Les Harvey dans l’Ouest canadien

Les Prairies canadiennes se sont peuplées au cours de six grandes vagues migratoires s’étalant de la préhistoire à aujourd’hui.  La migration depuis l’Asie, il y a environ 13300 ans, engendre une population autochtone qui compte entre 20000 et 50000 individus en 1640.  De 1640 à 1840 apparaissent plusieurs milliers de trafiquants de fourrures, des coureurs des bois et voyageurs ; il s’agissait d’abord de français puis, après la conquête, vinrent des Britanniques avec les mêmes intentions.  Ils seront suivis de centaines de colons britanniques venus pour travailler la terre.  Les croisements entre autochtones et européens firent alors en sorte que les Métis devinrent la plus importante portion de la population.  La troisième vague, qui s’étend des années 1840 aux années 1890, consiste principalement, mais pas uniquement, de Canadiens d’ascendance britannique; les francophones sont à peu près absents de cette vague.  La quatrième, et de loin la plus importante, est constituée de plusieurs nations, surtout européennes, qui s’installe de 1897 à 1929, avec une interruption pendant et après la première guerre mondiale (1914-1922); bien que plusieurs natifs du Québec fassent partie de cette ruée vers l’Ouest, peu de Harvey seront du lot.  C’est tout de même dans cette dernière vague qu’arrivent dans l’Ouest au moins quatre Hervé/Harvey : Marie Louise (1841-1934) et Louis (1862-1916) au début du siècle dernier ainsi qu’Hermias (1852-post.1931) plus tard, après la Grande Guerre.  Il y eut également Jules Roméo (1908-1990) qui y fit un court passage ; nous y reviendrons.  Deux autres vagues de migrants constitueront la population de l’Ouest canadien après l’arrivée des premiers descendants du migrant Sébastien Hervet (1642-1714).  Tout au long du dernier siècle, la région des Prairies connaîtra un exode continu de sa population qui migrera dans d’autres régions du Canada, aux États-Unis et ailleurs.  Ce sera le cas de certains descendants des premiers Harvey qui avaient mis les pieds dans les Prairies.

Les prairies canadiennes paraissent propices à la colonisation aux yeux des Canadiens français qui considéraient l’Ouest comme faisant partie du patrimoine hérité de leurs ancêtres.  La loi créant le Manitoba avait garanti aux francophones leurs droits linguistiques. La quantité de terres arables disponibles donna au clergé l’occasion de consolider le mythe du colon agriculteur en tentant de détourner ses ouailles de l’attraction qu’exerçaient les États-Unis.  L’excédent de la population du Québec pourrait ainsi être diriger vers l’Ouest canadien, du moins c’est ce que souhaitait les représentants de l’église.  Si le clergé fit de nombreux efforts de recrutement pendant un certain temps, peu de Harvey répondirent à l’appel. Moins d’une dizaine d’individus connus c’est bien peu en comparaison des quelques cent soixante-dix Harvey qui auront quitté pour les États-Unis avant la fin de cet exode[1].

La crise des écoles manitobaines et l’introduction par le gouvernement canadien de sa politique nationale d’immigration, dirigée par un politicien notoirement anti-francophone et promoteur de la suprématie britannique, auront suffi à décourager bien des canadiens français, dont les Harvey, à migrer vers l’Ouest.  L’église catholique de l’Ouest se trouvait alors réduite à sa faible population francophone composée d’une forte proportion de Métis.  Pour contrer le ralentissement de l’émigration francophone, donc catholique, les diocèses des Prairies dépêcheront des missionnaires recruteurs dans le Nord de l’Ontario francophone, au Québec et en Nouvelle-Angleterre, dans les villes à forte concentration de population parlant français.

Les francophones étant de plus en plus minorisés par l’arrivée massive d’anglophones et d’autres minorités linguistiques issues de l’immigration telle que les Ukrainiens, les Polonais et les Italiens, l’Ouest canadien sera rapidement relégué à l’arrière-plan des horizons migratoires pour ceux qui, au Québec, envisage le déracinement pour des motifs économiques[2]

Les textes qui suivent concernent les Harvey qui ont choisi l’Ouest canadien comme terre d’accueil avant 1940 et pour lesquels une documentation de soutien a été trouvée.  Un simple clic sur le nom du porteur du patronyme vous conduira au texte le concernant :

o   Marie Louise Harvey en Alberta 

o   Louis Harvey au Manitoba 

o   Hermias Harvey en Saskatchewan 

o   Jules Roméo Harvey en Alberta

o   Des Hervy/Harvey au Manitoba

[1] Il est bien possible que d’autres porteurs du patronyme soient partis dans l’Ouest canadien avant 1940.  Si tel fut le cas, ils n’ont pas laissé de traces remarquées dans les archives.

[2] LALONDE, A.-N. «L’intelligentsia du Québec et la migration des Canadiens français vers l’Ouest canadien, 1870-1930», Revue d’histoire de l’Amérique française, Numéro 33 (2), (1979), pages 163-185.