recensement de 1901 et lors de l’inhumation, elle serait née en 1824. 

[5] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Flavie, 7 janvier 1852. 

[6] B.A.C., G., 1871, Recensement de la province de Québec, district de Rimouski-Est, sous district du Chemin Matapédia, page 8. 

[7] B.A.C., G., Recensement Province of Quebec 1881, district de Rimouski, sous-district de Sainte-Flavie, page 70 et BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Flavie, 22 août 1881.