9. Dominique Isaïe Hervé

4.6.9 Dominique Isaïe Hervé (1775-1851), 4e génération  

Dans toute la décennie de 1770 à 1780, des trois enfants que Geneviève Savard (1736-1781) donnera à Sébastien Dominique Hervé (1736-1812), un seul survivra et ce sera Dominique Isaïe, leur dernier et leur cinquième fils[1].  Ce dernier naît le 7 octobre 1775. 

Le premier acte du troisième et nouveau curé de Saint-Louis-de-France de l’Isle aux Coudres, Pierre Joseph Compain fut d’écrire sur le registre de baptême, la naissance du cadet de la famille «Dominique Isaïe Hervé» le jour même de sa naissance.  L’enfant assurera la postérité du prénom de l’ancêtre puisqu’il sera connu et sera inhumé sous le prénom de Dominique dans la paroisse de Saint-Étienne de La Malbaye où il vivra une fois marié.  

C’est son oncle Charles Savard (1729-1823) qui agit comme parrain.  Marie Joseph Pilote est la marraine.  À l’époque de la naissance de Dominique Isaïe, il semble n’exister que deux Marie Joseph Pilote dans la colonie.  Une première jeune fille du prénom de Marie Josephte (1769-1843) native des Éboulements et qui vivra plus tard à l’Isle existe bien, mais elle n’aurait eu que six ans au moment du baptême et l’église ne permettait pas alors à un enfant de cet âge de devenir marraine.  La deuxième, s’il s’agit bien de celle-là, est Marie Josephe Pilote (1730-post1800), une femme de Québec âgée de quarante-cinq ans.  Cette dernière est la petite-fille de Jeanne Philippeau (1666-1708).  Si cette Marie Josephe est la marraine cela nous révélerait que le père de l’enfant aurait gardé contact avec la famille de sa grand-mère.  Jeanne Philippeau est l’épouse de Paul François Chalifour et la sœur de Françoise Philippeau (1663-1744), justement la grand-mère de Sébastien Dominique.  Gardant en tête son métier de pilote qu’il l’amenait à Québec régulièrement, est-il possible qu’il ait entretenu des relations avec cette famille qui est la sienne et qui est liée aux Chalifour par le mariage.  Les Chalifour sont des marchands d’origines calvinistes convertis à leur arrivée en Nouvelle-France? La circulation entre Québec et l’Isle se faisait alors uniquement par bateau.  Il s’agissait encore de la méthode normale de voyager puisqu’il n’existait pas de route entre Baie-Saint-Paul et Québec.  Si c’était le cas, qu’aurait fait cette Marie Josephe Pilote à l’Isle en 1775? Charles Pilote (1703-1788), qui est déjà demeuré à l’Isle pour une brève période, est son oncle et il réside à Baie-Saint-Paul.  De plus, nous sommes en début d’automne alors que le trafic maritime entre Baie-Saint-Paul, l’Isle et Québec est constant puisque chacun se rend à la ville pour y vendre les produits de sa récolte et y faire les provisions d’hiver.  Les occasions pour Marie Josephe Pilote de se rendre à l’Isle et de retourner à Québec ne manquent donc pas, mais la raison plus probable de sa présence à l’Isle vient sans doute de la menace qui plane sur Québec.  Depuis peu, la guerre d’indépendance des États-Unis qui oppose les treize colonies d’Amérique du Nord au royaume de Grande-Bretagne a débuté et les colons américains révoltés sont entrés dans la colonie pour affronter les Britanniques par la rivière Richelieu en septembre, les combats font rage et leur intention avouée est de prendre Québec pour en faire une quatorzième colonie libre.  Ceux qui en ont les moyens, comme la famille de Marie Josephe Pilote, fuient les villes et se réfugient chez des parents à la campagne lorsqu’ils le peuvent.  Bien que né dans cette période trouble et d’esprit révolutionnaire, cela ne changera pas le destin de journalier laboureur de Dominique Isaïe.   

Ce dernier n’a que cinq ans quand sa mère décède et six quand une autre femme vient prendre sa place et lui apportera une trâlée de frères et sœurs. 

L’ouverture du rang du fleuve dans la seigneurie de Mount Murray

À l’Isle, faut-il le répéter, les anciens manquaient cruellement de terres pour établir leurs nombreux fils.  Devant une telle misère, c’est sur la Côte-du-Sud que Sébastien Dominique avait finalement déniché des terres pour ses trois premiers fils.  Alors que les concessions ouvertes de la seigneurie de Murray Bay étaient largement occupées, on avait déjà fait main basse sur celles de la seigneurie de Mount Murray le long de la rivière, ouverte depuis 1784[2].  Devant cette situation, François Louis Savard (1733-1815) de l’Isle aux Coudres, le neveu et ami du père de Dominique Isaïe, convainc Malcom Fraser, le seigneur de Murray Bay, d’ouvrir à la colonisation les terres de sa seigneurie le long du fleuve.  Ainsi, le 19 juin 1793 il lui signe un billet de concession lui donnant la

 «… permission de prendre possession et de travailler sur six terres de trois arpents de front sur trente arpents de profondeur... situées… dans l’anse du cap à l’Aigle, au nord-est de la pointe du Heu»[3]

Sous cette impulsion, en février 1794, Sébastien Dominique se porte acquéreur d’une terre pour ce cadet du premier lit dans ce même rang du fleuve.  Dominique Isaïe deviendra ainsi l’un des premiers habitants de ce qui sera nommé plus tard le village de Cap-à-l’Aigle, mais qui pour l’heure se nomme la «Concession du Cap à l’Aigle» [4]. Dominique Isaïe, toujours mineur, n’a que dix-huit ans au moment de l’achat.  Il travaillera sans doute quelques hivers à défricher cette terre.  Considérant que Malcom Fraser avait déjà accordé les dix-huit premiers arpents (six terres) du rang du fleuve à François Louis Savard, on peut facilement présumer que la suivante, celle de Dominique Isaïe, se trouvait à un peu plus d’un kilomètre du début du rang.

Dominique Isaïe avait passé sa jeunesse à travailler sur la terre de son père à l’Isle et à reluquer les filles.  En 1796, c’est Marie Magdeleine Perron (1771-1833) qui attire son regard.  Elle a vingt-cinq ans, il en a vingt et un et ils vont beaucoup s’aimer au cours de cet été. 

Le 30 janvier 1797, le plus jeune des garçons que Sébastien Dominique eut avec Geneviève Savard épouse sa dulcinée à l’Isle aux CoudresMarie Magdeleine, qui est grosse de près de huit mois, est la fille d’Antoine Perron dit Suire (1729-1805) et de Marie Suzanne Debiens (1735-1786) à Dorothée chez Louis Tremblay, cousine de Sébastien Dominique, la fille d’Étienne Debiens.  La nouvelle épouse est également la sœur du fermier principal du seigneur de Murray Bay, John Nairne (1731-1802). 

Il est difficile après tout ce temps de savoir qui s’est fait tirer l’oreille pour ce mariage.  L’époux ou l’épouse, les parents de l’un ou de l’autre ou Monsieur le Curé Louis Antoine Langlois (1767-1810).  Ce mariage tardif et obligé est probablement dû aux réticences du dernier.  On se souviendra que le curé Langlois est d’un naturel sévère qui a une haine des âmes hypocrites et impénitentes.  Sa sévérité était telle que ses paroissiens quand ils le pouvaient allaient chercher leurs sacrements dans une autre paroisse sur la côte.  Comme il voyait le mal partout, il ne pouvait sans doute pas se résoudre à donner sa bénédiction nuptiale à ces enfants dans le péché.  Son intolérance vis-à-vis ses ouailles pêcheuses l’amèneront à quitter l’Isle pour se réfugier comme aumônier des Ursulines à Québec en 1802 et peu de temps par la suite en 1806 fuir chez les Trappistes au Kentucky sous le nom de frère Marie-Bernard.  Il ne faut pas négliger aussi l’hypothèse que Dominique Isaïe ait été le mari trouvé sur le tard pour couvrir une situation gênante, mais aussi fréquente pour l’époque.  Joseph «Bona» Dufour (1744-1829) fait honneur de sa présence à la cérémonie.  Le député du Northumberland[5] à la chambre d’assemblée du Bas-Canada est un important censitaire de l’Isle et le représentant du Séminaire de Québec, les seigneurs des lieux.  Selon le registre du curé, il est un ami de la mariée malgré ses cinquante-trois ans.  Il est également le cousin de «La grande Madeleine», la belle-mère de Dominique Isaïe.  Ce dernier a pour belles-mères deux filles de Gabriel Dufour.  Son père s’est remarié à Marie Magdeleine Dufour (1757-1832) qui l’a élevé et son beau-père a pris Rosalie Dufour (1758-1823) comme seconde épouse il y a dix ans.  Elle est la sœur puînée de Marie Magdeleine.  De toute façon, l’état de la mariée n’empêchera pas les deux pères d’assister à la cérémonie.  On pardonne tout à un cadet, si faute il y avait à pardonner.   

Moins de quarante jours après le mariage, Marie Magdeleine Perron accouchera de leur premier enfant le jeudi 9 mars 1797.  «Marie Madeleine Hervé» est baptisée le même jour.  Le père, Dominique Isaïe assiste au baptême alors que sa belle-mère Rosalie Dufour agit comme marraine.  C’est François Leclerc (1730-1815) qui agit comme parrain.  Les Leclerc à l’Isle ont été de tout temps en lien avec la famille du père de Dominique Isaïe.  La petite cousine de François a épousé le beau-frère de Sébastien Dominique.  Également, Marie-Victoire Perron, la sœur de Magdeleine épousera dans peu de temps Michel Leclerc un autre cousin, mais surtout, le fils du pilote Pierre Leclerc (1729-1796) de son vivant confrère de Sébastien Dominique. 

Marie Madeleine Hervé

Marie Madeleine Hervé épousera René Duchesne (1793-1831) en 1816.  Le couple aura sept enfants.  Après le décès de son mari, elle convolera en secondes noces avec Jacques Brassard (1812-1874) en 1833 avec qui elle aura quatre autres enfants.  Le couple vivra sur la Côte-Nord et au Saguenay.  Madeleine s’éteindra le 24 mai 1875 à Jonquière. (Voir l’histoire complète de cette ancêtre à la section 5.6.09.1 Marie Madeleine Hervé [1797-1875], 5e génération).

Après la naissance du premier enfant de Marie Magdeleine, probablement à l’été 1797, Dominique Isaïe, sa femme et la petite Marie Madeleine partiront s’établir à Mount Murray où il travaillera comme journalier tout en défrichant sa terre.  Dominique Isaïe est le premier Hervé à s’établir dans le secteur.  On se souviendra qu’une douzaine d’années plus tôt, à l’arrivée de ses cousins Pierre (1759-1857) et Louis (1762-1842) Hervé et de sa sœur Marie Anne Hervé (1762-1805) dans la seigneurie voisine de Murray Bay, il n’y avait qu’une vingtaine de terres concédées dans celle de Mount Murray[6].  Cinq ans plus tard, seules six autres terres avaient été concédées à Mount Murray et les Hervé n’y étaient toujours pas établis et ne possédaient aucune des terres concédées.  Ceux qui ont quitté l’Isle aux Coudres pour s’établir dans la région sont dans la seigneurie de Murray Bay sous l’influence de du seigneur John Nairne[7].  En 1791, les seigneuries de Murray Bay et de Mount Murray sont parmi les moins peuplées de la colonie.  Les deux seigneuries réunies ne comptent que cinquante-cinq hommes de plus de dix-neuf ans[8].  La situation n’avait guère changé du temps de l’arrivée de Dominique Isaïe.

À l’époque, la forêt est de plus en plus exploitée; à Murray Bay uniquement, on comptera déjà trois moulins à scie en 1801.  Il n’y en avait qu’un, celui du seigneur Malcom Fraser, dix ans plus tôt[9]

En arrivant dans la seigneurie de Mount Murray, Dominique Isaïe laissait derrière lui son prénom composé, car celui qui était appelé Dominique Isaïe à l’Isle pour le distinguer de son père deviendra simplement Dominique dans la nouvelle seigneurie où il s’installe[10].  Il est le dernier enfant de feu Geneviève Savard, sa mère, à quitter l’Isle.  Tous les autres sont partis dans les dix dernières années.  

Dominique Isaïe ne sera pas seul dans la paroisse Saint-Étienne puisque son oncle Étienne Savard (1733-1815) et ses trois sœurs Marie Anne, Félicité Sophie et Marie Geneviève y sont aussi installés.  Son épouse a également sa sœur et son frère aînés qui y habitent également.  À l’arrivée de la nouvelle petite famille à Mount Murray, ce sont encore les Écossais qui sont seigneurs des deux seigneuries de la région. Le colonel John Nairne à l’ouest de la Rivière-Malbaie et Malcom Fraser à l’est.  Fraser est un seigneur absent et le développement de la seigneurie est à la mesure du peu d’intérêt qu’il démontre pour l’endroit.  On le voit bien apparaître de temps à autre, surtout l’été, mais règle générale ce seront ses fermiers et autres procureurs qui veilleront au grain.  Parlant de grain, si Dominique Isaïe a cultivé un brin sa terre l’année de son arrivée, c’est au moulin seigneurial de John Nairne à la rivière Mailloux qu’il devra se rendre pour faire moudre, car Fraser n’a pas encore doté sa seigneurie d’un moulin banal, pourtant une obligation des seigneurs du temps de l’ancien régime.  Ce ne sera qu’en 1798 que le moulin à farine de la Comporté bâtit en 1797 à proximité du moulin à scie appartenant à Fraser sera en opération.  C’est le cousin Louis Marie Boulianne (1740-1824) et Pierre Laberge (1751-1829) qui étaient chargés des travaux.  Le meunier Pierre Boudreau (1749-1819) de l’Isle aux Coudres avait fourni les meules[11].

À l’époque de son arrivée à Mount Murray, Dominique Isaïe est témoin d’une levée de bouclier des censitaires des deux seigneuries, surtout ceux qui ne sont pas proches des deux seigneurs écossais.  Un grand nombre d’entre eux sont d’anciens insulaires dont leurs familles ont toujours vécu de la manne que le fleuve apportait en toutes saisons.  Le seigneur de l’île aux Coudres, ces messieurs du Séminaire, avaient toujours permis la pêche sur les rivages et quant à la pêche au large, personne ne la réglementait.  Une redevance était payée au Séminaire dans le cas des pêches fixes de rivage et la lucrative «pêche à marsoin», mais pour le reste, que dalle.  Rien n’était pareil à Mount Murray et à Murray Bay.  Les seigneurs entêtés imposaient une redevance de la moitié des prises pour permettre la pêche dans la Malle Baye et sur les rives de leur seigneurie respective.  Certains s’y soumettaient, mais ceux-là ont tous en commun d’être à la merci des seigneurs pour leur travail ou leur statut.  Les deux seigneurs avaient eu beau interdire en 1793 toute pêche dans la rivière sans leur permission, rien n’y faisait.  En 1797, malgré une population limitée, plus d’une vingtaine d’individus n’en font qu’à leur tête.  Les meneurs sont des connaissances, Joseph Villeneuve (1753-1799) par exemple, est l’aîné d’une famille naguère de de l’Isle aux Coudres dont la terre familiale était voisine de l’une de celles du père de Dominique Isaïe.   Il avait été le dernier Villeneuve à quitter l’île après avoir épousé Marie Louise Savard (1764-1836), la petite cousine de Dominique Isaïe, en 1785.  Faute d’un revenu convenable, les ressources étant toutes monopolisés par les deux seigneurs écossais, Dominique Isaïe due, comme le faisait les colons du temps, pratiquer la contrebande du saumon sur la Rivière-Malbaie en y faisant la pêche au flambeau malgré la surveillance des seigneurs et de leurs gardiens.  La situation s’envenima avec les années, les colons toujours plus nombreux se révoltaient contre la volonté du seigneur absent Fraser et de Nairne de monopoliser et tirer profit de la pêche dans la baie de la rivière Malbaie.  Fraser voulait faire arrêter un meneur du nom de Joseph Claveau (1764-1818) alors que Nairne pour sa part voulait arrêter Joseph Villeneuve, celui qu’il considérait comme le chef des insoumis puisqu’il l’avait vu personnellement défier son autorité[12].  Il faudra l’intervention du curé Keller pour calmer les esprits.    Question de faire un pied de nez au seigneur sans doute, en 1802 la population élira Joseph Claveau comme sous voyers avec David, le frère de Dominique Isaïe.  Cette nomination tombera à point nommé puisque c’est justement cette même année, après la mort de Nairne, que Fraser apprendra que lorsque l’on est seigneur on n’est pas roi.  De la bouche même de son avocat, il fut avisé qu’il n’avait aucun droit sur le fleuve et les rivières étant propriété exclusive du roi[13].  Les colons récalcitrants poursuivront leurs pêches.  Entêté, le seigneur éconduit tentera plusieurs démarches pour faire modifier les statuts qui feront tous chou blanc. 

Le couple n’aura pas mis deux ans avant de voir un nouvel enfant sous leur toit.  Le 31 janvier 1799 naît le premier garçon de la famille.  Marie Magdeleine aura sans doute été aidée par «Procul Gay» (1748-1820) la sage-femme de l’endroit qui est de tous les accouchements comme lors de celui de sa belle-sœur moins de deux mois plus tard[14]«Pierre Hervez» est baptisé le jour même par Joseph Benjamin Keller (1765-1836) le premier curé résidant à Saint-Étienne de la Malbaie depuis 1797.  Ce curé, bien que né à Québec, avait un père d’origine britannique qui était établi en Pennsylvanie avant de faire partie des troupes d’invasions lors de la conquête; il écrivait notre patronyme en le terminant d’un «z».  C’est l’oncle de l’enfant Joseph Desbiens (1759-1812), l’époux de Marie Anne Hervé qui en est le parrain.  Sa tante «Félicité Sophie Hervez» est la marraine[15].

Pierre Hervez 

Il épousera Marie Tremblay (1801-1891) le 17 février 1824 dans l’église Saint-Étienne.  Le couple qui gagnera les hauteurs de Saint-Hilarion-de-Settrington aura dix enfants.  C’est à cet endroit que Pierre décédera le 12 octobre 1867.  (Voir l’histoire complète de cet ancêtre à la section 5.6.09.2 Pierre Hervez [1799-1867], 5e génération).


À la mi-juillet en 1799, Dominique Isaïe est choisi par sa sœur Félicité Sophie et son beau-frère pour être le parrain de leur quatrième fils.  L’enfant se prénommera lui aussi «Dominique Isaïe» comme son parrain[16].  Si Dominique Isaïe n’avait pas encore assuré la postérité de son prénom comme le voulait la tradition, sa sœur venait de s’en charger.

Comme on l’a vu, la seigneurie écossaise de Murray Bay s’étendait à l’ouest de la Rivière-Malbaie jusqu’au Cap à l’Oie.  C’est du côté est de la rivière, sur la terre acquise par son père, que s’était établi Dominique Isaïe à son arrivée.  Les colons ont commencé à vendre à l’étranger du grain, de l’huile de marsoin, des fourrures et autres produits de la ferme.  La «pêche à marsoin» est presque essentiellement pratiquée par les gens venus de l’Isle aux Coudres comme Dominique Isaïe qui ont apporté leur savoir-faire dans les techniques de cette pêche.  Durant l’été 1800, plus d’une centaine de marsoins sont pris et sont revendus pour un prix moyen de vingt-cinq dollars pour leurs huiles et leurs peaux[17].  Les censitaires n’ont guère le choix de s’adonner à la pêche ou à l’industrie forestière, car les années de mauvaises récoltes sont nombreuses sur ces terres à Caïn de la seigneurie.  En 1801 par exemple, «le blé est si rare et si cher que le pauvre monde ne peut pas s’en procurer»[18] .

Il ne se passe pas seize mois avant que Dominique Isaïe et Marie Magdeleine Perron soient parents à nouveau.  Les deux premiers enfants sont probablement encore aux couches lorsque naît «Geneviève» le 21 juillet 1800 à Saint-Étienne de Murray Bay.  Le baptême n’est célébré que trois jours plus tard lors du passage de Jean Baptiste Antoine Marcheteau, le curé des Éboulements desservant la paroisse déjà orpheline de curé après le bref passage de Joseph Benjamin Keller (1797-1799).  Avec le retour d’un curé francophone n’étant pas de Murray Bay, Geneviève portera le patronyme de Hervé.  Le parrain de l’enfant «a été François Tremblay» alors que la marraine choisie est la tante par alliance de l’enfant «Marie Imbeault (1775-1855) femme de Antoine Perron (1769-1822) tous illettrés» selon le curé[19].   

Geneviève Hervé

Geneviève aura déjà trente-quatre ans révolus quand elle épousera Augustin Zacharie Lorencelle (1801-1880) le 27 octobre 1834.  Cinq enfants naîtront de cette union.  Ce sera après la naissance du dernier enfant que la famille partira s’établir sur une terre de la Haute-Côte-Nord dans la seigneurie de Mille-Vaches.  Après cette épopée sur la Côte-Nord, Geneviève décédera à L’Ancienne-Lorette près de Québec le 14 septembre 1867. (Voir l’histoire complète de cette ancêtre à la section 5.6.09.3 Geneviève Hervé [1800-1867], 5e génération).

Alors qu’en juillet de l’année précédente, Dominique Isaïe et Marie Magdeleine avaient pris leur belle-sœur Marie Imbeault comme marraine de Geneviève, leur dernier enfant, en avril 1801, c’est au tour de

Dominique Isaïe d’être parrain du nouveau-né d’Antoine Perron, le fermier principal des Nairne[20] et de sa femme Marie Imbeault[21].

Contrairement à la génération précédente, Dominique Isaïe et ses frères ne peuvent se donner comme objectifs d’établir leurs enfants puisqu’ils sont déjà beaucoup trop nombreux pour les terres que les autorités britanniques et les seigneurs mettent à la disposition de la population.  Ce ne sera que bien plus tard dans les années trente pendant la période des soulèvements qui conduiront à la Rébellion des patriotes que les jeunes commenceront à «squatter» les terres de l’arrière-pays et à ouvrir le Saguenay.  Pour l’instant, dès 1801, de nombreux riches touristes anglophones de Montréal, Québec et d’ailleurs commencent à séjourner dans les manoirs des deux seigneurs pendant l’été[22].  Comme tant d’autres, Dominique Isaïe y voit sûrement une manne pour les fils et filles de colons.  Faute de terre, ces derniers pourront y travailler comme journaliers, conducteurs de fiacres et de calèches, bonnes, femmes de chambre et domestiques, malgré la maigre pitance qui est offerte. 

Depuis l’arrivée de Dominique Isaïe à Mount Murray on y voit que du mouvement.  Si certains censitaires viennent y tenter leur chance, plusieurs remettent leur terre au seigneur après un an ou deux alors qu’ils en obtiennent une meilleure à l’ouest de la rivière dans la seigneurie voisine.  Les échanges sont également nombreux, car si certains se font défricheurs, d’autres aiment profiter du défrichement déjà fait pour s’établir comme agriculteur; ainsi le défricheur cède une terre libérée en partie de son bois pour une autre entièrement boisée que le nouveau censitaire vient de se faire concéder.  Une pratique dont Dominique Isaïe saura profiter sera de vendre une partie de ses terres, quelques perches par exemple, à des «emplacitaires»[23] qui viennent travailler dans la seigneurie comme journalier et ne demande rien d’autre qu’une maison et un petit jardin.  Comme pour ses frères qui s’établiront plus tard au Cap-à-l’Aigle, il sera donc difficile de suivre les mouvements des terres des nôtres d’autant plus, que lorsque leurs enfants atteindront la majorité, les trois frères diviseront généralement leurs terres en un nombre de lots équivalents au nombre de leurs garçons.  Ainsi ira la vie chez les Hervé de cette génération, car contrairement à leur père Sébastien Dominique, ils n’auront pas les moyens de tous les établir sur de nouvelles terres.

Parlant d’enfants, Marie Magdeleine en donne un autre à Dominique Isaïe le 17 juillet 1802.  On lui donnera le nom de «Marie Adelaïde Hervé» quatre jours plus tard, car la paroisse est toujours sans curé et comme à l’habitude on doit compter sur les visites du curé des Éboulements pour les baptêmes.  Germain Dufour (1754-1814), un petit-cousin de Dominique Isaïe et homme de confiance du seigneur de Mount Murray[24], agit comme parrain.  La marraine, une tante de l’enfant, est Marie Louise Lebreton dite Lalancette (1769-1865), femme de son frère David Louis Dominique.  Le curé indique, comme il le fait la plupart du temps, que Dominique Isaïe est cultivateur[25] ; une profession glorifiée à l’époque par le clergé.  La présence au baptême de sa belle-sœur et de son frère David Louis Dominique qui habitait à Saint-Roch-des-Aulnaies jusqu’à tout récemment nous révèle probablement qu’ils ont fait le saut sur la Rive-Nord du fleuve.  On ne traverse pas le fleuve un mercredi en mi-semaine pour un baptême le jour même du passage du desservant.  L’avenir nous apprendra que Dominique Isaïe a très certainement accueilli son frère et sa famille chez lui, le temps qu’il se construise.

Marie Adelaïde Hervé

Marie Adelaïde demeurera célibataire.  Elle finira sa vie sur l’île aux Coudres. (Voir l’histoire complète de cette ancêtre à la section 5.6.09.4 Marie Adelaïde Hervé [1802-post.1881], 5e génération).

Quinze jours après la naissance de Marie Adelaïde, Dominique Isaïe, qui aura vingt-sept ans à l’automne, est parrain à nouveau.  Cette fois-ci, il s’agit de l’enfant du journalier Joseph Tremblay (1756-1826) et de Marie Anne Imbeault (1771-1842).  Le père de Joseph, aussi nommé Joseph Tremblay (1728-c.1811), était le fils issu d’un viol commis par l’un des fils du seigneur des Éboulements qu’avait subi Agnès Bouchard.  Agnès Bouchard (1709-1743) était la seconde épouse de Sébastien Hervé (1695-1759), grand-père de Dominique Isaïe (voir 06-14. Agnès Bouchard).  Pour sa part, Marie Anne Imbeault est la belle-sœur d’Antoine Perron frère aîné de Marie Magdeleine.  Tous les membres de cette petite communauté sont voisins les uns des autres[26].  

Le 21 octobre 1803, un incendie se déclare dans le presbytère de la paroisse Saint-Étienne de Murray Bay.  «Les registres de la paroisse de la mal Baye couvrant la période du 7 décembre 1802 au 21 octobre 1803 s’envolent en fumée dans l’incendie…» emportant avec eux de nombreux secrets.  Cet incendie aura pourtant de nombreuses répercussions chez les Hervé des seigneuries de Murray Bay et de Mount Murray puisque l’on estime aujourd’hui à une demi-douzaine le nombre de rejetons Hervé nés dans l’intervalle[27]

Marie Magdeleine prépare une surprise qu’elle livrera dans cette même période nébuleuse de 1803.  En effet, elle accouche d’un garçon qui sera nommé Zacharie Hervé toute sa vie tout comme son grand-oncle[28]Dominique Isaïe a maintenant un deuxième garçon sur qui il pourra compter plus tard pour les travaux de la ferme.


Zacharie Hervé

Zacharie épousera Catherine McNicoll (1802-1885) en 1823.  De cette union naîtront à cinq enfants.  Il s’éteindra au jeune âge d’environ trente-quatre ans dans la paroisse qui l’avait vu naître.  (Voir l’histoire complète de cet ancêtre à la section 5.6.09.5 Zacharie Hervé [c.1803-1837], 5e génération).

C’est en 1805 que les gens de la paroisse dont Dominique Isaïe décide de se construire une plus grande église pour remplacer la petite chapelle de 1724 qui ne faisait que seize pieds sur dix et où ils ne pouvaient plus tous s’entasser même pour une cérémonie funèbre.  Il faut dire qu’il y avait déjà à l’époque environ cent soixante-quinze propriétaires à « Murray Baye »  uniquement, dont cent vingt-trois tenaient feu et lieu avec leurs familles[29] et cela sans compter ceux de la seigneurie voisine de Mount Murray où habite Dominique Isaïe

À la veille des fêtes du Nouvel An, Dominique Isaïe vend à son frère David, une portion de son immense terre du Cap-à-l’Aigle[30].  C’est là que la famille avait trouvé son nid en 1797, sur cette terre achetée par son père qui était située au nord-est de la pointe du Heu, au lieu dit de l’anse du cap à l’Aigle, près du gros cap, borné par devant au fleuve Saint-Laurent et par derrière au bout des trente arpents, courant nord-ouest et sud-est[31].

Lors de leurs passages chez le notaire François Sasseville (1760-1828), l’avant-veille de Noël 1805, les deux frères Hervé ne sont pas seuls.  « Joseph Louis Abraham Debien » transige également avec Dominique Isaïe, de qui il acquiert également une partie de la terre[32].  Desbiens est le beau frère de Marie Anne, sœur de Dominique Isaïe

Les années passent et Marie Magdeleine est enceinte à nouveau.  Le 6 août 1806, elle met un monde un autre garçon qui deviendra bien vite le Casanova[33] de la famille, mais cela les parents ne le savent pas encore.  Le 14 septembre suivant quand le « desservant de la Mal-baye est finalement de passage, il baptise sous condition Louis Dominique Hervé» dans la nouvelle église de Saint-Étienne de la Malbaie puisque comme pour la plupart des enfants, en l’absence d’un curé résidant, il avait été ondoyé à la naissance[34].  Le parrain choisi est un petit-cousin du père André Tremblay (1770-1820).  La marraine est «Sophie Symard (1757-1832), la femme de Charles Étienne Tremblay» (1755-1821).

Louis Dominique Hervé

Louis Dominique convolera à trois reprises.  Une première fois avec Geneviève Duchesne (1803-1840).  Le couple aura cinq enfants.  Puis en 1841, il épousera Lucène Marier (1812-1858) de qui il aura quatre enfants.  Finalement en 1865, il s’unira à Louise Girard (1837-1913) laquelle lui donnera aussi quatre enfants.  Il décédera au lac Saint-Jean de 9 juin 1890. (Voir l’histoire complète de cet ancêtre à la section 5.6.09.6 Louis Dominique Hervé [1806-1890], 5e génération).

Vingt-quatre mois se sont passés depuis la naissance de son dernier enfant et Marie Magdeleine fidèle à son habitude accouche à nouveau le 20 juillet 1808, mettant au monde la quatrième fille de Dominique Isaïe.  L’enfant est baptisée le jour même, car le deuxième curé de la paroisse, François Gabriel Le Courtois (1763-1828), est maintenant sur place et y restera jusqu’en 1822.  Nommée «Suzanne Hervey» l’enfant a pour parrain Joseph Dufour (1780-1867).  Il y a deux Joseph Dufour à Saint-Étienne de Murray Bay à l’époque.  Il s’agit probablement de celui né à l’Isle aux Coudres qui est un cousin de Dominique Isaïe par le second mariage de son père.  De plus, il est inspecteur des chemins pour la paroisse en 1808, un métier qu’a occupé David Louis Dominique le frère de Dominique Isaïe avant lui.  La marraine est une certaine Marie Anne Buteau (1753-1810).

Suzanne Hervey

Comme plusieurs de ses sœurs, après avoir travaillé à l’Isle aux Coudres, Suzanne Hervey aussi ira goûter le grand air de la Côte-Nord.  Elle le fera après avoir épousé à l’Isle en 1832 Jean Baptiste Girard (c.1806-1881) et avoir donné naissance à sept enfants.  Elle décédera le 29 janvier 1858 à Saint-Paul de Mille-Vaches sur la Haute-Côte Nord.  (Voir l’histoire complète de cet ancêtre à la section 5.6.09.7 Suzanne Hervey [1808-1858], 5e génération).

On peut penser que le curé était en mission quelques parts, car le père Dominique Isaïe devra attendre dix-sept jours pour faire baptiser son quatrième fils qui naît le 30 juin 1810.  De fait, il est absent de la paroisse depuis plus de deux mois ou à tout le moins il n’a pas officié depuis le 8 mai.  L’enfant est donc baptisé le 17 juillet et prendra le prénom de l’aîné de ses oncles qui vit sur la Côte-du-Sud, «François Hervey».  On lui attribue comme parrain «Jean Malteste» (1784-1851).  Ce Malteste (Maltais) aura une femme fort célèbre au Saguenay, Marguerite Belley (1792-1877) qui, après la mort de son mari, aura la réputation pendant bien des années d’être allée fonder Jonquière.  «Marie Geneviève Hervey» (1781-1815), la tante du nouveau-né est marraine [35].

François Hervey

François Hervey l’Américain aura une vie fort mouvementée.  Du Cap-à-l’Aigle où il est né, il défrichera une terre dans la seigneurie de Murray Bay, terre qu’il abandonnera au profit d’un monde meilleur sur la Côte-du-Sud où il épousera Angélique Milliard dite Basque (1814-1893) en 1835.  Dans leur long périple qui les conduira de la seigneurie de l’Îlet-du-Portage sur les deux rives du fleuve Saint-Jean, territoire disputé par les Britanniques pour leurs fidèles de la colonie loyaliste du Nouveau-Brunswick et les Américains, le couple aura quatorze enfants à divers endroits.  François s’éteindra en territoire américain quelque part après le tournant du siècle.  (Voir l’histoire complète de cet ancêtre à la section 5.6.09.8 François Hervey [1810-c.1900], 5e génération en français ou à la section 5.6.09.8E François Hervey [1810-c.1900], 5th generation, en anglais).

Marie Magdeleine n’a pas encore dit son dernier mot, quatre ans après avoir donné naissance à son quatrième garçon, elle accouche de son dernier enfant, une cinquième fille le 20 février 1814.  Au lendemain de la naissance, le curé de la Malbaye, François Gabriel Le Courtois baptise «Catherine Hervey»Elle a pour parrain le marguillier «David Gilbert» (1769-1814), natif de l’Isle aux Coudres et établi à Murray Bay, ce parrain ne fera que passer puisque moins de deux mois plus tard il décédera[36].  La marraine est la jeune « Marie Anne McNicoll »  (1800-1864)Dominique Isaïe, semble avoir été près du père de la marraine, Alexandre McNicoll (1773-1833).  Ce dernier est sensiblement du même âge que lui et sa deuxième fille épousera dans quelques années l’un des fils de Dominique Isaïe.  Assez près du seigneur Malcom Fraser grâce à son père, un compagnon d’armes de la conquête, c’est lui qui, le 1er mai 1805, avait pris le bail pour cinq ans de la ferme et du domaine de la pointe Fraser.  Établi depuis quelques années au Heu, Alexandre McNicoll est aussi celui qui, de 1806 à 1810, fut le «maître et conducteur» de la pêche à marsoin à la pointe à Gasse (Fraser) à Mount Murray[37].

Catherine Hervey

Catherine Hervey partira avec ses sœurs pour vivre aux limites de la seigneurie de Mille-Vaches sur la Haute-Côte-Nord.  Elle y rencontrera l’amour et épousera Thomas Hopkins (1823-1887), un fils de loyaliste né sur une île du fleuve qui ira jusqu’à abjurer sa religion pour Catherine.  Cette dernière décédera sur la Côte-Nord en 1886 sans avoir connu la joie d’enfanter. (Voir l’histoire complète de cet ancêtre à la section 5.6.09.9 Catherine Hervey [1814-1886], 5e génération).

C’est en juin 1815 que décède Malcom Fraser, le seigneur écossais de Dominique Isaïe.  Ce dernier en 1762, en remerciement pour avoir servi l’anglais lors de la conquête, s’était vu remettre en fief le territoire de qui était devenue la seigneurie de Mount Murray.  Murray, le gouverneur militaire du temps, savait pourtant que le Canada n’appartenait pas encore aux Britanniques, mais qu’à cela ne tienne, il récompensait ainsi les alliés du champ de bataille.  Deux ans plus tard, le 6 novembre 1764, Fraser se faisait concédé, cette fois en franc et commun socage et non pas en fief comme en 1762, deux mille acres pris à même cette seigneurie.  Le gouvernement civil de la colonie était maintenant en place et une proclamation royale prévoyait des concessions de terres aux soldats et officiers démobilisés[38].  Fraser, lors de son décès, venait tout juste de se faire confirmer ses droits sur l’entièreté de la seigneurie de Mount Murray le 23 mai 1815.  Appartenant lui-même à un peuple conquis par l’anglais, cela ne l’aura pourtant pas empêché d’avoir profité de ses largesses.  Il aura vécu cinquante-trois ans en seigneur sans en posséder réellement les titres[39]

Dominique Isaïe et Marie Magdeleine viennent à peine d’avoir Catherine, leur dernier enfant, que Marie Madeleine, l’aînée quitte la maison pour se marier en 1816.  Le couple attendra une autre sept ans avant de voir un deuxième enfant se marier.

Si entre 1812 et 1815, les habitants de l’Isle aux Coudres s’étaient opposés à payés trois jours de leurs labeurs pour permettre l’ouverture du chemin des Caps conduisant de la baie Saint-Paul à Saint-Joachim, car ils en faisaient une question de principe puisque la route servirait surtout au commerce du bois de l’écossais Malcom Fraser, en 1820, Dominique Isaïe et les autres habitants de la seigneurie de Murray Bay durent applaudir l’ouverture du chemin qui se rendait dorénavant jusqu’à Saint-Étienne de Murray Bay. 

C’est au cours de cette décennie qui commence que la famille de Dominique Isaïe connaîtra ses plus grands bouleversements.

On ne sait pas précisément à quoi s’adonne Dominique Isaïe comme journalier, mais l’on peut facilement présumer qu’il profite de la manne de l’exploitation forestière dans la région comme bûcheron ou autrement avec le clan familial.  Comme on l’a vu, ses frères et cousins sont tous plus ou moins investis dans cette industrie. 

En 1822, Dominique Isaïe contracte une obligation envers Louis Basile David (1791-1857), marchand et commissaire à la Cour des commissaires[40].  Quelles que fussent les intentions de Dominique Isaïe avec l’argent de cet emprunt contracté devant le nouveau notaire Gauvreau, elles ne nous sont pas parvenues.  Cependant, on note que l’année suivante une transaction entre ses fils dans la concession Saint-Charles de la seigneurie voisine de Murray Bay qui laisse supposer que Dominique Isaïe aurait peut-être aidé ses fils à s’établir.  En effet, au début novembre 1823, Zacharie, afin de s’établir au village de Nairne, vend une terre qu’il possède dans cette concession à son frère Louis Dominique[41].  Douze jours plus tard, Zacharie épouse Catherine McNicoll dans l’église Saint-Étienne[42].

L’année 1824 en sera une charnière pour la famille.  En février, l’aîné Pierre se mari à Marie Tremblay et quitte la paroisse pour l’Isle aux Coudres [43].  Moins d’un mois plus tard, le 9 mars 1824, Dominique Isaïe contracte une nouvelle obligation, mais cette fois-ci on en apprend un peu plus sur ses activités[44].   Le bailleur est Louis Bélair, frère d’Amable (1781-1841) marié à Anne Fraser (1792-1877), fille de feu Malcom, le seigneur.  Comme on l’a vu, c’est à cette époque et depuis quelques années déjà que David, frère de Dominique Isaïe, fait de nombreuses affaires avec la famille Bélair dans le domaine de l’exploitation forestière.  Louis Bélair est marchand, propriétaire du moulin à scie de la concession Saint-Pierre et usager principal du moulin de la rivière à la Loutre que possède son frère Amable avec William Fraser[45].

La concession Saint-Charles de Murray Bay

Dominique Isaïe et Marie Magdeleine quittent définitivement la seigneurie de Mount Murray en 1824.  Le 13 novembre, il obtient une terre de la seigneuresse Christiana Emery (1743-1828) dans la concession Saint-Charles de la seigneurie voisine de Murray Bay où son fils Dominique se défriche une terre[46]Dominique Isaïe laisse au Cap-à-l’Aigle derrière lui ses frères David et Thimothé[47]

La terre qu’il obtient dans la seigneurie de Murray Bay si elle n’est pas celle de son neveu feu Dominique (1789-1824), fils de son frère David, elle est celle voisine de sa veuve Quirille Pulcherie Duchesne (1786-1872).  Faut-il rappeler le décès de son neveu deux mois plus tôt[48].  On ne connaît pas les raisons qui motivent ce départ du Cap-à-l’Aigle outre l’opportunité de mettre la main sur cette terre du neveu.  En revanche, en plus du fait que l’un de ses fils besogne dans ce rang en vue de son mariage, la situation de la veuve et des six orphelins pourrait avoir hâter un départ déjà planifié puisque Dominique Isaïe ne sera pas seul à faire le saut vers l’ouest de la rivière Malbaie dans la seigneurie voisine comme nous le verrons.  

Jusqu’ici, les frères Hervé approvisionnaient en bois principalement Amable Bélair (1781-1841) qui possédait (ou était à bail sur) plusieurs moulins dans la région.  Bélair en menait large dans la seigneurie de Mount Murray depuis qu’il est devenu en 1816 le second époux d’Anne Fraser (1792-1877), fille de feu Malcom Fraser, autrefois seigneur de Mount Murray et de sa maîtresse de Mount Murray, Marie Ducros dite la terreur (1763-1837).  L’héritier de Malcom Fraser qui habitait Québec avait confié le plus clair de la direction de la seigneurie à Bélair.  En 1824, les affaires de Bélair sont au plus mal et il est sur le point d’être éconduit de la seigneurie aussi bien par son commerce que par sa femme Anne Fraser[49] qui vient de déposer une requête devant la Cour du Banc du roi pour une action en séparation de biens[50].  À la fin du printemps 1824, les ruisseaux se transforment en déluge et des moulins sont emportés dont celui de la rivière Mailloux[51].  Cette dernière perte sera l’un des derniers clous dans le cercueil pour les affaires du marchand Amable Bélair qui connaît la déchéance.  Dans cette perspective, il est bien possible que les trois frères Hervé aient envisagé de quitter l’instabilité pressentis des jours à venir dans la seigneurie de Mount Murray.  Dominique Isaïe sera le premier. Son frère David et son demi-frère Thimothé suivront sous peu.

 

Au départ de Dominique Isaïe de Mount Murray en 1824, on dénombre trois cent cinquante terres de trois arpents dans la seigneurie; deux cent vingt d’entre elles sont déjà concédées, mais seulement cent vingt sont habités.  On compte de plus une vingtaine demplacitaires.  C’est dire à quel point cette seigneurie est d’abord et avant tout un territoire de coupes forestières avant d’être un lieu important de colonisation. 

Ils sont six au total sous le nouveau toit de Dominique Isaïe et Marie Magdeleine en 1825 dans la concession Saint-Charles.  Bien qu’on ne puisse l’affirmer avec certitude, outre les parents, Catherine onze ans et François quinze ans y sont sûrement ainsi que probablement Suzanne dix-sept ans et Marie Adelaïde qui en a vingt-trois [52]; les deux dernières si elles ne trouvent pas un époux très bientôt, elles seront placées sous peu comme domestique dans une famille.  Il est d’ailleurs surprenant qu’elles ne le soient pas déjà. 

Décidément, Dominique Isaïe semble prendre l’habitude de marchander ses terres pour subvenir à ses besoins.  C’est ce qu’il fait encore une fois en juin 1826 alors qu’il cède à Jean Baptiste Brassard (1802-1860) une bonne portion de sa terre[53].  Il sera dorénavant emplacitaire sur un lopin de cette terre non vendu.

Que fait-il avec cette nouvelle source de revenus? En novembre son fils Louis Dominique, qui est aussi journalier comme tous ses frères d’ailleurs, épouse Geneviève Duchesne[54].  Il semble qu’à chaque fois où Dominique Isaïe contracte un emprunt ou obtient une somme d’argent par une vente quelconque, un de ses enfants quitte la maison.  Il n’y a donc que deux pas à faire pour conclure qu’il aide ses enfants à s’établir comme son père l’avait fait pour lui.  Lorsque l’épouse de Louis Dominique accouchera de son premier fils l’année suivante, le couple fera honneur à Dominique Isaïe en le choisissant comme parrain[55].

À cinquante-cinq ans, Dominique Isaïe est toujours journalier et emplacitaire.  Il est travailleur de ferme et habite maintenant seul avec sa femme dans sa maison de la concession Saint-Charles en la paroisse de Saint-Étienne de Murray Bay[56].  Tous ses enfants ont maintenant quitté le toit familial.  Ses fils sont mariés et ses trois filles célibataires sont domestiques chez des parents à l’Isle aux Coudres.  Outre un petit jardin, il ne cultive rien et ne possède rien.  S’ils ont à se rendre au village de Murray Bay, c’est son fils Zacharie qui possède un cheval qui pourra les y amener.  Son fils Louis Dominique est son voisin et il n’a quant à lui pour toute fortune qu’une vache, cinq moutons et quatre cochons[57]

Lorsque sa fille Suzanne épouse Jean Baptiste Girard en juillet 1832, Dominique Isaïe ne fait pas la courte traversée pour se rendre à l’île où la cérémonie se déroule[58]Suzanne était à l’île aux Coudres depuis de nombreuses années où elle travaillait comme domestique chez Louis Hervé (1784-1863), un demi-frère de Dominique Isaïe

Marie Magdeleine s’éteint à près de soixante-trois ans le 6 avril 1833.  Si son mariage fut de toute évidence forcé, cela ne l’aura pas empêché d’accoucher de neuf enfants.  Elle et Dominique Isaïe furent mariés trente-six ans.  Le bedeau Mathieu Savard (1778-post.1832), un petit-cousin et son jeune fils Théodule (1824-1895) procèdent à son inhumation deux jours plus tard, dans le cimetière de la paroisse[59].

À l’automne 1834, Geneviève qui avait quitté la maison depuis longtemps épouse Augustin Lorencelle en l’église Saint-Étienne de Murray Bay[60].  Augustin est un journalier qui réside à Saint-André de L’Islet du Portage sur la Côte-du-Sud.  Il est probable que Geneviève ait passé quelque temps à Saint-André, car son frère François y est établi depuis un certain temps.  Lui qui avait d’abord acquis une concession à Sainte-Agnès l’avait rapidement laissé en friche pour aller travailler à Saint-André.  Quatre mois après les épousailles de Geneviève, c’est justement au tour de François de se marier.  Il épouse Angélique Milliard, une fille de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.  Comme on est en hiver, Dominique Isaïe ne traverse pas le fleuve et n’assiste donc pas à la cérémonie; d’ailleurs aucun parent de François n’est présent[61].

Le jour de Noël 1835, Geneviève accouche de son premier enfant.  Le jour même c’est Dominique Isaïe, choisi pour parrain, qui amène Augustin Lorencelle à son baptême[62].  Choisir le grand-père comme parrain d’un premier fils est habituellement la tradition; Dominique Isaïe n’aura vécu ce bonheur que deux fois.  Si cela est une indication de la relation que ses enfants avaient avec lui, notons que quatre de ses enfants auront choisi de ne pas suivre la tradition.

Dominique Isaïe perd son premier fils, Zacharie le 13 janvier 1837 alors qu’il n’était âgé que d’environ trente-quatre ans[63].

Dix ans après la mort de sa femme, Dominique Isaïe n’est déjà plus dans sa maison.  Il loge chez sa fille Suzanne, du moins on le présume puisqu’elle est le seul de ses enfants à accueillir sous son toit un homme de plus de soixante ans[64].  Suzanne, mariée depuis dix ans maintenant, est celle qui avait quitté le nid familial à la fin des années 1820 pour aller travailler dans la famille d’un oncle à l’Isle aux Coudres; elle est de retour dans la seigneurie de Murray Bay depuis sept ans.

Amnésie collective ou besoin de survivre

On se souviendra de l’oncle Charles Demeules (1724-1759) marié à Scolastique Savard, sœur de la mère de Dominique Isaïe.  Il était cet insulaire, héros de la guerre de Conquête, mort scalpé sans vergogne aux mains des Anglais dirigés par le capitaine Joseph Gorham et ses «British Imperial Rangers», à la pointe d’Aulnes sur les rives de baie Saint-Paul le 9 août 1759.  On sait que Malcom Fraser et son régiment avaient participé aux pillages et incendies dans les villages des deux rives du fleuve en 1759.

On présume qu’avec le rôle joué par l’oncle Jean Marc Boulianne (1716-post.1790), dans les événements qui avaient conduit au débarquement des troupes anglaises à Baie-Saint-Paul, le sujet devait être sensible dans la famille.  Dominique Isaïe et ses frères devaient avoir peu entendu parler de la conquête et des actions de Fraser.  Leur père avait dû composer avec la situation et s’être fait une tête quant aux nouveaux maîtres du pays puisque c’est de Malcom Fraser qu’il avait obtenu des terres pour ses fils.  Les trois frères étaient devenus ses censitaires et faisaient des affaires avec l’époux d’Anne Fraser.  Il devait en être de même chez les Demeules, car trois générations plus tard, Célestin Desmeules (1809-1874) devenait le gendre d’Anne Fraser en épousant en 1833, Antoinette Bélair (1817-1847).  Célestin et deux de ses frères seront très près de John Malcom si bien que Jean Marc Desmeules (1820-1894) par exemple, marié à une McLean, obtenait du seigneur John Malcom le bail de la ferme dite de la pointe Fraser ou de la pointe à Gaz pour cinq ans en janvier 1845[65].

Le dernier des Hervé de la lignée de Sébastien Dominique s’éteint

Dominique Isaïe aura survécu dix-huit ans à sa femme.  Il s’éteint «subitement» à son tour à l’âge de soixante-quinze ans le 8 avril 1851.  Il aura vu toute sa fratrie partir puisqu’il est le dernier enfant de Sébastien Dominique et de Geneviève Savard à décéder.  Dominique, comme il fut appelé toute sa vie, est inhumé deux jours plus tard dans le cimetière paroissial de Saint-Étienne de Murray Bay.  Dominique Isaïe avait eu beau avoir connu tous les curés de Saint-Étienne de la Malbaie depuis Joseph Benjamin Keller, le premier, en 1797 jusqu’au septième et tout dernier, Augustin Beaudry, ce sera son vicaire François-Xavier Bégin (1825-1895) qui procéda à la cérémonie funèbre[66].  

Dominique Isaïe Hervé, ses enfants, données généalogiques - 5e génération

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[1] Certaines sources le prénomment Dominique Isaac.  Le registre de son baptême et celui de son mariage mentionnent clairement Dominique Isaïe.  Il sera inhumé sous l’unique prénom de Dominique.  En 1799, il sera parrain d’un enfant que l’on nommera également Dominique Isaïe. 

[2] MASSÉ, Jean-Claude. Malcom Fraser : De soldat écossais à seigneur canadien 1733-1815.  Québec, les éditions Septentrion, 2006, page 135.

[3] PELLETIER, Louis, La seigneurie de Mount Murray : Autour de La Malbaie 1761-1860. Sillery, Septentrion, 2008, pages 50-51.

[4] BAnQ., Almanach de Québec, 26 février 1794, Dominique Hervé.

[5] Après la création du haut et bas Canada en 1791, l’envahisseur partagea sa colonie en districts.  Ainsi, sur les vingt et un districts qu’il créa, seuls six portèrent des noms francophones.  Le district Northumberland comprenait Baie-Saint-Paul, Château-Richer, L’Isle-aux-Coudres, L’Ange-Gardien, Les Éboulements, La Malbaie, Petite-Rivière, Saint-Joachim et Sainte-Anne de Beaupré.

[6] MASSÉ, Jean-Claude. Malcom Fraser : De soldat écossais à seigneur canadien 1733-1815.  Québec, les éditions Septentrion, 2006, page 140.

[7] Musée de Charlevoix, P4, Fonds famille Desmeules.

[8] BAnQ., Rapport de Hugh Finlay, 16 juillet 1791.  Demandes de terres, bobine 4M00-8688A.

[9] BAnQ., Fonds Fraser, P81/1.  Lettre de Malcom Fraser à Henry Caldwell, Murray Bay, 28 avril 1801.

[10] Bien que Dominique Isaïe porte simplement le prénom de Dominique dans la paroisse Saint-Étienne, le texte se référera toujours à Dominique Isaïe afin de clarifier l’identité des individus mentionnés au texte.

[11] B.A.C., G., Fonds Nairne, MG 23 G III 23, volume 1.  Lettre de Malcom Fraser à John Nairne, 12 février 1797.  La prise en charge des travaux avait été confiée à un individu nommé Le Suisse et à Pierre Laberge.  Outre son père qui fut toujours nommé Le Suisse, Louis Marie Boulianne le fut également.  Ils sont les deux seuls de la région à avoir été ainsi surnommé.  Jean Marc Boulianne, le père avait alors quatre-vingt-un ans et demeurait sur la Côte-du-Sud; il est peu probable qu’il fut chargé des travaux. 

[12] MASSÉ, Jean-Claude. Malcom Fraser : De soldat écossais à seigneur canadien 1733-1815.  Québec, les éditions Septentrion, 2006, page 186.

[13] Musée de Charlevoix, P3, Fonds de la seigneurie de Mount Murray, 11 octobre 1802, Avis Jean Antoine Panet, avocat.

[14] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 17 mars 1799.  Naissance de Madeleine Perron, fille d’Antoine, le frère aîné de Marie Madeleine et de Marie Imbault sa belle-sœur.  Procul Gay née Marie Victoire Guay.

[15] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 31 janvier 1799.

[16] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 14 juillet 1799.  Baptême de Dominique Isaïe Perron.

[17] FRENETTE, François Xavier Eugène.  Notes historiques sur la paroisse de St-Etienne de La Malbaie (Charlevoix). Québec, Imprimerie Médéric Parent, 1952, page 18.

[18] BAnQ., Fonds Famille Fraser 1673-1997, Cote : P81, lettre du 28 avril 1801 de Malcom Fraser à Henry Caldwell. Traduction libre.

[19] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 24 juillet 1800.

[20] LALANCETTE, Mario. «Les assemblées révolutionnaires de La Malbaie : Profil des rebelles et des loyaux sujets», Revue d’histoire de Charlevoix, n° 93-94, octobre 2019, page 5. 

[21] Ibid. 12 avril 1801.  Baptême de Marie Atalie Perron.

[22] FRENETTE, François Xavier Eugène. Notes historiques sur la paroisse de St-Etienne de La Malbaie (Charlevoix). Québec, Imprimerie Médéric Parent, 1952, page 18.

[23] Dans les campagnes, propriétaire d’une habitation construite sur un emplacement détaché d’une ferme ou d’une terre, par opposition à cultivateur.  Le terme «emplacitaire» correspond à celui de journalier.  L’emplacitaire ne travaille pas nécessairement aux travaux agricoles, mais vend son temps de travail dans tout autre secteur : construction, navigation, etc.

[24] PELLETIER, Louis. Op. cit., page 85.

[25] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 21 juillet 1802.

[26] Ibid., 2 août 1802.  Baptême de Dominique Tremblay.

[27] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 21 octobre 1803.  Cinq Hervé sont nés dans cette période et deux sont décédés sans que l’on ne sache quand exactement.

[28] À son décès en janvier 1837, il est réputé avoir trente-deux ans révolus. Ceci présume d’une naissance en 1804 ou avant le 16 janvier 1805. Il n’apparaît pas au registre de Saint-Étienne de la Malbaie pour les années 1804, 1805 et 1806. La seule autre possibilité aurait été une inscription du baptême aux Éboulements puisque le curé desservant Saint-Étienne était celui de L’Assomption de la Sainte-Vierge des Éboulements. Le registre de cette paroisse n’est pas plus révélateur pour ces trois mêmes années ce qui nous ramène à la probabilité qu’il soit né en 1803, l’année de l’incendie du presbytère qui brûla le registre.

[29] FRENETTE, F.X.E.  Ibid., page 19, 46, 47.

[30] A.N.Q., GN. Minutier François Sasseville, no 1504, 23 décembre 1805.

[31] BAnQ., Cadastre abrégé de la seigneurie de Mount Murray, appartenant à John Malcom Fraser. Clos le 18 juin 1859, par Siméon Lelièvre, écuyer, commissaire.

[32] A.N.Q., GN. Minutier François Sasseville, no 1503, 23 décembre 1805.

[33] Giacomo Girolamo Casanova (1725-1798), Vénitien surtout connu aujourd’hui en tant qu’aventurier, et comme l’homme qui fit de son nom un synonyme de «séduction».  Il savait user aussi bien de charme que de perfidie pour conquérir les femmes.

[34] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 14 septembre 1806.  Louis Dominique est le premier enfant de la descendance de Sébastien Hervet à porter un prénom composé muni d’un trait d’union.  L’emploi du trait d’union n’avait pas cours auparavant dans l’écriture des prénoms dans les registres religieux de la région.

[35] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 17 juillet 1810.

[36] Ibid., 15 avril 1814.

[37] Musée de Charlevoix, P3, Fonds de la seigneurie de Mount Murray.  Bail de Malcom Fraser à Alexandre McNicoll, Murray Bay, 22 juillet 1805 et bail d’une pêche à Marsouin à Alexandre MacNicol et d’autres, 11 novembre 1805.

[38] SHORT, A. et A.G. Doughty.  Documents relatifs à l’histoire constitutionnelle du Canada, 1759-1791, première partie.  Ottawa, imprimeur du roi, 1921, page 136.

[39] Musée de La Malbaie.  Fonds Desmeules. Lettres patentes de la seigneurie de Mount Murray, 23 mai 1815.

[40] A.N.Q., GN. Minutier Charles Herménégilde Gauvreau, no 40, 2 avril 1822.

[41] A.N.Q., GN. Minutier Charles Herménégilde Gauvreau, no 135, 12 novembre 1823.

[42] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 24 novembre 1823.

[43] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 17 février 1824.

[44] A.N.Q., GN. Minutier Charles Herménégilde Gauvreau, no 206, 9 mars 1824.

[45] PELLETIER, Louis. Op. cit., page 99.

[46] A.N.Q., GN. Minutier Charles Pierre Huot, no 1751, 13 novembre 1824.

[47] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada de 1825, district Northumberland, sous-district Malbaie, microfilm 004569588_00551, page 1994.

[48] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 15 septembre 1824.  Inhumation de Dominique Hervai.

[49] Pelletier, op.cit., page 111.

[50] BAnQ., Cour du Banc du Roi du district de Québec, TL18, S2, SS1, 1960-01-353-453, dossier 585 de l’année 1824, requête d’Anne Fraser, demanderesse, à l’encontre d’Amable Bélair, son époux, défendeur.

[51] Pelletier, op.cit., page 97.

[52] B.A.C., G., Recensement de 1825, district de Northumberland, sous-district Malbaie, microfilm, 004569588_00545, page 1982.    Le recensement a eu lieu entre le 20 juin et le 20 septembre 1825.

[53] A.N.Q., GN. Minutier Charles Herménégilde Gauvreau, 28 juin et 9 août 1826.  Vente et quittance.

[54] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 28 novembre 1826.

[55] Ibid., 6 octobre 1827. Baptême d’Augustin Hervai.

[56] FRÉCHETTE, Édouard-R. Subdivisions du Bas-Canada en paroisses et townships, en réponse à l’adresse à l’Assemblée Législative de 1853.  Québec, Imprimerie E. R. Fréchette, 1853, pages 49 et 63.

[57] B.A.C., G., Recensement de 1831, district du Saguenay, sous-district des Éboulements (Sic), concession Saint-Charles, microfilms 004569577_00221 et 004569577_00222, page 650. 

[58] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-l’Isle-aux-Coudres, 3 juillet 1832.

[59] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 8 avril 1833.

[60] Ibid., 27 octobre 1834.

[61] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne de la Pocatière, 2 mars 1835.

[62] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 24 décembre 1835.

[63] Ibid., 16 janvier 1837.

[64] B.A.C., G., Recensement de 1842, district du Saguenay, sous-district des Éboulements, microfilms 004569589_00228 et 004569589_00229. 

[65] Pelletier, op.cit., pages 142, 148, 213-214, 237, 246 et 291.

[66] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 10 avril 1851.