1 Marie Anne Hervé

5.6.11.1 Marie Anne Hervé (1803-1846), 5e génération

Le 24 septembre 1803 naît le premier enfant du jeune couple nouvellement formé de Joseph (1782-1867) et Marie Anne Tremblay (1774-1840)Marie Anne Hervé, du prénom de sa mère, est baptisée le même jour à la chapelle Saint-Louis de l’Isle.  Le parrain, Bonaventure Mailloux (1784-1874) est un petit-cousin par la mère de Joseph et un voisin.  Il est le fils de Marie Josephe Dufour (1757-1833).  La marraine est Marie Hervé

Le registre du curé Marie François Robin, missionnaire français résident dans la paroisse depuis moins d’un an, est bien peu utile pour aider à identifier la marraine.  Le père Joseph a six sœurs vivantes portant le prénom de Marie.  Lorsque l’on feuillette les registres de la petite chapelle, on note que le missionnaire Robin ne sera pas le seul à faire de toutes les sœurs et cousines de Joseph des « Marie »On retrouve une des « Marie Hervé » comme marraine d’enfants chaque année au début de ce XIXe siècle.  Seule Marie Euphrosine dite Marie Modeste semble bénéficier d’un traitement particulier alors que les curés utiliseront son prénom complet.  Ses parentes, en présumant qu’il s’agit d’elles et non de celles qui sont traversées sur la terre ferme, ses sœurs Marie Josephe, Marie Margueritte, Marie Madeleine et la cousine Marie Jeanne sont toutes des « Marie Hervé ».  On peut par contre présumer qu’il s’agit de Marie Josephe, car cette sœur au prénom homophonique de Joseph, qui les a si souvent confondus dans leur jeunesse, utilisera toute sa vie l’unique prénom de Marie.

Marie Anne a bien des raisons d’être ainsi prénommée.  Tout d’abord, elle est l’aînée et très souvent les insulaires prénomment leur premier enfant comme le père ou la mère selon le sexe de l’enfant.  De plus, la marraine de son père, sa plus vieille tante est aussi prénommée Marie Anne.  Finalement, la grand-mère de la nouvelle née qui vit toujours sous leur toit avait perdu une jumelle prénommée Marie Anne en bas âge et les insulaires ont cette autre habitude de défier le sort en prénommant un prochain enfant comme celui étant décédé.  

Marie Anne quitte le toit de ses parents Joseph et Marie Anne, le 18 février 1829 alors qu’elle épouse François Lajoie (1803-1837) qui a aussi vingt-cinq ans.  Les Lajoie sont une famille établie à l’Isle depuis le siècle dernier.  Le premier à s’établir fut François Lajoie (1725-1759) qui décéda sous les balles de l’anglais au cours de l’été de la Conquête en 1759.  Le second, François Lajoie (1749-1821) fut le grand-père de l’époux de Marie Anne.  Le troisième François Lajoie (1775-1835) son père a épousé Élisabeth Perron (1772-1827) sa mère.  Cette dernière est la fille de Charlotte Hervé (1751-1822), elle-même fille de Zacharie Sébastien Hervé (1726-c.1813), le grand-oncle de Marie Anne

Le jeune couple a de quoi se réjouir pour les fêtes qui approchent puisque le 18 décembre de la même année, Marie Anne met au monde leur premier fils François Narcisse Lajoie.  L’enfant est baptisé le lendemain.  L’oncle Louis Hervé et la tante Geneviève Lajoie sont choisis comme parrain et marraine. 

Le jeune couple a de quoi se réjouir pour les fêtes qui approchent puisque le 18 décembre de la même année, Marie Anne met au monde leur premier fils François Narcisse Lajoie.  L’enfant est baptisé le lendemain.  L’oncle Louis Hervé et la tante Geneviève Lajoie sont choisis comme parrain et marraine. 

François Narcisse épousera Aurélie Guay le 13 janvier 1852 à l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de la baie Saint-Paul.  Cette dernière lui donnera douze enfants.  Les sept premiers naîtront à Baie-Saint-Paul.  Vers 1865, le couple tente l’aventure à Québec où ils auront un enfant, mais ils n’y demeureront que peu de temps puisqu’ils partent coloniser Hébertville en 1868.    Hébertville est fondée depuis 1859.  Il fut le premier village à être colonisé au Lac-Saint-Jean.  François Narcisse et Aurélie y auront trois autres enfants et y demeureront jusque vers 1875 pour revenir s’établir dans Charlevoix sur une terre dans les arrières-concessions de Saint-Irénée, très près de Saint-Hilarion où un dernier enfant naîtra. Aurélie Guay s’éteint le 18 janvier 1916 à Saint-Irénée.  Le couple aura été marié soixante-quatre ans.  La maison de François Narcisse servira de refuge pour plusieurs de ses parents au cours de sa vie.   Entre autres, sa tante Danie ira y finir ses jours à Saint-Irénée.  François Narcisse décède à son tour le 15 juin 1922 à Saint-Irénée à l’âge de quatre-vingt-douze ans, il est inhumé le 17. 

Un peu avant que Noël ne s’amène on s’entassera un peu plus dans la demeure.  Le temps des fêtes allait être joyeux avec un nouvel enfant puisque Marie Anne accouche le 23 novembre 1831 d’un deuxième garçon.  Le nouveau-né Germain qui est baptisé le lendemain doit son prénom à son parrain, son oncle Germain Harvé (1808-1902).  La marraine choisie est Antoinette Audet dite Lapointe (1806-1892), l’épouse de François (1800-c.1875) à David Louis Dominique (1764-1837) chez Sébastien Dominique Hervé (1736-1812), mon ancêtre.

Germain épousera Louise Bouchard (1834-1880) le 26 septembre 1854 à Saint-Irénée où il fera sa vie et y deviendra également forgeron.  Germain hébergera sa tante Danie Hervay ; elle y est un certain temps puisqu’elle y est recensée à deux reprises.  En 1856, alors que les censitaires viennent de se libérer du joug des seigneurs et de leur monopole sur les moulins à farine, quatre citoyens de Saint-Irénée, dont Germain le forgeron, s’unissent pour construire un moulin dans la première concession Saint-Pierre dont la valeur sera estimée à trois cent cinquante livres une fois complété ; ce dernier « met gratuitement sa boutique au service de l’entreprise ».[1]  Puis en deuxièmes noces, Germain épousera une veuve de la Côte-du-Sud Clémentine Dionne (1849-post.1911) le 8 octobre 1880 à Sainte-Anne de la Pocatière.  Cette relation ne durera pas longtemps puisque Germain décède le 29 mars 1881 à Saint-Irénée où il avait ramené sa nouvelle épouse.  Le curé lors de son inhumation le 1er avril n’en fera pas grand cas, car il inscrit la mention « veuf de Louise Bouchard » au registre. 

Une trentaine de mois plus tard, Marie Anne donne naissance à des jumeaux.  Un seul survivra cette journée du 30 mars 1834.  L’un des enfants naissants décède peu de temps après avoir été ondoyé à la maison par Hélène Simard (1773-1852) la sage-femme de l’endroit et est inhumé le 1er avril.  On peut penser que la grossesse de Marie Anne a été difficile et qu’elle a accouché chez ses parents puisque la sage-femme Simard opère au Cap-à-Labranche et non à la côte de La Baleine où François et Marie Anne demeurent.   Le second jumeau est prénommé Paschal à son baptême le jour même de sa naissance.  Son oncle Joseph Arvé (1814-1904) est choisi comme parrain alors que Marie Reine Lajoie (1810-1880) sa tante fait office de marraine. 

Paschal demeurera célibataire longtemps ; aussi loin que nous pouvons en suivre la vie.  La dislocation de la famille dans quelque temps explique sans doute qu’entre 1842 et 1852, il quitte l’Isle pour étudier.  C’est son oncle Louis Didier, le médecin de Saint-Étienne de la Malbaie qui le prend sous son aile[2].  Après le décès de son oncle, on le retrouve dans le quartier Saint-Roch à Québec en 1861 alors qu’il vit sous le toit du menuisier Honoré Giroux et de son épouse Adelaïde Lacasse[3].  On ne sait pas ce qui est arrivé à Paschal par la suite, car il n’apparaît plus aux recensements suivants, on perd sa trace.  Chose certaine, il n’est pas décédé à l’Isle-aux-Coudres et il dut vivre suffisamment longtemps pour que son frère Germain et son épouse Louise Bouchard l’honorent ou honorent sa mémoire et prénomment l’un de leurs enfants tout comme lui, Paschal, en 1864.

En juin 1835, Marie Anne donne naissance à un autre petit Lajoie aidé de Marie Josephte Leclerc (1775-1861) la sage-femme de la côte de La Baleine.  Le 6 juin, jour de sa naissance, Norbert est baptisé.  Il a pour parrain Bonaventure Mailloux (1819-1896) le fils du parrain de Marie Anne aussi prénommé Bonaventure (1784-1874) et pour marraine Marie Madeleine Daigle (1786-post.1851).  

Norbert épousera une fille de Saint-Urbain Marie Delphine Perron (1847-1879) le 8 novembre 1870 à Hébertville au Lac-Saint-Jean où il avait suivi son frère aîné François Narcisse en 1768.  Norbert décède le 25 janvier 1873 à Hébertville et est inhumé deux jours plus tard dans le cimetière de la paroisse Notre-Dame d’Hébertville.

En décembre 1835, François Lajoie perd son père chez qui il vivait avec Marie Anne et leurs enfants[4].  François Lajoie père s’était donné à son fils neuf ans plus tôt et parmi les conditions de cette donation François devait prendre soin de son jeune frère, Alexis Lajoie dit Caya (1815-1890) jusqu’à sa mort[5].  Caya sera un Lajoie qui deviendra bien célèbre à l’Isle malgré lui.  Caya continuera donc de vivre sous le toit de Marie Anne et François.

Le 27 septembre 1836, Marie Anne donne naissance à sa première fille.  Elle qui avait déjà accouché de cinq garçons devait être très heureuse de voir poindre de l’aide pour l’avenir.  Comme la coutume le veut à l’Isle, l’enfant baptisé le même jour sera prénommée Marie Anne comme sa mère et sa grand-mère.   Le parrain sera son oncle Abraham Lajoie (1823-1866) et la cousine Clémentine Tremblai (1820-1878) la marraine.  Clémentine est la fille de Marie Josephe Hervé, la tante de Marie Anne.

Marie Anne épousera Thimothé Desgagnés (1827-post.1881) le 25 novembre 1856 et le couple s’installera à l’Isle pour y faire leur vie.   Elle décède le 4 mars 1881 et est inhumée trois jours plus tard dans le cimetière de Saint-Louis-de-l’Isle-aux-Coudres.

Sept mois plus tard François Lajoie, l’époux de Marie Anne décède le 29 avril 1837 à l’âge de trente-quatre ans.  Le couple aura eu sept enfants en huit ans de mariage.  D’ailleurs, le dernier enfant est encore à naître, car il n’est pas encore arrivé au moment du décès du père et ne verra le jour qu’en septembre.

Avec autant de jeunes enfants, Marie Anne qui aura bientôt trente-quatre ans doit se retrouver un époux.  Les parents de son époux étant décédés, Marie Anne ne comptera donc sur ses parents, Joseph et Marie Anne ainsi que sur ses frères et sœurs pour supporter sa petite famille d’ici là. 

François Lajoie n’avait pas donné beaucoup de repos à Marie Anne puisque moins d’un an avant la dernière naissance Françoise Olympe voit le jour le 3 septembre 1837.  Elle est baptisée le lendemain et a pour parrain Alexis Gagnon (1813-1847) dont la grand-mère était la sœur du grand-père de Marie Anne et pour marraine Arsène Desbiens (1820-1905) cousine de sa mère.

Françoise Olympe épousera François Narcisse Boudreault (1828-1911) le 27 février 1865 en l’église Saint-Louis-de-l’Isle-aux-Coudres.  Elle fait son entrée à l’église au bras de son grand-père de quatre-vingt-deux ans qui lui sert de père.  Le couple vivra toute sa vie à l’Isle.  Françoise Olympe décède le 22 février 1895 et est inhumée le 25.

Après un veuvage de plus de deux ans, Marie Anne épouse en secondes noces Louis Marie Savard (1815-1884) le 6 août 1839.  Le nouvel époux n’apporte que ses hardes à la nouvelle communauté qu’il forme avec Marie Anne.  Alors que les jours raccourcissent déjà, tous sont soulagés de voir Marie Anne trouver et prendre un nouvel époux et un père pour ses six enfants.  Louis Marie, le mari trouvé, n’a pas tout à fait vingt-quatre ans, elle en a maintenant trente-six.  Marie Anne aura trois autres enfants avec son nouveau mari.

Moins d’un an après son mariage Marie Anne donne naissance à Louis Octave le 25 juin 1840.  Le parrain choisi pour Louis Octave est le cousin et beau-frère de Marie Anne, Joseph Tremblai (1811-1845), qui est marié à Marie Reine Lajoie alors que la marraine est sa belle-sœur Archange Desbiens (1812-1887) l’épouse de son frère Germain.

À la fin de l’été, Marie Anne perd sa mère le 15 août.   Quelques mois passent puis Marie Anne est encore enceinte pour le temps des fêtes.

Le 15 septembre 1841, Marie Anne donne naissance à un garçon.  L’accouchement est difficile, l’enfant est ondoyé par un ecclésiastique irlandais maître Michel Dowling[6], car on le sait en danger de mort.   Le baptême n’a lieu que trois jours plus tard quand on pense Odilon réchappé.  Les parents choisissent Joseph Louis Tremblay (1788-1864) comme parrain d’Odilon.  Joseph Louis est l’oncle de Marie Anne marié à sa tante Marie Josephe Hervé. Thérèse (probablement Tharsille) Savard la sœur du père de l’enfant est la marraine.

Comme nous le verrons, Odilon quittera l’Isle et vivra une partie de son enfance à Saint Fidèle.   Il partira de chez son père à l’adolescence pour aller vivre chez son demi-frère Germain Lajoie à Saint-Irénée où il sera son apprenti forgeron[7].  Après être devenu forgeron lui-même, il épousera Osithé Gonthier dite Gauthier le 9 novembre 1863 à Saint-Irénée.  Après le décès de sa première épouse, il convole en secondes noces avec Léocadie Bouchard le 15 janvier 1878 dans le même village.

Le 15 septembre 1841, Marie Anne donne naissance à un garçon.  L’accouchement est difficile, l’enfant est ondoyé par un ecclésiastique irlandais maître Michel Dowling[6], car on le sait en danger de mort.   Le baptême n’a lieu que trois jours plus tard quand on pense Odilon réchappé.  Les parents choisissent Joseph Louis Tremblay (1788-1864) comme parrain d’Odilon.  Joseph Louis est l’oncle de Marie Anne marié à sa tante Marie Josephe Hervé. Thérèse (probablement Tharsille) Savard la sœur du père de l’enfant est la marraine.

Comme nous le verrons, Odilon quittera l’Isle et vivra une partie de son enfance à Saint Fidèle.   Il partira de chez son père à l’adolescence pour aller vivre chez son demi-frère Germain Lajoie à Saint-Irénée où il sera son apprenti forgeron[7].  Après être devenu forgeron lui-même, il épousera Osithé Gonthier dite Gauthier le 9 novembre 1863 à Saint-Irénée.  Après le décès de sa première épouse, il convole en secondes noces avec Léocadie Bouchard le 15 janvier 1878 dans le même village.

En janvier 1842, au bout d’en bas le recenseur note une curiosité, Marie Anne est inscrite comme chef de famille.  On retrouve huit personnes mâles et trois femelles sous son toit ce qui dépasse le compte, car en incluant son mari, s’il vit dans cette maison, il ne devrait y avoir que sept personnes de sexes masculins à la maison, mais on se rappellera qu’Alexis Lajoie vit toujours chez elle.  Marie Anne n’est pas veuve pourtant comme les quelques autres chefs de famille féminines recensées, elle est mariée à Louis Marie Savard depuis 1839 de qui elle a eu deux enfants, dont le dernier, quatre mois plus tôt.  C’est donc lui qui devrait apparaître comme chef de famille au recensement ?  Louis Marie n’apparaît au recensement, ni chez son père Louis près de la côte du moulin, ni ailleurs à l’Isle, pourquoi ? On n’entendra plus parler du couple avant 1845.  Si les deux époux vivaient séparés en 1842, il devait y avoir une bonne raison que tous les insulaires devaient connaître, mais que le voile du temps nous cache encore.  Quoi qu’il en soit, ils se retrouveront, à tout le moins pour un soir, car en 1845 Marie Anne accouchera de son dernier enfant, le petit Jacob Savard.

Jacob naît le 15 mai 1845 et est baptisé le même jour.  François Tremblay (1823-1904) un cousin de Marie Anne le fils de sa tante Marie Josephe Hervé est choisi comme parrain.  Flavie Leclerc est la marraine.

Louis Marie Savard le deuxième époux de Marie Anne avait été choisi comme parrain de Joseph Ferdinand le fils de son beau-frère Germain Hervé le 7 avril 1845.

Marie Anne s’éteint le 25 mars 1846 au jeune âge de quarante-deux ans.  La raison de son décès ne nous est pas parvenue, mais avec le rythme où elle a donné naissance par le passé, on peut penser qu’une grossesse difficile comme celles qu’elle a déjà vécues puisse entre être le motif.   

Marie Anne avait eu sept enfants d’un premier mari en huit ans et s’était retrouvée veuve à trente-trois ans ; deux longues années à élever cette jeune marmaille seule avant de retrouver un semblant de vie normale en épousant Louis Marie Savard qui lui donna trois enfants.

Le 7 septembre suivant, la cour dépossède Louis Marie Savard de ses droits dans la communauté qu’il formait avec Marie Anne et nomme son frère Germain « tuteur dûment élu en justice aux enfants mineurs » issus de son premier mariage avec François Lajoie[8].  Il apparaît que Louis Marie Savard n’a pas fait opposition à ce que les terres et « les immeubles dépendants des deux communautés de la dite Marie Anne… fussent vendus » aux profits des six enfants de Marie Anne et François Lajoie.  Il faut dire que le second époux qui n’habitait peut être plus sous le toit de Marie Anne, s’apprête à se remarier et a choisi de délaisser les six orphelins en ne conservant avec lui que les trois enfants que lui avait donnés Marie Anne[9].  Il repart donc comme il était venu, avec ses hardes.

Le 22 mars 1847, le tuteur des enfants procède à la vente des terres et immeubles que possédait Marie AnneGermain Hervé au nom des enfants vend à son oncle Louis Hervé « Écuier, Juge de Paix et cultivateur dudit lieu de l’Isle aux Coudres » pour la somme de trois cents livres « argent courant » les possessions de sa sœur décédée.  L’oncle Louis ne s’en tire pas aussi facilement avec cet achat, car la vente est faite à la condition qu’il se charge d’Alexis Lajoie, sourd, muet, «idiot et oncle des mineurs »[10].

Comme on l’a vu, il subsiste un doute sur la qualité de la vie de Marie Anne avec Louis Marie.  Quoi qu’il en soit, Louis Marie se remarie sept mois plus tard à Élisabeth Leclerc et quitte l’Isle par la suite pour s’établir à Saint-Fidèle, un peu à l’est de Saint-Étienne de la Malbaie, avec sa nouvelle épouse et les trois enfants qu’ils avaient conçus avec Marie Anne.  Encore une fois, comme pour Marie Anne, sa nouvelle épouse sera d’une douzaine d’années son aînée.  Louis Marie laisse derrière lui à l’Isle les six autres enfants orphelins de Marie Anne dont les plus jeunes ont moins de dix ans et le plus vieux qui en a seize.  On le retrouve en 1858 à Sainte-Félicité de Matane en Gaspésie où il finira sa vie ; lui et Élisabeth Leclerc y auront trois autres enfants.  Louis Octave, le fils qu’il a eu de Marie Anne vit toujours avec lui, mais Jacob est disparu et n’apparaît plus dans les registres de la province.  Les orphelins de Marie Anne et de feu François Lajoie sont essaimés parmi leurs tantes et oncles à l’Isle.  À la dislocation de la famille, les deux plus jeunes Marie Anne et sa sœur cadette Françoise Olympe trouvent refuge chez leur tante Marie dite Archange Hervé alors que l’oncle Louis Didier Hervey, le médecin de Saint-Étienne de la Malbaie, prend sous son aile Paschal.  L’oncle Joseph qui demeure à Saint-Irénée épaulera dans leur installation dans sa paroisse les plus âgés des enfants de Marie Anne, François Narcisse et Germain.

[1] A.N.Q., GN., Héli Hudon dit Beaulieu, 11 décembre 1856 et BAnQ., Cadastre abrégé de la seigneurie de Murray Bay. Clos le 21 décembre 1858, par Siméon Lelièvre, écuyer, commissaire, cités dans : PELLETIER, Louis, La seigneurie de Mount Murray : Autour de La Malbaie 1761-1860. Sillery, Septentrion, 2008, page 222. 

[2] B.A.C., G., Recensement de 1851, comté Saguenay, Saint-Étienne de la Malbaie, page 25.  « Lajoie, Paschal écolier Ile aux Coudres Catholique Malbaie 17 M ». L’énumération connue sous le nom du Recensement de 1851 a débuté officiellement le 12 janvier 1852. 

[3] B.A.C., G., Recensement de 1861, district de Québec, quartier Saint-Roch, page 886. 

[4] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 9 décembre 1835. 

[5] A.N.Q., GN. Minutier Isidore Lévesque, 28 octobre 1826.

[6] Michael Dowling (1811 - ) est un Irlandais qui est ordonné prêtre le 28 septembre 1843 à Québec.  Il est à l’Isle comme résident au presbytère un court laps de temps. 

[7] B.A.C., G., Recensement de 1861, district de Charlevoix, Saint-Irénée, page 285.  Le recensement a débuté officiellement le 14 janvier 1861. 

[8] A.S.Q., Seigneuries 46, 33 a. 

[9] BAnQ., Registre de Saint-Louis de l’Isle aux Coudres, 17 novembre 1846.  Mariage de Louis Marie Savard et Elisabeth Leclerc. 

[10] A.N.Q., GN. Minutier Charles Louis Napoléon Huot, 22 mars 1847.