8 Marie Adelina Hervé

5.6.5.8 Marie Adelina Hervé (1806-1880), 5e génération

Marie Catherine Denis dite Kimper a trente-sept ans lorsqu’elle met au monde sa sixième fille et son septième enfant avec l’aide de la sage-femme. Malheureusement, il est devenu habituel pour cette mère de souffrir des accouchements difficiles ou de se retrouver avec des enfants pas très forts à la naissance.  Marie Adelina est donc elle aussi « baptisée sous condition ayant été ondoyée à la maison par la sage femme à cause du danger pressant de mort », le jour même de sa naissance soit le 7 octobre 1806[1].  En l’absence habituelle du père Joseph Sébastien, la mère choisit Joseph Bourgelas dit Degene (1744-1847) son beau-frère comme parrain de cette sixième Marie.  Joseph est l’époux de sa sœur puînée Marie Ursule (1771-1847).  La marraine est Marie Louise Bono (1777-1810) la première épouse de Louis Lebret (1776-1840).  On se souviendra qu’André Couturier, l’ami des frères Hervé, qui a quitté Saint-Roch pour la Malbaye avec David Louis Dominique, est marié à une Saint Amand dite Lebret.

Le prénom de Marie Adelina subira plusieurs variations avec le temps : en autres ceux de Marie, Marie Adèle, Adèle, Adélina et Délina.

Marie Adelina vit toujours chez ses parents en 1831[2].  On retrouve par la suite, la célibataire âgée de trente-trois ans dans le faubourg ouvrier de Saint-Roch à Québec.  Marie Adelina y est connue sous le nom d’Adélina Harvé et d’Adélina Harvy lorsqu’elle y rencontre un certain maître-charpentier du nom de Joseph Martel pendant la période des fêtes de 1839-1840.  Joseph n’est pas le seul Martel du faubourg à être charpentier, il y en a quatre autres.  À partir de là, l’histoire d’Adelina se complique davantage.  Cette dernière réalise qu’elle est enceinte tôt au printemps.  Elle épouse donc le Joseph Martel en question le 7 septembre 1840, la même journée qu’elle aurait mise au monde François Xavier Martel.  Le curé de Saint-Roch acceptera de bénir l’union entre les deux époux, mais il ne procédera pas au baptême de l’enfant, laissant cette tâche douteuse à son vicaire.  En conséquence, le baptême s’inscrit judicieusement après le mariage de manière à ce que l’on puisse affirmer que l’enfant est né du légitime mariage de Joseph et d’Adelina.  Par contre, dans toute cette hâte, le registre sera altéré de façon perceptible puisque les mots « né le même jour du » ont été ajoutés par la suite à l’aide d’une plume différente[3].  On ne saura donc jamais quand François Xavier vu le jour ou peut-être que si… ; en effet, le fils d’Adéline Arvey et du charpentier décédera dix-huit jours plus tard.  Le célébrant lors de la sépulture qui n’était ni le curé du mariage ni le vicaire du baptême inscrit la déclaration des parents, à savoir que l’enfant était âgé de quatre semaines[4]

La sœur d’Adelina, Marie Céleste, de dix ans son aînée semble être arrivée dans le quartier Saint-Roch quelques mois plus tard.  On se souviendra que Marie Céleste, son époux et leurs enfants, avaient quitté Saint-Roch-des-Aulnaies pour ce faubourg de Québec après la naissance de leur dernier enfant. 

Les parents de Joseph Martel sont de l’Isle-aux-Coudres tout comme le père d’Adelina.  Puisque ce dernier est décédé depuis déjà six ans et qu’il avait quitté l’Isle-aux-Coudres près de vingt ans avant la naissance d’Adelina, cette dernière ne se doute probablement pas de la proximité qui existe entre les deux familles.  De fait, la mère de Joseph est une Savard liée à la grand-mère de Marie Adelina et le père a aussi des liens avec la famille Harvé

Le couple aura un deuxième enfant en 1841, Joseph Godefroi, lequel ne vivra que six mois.  De charpentier qu’il était, Joseph, l’époux de Marie Arvey, est maintenant calfat[5].

Après le décès du dernier au printemps 1842, le couple quitte Québec pour s’installer à Saint-Étienne de la Malbaie où il y a une forte présence de Harvey.  C’est à cet endroit que naîtra, en décembre 1842, l’un des deux seuls enfants qui survivront et qui sera prénommée Marie Louise[6].  

À Saint-Étienne de la Malbaie, Joseph Martel est à nouveau charpentier. Marie Délina Harvey y fait assurément la connaissance de son oncle Dominique Isaïe, de sa tante Félicité Sophie et de leurs nombreux enfants de même que de ceux de feu son oncle David Louis Dominique.  Née en 1806 sur la Côte-du-Sud, il est peu probable qu’elle les ait rencontrés très souvent auparavant, si même elle les avait déjà rencontrés.  Par contre, c’est sûrement à cet endroit et par l’un de ces parents que le chat sortira du sac et que Marie Adelina et son mari découvriront leurs liens filiaux, car le mariage sera annulé et une réhabilitation de mariage sera accordée le 27 janvier 1845[7]

C’est en juin de cette même année 1845 de révélations que naît et meurt le troisième fils du couple ; Joseph ne vivra que sept jours[8].  Deux ans plus tard, en avril 1847 Adelina met au monde une autre fille qu’elle prénomme Marie Adelle[9].  Finalement, elle accouche de son dernier enfant prénommé Jean en 1849[10].  Les deux derniers enfants sont baptisés à Sainte-Agnès où Joseph Marie Martel et Délina Harvay sont réputés résider.

Le 4 avril 1880, Marie Adelina Hervé dite Adèle Harvey, âgée de soixante-treize ans, s’éteint à Saint-Étienne de la Malbaie[11].  Elle avait probablement été l’une des premières Hervé à s’établir à Québec depuis que l’ancêtre Sébastien Hervé (1695-1759) avait lui-même quitté cette ville pour s’établir à l’Isle-aux-Coudres[12]

[1] Ibid., 7 octobre 1806. 

[2] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada 1831, pour le district de L’Islet, sous-district de Saint-Roch-des-Aulnaies, page 191.  Outre le nom des chefs de famille, le recensement n’est pas nominatif et ne permet donc pas d’identifier avec certitude les occupants de la maison.  L’âge de Marie Adelina nous permet par contre de présumer de sa présence chez ses parents puisqu’elle n’est pas décédée et y était également au recensement de 1825. 

[3] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch de Québec, 7 septembre 1840.  Les deux cérémonies se suivent au registre de la paroisse. 

[4] Ibid., 26 septembre 1840. 

[5] Ibid., 14 octobre 1841 et 22 avril 1842. 

[6] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 21 décembre 1842.  

[7] Ibid., 27 janvier 1845.  Réhabilitation de mariage d’Adèle Harvey et Joseph Martel. 

[8] Ibid., 13 juin et 21 juin 1845. 

[9] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Agnès, 11 avril 1847.  

[10] Ibid., 1er décembre 1849. 

[11] Ibid., 7 avril 1880.  

[12] On n’en trouve aucun autre dans les recensements de 1851, 1861 et 1871.