Dans la maison de Dominique, il y aura bientôt une nouvelle épouse. Maintenant âgée de dix-huit ans, Marie Anne assume la responsabilité de l’intérieur depuis le décès de sa mère aidée de la jeune Félicité Sophie qui n’a que douze ans. Marie Anne fait sa vie dans l’anonymat comme beaucoup d’aînées féminines assumant le rôle de mère quand cette dernière est enceinte, en couche ou bien partie comme Geneviève.
Le 29 septembre 1781, le tabellion Jean Néron s’amène à l’Isle pour rédiger le contrat de mariage qui unira « Marie Magdeleine Dufour » à Dominique. Marie Magdeleine est entourée de son père et de sa mère, d’Alexis Perron et de Dominique dit François Marier (1753-1783), tous deux des amis. François Marier disparaîtra dans les eaux du fleuve deux ans plus tard[1], il est le fils de Catherine Savard la belle-sœur de Dominique. Ce dernier pour sa part est accompagné de son frère aîné Zacharie, de Louis Tremblay son cousin et d’un confrère de métier dans le pilotage, le capitaine de navire François Boucher qui est également le mari de sa cousine Marie Joseph Tremblay (1738-1814), la fille de son oncle François Xavier. Le curé Pierre Joseph Compain est également présent. Le contrat de mariage mentionne que…[i]
Deux jours plus tard, Dominique épouse, en secondes noces, Marie Magdeleine Dufour le premier octobre 1781 à l’Isle aux Coudres. Marie Magdeleine est la fille de Gabriel Dufour et de sa deuxième femme Marie Madeleine Boissonneau dit Saint-Onge (1737-1803). Gabriel Dufour s’était marié en premières noces avec la cousine de Dominique[2].
Marie Magdeleine, comme ce prénom s’écrivait le plus souvent du temps, est née le 16 mars 1757 et a donc vingt-trois ans. Dominique en a vingt-deux de plus. Marie Catherine née en 1756 et décédée de la « petite vérole », le premier enfant de Dominique et de feu Geneviève Savard et Marie Magdeleine ont en commun le même parrain, Jean Baptiste Savard, le frère de Geneviève. C’est Marie Magdeleine qui mettra au monde mon ancêtre Joseph dans quatorze mois.
« La grande Madeleine » est très connue à l’Isle. Près de cent ans après son mariage en 1880, l’auteur Alexis Mailloux écrivait :
« Dans la maison voisine d’Alexis Dufour, en gagnant toujours vers l’ouest, a vécu autrefois une femme qui a été fort célèbre, dans l’Ile aux Coudres. Elle portait le nom significatif de la grande Madeleine. C’était la sœur d’Alexis Dufour (Lagarcette). Elle était d’une grandeur, d’une grosseur et d’une force extraordinaires. Son mari s’appelait Dominique Harvey. La grande Madeleine était dans son élément quand elle faisait les ouvrages qui ne sont que le propre des hommes. Ainsi, elle traînait les chaloupes à l’eau ; elle en plantait les mâts, en étendait et roulait les voiles, elle en maniait les rames de manière à casser les meilleurs hommes.
Quand il ventait fort, c’était elle qui tenait la barre du gouvernail, et les hommes ne se risquaient pas à essayer de la lui ôter, car ils se seraient fait asseoir. Elle ne se gênait nullement de taper ses frères plus âgés qu’elle, quand les choses n’allaient pas à son goût. Dans les champs, à la maison, dans les chaloupes, n’importe où elle se trouvait, la grande Madeleine était maîtresse ou, comme s’exprimaient les anciens voyageurs Canadiens du Nord ouest, portait le plumet, et personne ne répliquait sur son commandement. Les gens disaient, non en sa présence, ils ne l’eussent ôsé ! mais assez loin d’elle pour n’être pas entendus, que c’était une dure à cuire. La grande Madeleine était un type féminin tel qu’il n’en paraît peut-être pas un semblable, par chaque siècle. » [3]
Le caractère de l’habitant
Aux dires de ceux qui sont venus en Canada, les Français d’abord comme des Anglais par la suite, les habitants du pays sont travaillants, joyeux et soucieux de leur statut social. Dominique qui fut capitaine de milice et baillis devait être satisfait de l’image qu’il projetait. Bien que respectueux des lois, puisqu’il les faisait respecter, après deux régimes de conquérants qui ont pris plus qu’ils n’ont donné, il se méfie des autorités comme tous les gens du pays d’ailleurs.
Les femmes d’ici expriment leurs opinions et sont indépendantes d’esprit. Les Français s’en étonnaient, les Anglais s’en choquent maintenant. Marie Magdeleine en est un exemple frappant ; cent ans après son mariage, on parlait encore d’elle et l’on écrivait à son sujet. Cela dit, Marie Magdeleine comme les autres n’est pas indépendante de son homme pour autant. Au pays comme en France ou en Angleterre, les femmes ne sont pas juridiquement indépendantes. Il leur faudra attendre encore près de deux cents ans pour se libérer de ces chaînes. La famille au pays est en général soumise à l’autorité de l’homme, mais comme il est souvent parti, dans les chantiers ou sur la mer comme Dominique, c’est la femme qui assume l’autorité le plus souvent.
« La grande Madeleine » a les gênes solides. Son grand-père, forgeron et tailleur de pierres, est un colosse bâti comme un athlète. Ce Normand n’engendre que des enfants qui feront six pieds, ce qui n’est absolument pas courant parmi nos ancêtres français. Le cousin de « la grande Madeleine », Joseph Dufour (1744-1829) appelé « le Grand Bona », que nous rencontrerons au prochain chapitre, est célèbre, en autres par sa taille exceptionnelle. Il fait six pieds et sept pouces (deux mètres)[4].
Alors que Marie Magdeleine vient tout juste de trouver un époux, elle perd son père dans la semaine suivant son mariage[5]. Son père, Gabriel Dufour, était pilote sur le grand fleuve depuis l’Isle jusqu’à Québec et est mort noyé en octobre, tout comme son père en 1720[6]. Lors de la tragédie, il allait s’embarquer sur un navire anglais ancré à l’embouchure de la rivière du Gouffre, lorsque son canot se brisa par la force d’une vague soulevée par une tempête. Son corps ne fut pas retrouvé.
Il reste à Dominique, toujours pilote sur la mer[7], une tâche ingrate à faire pour honorer ses engagements pris devant Geneviève Savard lors de son mariage. Il doit nommer des tuteurs pour les enfants qu’il a eus avec elle et faire l’inventaire des biens de la communauté du mariage. Le 13 novembre 1781, le notaire Jean Néron s’amène donc pour effectuer l’inventaire. François Boucher et son fils Pierre Boucher (1764-c.1851) serviront de témoins. Alors que Dominique est nommé tuteur de ses enfants mineurs, Étienne Savard, le frère de Geneviève, assiste à l’inventaire comme subrogé tuteur.
L’inventaire se fait à compter de huit heures du matin dans la maison où Marie Magdeleine a maintenant emménagé, depuis de début d’octobre, pour y vivre avec son nouvel époux Dominique. L’inventaire que font Alexis Perron, Étienne Tremblay et Louis (1729-1785) à François Xavier Tremblay et qu’enregistre le notaire nous permet d’apprécier les richesses que Dominique avait accumulées au cours de ses vingt-sept années de vie commune avec Geneviève[8].
Dans la cuisine, ils notent entre autres « … une cramailliere, une paire de chenet, une pelle en fer, une grande chaudière… une grande peële la queu cassé… une scie de travers avec sa monture, un coin de vieille hache… un fusil, trois plat détain, six cueillère détain, douze assiette détain… demy doux de fourchette… ». Les biens de la cuisine sont estimés à cent-quatre-vingt-six livres et quatre sols. Le fusil (vingt-quatre livres) et la vaisselle d’étain (trente-huit livres) à eux seuls valent un peu plus de soixante-cinq livres.
Comme ils l’ont fait dans la cuisine pour les biens meubles de Marie Magdeleine, les évaluateurs s’assurent de soustraire de l’inventaire le linge de corps appartenant à la nouvelle épouse lorsqu’ils entrent dans la chambre pour y noter « … un lit avec deux paillasses de plume, un buffet de bois, un poële de fer, chaises cruches de grès, couvertures de laine blanche et verte, miroir, une courtepointe de deux verges ». Au grenier un endroit chaud au-dessus du poêle à bois où les enfants dorment sur la paille, on retrouve entre autres des « … peaux de moutons et de loup-marin » qui leurs servent sans doute de couvertures.
C’est à l’extérieur de la maison que l’on retrouve les richesses de Dominique. Outre ses meubles d’agriculteurs comme ses « … cinq faucilles, deux attelages garuy, une charrette, une charue, une carriole, un vieux focy… » il possède pour l’époque un bon nombre d’animaux, « … un cheval à poil noir de quatre ans, un cheval à poil rouge de cinq ans, une paire de bœuf à poil noir, une vache à lait à poil noir, deux autres vaches, deux taures, deux veaux, treize vieux moutons et huit jeunes moutons, un cochon, cinq petits cochons, une dze de poule avec le coq… » Les animaux sont évalués à un peu plus de mille livres.
Ses bâtiments sont aussi imposants, « … une grange de trente pieds et une étable de trente par vingt couvert de paille pièces sur pièces de bout en bout et quelques autres petits bâtiments comme un fournil. »[9] Considérant les dimensions et le type de construction de l’étable de Dominique, nul doute qu’elle devait être la première demeure de la famille. Il était de coutume pour ces censitaires de transformer en étable leur première demeure construite à la va-vite pour y héberger rapidement la famille[10].
La maison de Dominique est une maison rurale d’inspiration française[11] du XVIIIe siècle comme celle-ci contre. Par contre, contrairement à d’autres maisons de l’Isle, elle n’est pas en pierre, cette technique de construction française s’étant déjà un peu perdue et les matériaux nécessaires étant un peu rares au Cap-à-Labranche ; la pierre calcaire qui servait à ces constructions était recueillie sur les grèves de La Baleine et la chaux de mortier provenait d’un four à chaux également à La Baleine. Comme celle de son père, la résidence de Dominique est composée de pièces sur pièces de plan rectangulaire et elle est « de trente pieds de long par vingt-quatre de large couvert en bardeaux cèdres dehors et dedans », à un étage et demi, et est coiffée d’un toit à deux versants couverts de bardeaux de cèdre. Elle est beaucoup mieux adaptée au climat, car le bois offre une meilleure protection contre le froid et de plus elle ne comporte probablement pas d’ouvertures du côté du nord-est.
La maison de Dominique où entre Marie Magdeleine est bien équipée. Pour les réunions de famille, il y a des tables qui se transforment en chaises et de grandes armoires de pin pour les vêtements, la vaisselle d’usage et une Marie-Louise [12]; Marie Magdeleine n’est pas arrivée les mains vides, elle y a apporté son rouet et à un métier à tisser, tout cela éclairé avec des lampes à l’huile de marsoins. Elle devra par contre s’habituer aux quelques paires de bottes de pêche en peau de marsoins qui traînent près de la porte, Dominique et les enfants ont pris l’habitude de les laisser traîner là.
Comme c’est l’usage à l’Isle, les murs de la maison se déplacent, car ils sont montés sur des charnières qui les rendent mobiles. Quand il y a des fêtes ou des réunions de famille, on lève les murs et l’on a une grande salle.
Basse et trapue, surmontée d’une cheminée de pierre, la maison est bien faite pour résister aux vents qui soufflent avec une grande violence parfois, sur ce flanc de l’île. L’épaisse muraille faite de pièces sur pièces est en réalité constituée d’un double mur avec ses bardeaux extérieurs enfermant une couche d’air. Ainsi, la maison, dont l’intérieur est aussi en bardeaux, était plus chaude en hiver et plus fraîche en été. Les pièces de bois qu’a utilisé Dominique pour la construction de la structure de sa maison ont été coupées sur sa terre et probablement hâlées par ses bœufs ménageant ainsi ses chevaux pour les travaux moins demandant. Les bardeaux de son toit, ils les avaient fabriqués sur place.
L’inventaire des biens terminé, le tout est évalué à « quatre mille sept cent soixante-dix-neuf livres » .
Les terres de Dominique sont également inventoriées et pour une première fois on peut apprécier leurs dimensions et leurs morcellements.
« … Les terres de quatre arpents et sept perches, et des terres à foin à savoir :
Deux arpents de front par cinquante de profondeur avec tous les bâtiments, bornée au sud par Augustin Lavoye et au nord par Jean Baptiste Savard. [13]
Cinq perches et dix pieds de front par cinquante de profondeur bornée au sud par Joseph Villeneuve et au nord par feu Gabriel Dufour. [14]
Deux perches de front par cinquante de profondeur bornée au nord à Augustin Lavoye et au sud à feu Gabriel Dufour [15];
toutes les terres bornées par le fleuve St-Laurent.
Deux arpents de front par quarante deux de profondeur à la Cote du Sud paroisse St-Roch des Aulnaies. »[16]
Le tabellion Jean Néron nous apprend ici l’existence d’une nouvelle terre de cinq perches et dix pieds qu’aucun acte notarié trouvé à ce jour ne nous avait révélés, mais en même temps, il omet la parcelle de terre que Dominique avait achetée de sa belle-sœur en 1756 qui était de dimension semblable, mais qui était située beaucoup plus au sud sur la terre de, feu Joseph Simon Savard. Le notaire s’est probablement mépris entre les biens de la communauté que formaient Dominique et Geneviève et ceux de la nouvelle communauté de Dominique et Marie Magdeleine. On ne trouve pas trace de la transaction qui a conduit à cette acquisition ; l’inventaire dressé par le notaire Jean Néron le 13 novembre 1781 pour faire suite au décès de Geneviève Savard nous révèle l’existence de cette possession comme étant bornée au nord par feu Gabriel Dufour et au sud par Joseph Villeneuve (1753-1799), l’un des héritiers de feu Marie Anne Gagné[17].
Des transactions futures confirmeront que le couple Dominique et Marie Magdeleine possède bel et bien cette terre[18]. Il est fort probable qu’elle soit l’héritage que Marie Magdeleine ait reçu en raison du décès de son père Gabriel Dufour. Sa mère et voisine, Marie Madeleine Boissonneau dit Saint-Onge, se retrouvant avec huit enfants sur les bras, elle devait bien compter sur son aînée Marie Magdeleine pour l’épauler et le nouveau couple devait être plus en mesure de faire valoir cette petite parcelle de sa terre qu’elle et ses enfants. De fait, Marie Magdeleine à près de vingt-cinq ans, est le seul enfant marié et la seule en âge de recevoir sa part d’héritage et de la mettre en valeur.
Le 16 décembre 1782, Marie Magdeleine donne naissance à son premier enfant, il s’agit d’un garçon, mon ancêtre direct[19]. Il est baptisé le même jour et portera le nom de « Joseph ». Son parrain est Alexis Dufour dit Lagarcette (1762-1836) vingt ans, le plus vieux des frères de sa mère. Sa marraine, Marie Anne Hervé, qui a cinquante-neuf ans, est la plus vieille sœur de son père. Elle qui est veuve et demeure à Saint-Roch-des-Aulnaies a probablement traversé à l’automne pour passer l’hiver auprès de Marie Magdeleine et l’épauler pour ce premier accouchement. On se souviendra qu’elle fut l’ange qui protégea et enveloppa le jeune Dominique de ses ailes après le décès de leur mère alors qu’il n’avait pas quatre ans et elle qui en faisait déjà treize.
Alors que la famille besogne dure dans les champs ou sur « la mer », c’est probablement avec un peu d’intérêt et beaucoup d’inquiétude que Dominique et les siens apprennent que plus de six mille colons loyaux aux Britanniques qui se sont enfuis après la déclaration d’indépendance américaine s’installent partout sur des terres confisquées aux « Canadiens »[20] entre 1783 et 1791. Dominique, comme ses compatriotes de l’Isle, réalise que la Nouvelle-France est belle et bien terminée, on commence à parler de l’Amérique du Nord britannique, appellation qui restera jusqu’en 1867.
En février 1784, on trouve une nouvelle raison de fêter. Marie Madeleine Hervé (1756-1792), la fille aînée de Pierre épouse Joseph Bilodeau (1728-1828). Ce nouvel époux est le petit-fils de quatrième génération de Geneviève Longchamps mariée à Jacques Bilodeau, celle qui fut impliquée dans l’assassinat de Gabriel Hervet en 1675 à l’Isle d’Orléans que nous avons rencontrée au deuxième chapitre ; la colonie est encore petite. Cela n’empêchera pas Dominique et Zacharie Sébastien de sauter sur l’occasion des réjouissances organisées par leur frère[21].
Parlant de Zacharie Sébastien, c’est à cette époque alors qu’il approche les soixante ans que ses relations avec le curé de l’époque s’enveniment. Zacharie est alors capitaine de milice, une fonction attribuée à un individu en raison de sa maturité et de sa crédibilité qui lui confie un rôle d’intermédiaire entre les insulaires et les administrateurs de la colonie[22]. Lui qui avait été élu « sub-bailiff » par la population de l’Isle une dizaine d’années auparavant devait bien avoir une certaine notoriété parmi les siens. Quoi qu’il en soit, lui et le père Pierre Joseph Compain, qui sera curé de l’île de 1775 à 1788, ne boiront pas à la même source et arriveront probablement difficilement à se partager le petit pouvoir à l’Isle. Il semble que ce curé qui a d’abord été médecin puis marié en 1766 et finalement ordonné prêtre en 1774 après le décès de son épouse voulait influencer ses paroissiens au-delà de ses responsabilités spirituelles. En autres traits de son caractère, il attaque violemment Zacharie Sébastien, qui refuse ses conseils, le traitant de pourceau, d’ivrogne « qui ne juge ses Causes qu’à La Cantine, et que Lorsque Les Parties le font Boire Comme il faut » [23]. De sa présence à l’Isle résultera une légende qu’il avait lui-même créée selon laquelle les cloches de l’église se seraient mises à sonner d’elles-mêmes le glas pour annoncer la mort de son confrère, le jésuite Jean-Baptiste de La Brosse. Bien qu’il soit prêtre, il monnaiera, sa vie durant un moyen de guérir le chancre, maladie très courante à l’époque, qu’il apprendra d’un chirurgien de l’armée britannique ; ce secret fera sa renommée et comblera sans doute son besoin d’attention que Zacharie Sébastien ne semblait nullement vouloir lui concéder. Zacharie Sébastien fut capitaine de milice pendant tout le règne de l’abbé Compain et cela jusqu’en 1795[24]. Après plus de vingt ans dans ces fonctions, il passera son titre cette année-là à Joseph Dufour et fera nommer son gendre Alexis Perron lieutenant de milice. L’ordonnance de 1777 réglementant l’administration de la justice autorisait les capitaines de milice à exercer les fonctions de coroner[25]. La tension était telle entre les deux hommes que lorsque le curé enregistre la sépulture d’un homme trouvé mort et certifié par Zacharie comme capitaine de milice, il omet de mentionner son nom. Les procédures civiles et religieuses auraient requis qu’il note que le capitaine de la milice Zacharie Hervé ait certifié que l’individu était mort de causes naturelles, il omet le nom de Zacharie et écrit plutôt…
« Le quinze janvier mil sept cent quatre vingt huit par nous prêtre sousigné à inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de Joseph Perron agé de vingt ans décédé du jour précédent de mort subite comme il parait par le procès verbale du capitaine de milice de cette paroisse... [26]»
Il est évident que Zacharie ne mangeait pas « à la balustre » du père Compain.
En mars 1784 à Saint-Roch-des-Aulnaies décède Marie Louise Saint-Pierre, la troisième épouse du père de Dominique avec qui il avait passé les sept dernières années de sa vie[27]. Le fleuve étant encore bloqué par les glaces, la nouvelle ne parvint donc pas à l’Isle. Les sœurs de Dominique, Marie Anne et Rose demeurant tous deux à Saint-Roch-des-Aulnaies, ont peut-être assisté aux obsèques de la veuve.
C’est également au cours du printemps que la cousine Marie Joseph Tremblay, mariée au pilote François Boucher, quitte l’île pour partir vivre à Québec. Son mari, confrère de Dominique, fera carrière dans le transport de marchandises en faisant l’acquisition de goélettes. Il ouvrira un magasin à Québec, un autre à Saint-Thomas-de-la-Pointe-à-la-Caille et un troisième à Kamouraska, puis une distillerie à Saint-Roch-des-Aulnets. Dominique retrouvera son confrère au tournant du siècle alors qu’après un revers de fortune, François Boucher reviendra à la navigation comme capitaine du port de Québec[28].
C’est également au cours du printemps que la cousine Marie Joseph Tremblay, mariée au pilote François Boucher, quitte l’île pour partir vivre à Québec. Son mari, confrère de Dominique, fera carrière dans le transport de marchandises en faisant l’acquisition de goélettes. Il ouvrira un magasin à Québec, un autre à Saint-Thomas-de-la-Pointe-à-la-Caille et un troisième à Kamouraska, puis une distillerie à Saint-Roch-des-Aulnets. Dominique retrouvera son confrère au tournant du siècle alors qu’après un revers de fortune, François Boucher reviendra à la navigation comme capitaine du port de Québec[28].
Mon ancêtre Joseph ne sera plus seul pour jouer, le 18 juin 1784, Marie Magdeleine Dufour donne naissance à un deuxième fils, « Louis ». Le baptême a lieu trois jours plus tard[29].
L’année 1785 apporte elle aussi son lot de réjouissances et aussi de tristesse. Les Hervé fêteront deux mariages. Il était temps, la petite maisonnée déborde avec ses douze personnes. C’est Marie Magdeleine Dufour qui sera au bras de Dominique pour assister à ces mariages. Geneviève Savard n’aura vu aucun de ses enfants se marier. Les quatre frères de la mariée sont présents.
Marie Anne, troisième du rang, qui à vingt-deux ans, épouse Joseph Henri Louis Debiens (1759-1812)[30], vingt-cinq ans le 4 avril. Joseph est le petit-fils de la tante de Dominique, Dorothée Tremblay. Comme le père n’a pas assez de terre pour tous ses fils, le couple part s’établir dans les nouvelles concessions de la Malbaye. Ces nouveaux époux seront parmi les premiers à ne pas avoir connu la Nouvelle-France. Marie Anne qui s’installe « à la Murray Bay » au printemps 1785 y retrouve ses cousins Pierre (c.1759-1857) et Louis (1762-1842), les fils de l’oncle Pierre Hervé (1733-1799), qui y sont depuis l’année précédente[31]. Ils sont les trois premiers Hervé à prendre racine à la Malbaye.
L’aîné des garçons, François, qui a vingt-cinq ans, convole aussi en justes noces le 3 octobre avec Félicité Perpétue Bouchard (1758-1843) qui en a vingt-sept[32]. S’il n’est pas déjà installé sur la Côte-du-Sud, il quittera l’Isle peu de temps après son mariage puisque son premier enfant naît à Saint-Roch-des-Aulnaies en décembre 1786. Les autorités ont décidé que dorénavant ont utiliserait le chenal Sud pour la navigation des navires à trois-mâts ce qui incite les pilotes à s’installer du côté sud du fleuve. François qui est pilote comme son père et de qui il a appris le métier fera le choix de s’exiler au Sud comme quelques autres pour vivre de son métier. Dominique installe donc l’aîné de son premier mariage sur la terre de « deux arpents de front par quarante deux de profondeur à la Cote du Sud » qu’il avait héritée de son père Sébastien. François rejoint le clan de ses tantes Hervé, Marie Anne et Rose, dite Marie Rose qui y demeurent toutes deux depuis qu’elles ont prises époux en 1751 et 1757. Il demeurera quinze ans à Saint-Roch-des-Aulnaies où sa femme lui donnera six enfants. Puis quand l’ouvrage vint à se faire plus rare pour ceux qui connaissaient bien le chenal du Nord maintenant presque inutilisé et parce que les autorités britanniques avaient multiplié les brevets de pilote pour le chenal du Sud, il vendra sa terre de Saint-Roch qui était celle que son père avait reçue de son grand-père et partira finir sa vie comme cultivateur à Sainte-Anne-de-la-Pocatière où Félicité Perpétue lui donnera un dernier enfant. François s’éteindra en juillet 1843 probablement atteint du même fléau que son épouse qui décède cinq jours avant lui[33].
François et son épouse eurent six filles, mais un seul fils, Jean Baptiste dont les descendants seront parmi les premiers Harvey à défricher la vallée de la Matapédia en commençant par Saint-Moïse.
François ne quitte pas l’Isle seul puisque David Louis Dominique est déjà à Saint-Roch-des-Aulnaies en décembre 1786[34]. Le goût de la côte sud du fleuve pour les deux garçons n’est probablement pas étrange au métier de pilote qu’exerce Dominique.
Les garçons s’embarquent jeunes avec leur père pour apprendre le métier. Lorsqu’ils quittent l’Isle à bord d’un navire, ils sont souvent partis pour plusieurs jours, et il n’est pas rare qu’ils fassent escale et logent dans les ports de la rive sud. De plus, les garçons ont des tantes à Saint-Roch-des-Aulnaies où ils peuvent certainement crécher. Lorsque Dominique s’embarque à Cap-aux-Oies, mais plus souvent au « mouillage des Français » pour piloter un vaisseau jusqu’au port de Québec, quelques fois, il ne revient que dix à quinze jours plus tard[35].
Tout se passe vite et dans l’ordre en 1786, Félicité Sophie qui vient tout juste d’avoir dix-sept ans épaule sa jeune belle-mère Marie Magdeleine de vingt-neuf qui donne naissance en août à une première petite fille, « Marie Euphrosine » dite Marie Modeste[36]. Le parrain choisi est Joseph Sébastien Hervé le demi-frère de l’enfant maintenant âgé de dix-neuf ans et, la marraine Josephte Dufour (1760-1803), une jeune sœur de Marie Magdeleine[37].
En octobre, Clothilde Debiens (1751-1811), la cousine de Dominique, mariée à Barthélémy Brisson (1740-1816) qui réside à côte La Baleine choisissent Marie Magdeleine comme marraine de Julienne, leur septième enfant connu[38].
Le 5 novembre de l’année suivante, Dominique et son frère Pierre assistent au troisième mariage de leur cousine Françoise Tremblay (1751-1813)[39]. La fille de leur oncle André qui avait épousé leur ami Étienne Debiens (1746-1776) en 1768[40], s’était remarié en 1776 à un fils de Scholastique Savard, la belle-sœur de Dominique et n’avait pas eue plus de chance puisqu’il était décédé cinq ans plus tard[41]. Aujourd’hui, elle épouse Louis-Bruno Duchesne (1753-1833) qui lui survivra[42].
Les enfants de Marie Magdeleine remplacent dans la maison ceux de Geneviève qui quittent le nid familial. Félicité Sophie à dix-huit ans se marie le 27 novembre 1787 à l’Isle. Elle épouse Joseph Perron (1761-1847) qui a vingt-six ans[43]. Tout comme sa sœur Marie Anne, elle part s’établir avec son mari à la Malbaye où elle aura treize enfants connus. « Félicité Harvey », femme de cultivateur, s’éteindra le 9 juin 1846 entourée du clan des Harvey de Saint-Étienne de la Malbaie[44].
Dominique a toujours vécu de son métier de pilote et jusqu’à présent il en négocie le tarif. La culture de sa terre en est une activité de subsistance et le gros de ses revenus lui vient donc du pilotage et un peu aussi de la « pêche à marsoin » du printemps.
C’est en 1788 qu’est émise une ordonnance réglant l’exercice du métier de pilote ou « cultivateur-navigateur » comme s’appelaient les pilotes de l’Isle. Dorénavant, pour ses connaissances de la voile, du chenail Nord et de celui du sud, des mouillages et de son savoir-faire à sonder les baies et les havres on le paye « onze chelins pour chaque pied de tirant d’eau du navire qu’il pilotait »[45].
Mais revenons à la famille où c’est maintenant au tour du quatrième de se marier. « David Louis Dominique Hervay » qui demeure à Saint-Roch-des-Aulnaies depuis quelque temps, s’unit le 31 mars 1788 à « Marie Louise Dubois dite LeBreton » (1769-1865) à Sainte-Anne-de-la-Pocatière. David Louis Dominique a environ vingt-quatre ans et Marie-Louise en a dix-neuf ans. François, vingt-sept ans, lui sert de père pour l’occasion. L’ancêtre Dominique, qui d’ordinaire ne rate pas une célébration, n’est probablement pas en mesure de traverser au Sud en raison des glaces qui bloquent encore la navigation. Fait particulier, le curé note au registre la présence de l’épouse de François, Félicité Perpétue Bouchard. Depuis l’arrivée de notre ancêtre français, Sébastien Hervet le migrant, c’est la première fois qu’un registre d’église touchant notre lignée reconnaît la présence d’une femme comme témoin[46].
Les moments de réjouissance se multiplient, le 2 juillet 1788 Marie Magdeleine donne naissance à une deuxième petite fille que l’on prénomme « Marie Josephe » le lendemain lors du baptême à la chapelle Saint-Louis. Bien que Dominique soit nouvellement marié à Marie Magdeleine, le nouveau couple demeure lier à la famille Savard qui, comme les Dufour sont des voisins. Le parrain de Marie Josephe est Jean Couturier (1764-1844) le fils de Catherine Savard la sœur de feu Geneviève Savard. La marraine est Marie Josephte Lavoie (1762-post.1820), l’épouse du fils de Jean-Baptiste Savard, voisin du couple et frère de Geneviève Savard [47].
En novembre, Dominique et son frère Pierre font, sur le fleuve, les six lieues qui séparent la maison de Pierre au bout d’en bas de l’Isle « à la murray bay ». Deux de leurs filles y sont établies depuis le printemps avec leur mari ainsi qu’un certain nombre d’autres jeunes gens, natifs de l’Isle aux Coudres. Dominique y agit comme parrain du premier enfant de sa fille Félicité Sophie. Comme l’enfant de cette dernière est né depuis quatre jours, la nouvelle eut le temps de se rendre à l’Isle[48]. Dominique et Pierre ne font pas la traversée seule puisque trois baptêmes sont célébrés le même jour et que parrains et marraines proviennent de l’Isle. Pierre agit aussi comme parrain d’un autre enfant cette journée-là, mais il devra probablement attendre au printemps suivant pour connaître le rejeton de sa fille Marie Jeanne puisqu’elle n’accouchera « à la murray bay » que le 10 décembre. Le baptême ne sera célébré qu’en janvier après que le fleuve soit bien gelé. Ce sera Louis le frère de Marie Jeanne qui demeure avec le couple qui agira comme parrain alors que la cousine Félicité Sophie sera choisie marraine[49].
Trois jours plus tard, Dominique est de retour à l’Isle puisqu’il assiste comme témoin aux obsèques de sa tante Marie Jeanne Glinel qui est également la belle-mère de son frère Pierre[50]. On se souviendra que c’est sur la terre de la veuve Glinel à la Côte-à-la-Baleine que Pierre s’est installé depuis son mariage en 1756.
En 1789, la Révolution française débute le 14 juillet avec la prise de la Bastille. Çà non plus nos insulaires n’en sauront rien puisque toutes les communications avec la France sont interdites par l’anglais.
Cinq mois plus tard, on se réjouit chez les Hervé, mais ce n’est pas parce que l’on vient de détrôner un roi. La fille de Marguerite Rosalie Hervé, la sœur de Dominique se marie. Ursule Gagnon (1762-1839) épouse Jean Desgagnés (1767-1833). Dominique assiste à la cérémonie comme témoin[51]. Ces nouveaux mariés deviendront l’arrière-grand-mère et l’arrière-grand-père maternel de ma grand-mère, Élida Desgagnés dans moins de quatre-vingt-dix-huit ans.
Au cours de la vie active de Dominique, ce sont les familles établies à l’Isle avant 1765 qui ont poursuivi le peuplement, soit en obtenant pour leurs fils les terres rendues disponibles, soit en subdivisant leurs propres terres désormais plus largement défrichées.
Dominique semble fait à l’image de son grand-père le commerçant Sébastien Hervet. Il passera sa vie à acheter des bouts de terrains pour en faire des terres contiguës et se doter ainsi d’une grande terre bien à lui sur laquelle il pourrait installer ses fils.
Il faut se rappeler que l’Isle, à l’arrivée de Sébastien Hervé, n’était qu’une forêt. En cette fin de décennie, toute la surface de l’île est concédée, à l’exception d’une toute petite bande de terre, la côte des prairies, que ces messieurs du Séminaire se réservent ; après cette période, la vitesse d’accroissement de la population diminue.
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[i] Contrat de mariage entre Sébastien Dominique Hervé et Marie Magdeleine Dufour
Par devant le notaires soussigner devans en la seigneurie de Beaupré paroisse de st-pierre de la baye de st-paul et les témoins cy… nommés furent présents de Sieur Dominique Hervé habitant y… en la paroisse de saint-louis de l’Isle aux coudres veuf de défunte Marie Geneviève savard en premier noce stipulant en son propre.
Et… nous d’une part et Sieur Gabriel Dufour habitant aussy au dit lieu de lisle au Coudres et Magdeleine Boisoneau sa femme.
Quel autorise pour l’effet des…. Stipulant… de Magdeleine Dufour fille majeure de vingt-cinq ans aux environs a la présente et….
Et de son consentement d’autres part lesquelles dittes parties de l’agrément et consents de leur….
Et amis pour ce meublé de part et d’autres… de la part du dit Dominique Hervé et de Zachary Hervé son frère et de Louis Tremblay son cousin et de la part de la ditte Magdeleine Dufour ses dits père et mère et d’alexis Perron et de Francois Marier ses amis nous devans au dit lieu de lisle au coudre ont… et consenti avoir entre eux les traites et consentement de mariage… … … le dit Dominique Hervé et la ditte Magdeleine Dufour seront promit et promettent de prendre l’un et l’autre par nous et paix de mariage pour légitime époux et épouse et faire célébrer et…. Le dit mariage en face de notre sainte mère l’église catholique apostolique et romaine le plutôt que faire ce pourra. … ….
Et délibérer fera entre eux leurs dite parents et … ….
Etre commun seront les dits futurs epoux du jour de leur mariage vu communion En tous biens meubles auxquels…. Immeubles et meme dans le propres derogeant pour cet effet a toute coustume quy est a le contraire se prendront les dites futures epoux… ….
Et Les biens de droits a chacun deux appartenants a echua et a echouire fait par succession donnation legs ou autrement tant meubles – immeubles sans etre tenu lun et lautre dancienne dettes et hipotheques faites et créer avant les dits futurs mariages et aucune se trouve elles feront payées et ajustées par et lun les biens de celui ou de celle quyLes aura faites ou crées ou de quelle procureront quant au bien dudit futurs époux ils consistent en la part de Conquest de la communauté. Quy étoit entre luy et la ditte déffunte dont… il….En faire faire du notaire quand a ceux de la ditte future épouseIls consistent a ses habits linges et hardes a son mariage d’aujourdhui…
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[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France de l’Île-aux-Coudres, 26 septembre 1783. C’est Zacharie Sébastien Hervé, Capitaine de milice qui rédige le procès-verbal de la découverte de son corps le 24 septembre et qui permet au curé d’inscrire les motifs de la sépulture le 26.
[2] Gabriel Dufour avait épousé en premières noces Geneviève Tremblay, la fille de François Xavier Tremblay, le frère de Rosalie, la mère de Dominique.
[3] MAILLOUX, Alexis. Promenade autour de l’Ile-aux-Coudres. Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Éditions Firmin H. Proulx, 1880, pages 48-49.
[4] LEMIEUX, Louis-Guy. Grandes familles du Québec. Québec, Les éditions du Septentrion, 2006, pages 152-153.
[5] Gabriel Dufour assiste au mariage de Magdeleine et Dominique le 1er octobre, mais est déclaré décédé au mariage de son fils Marc Guillaume le 7 octobre. On ne connaît pas le jour exact de cette noyade.
[6] En se rendant sur sa terre de l’Isle-aux-Coudres tard au printemps en 1720, l’ancêtre des Dufour, le grand-père de Marie Magdeleine, Gabriel Robert Dufour (1678-1720) perdra la vie en se noyant dans les eaux du fleuve. Résident de Saint-Joachim, il avait acquis en 1717 une terre à Petite-Rivière-Saint-François et une autre à l’Isle pour y établir ses nombreux fils.
[7] BAnQ., Fonds Cour supérieure. District judiciaire de Québec. Tutelles et curatelles, S1 Dossier Cote : CC301, S1, D5697. Tutelle aux mineurs de Dominique Harvey, pilote, habitant de l’île-aux-Coudres, et de feue Geneviève Savard. 18 septembre 1781 au 12 novembre 1781.
[8] A.N.Q., GN. Minutier de Jean Néron, 13 novembre 1781.
[9] Lieu où est le four et où l’on pétrit la pâte de boulangerie. Dictionnaire Larousse.
[10] MATHIEU, Jacques. La Nouvelle-France : les Français en Amérique du Nord, XVIe-XVIIIe siècle. Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2001, pages 86-87.
[11] Seules deux maisons de ce type subsistent à l’île, les Maisons Leclerc et Bouchard.
[12] Petit contenant à mélasse.
[13] Il s’agit de la terre apportée en dot au mariage par Geneviève Savard. Dans : A.N.Q., GN. Minutier Michel Lavoye, Contrat de mariage, 19 août 1754.
[14] Il ne s’agit pas de la terre achetée en 1756 à sa belle-sœur Marie Dorothée Savard puisque cette dernière terre était de 6 perches et que de plus, elle était localisée plus au sud, il s’agissait d’une partie de la première terre de Joseph Simon Savard. Dans : A.N.Q., GN. Minutier Antoine Crespin père (1713-1782), Contrat de vente, 6 avril 1756.
[15] Cette terre est celle acquise par Dominique des héritiers Villeneuve, Joseph et Basile. Dans : A.N.Q., GN. Minutier Néron, 17 avril 1776. Encore une fois ici le notaire Jean Néron se méprend sur la dimension de la terre puisqu’elle est en vérité de deux perches quatre pieds.
[16]Il est peu probable que la terre de Saint-Roch-des-Aulnaies était acquise par son père après que ce dernier s’y soit installé et qu’il aurait laissé en héritage à Dominique. Peut-être que ce dernier l’avait acquise de sa sœur aînée Marie Anne Hervé (1723-1809). On se souviendra que cette dernière avait épousé Jacques Soulard le fils aîné d’une des familles fondatrices de Saint-Roch-des-Aulnaies et elle s’était retrouvée veuve avec deux enfants de moins de cinq ans après la Bataille des Plaines d’Abraham. A-t-elle, comme bien des veuves dans le besoin, vendu la terre ou la portion de cette dernière qui lui revenait après le décès de son époux ? Il faut garder en tête ici la proximité qui existait entre Dominique et sa sœur Marie Anne comme on l’a vu et comme on continuera de le voir tout au long du présent chapitre. Si l’on se fie aux divers registres consultés et aux voisins mentionnés à travers ces documents pour la période de 1786 à 1798 François, l’aîné des enfants du premier lit, s’il ne demeure pas sur une portion de la terre de Marie Anne et Jacques Soulard, il en sera voisin pour toute cette période. Dominique en 1756 avait acheté une terre d’une autre veuve, Marie Dorothée Savard sa belle-sœur.
[17] Ce Joseph Villeneuve est le petit-fils d’un des premiers colons à l’Isle, Joseph Amiot dit Villeneuve (1696-1722) et le fils du noyé de 1755, aussi nommé Joseph Amiot dit Villeneuve (1722-1755). Sa mère Marie Anne Gagné décédée en 1766 s’était remariée à Augustin Lavoye en 1756 après la noyade de son mari. Le lopin de terre de ce Joseph Villeneuve est l’héritage laissé par sa mère à ses enfants de son premier mariage. Joseph Villeneuve semble avoir racheté les parts de ses frères et sœurs.
[18] Le 9 juin 1791, Marie Madeleine Boissonneau dit Saint-Onge vend à ses deux fils Augustin et Alexis ses deux terres, la première nous intéresse. Elle est d’un arpent neuf perches treize pieds et six pouces et est bornée au nord et au sud par Dominique Hervé. Cette terre était du vivant de Gabriel Dufour de deux arpents et demi ; ce détail nous permet de cerner la provenance de la nouvelle acquisition de Dominique et Marie Magdeleine. A.N.Q., GN. Crespin. SAVARD, Paul. Joseph-Simon Savard, premier censitaire de l’Isle-aux-Coudres. Sainte-Foy, Éditeur Paul Savard, 1998, page 248.
[19] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France de l’Île-aux-Coudres, le 16 décembre 1782.
[20] Sous le Régime Français, les Français nés en Nouvelle-France étaient appelés « Canadiens » puisque la portion de la Nouvelle-France circonscrit par la vallée du Saint-Laurent que l’on appelait le Canada.
[21] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France de l’Île-aux-Coudres, le 9 février 1784.
[22] MATHIEU, Jacques. La Nouvelle-France : les Français en Amérique du Nord, XVIe-XVIIIe siècle. Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2001, page 217.
[23] JANSON, Gilles. « Compain, Pierre-Joseph ». Dictionnaire biographique du Canada. 1re édition 1966, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1983, 15 volumes, volume V (Décès de 1801-1820), page 222.
[24] BAnQ., The Quebec Almanac for the year 1794. Québec, Imprimeur John Neilson, 1793, page 92. L’Almanac de Québec commença la publication des noms des officiers de milice à compter de 1788. Zacharie y est mentionné comme capitaine de la Milice pour l’Île aux Coudres à toutes les parutions jusqu’en 1794.
[25] ROY, Pierre-Georges. Les juges de la province de Québec, Lévis, R. Paradis, imprimeur du Roi, 1933, Page XII.
[26] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France de l’Île-aux-Coudres, le 15 janvier 1788.
[27] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies, 9 mars 1784.
[28] LAUZIER, Roch, op., cit.
[29] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies, 21 juin 1784.
[30] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France, 4 avril 1785.
[31] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 31 janvier 1786. Pierre est parrain au baptême de Marie Anne Blackborne (Blackburn). La cérémonie se déroulant à la fin janvier alors que le fleuve est gelé, il est facile de conclure qu'il était à Murray Bay l'été précédent. De fait c'est en 1784 que lui et son frère Louis se sont installés à Murray Bay.
[32] Ibid., 3 octobre 1785.
[33] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne-de-la-Pocatière, 28 juillet et 2 août 1843.
[34] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies, 28 décembre 1786.
[35] A.S.Q., Polygraphe 2, No. 74B.
[36] Marie Euphrosine utilisera le prénom de Marie Modeste toute sa vie (mariage, baptêmes de ses enfants et sépulture).
[37] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France, 21 août 1786.
[38] Ibid., 14 octobre 1786.
[39] Ibid., 5 novembre 1787 pour le troisième mariage.
[40] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul de Baie-Saint-Paul, 10 novembre 1768.
[41] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France, 5 août 1776 pour le mariage et 13 février 1781 pour le décès.
[42] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-de-l’Assomption des Éboulements, 9 mars 1833.
[43] Ibid., 23 novembre 1787.
[44] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, le 12 juin 1846.
[45] BOILY, Raymond. Le guide du voyageur à Baie-Saint-Paul au XVIIIe siècle. Montréal, Leméac, 1979, page 34.
[46] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne-de-la-Pocatière, le 31 mars 1788.
[47] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France, 3 juillet 1788.
[48] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 11 novembre 1788. Baptême de Marie Antoine Perron.
[49] Ibid., 9 janvier 1789.
[50] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France, 15 novembre 1788.
[51] Ibid., 17 novembre 1789.