11. Pour la suite des Hervé

Pour la suite des Hervé[1] (1732 à 1737)

 

 «Louis Hervé était un matelot du navire L’amazone du désert, qui était sous le commandant de Girard de la Soudrais. Il se serait noyé en abordant le navire. Il avait 22 ans. Son corps fut inhumé à Beauport, le 7 juillet de 1732.»[2]

Ce jeune homme, peut-être, n’avait pas l’intention de demeurer en Nouvelle-France, mais les futurs Harvey perdaient ainsi un ancêtre potentiel à un moment où l’avenir du patronyme n’était pas encore assuré. En effet, Zacharie Hervet n’aura pas de descendants mâles et il faudra espérer encore plus de deux siècles avant que la loi et la mode permettent à des enfants de porter le nom de leur mère, mais la suite des Harvey sera bientôt assurée chez les Hervé par la naissance des deux ancêtres des Harvey, Pierre et Dominique.

La famille Hervé en 1733


Au début de l’année 1733, la famille de Sébastien se compose de six individus :


Il est amusant de constater les dates de naissance en automne où en fin d’été.  Sébastien ne pouvait donner son plein rendement géniteur qu’en hiver pendant ses trois mois de vacances.  Dans le cas de notre ancêtre insulaire qui devait trimer dur du lever au coucher du soleil pendant tout l’été, on peut imaginer que le jeu de l’amour et du hasard trouvait son nid favorable à la chaleur de l’âtre de la petite maison quand les enfants jouaient dans la neige.  Une exception devait cependant venir confirmer la règle...


Une exception devait cependant venir confirmer la règle...


« l’an mil sept cent trente trois le seize juillet je soussigné prêtre missionnaire de la baye st paul ay baptisé sous condition à l’isle aux coudres Pierre hervé né le vingt deux juin à midi de la présente année fils de sébastien hervé et de Rose Tremblay sa légitime épouse le parain a été pierre gagnon (1710-1757) fils de Joseph (1685-1761) la maraine louise Boneau (1718-1755) fille de dominique. Ant. Abrat prêtre. »[3]

En ce lendemain du solstice d’été, ce 22 juin 1733 venait de naître un garçon, Pierre, qui serait l’ancêtre de la moitié des Harvey du Québec et quelques semaines plus tard, on ressentit un formidable tremblement de terre « dont les secousses se font sentir pendant 40 jours »[4], un événement que connaîtront, à diverses intensités, toutes les générations de Charlevoisiens[5] au centre de leur immense cratère, enfoncé il y a plus de trois cent soixante millions d’années[6].

Faute de chapelle à l’île, les baptêmes et mariages ont tous lieux chez une famille demeurant au bout d’en haut de l’île, probablement chez Joseph Simon Savard (1689-1755) et son épouse Catherine Dallaire (1698-1759). C’est chez cette famille que Sébastien et les siens se rendent, quand un prêtre missionnaire est à l’île, car tous les offices religieux y ont célébrés avant la construction de la première chapelle[7]. 

Pendant que se consolidait l’avenir des Harvey, son berceau insulaire devenait un milieu de vie de mieux en mieux organisé.  Le 22 janvier 1732, Dominique Bonneau dit Labécasse (1691-1755) avait cédé au Séminaire une surface triangulaire de dix arpents « par la devanture de la terre à luy concédée sur la rivière rouge »[8] afin qu’on y construise une église.

Deux fils de pionniers, Pierre Savard (1712-1780) et Joseph Laforest dit Labranche (1710-1758) défrichent déjà leur propre terre au milieu de la Côte de La Baleine.

En novembre 1733, c’est un troisième pionnier de l’Isle à être emporté[9].  Alors qu’il traverse au Sud, Jean Laforest, dit Labranche (1682-1733) de même que cinq autres passagers se noient quand leur embarcation est renversée par l’onde lors d’une violente tempête à l’anse de Berthier en bas.  Les corps seront retrouvés le 4 novembre[10].  Marie Angélique Rancourt (1690-1772) se retrouve donc seule avec sept enfants à nourrir.

C’est à cette époque que commence à s’installer sur l’île le premier représentant des Dufour, cette famille si connue dans le domaine de l’hôtellerie à l’est du Québec et des croisières sur le fleuve Saint-Laurent.  Aujourd’hui les Dufour sont les seuls à battre les Harvey en nombre d’inscriptions dans l’annuaire téléphonique local, mais leur ancêtre, Bonaventure (1713-1783), est arrivé après le nôtre en s’associant, lui aussi, à la famille de Louis Tremblay père (1667-1747) par son mariage avec Elizabeth (1715-1799)[11], une demi-sœur de l’épouse de Sébastien.  Arrive aussi l’ancêtre des Pednaud prénommé Pierre Étienne (1709-1751)[12] qui vient tout juste d’épouser Marie Gertrude Bouchard (1711-1790) le 4 novembre précédent.  Puis, comme prévu, Ignace Brisson (1702-1770) et Guillaume Tremblay (1707-1755) prennent possession des terres qui leur ont été concédées d’avance en 1728.

Il faut également noter un déplacement, car Louis Tremblay fils (1703-1757), pour une raison inconnue, cédant sa terre à son frère Étienne (1710-1755)[13] amorce un nouveau défrichement à La Baleine, entre Pierre Étienne Pednaud et son demi-frère Guillaume.

Sur la côte initiale, celle pour laquelle on a déjà étiré sur toute sa longueur le nom de Cap-à-Labranche, la stabilité règne pendant cette période, car, mis à part le remplacement de Louis par son frère Étienne, le seul déplacement à signaler est la vente, au début des années 1730[14], de la terre de Thomas Laforest dit Labranche (1685-1762) à Charles Pilote (1703-1788) dont la présence sera très éphémère[15].  Située dans l’ouest de l’île, la côte du Cap à Labranche s’étend en douceur sur plus d’un kilomètre.  En 1998, montés sur une bicyclette quatre places et à quatre roues que nous avions louée, je me suis amusé à dévaler la pente au grand plaisir de mon fils Carl, alors que mon épouse Céline nous implorait de freiner.

C’était une stabilité fragile, car, en 1734, un désastre plus néfaste que le tremblement de terre de l’année précédente vint déstabiliser la communauté, l’incendie du moulin à farine qui obligerait les habitants à redevenir dépendants de Baie-Saint-Paul pour faire moudre leur grain.

Heureusement que les vaillants défricheurs n’avaient pas à concéder une acre de leurs terres péniblement défrichées pour en faire des prairies, car les animaux broutaient allègrement le « foin en jachère sur le bord de la grève jusqu’à la haute mer ou commencent le front de leurs habitations »[16].

Dorénavant, on baptisera dans la toute nouvelle chapelle de l’île...

La famille Hervé est encore jeune en 1736, mais l’aînée Marie Anne, à douze ans, fait une petite incursion dans le monde des adultes en devenant la marraine de Louise Tremblay (1736-1758), une fille de son oncle Guillaume, alors que le parrain est un nouveau défricheur, Bonaventure Dufour (1713-1783)[17].  Le baptême a lieu « dans l’Eglise de St Louis de L’ille aux Coudres »[18].

Sébastien et sa famille auront recours aux services du notaire Michel Lavoye (1700-1779) à plusieurs reprises tout au cours de sa pratique entre 1737 et 1772.  Sébastien connaissait la famille des De La Voye depuis un certain temps puisqu’il avait contracté une dette de deux livres auprès de Jacques De Lavoye (1669-1752) de la Petite-Rivière Saint-François, l’oncle de Michel Lavoye.  En effet, le 13 août 1736, lorsque s’amène à Petite-Rivière François Elzéar Vallier (1707-1747), prêtre supérieur du séminaire de Québec depuis deux ans et théologal de la cathédrale de Québec, c’est pour établir l’inventaire des biens, meubles, immeubles et autres de la communauté de Jacques De Lavoye et Angélique Garand (186-1718), son épouse en premières noces.  Dans le document qu’il soumit, on y apprend que quelques censitaires de l’Isle, dont Sébastien et Joseph Savard, sont parmi ceux qui sont en dettes envers la succession[19].


C’est en cette année 1736, le 26 septembre que survint un événement capital pour l’autre moitié des Harvey du Québec, la naissance de l’ancêtre Sébastien Dominique et son baptême à l’Isle.



On peut donc situer l’inauguration d’une petite chapelle, que les jésuites dotent d’une cloche[20] et nomment Saint-Louis-de-France, entre la naissance de Pierre en 1733 et celle de Sébastien Dominique en 1736 et il est probable qu’elle était toute neuve pour le baptême de l’ancêtre[21].  On voit que l’enfant doit son prénom à son parrain le jeune Dominique Bonneau (1722-1783) qui, à quatorze ans, reluquait peut-être avec envie une marraine de cinq ans son aîné près de laquelle il avait grandi, Marie Madeleine Debien (1717-c.1758), qui, malgré la nouvelle église qui les sépare, est sa voisine depuis aussi longtemps qu’il se souvienne.  Étienne (1691-1766), le père de Madeleine, est devenu un «propriétaire»[22] terrien aussi important que Joseph Simon Savard en reprenant la concession de Charles Pilote[23], que Thomas Laorest dit Labranche avait commencé à défricher.  Il était ainsi devenu le voisin de Sébastien.

Dorénavant on s’épousera également dans la toute nouvelle chapelle de l’île...

… le curé Chaumont déclare en octobre 1736, au mariage de Jacques Bonneau dit Labécasse (1694-1748) et de Marie Catherine Laforest (1714-1774) :

«... leur ai donné la bénédiction nuptiale dans l’Église de St-Louis de la dite ysle aux coudres...»[24].

Ce mariage du quadragénaire Jacques Bonneau, veuf de Louise Bouchard (1701-1735), avec la toute jeune Marie Catherine Laforest, vingt-deux ans, fille de feu Jean Laforest dit Labranche (1682-1733), est une des premières manifestations de la génération suivante; les enfants de l’île commencent progressivement à prendre la relève[25].  C’est surtout lors des baptêmes que ça devient évident, car l’âge des parrains et marraines a considérablement diminué; il était temps que les jeunes viennent prêter main-forte à leurs parents qui ont des filleuls dans tous les foyers.  Ces enfants, qui n’ont pas d’écoles pour occuper leur naissante maturité commencent sûrement très tôt à s’initier au travail des femmes et des hommes.  À une époque où quelques bêtes à cornes ont plus de valeur qu’une maison, on peut imaginer ce que représentaient des bras d’adolescents.

Le 3 novembre 1737, Marie Françoise Gagné (1696-1778) de Baie-Saint-Paul, la seconde épouse de Jean Baptiste Otis (1683-1760) dit l’anglais, baille[26] par-devant le notaire un étau de forge à Sébastien Hervé[27]Ce dernier connaissait bien Jean Baptiste, son «contre-maître» alors qu’il travaillait à la ferme du Séminaire de Québec du domaine Saint-Aubin à la baie Saint-Paul de 1712 à 1717.  C’est un élément additionnel qui montre que, durant sa jeunesse, notre ancêtre avait suffisamment appris le métier de son père pour que les générations suivantes dHervé, d’Harvé et d’Harvey continuent de taper l’enclume, comme le faisait le migrant Sébastien Hervet, potier d’étain.  L’histoire ne dit pas pourquoi Jean Baptiste Otis, qui n’a que cinquante-sept ans, ne se soit pas chargé lui-même de la transaction.

Jean Baptiste Otis

Otis avait été amené en Nouvelle-France à la suite du massacre de 1689 à Dover en Nouvelle-Angleterre.  Cette hécatombe avait été perpétrée par les Abénaquis pour venger deux des leurs qui avaient été fait esclaves et tués par la suite.  Lui et vingt-huit autres furent répartis entre différentes bandes indiennes qui avaient participé à l’attaque.  Sa belle-mère prit éventuellement la route de Montréal en passant par le lac Champlain et la rivière Richelieu, alors que lui et sa sœur arrivèrent dans la région de Québec à des moments différents, par la rivière Chaudière.  Le clergé assuma d’abord le rachat et l’entretien des captifs de Dover.  Sa sœur fut rachetée et élevée par une famille française de Beauport.  Jean Baptiste arriva à Québec en 1697, après avoir vécu près de huit ans chez les autochtones.  Il fut racheté par Jean Barrette de Sainte-Anne du Petit-Cap.  Baptisé au printemps 1700 «dans l’église de Ste-Anne du petit Cap coste de Beaupré… anglois des environs de boston pris par les sauvages… et vendus… à Jean Baret… habitants de cette paroisse… Langlois qui demeure chez Jean Baret est agé d’environ 17 ans. Il y a environ 3 ans qu’il a esté enlevé de son pais il a esté nommé au Baptême Jean baptiste…» [28]  Comme on l’a vu à la section «Pendant l’adolescence», Jean Baptiste fut parmi ceux qui, en 1710, reçurent une «lettre de naturalité» du roi Louis XIV.  Après avoir reçu sa naturalisation, il trouva un emploi de contremaître à la ferme du Domaine Saint-Aubin de la baie Saint-Paul où il passa quarante ans à servir ces messieurs du Séminaire de Québec.  La famille Otis vécut sur la ferme du Séminaire, au bord du petit étang, tout près de la première chapelle et non loin de la voie ferrée actuelle.  Il décéda le 15 septembre 1760  «… Natif de Dover, captif des Abénaquis, il vécut en Nouvelle-France, mais sans revoir aucun des siens»[29].  Jean Baptiste Otis ignora toute sa vie la présence de sa sœur à Charlesbourg et celle de sa belle-mère à Montréal[30].

Depuis leur établissement à l’Isle aux Coudres, on avait formellement proscrit aux censitaires du séminaire de s’adonner à la traite des fourrures.  Ils ont cependant exploité toutes les autres ressources que leur offrait l’environnement comme la pêche aux marsoins, la chasse aux loups marins et le fauchage du foin salé.  En 1737, une ordonnance de l’intendant Hocquart nous apprend qu’ils se firent même un temps, «fabricant de goldron»[31].

*************************************************************************************

Pour passer à la section suivante de la vie de l’ancêtre, cliquez ICI

*******************************************************************************************

[1] En paraphrasant le titre d’un film de Pierre Perreault (POUR LA SUITE DU MONDE) qui aimait tant les gens de L’Île-aux-Coudres.

[2] BOUCHARD, Léonard.  Morts tragiques et violentes au Canada. 17e et 18e siècles. Québec, Les Publications audiovisuelles, 1982, Tome 1, 304 pages.

[3] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul, 16 juillet 1733.

[4] PROVENCHER, Jean. Chronologie du Québec. Édition Boréal, 1991, 220 pages.

[5] «Charlevoix connaît des tremblements de terre d’une magnitude de 6 à 7 degrés Richter, tous les 70 ans environ». Maurice Lamontagne, Commission géologique du Canada.

[6] RONDOT, Jehan. Les impacts météoritiques à l’exemple de ceux du Québec, Beauport, Publications MNH inc., 1995, p. 43.

[7] CASGRAIN, Henri Raymond. Légendes canadiennes et variétés. Une excursion à l’île aux Coudres. Montréal, Éditions Beauchemin & Valois, Tome I, 1884, page 11.  Casgrain dans sa description parle de la famille Dallaire.  C’est une erreur de l’auteur, car la seule personne à l’Isle portant le patronyme Dallaire est Catherine, l’épouse de Joseph Simon Savard, le premier colon à l’Isle.  Avant la construction de la première chapelle vers 1736 aucune famille Dallaire ne s’était encore installée à l’Isle-aux-Coudres.

[8] A.S.Q., Seigneuries 46, No 6E.

[9] Le premier fut Joseph Amiot dit Villeneuve en 1722 et le second, François Rousset en 1731.

[10] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-de-l’Assomption de Berthier en bas, 5 novembre 1733.  Le 4 novembre 1733, une violente tempête a fait sombrer dans le fleuve, à l’anse de Berthier, rivière Bellechasse, une goélette et six personnes ont été submergées.  Les victimes sont François Caron, Françoise Paré, sa femme, Françoise Boirie, Marie Josèphe Bourassa, épouse en secondes noces, de Louis Bossé, Marie Dubeau, épouse de Marois de Québec, Jean Labranche.  Leurs corps ont été inhumés le lendemain dans le cimetière de Berthier en bas.

[11] BAnQ., Registre de Saint-Pierre et Saint-Paul de la Baie-Saint-Paul, 8 novembre 1734. 

[12] BAnQ., Registre de Saint-Pierre et Saint-Paul de la Baie-Saint-Paul, baptême, à l’Isle-aux-Coudres, de Marie-Gertrude Pednaud (1733-1822) le 22 juillet 1733.

[13] A.S.Q. Seigneurie 46, No 5C.

[14] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul de Baie-Saint-Paul : baptême, à l’Ile-aux-Coudres, d’Ambroise Pilote le 10 août 1733.

[15] A.S.Q. Seigneurie 46, No 6c et 6c (bis). Son lien avec Louis Tremblay (père) était peut-être trop ténu, car il n’était que l’époux d’une nièce, Ursule, fille de Michel.

[16] BAnQ., Aveux et Dénombrement, Vol 2, folio 605-610, (Fief de l’Isle aux Coudres).

[17] BAnQ., Registre de Saint-François-Xavier de la Petite-Rivière-Saint-François, 3 juin 1736.  Cet acte est également inscrit le 3 juin 1736 au registre de Notre-Dame-de-l’Assomption-des-Éboulements.

[18] BAnQ., Registre de Notre-Dame-de-l’Assomption-des-Éboulements, 3 juin 1736.

[19] ROY, Joseph-Edmond. Notice historique sur la famille de René De La Voye.  Lévis, imprimerie de l’auteur, 1899, page 43. 

[20] LA MÉMOIRE DU QUÉBEC. L’Isle-aux-Coudres. [En ligne]. http://www.memoireduquebec.com/wiki/index.php?title=L’Isle-aux-Coudres_ (municipalit%C3%A9) [page consultée le 30/12/2013].

[21] La revue des registres de Saint-François-Xavier de la Petite-Rivière-Saint-François, de Saint-Pierre et Saint-Paul de Baie-Saint-Paul et de Notre-Dame-de-l’Assomption-des-Éboulements permet de confirmer que c’est en 1736 que fut mentionné pour la première fois l’église Saint-Louis-de-France de l’Isle-aux-Coudres.  Mailloux dans son «Histoire de l’Île-aux-Coudres» parle de la première chapelle construite par le premier curé en 1748.  Il n’aurait donc pas consulté les registres des paroisses avoisinantes qui du temps desservait l’Isle confirmant l’année 1736.  Plusieurs auteurs ont par la suite cité Mailloux.  Jean Des Gagniers dans son manuscrit intitulé «L’Île-aux-Coudres» publié en 1969 mentionne à la page 27 «Selon M. Gérard Morisset, elle devait ressembler à une petite église du dix-septième siècle qui fut peinte en 1876 par un artiste anglais de passage au Québec.  Le tableau appartient au Séminaire de Québec, est reproduit dans "Les Églises et le Trésor de Varennes “ de Gérard Morisset.  Elle devait donc être en apparence, très semblable aux deux chapelles de procession de Saint-Louis, mais un peu plus vaste.» Il faut mentionner ici que Gérard Morisset (1898-1970) à la page 41 de son livre parle de «1846» et non de 1876.  Des Gagniers, en affirmant qu’elle devait être semblable aux deux chapelles de procession de Saint-Louis, oublie peut-être que la première église fut construite en 1736 alors que les chapelles de processions n’ont vu le jour que 100 ans plus tard alors que les techniques d’architecture avaient fort évolué.  Il a probablement comparé la gravure du livre de Morisset avec les chapelles pour avancer sa prétention.  L’opinion de Morisset, que l’auteur semble connaître, n’est ici que spéculation puisqu’il n’a jamais étudié la question et qu’il n’a jamais écrit à ce sujet.  Des Gagniers, par contre, offre une autre explication à la page 27 de son même volume quand il mentionne «Selon M. Jean-Paul Lemieux, il se peut que cette église à comble élevé et à un seul clocher, soit représentée dans l’un des tableaux de Masselotte qui ornent les murs du jubé de l’actuelle église Saint-Louis.  Elle devait selon lui, ressembler à l’ancienne église de la Petite Rivière Saint-François, détruite elle aussi, mais dont on possède des photographies.»  Jean-Paul Lemieux (1904-1990) qui s’est installé à l’Isle-aux-Coudres à sa retraite a pu, quant à lui, approfondir la question. Le croquis ci-dessus représente le tableau de Masselotte.  Puisque les deux églises ont été construites à des temps plus rapprochés (1736 et 1771) par des membres de familles apparentées, il tombe sous le sens qu’elles se soient quelque peu ressemblées.

[22] À cette époque le terme «censitaire» serait peut-être encore plus juste.

[23] A.S.Q. Seigneurie 46, 6c et 6c (bis) + Renseignements complémentaires des registres religieux.

[24] BAnQ., Registre de St-François-Xavier de la Petite-Rivière-St-François, 2 octobre 1736.

[25] Ce ne sera par contre pas le cas de Marie Catherine Laforest puisqu’après le décès de son époux en 1748, elle quitte l’Isle pour se remarier à Saint-Joachim en 1749, à Pointe-du-Lac en 1756 et à Yamachiche en 1767. 

[26] Terme vieilli signifiant «donné».

[27] A.N.Q., GN. Minutier Joseph Jacob, 3 novembre 1737.

[28] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne du Petit-Cap, 10 avril 1700.

[29] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul de baie Saint-Paul, 16 septembre 1760.

[30] MALCHELOSSE, Gérard. Généalogie de la Famille Otis. Montréal, Éditions G. Ducharme, 1921, 88 pages.

[31] BAnQ., Fonds Intendants, 1626-1760, série Ordonnances, Gilles Hocquart (1729-1748), année 1737.  Aussi mentionné dans : MARTIN, Yves. L’Île-aux-Coudres : Population et économie. Sainte-Foy, Éditions du Département de géographie de l’Université Laval, « Cahiers de géographie du Québec », vol. 2, n° 2, 1957, page 171.