7 Marie Félicité Hervai

5.6.12.7 Marie Félicité Hervai (1818-1894), 5e génération 

Quand la fête du Nouvel An survient, Marie Julie Mignaud est déjà enceinte de huit mois.  Elle accouche d’une deuxième fille le 20 janvier 1818.  Lors du baptême de « Marie Félicité Hervai » le même jour, le parrain est Bonaventure Mailloux (1784-1874) et la marraine la belle-sœur des parents Marie Anne Tremblay (1774-1840) mariée au frère Joseph Hervé[1].

Marie Félicité, cette fille de navigateur, deviendra femme de navigateur lorsqu’elle épousera Ulric Bouchard (1811-1887) le 9 août 1836 en la chapelle Saint-Louis.  La mariée a dix-huit ans alors qu’Ulric, un gars du Cap à Labranche, en a vingt-cinq.  On ne sait pas depuis quand les nouveaux époux se fréquentaient, mais chose certaine, ils étaient tous deux à la cérémonie du baptême de Paul Harvé l’été précédent et agissaient comme parrain et marraine.  Paul est le fils aîné de Germain chez Joseph, le cousin de Marie Félicité[2]

Le couple s’installe dans la grande maison de pierres du père d’Ulric et y aura huit enfants : Élie né le 23 septembre 1837, Maurille née le 13 septembre 1840, Jean Théodore né le 27 janvier 1844, Marie Éloise née le 27 novembre 1846, Louis Adolphe né le 6 mai 1849, Louis né le 31 août 1852, Louis Wenceslas né le 6 juin 1857 et le dernier né le 27 décembre 1859 qui est prénommé Éli alors que son frère aîné aussi prénommé Élie était décédé l’année précédente d’un coup foudroyant d’apoplexie[3]

Marie Félicité et Ulric, personnage haut en couleur avec sa grosse barbe[4], cultiveront toute leur vie la terre qu’ils partagent avec les frères Jacques, dit Jacob (1815-1903) et Zénon Bouchard (1825-1899) et leurs familles[5].  En effet, après le décès du père d’Ulric, Louis Bouchard (1883-1841), les trois frères prirent soin de leur mère jusqu’à sa mort en 1853 et, quand ils ne sont pas sur la mer, se partagent la terre, ses dépendances et la maison familiale[6].  Si en 1837 Marie Félicité était la première Harvé à franchir la porte de cette maison de navigateurs, elle n’en sera pas la dernière puisque ces Bouchard, famille voisine, sera liée aux Harvé pour quelques générations encore[7].  Est-il alors surprenant qu’à l’île, même au XXe, on entrait encore chez tout un chacun sans frapper d’abord à la porte, constatant ici que les insulaires, au Cap à Labranche plus que partout ailleurs, étaient à peu près tous parents !

Le 7 septembre 1875, Ulric est celui qui conduit l’abbé Henri Raymond Casgrain tout autour de l’Isle-aux-Coudres, promenade qui amènera ce dernier à écrire son opuscule : Un pèlerinage à l’Ile-aux-Coudres, document qui sera réédité sous le nom d’Une excursion à l’île aux Coudres.  Comme Casgrain utilise Ulric pour décrire les lieux et les événements dans son livre, il est heureux que ce dernier ne sache pas lire, car il n’aurait sans doute pas aimé tout ce qu’on lui avait fait dire[8].

Ulric s’éteint le 26 novembre 1887 alors que Marie Félicité le suit dans l’au-delà sept ans plus tard le 10 décembre 1894[9]

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[1] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, le 20 janvier 1818. 

[2] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 19 juillet 1935. 

[3] Ibid., 19 avril 1858.  Sépulture d’Élie Bouchard. 

[4] CASGRAIN, Henri Raymond. Légendes canadiennes et variétés. Une excursion à l’île aux Coudres. Montréal, Éditions Beauchemin & Valois, Tome I, 1884, page 13.

[5] B.A.C., G., Recensement de 1851, comté de Saguenay, sous-district de la paroisse Saint-Louis de l’Isle aux Coudres, microfilm e002314770. 

[6] B.A.C., G., Recensement de 1851, district de la paroisse Saint-Louis de l’Isle aux Coudres dans le comté de Charlevoix, microfilm 4108685_00317. 

[7] En autres, Alfred Bouchard épouse Justine à Joseph à Louis chez Sébastien Dominique Hervé en 1866 ; Omer Bouchard épouse Mathilde à François à David Louis Dominique chez Sébastien Dominique Hervé en 1870 ; Zénobie Bouchard épouse Ferdinand à Germain à Joseph chez Sébastien Dominique Hervé en 1873.  Au moins deux d’entre eux vivront sous ce même toit pour une période de leur vie. 

[8] Il faut prendre le contenu de l’opuscule de Casgrain avec un grain de sel, car l’auteur réunit des faits et des légendes de l’Isle dans un anachronisme particulier.  Ainsi, quand il fait dire à Ulric Bouchard que Caya « ...est parti pour le cimetière, mais il a laissé son nom ici... » en parlant de la Butte à Caya, il oublie qu’Ulric connaît bien Caya puisque ce dernier demeurait chez son beau-père au moment de son mariage et demeure maintenant chez son beau-frère et voisin Maxime Hervai comme en font foi les recensements de 1851, 1861, 1871 et 1881.  De surcroît, Caya est toujours vivant lors de la visite de Casgrain et ne décédera qu’en 1891.  Son approche littéraire est bien similaire à celle de l’abbé Mailloux qui mêlait aussi les époques et les faits avec les contes fantastiques pourvu qu’un nom ou un événement se reflète vaguement dans la psyché d’une collectivité. 

[9] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 3 décembre 1887 et 12 décembre 1894.