2 Pierre Hervez

5.6.9.2 Pierre Hervez (1799-1867), 5e génération

Le couple constitué de Dominique Isaïe Hervé (1775-1851) et Marie Magdeleine Perron (1771-1833) n’aura pas mis deux ans avant de voir un nouvel enfant sous leur toit.  Le 31 janvier 1799 naît le premier garçon de la famille.  Marie Magdeleine aura sans doute été aidée par Procul Gay (1748-1820) la sage-femme du village qui est de tous les accouchements comme lors de celui de sa belle-sœur moins de deux mois plus tard[1]Pierre Hervez est baptisé le jour même par Joseph Benjamin Keller (1765 - 1836) le premier curé résidant à Saint-Étienne de Murray Bay depuis 1797.  Ce curé, bien que né à Québec, avait un père d’origine britannique qui était établi en Pennsylvanie avant de faire partie des troupes d’invasions lors de la conquête; il écrivait notre patronyme en le terminant d’un «z».  C’est l’oncle de l’enfant Joseph Desbiens (1759-1812), l’époux de Marie Anne Hervé (1762-1805) qui en est le parrain.  Sa tante Félicité Sophie Hervez (1769-1846) est la marraine[2].

Pierre Hervez épouse Marie Tremblay, fille de feu Guillaume Tremblay (1767-1809) et d’Élisabeth Gontier (1772-1834) le 17 février 1824 à l’église Saint-Étienne de la Malbaie[3].  Pour bien comprendre l’enchevêtrement des familles, il faut mentionner qu’Élisabeth Gontier a épousé en secondes noces René Abraham Duchesne dit Samson (1760-1825) qui lui en est à son troisième mariage.  On se rappellera que ce dernier est le père de Quirille Pulcherie (1786-1872) l’épouse de Dominique (1789-1824) chez David Louis Dominique (1764-1837), le cousin de Pierre.  Il est aussi le père de Joseph (1790-1879) l’époux de Geneviève (1798-1881) aussi chez David, donc la cousine de Pierre.  Finalement, il est le beau-père de sa sœur aînée Marie Madeleine (1797-1875).  Cette situation n’est pas surprenante puisque la région ne reçut que très peu d’immigrants depuis sa colonisation qui a débuté vers 1675; plus de quatre-vingt-dix pour cent des femmes et hommes mariés y sont nés et sont issus d’une poignée de famille.  Pour se marier, les époux doivent presque systématiquement demander une dispense pour consanguinité. 

Lors de la célébration du mariage, le curé Pierre Duguay (1786-1843), autrefois curé à l’île-aux-Coudres et maintenant en poste à la Malbaye depuis 1822 écrit dans son registre notre patronyme sous la forme HervaiPourtant, ce même curé lorsqu’il pratiquait à l’île, utilisait la forme Hervé.  Serait-il possible qu’il n’ait pas fait le lien entre les Hervé de l’île et ceux de la Malbaye, on peut en douter? L’entourage très anglophone de la petite bourgeoisie du village et des seigneurs est peut-être un peu un facteur qui stimule la transition du patronyme que le curé opère.  De fait, il s’agit probablement aussi d’un problème d’instruction de ce dernier écrit au son et pas toujours de la même façon.  Au cours de sa cure à la Malbaye, il emploiera à l’occasion la forme Harvé pour revenir à celle de Hervai.

Le nouveau couple formé de Pierre Hervez et Marie Tremblay aura au moins dix enfants.  Pierre semble prendre une direction de migration contraire à la coutume.  Alors que la Malbaye tire ses censitaires en grande partie de l’Île-aux-Coudres, Pierre quitte Saint-Étienne de la Malbaie pour s’établir avec sa femme à l’Isle.  Il y demeure en décembre 1824 quand Marie met au monde leur premier enfant Joséphine Harvé le 15 décembre.  De fait, Pierre n’est pas à l’Isle, il est absent de la cérémonie du baptême, parti pour l’hiver dans les chantiers, on peut le présumer.  Son épouse accouche chez Louis Harvé (1784-1863) l’oncle de Pierre[4].  C’est cet oncle qui est le parrain de l’enfant et Marie Anne Tremblay (1774-1840), l’épouse de Joseph (1682-1867) son frère et mon ancêtre, est choisi pour marraine.  Comme nous le révèlent les recensements, les maisons des frères Louis et Joseph Hervé auront toujours été les pied-à-terre des Harvey de cette génération et de leurs enfants qui ont quitté l’Isle et qui y reviennent régulièrement.  Sébastien Dominique leur père avait donné la mesure en hébergeant les pilotes en transit à l’Isle pendant toutes ces années où il travailla sur la mer.  La porte d’entrée de la maison était plutôt battante que verrouillée.  Jacques Harvey (1935 —), un ami à moi et parent de la lignée de Louis (1784-1863), me rappelait un jour que dans la première moitié du XXe siècle, on entrait encore chez les Harvey à l’Isle sans frapper, tout en étant accueilli comme un membre de la famille.  Quand Pierre reviendra au printemps, il travaillera et résidera chez l’oncle Louis le pilote qui a une très grande terre et peu de fils en âge d’y mener les travaux[5]

Comme Pierre est journalier, il va où il y a du travail.  En 1826, il est reparti à la Malbaye, car son épouse y accouche de leur deuxième enfant Hyppolite Hervai le 24 mars 1827.  L’enfant meurt le 3 avril suivant.  Le père ne verra n’y naître ni mourir son fils, car comme à l’habitude, il est monté dans les chantiers pour l’hiver.  Le curé Pierre Duguay dans son registre inscrit Pierre comme cultivateur[6].  Il semble qu’à son départ de l’Isle, ce dernier est acquit une concession à Murray Bay tout en demeurant journalier pour combler les besoins de sa famille.  Le couple aura deux autres enfants à Saint-Étienne de la Malbaie, Louis Hervai né le 8 août 1828 et Maxime Hervai né le 25 août 1830.  Lors de ces deux dernières naissances, Pierre est encore absent du village[7]

La famille est maintenant composée de quatre personnes, Pierre et Marie ainsi que les deux jeunes garçons Louis et MaximeJoséphine que l’on sait vivante et qui n’a que six ans ne vit plus avec eux[8].  Cette dernière qui est leur seul enfant né à l’Isle-aux-Coudres serait-elle restée chez l’oncle Louis quand le couple a quitté l’île pour s’installer à la Malbaye? Il semble que oui, car un enfant de son âge y demeure en 1831[9].

La courte aventure de Pierre comme cultivateur à Saint-Étienne de la Malbaie semble prendre fin, car la famille part s’établir à Sainte-Agnès de Murray Bay, une paroisse voisine qui vient d’être érigée canoniquement le 6 octobre 1830.  Saint-Étienne de la Malbaie était déjà surpeuplée et l’on cherchait depuis quelques années le moyen d’établir le surplus de population vers d’autres endroits cultivables. Même si les métiers de la forêt étaient importants dans la vie de Pierre, l’agriculture demeurera, comme pour la plupart des censitaires, sa façon de survive[10].  À Sainte-Agnès, Pierre sera principalement journalier.  Cette nouvelle paroisse qui comprend une partie de la seigneurie de Murray Bay commence à se développer et comme tout y est à bâtir, Pierre peut plus facilement y trouver du travail.  Sainte-Agnès est une région vallonnée, aux portes de l’arrière-pays de Charlevoix. 

À l’époque, avec la saturation avancée de l’espace seigneurial, des cantons sont érigés souvent longtemps après avoir été «squattés» par des colons-agriculteurs comme Pierre qui a un double emploi, car on n’est jamais totalement journalier quand on veut nourrir sa famille.  Ces journaliers-agriculteurs sont à la recherche de nouvelles terres comme dans le township voisin de Settrington où ils s’installent nombreux sans autorisation[11].  On ne sait pas où exactement Pierre et sa famille demeurent dans la paroisse Sainte-Agnès, mais assurément pas dans la partie appartenant au canton de Settrington puisqu’il n’est pas mentionné parmi les premiers colons de ce canton où il n’arrivera que bien plus tard[12]

Le couple y perd un enfant mort-né le 17 janvier 1833.  Alors que les registres de la paroisse viennent d’être ouverts le 4 janvier 1833[13], l’une des premières inscriptions sera la sépulture de l’enfant le 2 février[14].  C’est le nouveau curé de Saint-Étienne qui dessert encore la nouvelle paroisse qui inscrit l’événement.  Marie Tremblay y accouchera de trois autres enfants peut-être cinq, ses derniers.  D’abord, Didier Harvai naît à Sainte-Agnès le 30 mars 1834, mais est baptisé à Saint-Étienne de la Malbaie faute de curé dans son village[15].  Un curé n’y résidera qu’à compter de 1835.  Didier ne vivra n’atteindra pas l’âge de raison.  Alors que sa mère est enceinte de sept mois, Didier décède le 23 avril 1837; il venait tout juste d’atteindre ses trois ans[16].  Puis Philomène Harvey naît à son tour le 16 juin 1837[17] alors qu’Elie Harvay y voit le jour le 10 décembre 1839 et décède l’été suivant[18]Marie Tremblay accouche d’une troisième fille et d’un neuvième enfant le 14 septembre 1841.  Le curé de Sainte-Agnès ne semble pas être à son presbytère ou l’on aura dû profiter du fait que quelqu’un descendait au village de Saint-Étienne de la Malbaie puisque c’est un voisin du couple qui est parrain et que l’enfant y est baptisée le lendemain sous le nom de Marie Louise Harvey[19]Marie Tremblay vivra tous ces bonheurs et malheurs seule en continuant d’élever le reste de sa marmaille, car Pierre le journalier est absent de chacun de ces événements. 

En 1842, ils sont sept à vivre sous le toit de Pierre et Marie Tremblay à Sainte-Agnès; Joséphine est revenue au bercail laissant derrière elle l’île de son enfance, les autres enfants toujours à la maison sont : Louis, Maxime, Philomène et Marie Louise.  Bien qu’il soit propriétaire du bien de fond, il n’est pas cultivateur, mais toujours journalier[20]

Marie Tremblay donne naissance à son dernier enfant le 12 juin 1844.  Lors du baptême de Marie Sévérine Harvez le lendemain, à Saint-Irénée, Pierre est pour une première fois présent à une telle cérémonie[21].  Il est difficile de comprendre pourquoi les enfants de ces premiers colons de l’arrière-pays charlevoisiens étaient baptisés à tout vent, tantôt à Saint-Étienne, quelques fois à Sainte-Agnès et également à Saint-Irénée.  Sans doute que la saison et les affaires de la famille y étaient pour beaucoup, car l’état des chemins pour autant qu’il y avait un chemin, ou les conditions des sentiers devaient influer le choix de l’église où l’on amenait l’enfant quand on demeurait aux confins de la forêt.  De plus, il fallait être à l’affût des passages du curé, car une paroisse comme Saint-Irénée fut desservie par le curé de Saint-Étienne de la Malbaie jusqu’en 1844.  Il ne fallait donc pas se rendre à Murray Bay pour se cogner à une porte close si le célébrant faisait route ailleurs.

C’est après février 1842 que Pierre et sa famille déménagent dans la partie du canton de Settrington qui deviendra plus tard Saint-Hilarion.  A-t-il vraiment déménagé? Difficile de le dire sans aller fouiller les greffes des notaires de la région.  Il faut savoir que le canton ou township de Settrington dont une partie deviendra Saint-Hilarion bien plus tard, est tout petit et était comprise entre Saint-Urbain et Saint-Aimé-des-Lacs.  À l’époque, la paroisse de Sainte-Agnès couvrait tout ce territoire.  Il aurait donc été possible que Pierre ait toujours habité au même endroit depuis au moins 1833 et que la liste des premiers habitants du canton ait été établie dans la décennie précédente.

Longtemps avant lui, un autre Pierre portant le patronyme était demeuré dans le canton de Settrington et il y avait laissé un souvenir amer résultant d’une arnaque qui coûta cher aux futurs résidents du canton.  En effet, le lendemain du 3 juin 1822, lors de l’accord initial des concessions à cinquante-neuf censitaires fantoches qui curieusement étaient tous des Tremblay, la totalité des dites concessions passaient aux mains du notaire Charles Maxime DeFoy et à son frère François quincaillier, tous deux de Québec.  La légende veut qu’un dénommé Joseph Tremblay ayant combattu pour les anglais lors de la guerre de 1812 ait tramé la transaction avec le notaire de Québec où tous y trouvèrent leurs comptes.  Tous, y compris le gouverneur de la colonie qui se réserve pour lui, ses héritiers et successeurs, les mines d’or et d’argent qui pourraient être trouvées sur les terres concédées.  Ainsi sans effort aucun, le pouvoir s’assurait du plus grand profit qu’une terre pouvait livrer.  Par la suite, le notaire DeFoy confia la revente de ces terres, dans le but d’en tirer un profit, à un agent local puisqu’il demeurait à Québec.  L’agent en question un dénommé «Pierre Harvey, qui demeurait dans une petite maison bâtie par les habitants à l’endroit du presbytère actuelCet agent d’une honnêteté douteuse spéculait sur la vente, chargea plus que le prix exigé des propriétaires.»  Mais qui était donc ce Pierre Harvey en 1822? Le recensement de 1825 n’en mentionne qu’un seul dans tout le comté Northumberland, Pierre Hervé inscrit à Malbaie.  Il s’agit de Pierre Hervé (1759-1857) à Pierre (1733-1799), marié à Julie Bouchard en 1790.  Il aurait eu environ soixante-trois ans au moment des faits.  Par contre, ce que le recensement ne révèle pas, c’est qu’il existe cinq autres Pierre Hervé dans le comté qui ne sont pas recensés nominativement parce qu’ils habitent chez leurs parents dont trois auraient été en âge d’agir comme agent du notaire : Le fils du dernier aussi prénommé Pierre (1799-1853) marié à Marie Anne Villeneuve en 1820; Pierre Lumina (1796-1858) à David Louis Dominique chez Dominique (1736-1812) marié en 1820 et enfin le Pierre (1799-1867) à Dominique Isaïe chez Dominique (1736-1812) marié en 1824 à Marie Tremblay qui s’installe dans le canton de Settrington entre 1842 et 1851.  Comme ce dernier demeurait à Saint-Étienne de la Malbaie en 1822, de qui pouvait-il s’agir? Bien malin celui qui pourra trouver la réponse, car les minutiers des notaires ne fournissent pas de détails permettant de l’établir.  Peu importe qui il fut, Nérée Tremblay, l’auteur qui racontera sa version de cette histoire en 1948 en critiquant vertement un Harvey, n’avait sûrement pas connu les agents d’immeubles, c’est spéculateurs du XXIe siècle.  De plus, il s’est bien gardé de critiquer le notaire Charles Maxime DeFoy, ce bourgeois de Québec protéger par les instances religieuses et coloniales, qui était celui qui avait ourdi le plan et qui était celui qui en avait tiré le plus grand profit.  C’est en parlant de ce notaire que l’archevêque dira plus tard : «Tâchez de vous entendre avec le bon M. DeFoy qui m’a assuré qu’il a réservé deux lots desquels on choisira la partie la plus propice à l’érection d’une église et à aider le curé».  Il critiqua très peu également la soixantaine de Tremblay, dont Joseph Tremblay celui qui avait fait les démarches pour les autres, qui trouvèrent leur compte dans cette transaction et à qui le gouverneur accorda à chacun une parcelle du canton après s’être assuré du caractère moral de ces derniers[22]. 

Situé à l’intérieur des terres, en pays de montagnes, le paysage du canton de Settrington sera dorénavant marqué par la chapelle bâtie à flanc de colline.  En effet en mars 1851 Pierre et une vingtaine d’hommes choisissent l’emplacement.  L’endroit est central, sur ce coteau dominant une grande étendue du canton.  Le groupe abat, séance tenante, quatre arpents de bois. On laboura alors la place de la chapelle.  La population en avait assez depuis un certain temps d’aller chercher à tour de rôle le prêtre de Notre Dame des Éboulements (treize kilomètres) qui venaient, aux deux semaines, célébrés les sacrements dans la maison d’un habitant[23] ou de se rendre à Saint-Irénée (vingt et un kilomètres), Sainte-Agnès (vingt kilomètres) ou Saint-Étienne de la Malbaie (vingt-neuf kilomètres) pour les baptêmes, les mariages et les sépultures. 

Le potentiel limité des terres de la paroisse est déjà bien connu à l’époque et toute sécheresse se transforme en désastre pour les cultures.   Qu’à cela ne tienne, l’âge faisant son chemin, Pierre Hervez qui a maintenant cinquante-trois ans se reconvertit à la culture de la terre, entouré des siens.  Lui et ses enfants demeurent sur trois terres contiguës.  D’abord son fils aîné Louis et sa famille, puis son gendre Thaddée Leboeuf dit Vaucelle et Beauseigle et sa fille Joséphine.  Enfin, Pierre, sa femme, leurs filles Philomène, Marie Louise et Sévérine.  Le cadet des garçons Maxime qui est maintenant journalier et qui a épousé la sœur de Thaddée, Sophie Leboeuf dite Vaucelle et Beauseigle, demeure également chez Pierre avec sa femme.  La population du canton n’est pas nombreuse.  «Les deux cent quatre-vingt-une personnes formant la population générale de ce township sont toutes d’origine Canadienne Française et toutes de la religion Catholique Romaine» et ils sont logés dans quarante-trois maisons de bois.  On y fait la culture depuis à peine quatre ou cinq ans ce qui explique que Pierre fut d’abord journalier de l’endroit et qu’il devait travailler au moulin à scie qui précéda la culture des terres nouvellement ouvertes.  En 1852 le recenseur se permet de blâmer le gouvernement pour le peu d’avancer du défrichement du canton en raison des nombreux différents opposants les riches propriétaires terriens, Charles Maxime DeFoy, notaire de Québec et son frère François quincaillier en cette même ville et les «squatters» toujours installés sur leurs terres, celles de la couronne ou sur celles réservées pour le maintien et le support du clergé protestant comprenant trois mille cent quatre-vingt-quinze acres[24].  Parions que Pierre est de cette catégorie des «squatters»


Dix ans plus tard, Pierre s’est fait sacristain comme Jacques Brassard (1812-1874) le second époux de sa sœur Marie Madeleine (1797-1875) à Saint-Étienne de la Malbaie.  À soixante-deux ans, il s’agit probablement d’un métier moins éreintant que journalier ou même cultivateur.  La paroisse de Saint-Hilarion qui comprend une partie du canton de Settrington où vit Pierre et sa famille vient d’être érigée canoniquement le 20 mars 1860 et bien qu’aucun curé n’y résidera avant 1864, Pierre en est le premier bedeau[25].  Les enfants mineurs Marie Louise et Séverine sont toujours à la maison.  Il en est de même de Philomène qui s’est mariée en 1859, mais qui réside toujours chez son père avec son mari qui est probablement celui qui entretient la terre puisqu’il est cultivateur[26].  Son fils Louis réside également dans le même rang.  Pour sa part, le cadet Maxime a quitté la région; vers 1856 il a migré avec son beau-père Antoine Leboeuf dit Vaucelle et Beauseigle (1801-1881) et sa famille et est allé s’installer à Saint-Timothée de Beauharnois au sud-ouest de Montréal d’où la famille de Sophie Leboeuf était venue une vingtaine d’années auparavant[27]Maxime demeurera à Montréal où il exercera le métier de charpentier un certain temps dans les années 1870, puis il émigrera à Lowell au Massachusetts vers 1889 et n’en reviendra pas.

Pierre et Marie Tremblay n’avaient pas perdu un enfant depuis trente ans lorsque Séverine décède le 30 janvier 1867 alors qu’elle avait vingt-deux ans[28]

On ne sait pas si la maladie s’était introduite à la maison en janvier ou si Pierre vivait mal le décès de sa cadette.  Quoi qu’il en soit, il s’éteint à l’âge de soixante-huit ans le 12 octobre de la même année.  Il est inhumé le lendemain dans le cimetière de la paroisse. Peut-être n’était-il plus sacristain depuis l’arrivée du curé Michel Édouard Roy (1834-1895) en 1864, car ce dernier se méprend sur son prénom et inscrit «Dominique Harvey époux légitime de Marie Tremblay»[29].

Au décès de Pierre probablement, Marie Tremblay son épouse se donne à Joséphine, sa fille aînée et à son gendre.  Ces derniers habitaient la baie Saint-Paul depuis leur mariage où le mari était journalier[30].  Son aînée et sa famille s’amènent donc dans la maison familiale à Saint-Hilarion et Marie Tremblay demeurera chez elle pour une vingtaine d’années avec eux jusqu’en 1881 à tout le moins[31].  En 1886, lors du mariage de la fille de Joséphine, toute la tribu émigre à Sainte-Thècle en Moyenne-Mauricie.  Marie Tremblay se réfugie alors chez Louis son fils aîné à la Malbaie[32].

Elle décède le 11 octobre 1891 dans la maison de ce dernier.  C’est Louis et trois de ses fils qui la porte en terre deux jours plus tard[33].  Celle qui était née Marie Louise le 25 août 1801, mais qui ne porta que le prénom de Marie toute sa vie s’éteignait à l’âge de quatre-vingt-dix ans[34].

Pierre Hervez, ses enfants, données généalogiques — 6e génération

[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 17 mars 1799.  Naissance de Madeleine Perron, fille d’Antoine, le frère aîné de Marie Madeleine et de Marie Imbault sa belle-sœur.  Procul Gay née Marie Victoire Guay.

[2] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 31 janvier 1799.

[3] Ibid., 17 février 1824.

[4] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France de L’Isle-aux-Coudres, 16 décembre 1824.

[5] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada de 1825, district Northumberland, sous-district l’Île-aux-Coudres, page 1996.

[6] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 24 mars et 5 avril 1827.

[7] Ibid., 8 août 1828 et 25 août 1830.

[8] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada 1831, pour le comté du Saguenay, sous-district de Malbaie, page 660.

[9] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada 1831, pour le comté du Saguenay, sous-district de l’Isle aux Coudres, page 655.

[10] PERRON, Normand et Serge GAUTHIER.  Histoire de Charlevoix.  Québec, les Presses de l’Université Laval, 2000, pages 124-128.

[11] COLLECTIF. «Mémoire de la position de la Société d’histoire de Charlevoix concernant la proposition de délimitation pour la circonscription de Charlevoix présentée par la Commission de la représentation électorale», Société d’histoire de Charlevoix, La Malbaie, 2008, page 2.  Le nom du canton choisi par les autorités britanniques rappelle celui d’un village du Yorkshire anglais.

[12] TREMBLAY, Nérée. Monographie de la paroisse de Saint-Hilarion. Québec, Édition Charrier & Dugal, 1948, pages 20-23.

[13] ORIGINIS. La Malbaie (Sainte Agnès). [En ligne]. http://www.originis.ca/paroisse_la_malbaie_sainte_agnes.html [page consultée le 20/8/2016]. 

[14] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Agnès, 2 février 1833.

[15] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 31 mars 1834.

[16] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Agnès, 2 février 1837.

[17] Ibid., 17 juin 1837.

[18] Ibid., 11 décembre 1839 et 23 août 1840.

[19] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 15 septembre 1841.

[20] B.A.C., G., Recensement de 1842, district du Saguenay, sous-district de Sainte-Agnès, page 1.  Le recensement de 1842 n’est pas nominatif.  Seuls les chefs de famille sont mentionnés.

[21] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Agnès, 13 juin 1844.

[22] TREMBLAY, Nérée, ibid., pages 5-13 et 26.  La maison se situait à l’endroit où le presbytère de l’église de Saint-Hilarion avait été bâti avant son déménagement en 1961.  L’auteur de ce ouï-dire est natif du village.  Son grand-père n’avait que quinze ans au moment des faits et il ne résidait pas dans le canton.

[23] Ibid., page 35.

[24] B.A.C., G., Recensement de 1851, comté de Saguenay, Canton Settrington, pages 2 et 3.  Et TREMBLAY, Nérée. Monographie de la paroisse de Saint-Hilarion. Québec, Édition Charrier & Dugal, 1948, page 8.

[25] ORIGINIS. Saint-Hilarion. [En ligne]. http://www.originis.ca/paroisse_saint_hilarion.html [page consultée le 25/08/2016].

[26] B.A.C., G., Recensement de 1861, district de la paroisse de Saint-Hilarion, township de Settrington dans le comté de Charlevoix, page 202.

[27] Maxime est de cette génération de cadets sans terre.  Journalier de son état, il sera toujours en mouvement.  Maxime une fois marié sera parmi les premiers Harvey à quitter la région.  Il épousera Sophie Leboeuf dit Vaucelle le 26 mai 1851 à Saint-Irénée.  Cette dernière est la fille d’Antoine dit Beauseigle ou dit Vaucelle et de Marie Mercier.  Par contre, son vrai nom était plutôt celui de Leboeuf.  Cet Antoine Leboeuf épousa Marie Mercier le 7 janvier 1828 à Saint-Timothée à l’ouest de Montréal et se réfugia sous d’autres noms dans la région avec sa famille sans que l’on sache pourquoi.  Leur fille Sophie a été baptisée le 3 mai 1829 à Saint-Timothée.  Leurs autres enfants ont été baptisés à Saint-Étienne de la Malbaie, Sainte-Agnès et Saint-Irénée entre 1831 et 1847 sous les noms de famille Beauseigle et Vocelle.  Antoine Leboeuf et Marie Mercier sont de retour à Saint-Timothée lors du recensement de 1861.  De toute évidence, Maxime suivit la famille de son épouse retournée d’où ils étaient venus une vingtaine d’années auparavant.  Il semble s’être installé à Saint-Clément de Beauharnois.  Cette migration s’effectua vers 1856. En 1871 on retrouve Maxime et sa famille à Montréal.  Maxime exerce le métier de charpentier dans le quartier Sainte-Anne de Montréal Ouest.  Son fils Louis, âgé de dix-sept ans y est tourneur.  De leur résidence dans la paroisse Saint-Joseph de Montréal, ils partent s’établir à Lowell au Massachusetts vers 1889.  La famille ne reviendra plus sauf pour un fils Benjamin retourné à Beauharnois.  Les descendants de ce dernier se disperseront dans la région de Montréal.  La Nouvelle-Angleterre était le lot de ces cadets de famille à la recherche de survivance.

[28] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Hilarion de Settrington, 2 février 1867.

[29] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Hilarion de Settrington, 13 octobre 1867.

[30] B.A.C., G., Recensement de 1861, district de la paroisse de Baie-Saint-Paul dans le comté de Charlevoix, page 24.

[31] B.A.C., G., Recensement de 1871, district de Charlevoix, sous-district de la Settrington, page 40 et recensement de 1881, district de Charlevoix, sous-district de Saint-Hilarion, page 3.

[32] B.A.C., G., Recensement de 1891, district de Charlevoix, sous-district de Malbaie, microfilm 30953_148192-00424.

[33] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 13 octobre 1891.

[34] Bien que prénommée Marie Louise au baptême, certaines sources ont prétendu qu’elle aurait aussi été prénommée Madeleine. Ce n’est pas le cas. Elle sera prénommée Marie à son mariage, lors des baptêmes de ses onze enfants et lors de sa sépulture.  Il en sera de même également lors de chacun des recensements.