Didier Harvé

6.6.11.3.05 Louis Didier Harvé (1840-1871), 6e génération   

Didier Harvé, un enfant de la sixième génération, ne mettra jamais les pieds aux États-Unis.  Cependant, sa veuve, Denyse Tremblai ainsi que ses fils seront parmi les premiers Harvey à s’expatrier à Lowell, une ville cotonnière du Massachusetts.       « Denyse Tremblai, veuve Didier Harvé », quittera donc l’Isle aux Coudres en 1885, quatorze ans après le décès de son mari, pour aller travailler dans une usine de coton.  Elle et ses deux fils feront au moins un aller-retour entre la terre promise et celle qui les avait vu grandir.  Si Denyse et l’un de ses fils reviendront au pays, elle une fois décédée et lui après le tournant du siècle, l’autre fils sera naturalisé américain et ne reviendra jamais.  L’époux de Denyse, Didier Harvé, était le fils de Germain Hervé (1808-1902) à Joseph Hervé (1782-1867) chez Dominique Hervé (1736-1812).

Didier Harvé avant les États

Louis Didier est né le 20 janvier 1840.  Le choix du prénom de l’enfant n’est pas anodin, il est celui de son oncle, le frère cadet de Germain (1808-1902) son père, celui en qui la famille a placé tant d’espoir et qui est parti étudier la médecine sur la Côte-du-Sud.  Un cousin de son père est choisi comme parrain, Maxime Hervai (1822-1892).  Maxime est l’un des fils du grand-oncle Louis Hervé (1784-1863), le voisin de la ferme familiale d’une certaine Denyse que nous rencontrerons au prochain paragraphe.  Marie Arsène Dufour, la sage-femme du Cap à Labranche celle qui, deux ans auparavant, a agi comme marraine pour Marie Marthe (1838-1917), la sœur de Louis Didier Harvé, occupe une nouvelle fois cette fonction au baptême qui a lieu le lendemain.  Le père est absent de la cérémonie.  Cette absence est inhabituelle pour la naissance d’un garçon, mais pas dans le cas des hommes de l’Isle qui travaillent très souvent à l’extérieur pendant que leur ferme est endormie.  Bien que l’un de ses frères et plusieurs de ses cousins, Harvé comme Tremblay, défrichent le Saguenay à l’époque, dans le cas de Germain on présume qu’il occupe ses hivers en travaillant sur la Côte-du-Sud.  

Denyse Tremblai (1837-1898), une femme de courage[1]

Un dimanche de février de l’an de grâce mille huit cent trente-sept, naissait une jeune fille qui allait devenir, avec le temps et son expérience de vie, une femme de courage.  Elle est baptisée le 26, jour de sa naissance.  Son parrain est l’instituteur-cultivateur Pierre Didace Mailloux (1791-1877), l’un de ses oncles, alors qu’Arsène Perron (1814-1882), une cousine, est sa marraine[2].

Denyse Tremblai, comme l’écrivit dans son registre Joseph Asselin douzième curé de l’Isle aux Coudres, naissait d’un couple de cultivateurs bien réseauté à l’île, Abraham Tremblai et Basilisse Perron.  Les Tremblay avaient été l’une des premières familles à s’y établir vers 1720 et Basilisse (1795-1875) était la fille du capitaine de milice de la place, marié à Charlotte Hervé (1751-1822).  Abraham, le père de Denyse, était parmi les premiers de sa génération à savoir écrire, un avantage dont tirera profit Denyse plus tard.  Le père de Denyse est de toutes les cérémonies religieuses, témoins à de nombreux mariages et choisis comme parrain plus souvent qu’à son tour.  Il était évidemment estimé de son entourage.

Denyse écoulera son enfance comme la plupart des jeunes filles de son âge à l’Isle, en jouant un peu et en travaillant beaucoup.  Née en fin de peloton d’une famille nombreuse, elle épaulera sa mère dans les travaux de la maison et du jardin et comme le reste des membres de sa famille, elle travaillera également au champ lors des fenaisons.

Comme tous les adolescents de l’époque, Denyse prendra lentement sa place dans sa petite société.  Quoi de mieux pour être reconnue et vue que d’agir comme marraine d’un nouveau-né?   Elle assumera ce rôle à quelques reprises, entre autres en 1857 pour un enfant du forgeron où le frère de son futur amour est apprenti.

Puis un jour, il le fallait bien, elle rencontra l’amour.  Cet amour se nomme Louis Didier Harvé aussi natif de l’Isle, un parent de tous les côtés en quelque sorte, comme à peu près tout le monde à l’Isle à l’époque.  La mère de Denyse est la petite-fille du premier Hervé à s’être établie sur l’île en 1722.  De plus, cet ancêtre, Sébastien Hervé (1695-1759) était l’époux de Rosalie Tremblay.  Or, le père de Denyse est le petit-fils de François Xavier Tremblay, le frère de Rosalie.  Cet amour ne fut pas soudain.  Denyse et Didier s’étant côtoyés toute leur enfance puisqu’il n’y avait que la ferme du grand-oncle de Didier, Louis Hervé, qui séparait celle du père de Denyse et celle du père et grand-père de Didier au pied du Cap à Labranche, le premier secteur qui fut développé à l’Isle du côté ouest, soit le «bout d’en haut».

Au temps des amourettes de Denyse et Didier, lors du passage du recenseur en janvier 1861, la ferme familiale où a toujours habité Denyse est maintenant celle de son frère aîné Télesphore, de sa femme et de ses enfants; ses parents y habitent également.  Il est donc grand temps qu’elle parte elle aussi pour laisser la place aux onze autres membres de la famille.  Denyse a mis à profit les enseignements de son père puisqu’elle est devenue institutrice depuis plus de cinq ans[3].  L’histoire ne dit pas si c’est Denyse qui a appris à Didier à écrire puisque l’on retrouve des signatures de ce dernier dès 1856.  Didier, pour sa part, a déjà quitté la ferme familiale; il habite et travaille chez Magdeleine Desbiens (1813-1907), sa cousine, la fille de l’oncle Vital (1791-1861), frère de sa mère.  Magdeleine est mariée à un important cultivateur, Joseph Gagnon (1802-1868)[4] de La Baleine, le secteur sud de l’île. 

Étant le second garçon de la famille, Didier savait bien que son frère aîné serait celui qui hériterait de la terre familiale comme le voulait la tradition.  Son père et son grand-père toujours vivants préparent d’ailleurs l’aîné qui a vingt-six ans à cette fin depuis longtemps.  Didier est le premier et le seul des treize enfants à avoir quitté le nid familial où quatorze personnes s’entassent toujours. 

Bien qu’il réside à La Baleine, la distance qui n’est jamais grande à l’Isle, n’empêche pas Didier de courtiser Denyse.  Il n’est pas certain que ce fut Didier qui fit les premiers pas en cette fin d’été 1861.  Ce fut peut-être l’inverse puisque sa dulcinée Denyse a vingt-quatre ans, lorsqu’elle jette son dévolu sur le jeune Louis Didier, qui n’en a que vingt et un. 

C’est donc au cours de 1861 que Denyse met le grappin sur son homme puisque le 14 janvier 1862, à près de vingt-cinq ans, elle épouse Louis Didier qui a près de vingt-deux ans.  Le curé identifie l’épouse par le prénom de Marie Denise, elle qui pourtant a été baptisée Denyse et qui n’a jamais eu de Marie rodant autour de son prénom; j’imagine qu’il était indispensable, dans l’esprit du curé, de porter aussi le prénom de Marie comme le voulait sa coutume[5].  Pour ce qui est de Didier, il est le frère de mon arrière-grand-père Joseph(1842-1887); tous deux font exception dans ma lignée des Harvey, car ils sont les seuls, parmi ceux qui ont survécu à l’enfance, à mourir avant d’avoir atteint les cinquante ans, tous les autres ayant vécu bien au-delà de la soixantaine, voir même près de la centaine.

Mais revenons au printemps 1862, l’époque des épousailles de Denyse et Didier, alors que le couple s’installe dans la maison sur la terre familiale du père et grand-père de Didier.  Le grand-père qui y habite vient de perdre sa deuxième épouse au début mars et l’arrivée des tourtereaux est pour lui une bouffée d’air frais. 

Didier reprend le travail sur la ferme de son grand-père et de son père sans délaisser pour autant la nécessité de prévoir la relève : Denyse accouche d’un premier enfant le 13 novembre de la même année dans des conditions que l’on peut deviner difficiles puisque la petite Marie Marthe Harvay est ondoyée à la maison par la sage-femme Dallaire.  Elle est baptisée le lendemain.  Le couple choisira l’arrière-grand-père paternel de l’enfant comme parrain, Joseph Hervé.  La marraine est Marie Demerise Dufour (1848-1873), une cousine par alliance[6].

Vingt mois après avoir accouché d’un premier enfant, dans les chaleurs de l’été, Denyse donne un premier fils à Didier.  Le 21 juillet 1864 naît Joseph dit Joseph Cléosphas.  Un frère de Denyse, Alexis (1832-1900) et Hélène Martine Desgagnés (1836-1889), l’épouse du frère aîné de Didier se partage les devoirs de parrain et marraine de l’enfant[7].

Didier continue de travailler à la ferme pendant que Denyse épaule les autres femmes de la maison familiale.  Il n’y a pas moins que dix-huit bouches à nourrir dans cette maison. 

En 1866, la maladie s’invite à l’Isle et plus particulièrement dans la famille.  Les fièvres typhoïdes qui font leur apparition emportent la fille aînée de Paul (1835-1902), le frère de Didier.

À l’automne de 1866 naît celle qui deviendra sous peu l’aînée de la famille.  Denyse accouche d’une deuxième fille Marie Éléonore le 26 octobre.  C’est un lointain cousin de l’enfant Elzéar Tremblay qui lui sert de parrain alors que sa tante, Denise Harvé (1833-1898) agit comme marraine au baptême[8]Marie Éléonore Harvay sera prénommée Olivine tout au cours de sa vie[9].

Le 6 avril de l’année suivante, Didier met en terre son petit Joseph dit Joseph Cléosphas âgé de deux ans et neuf mois.  L’enfant n’a pas encore trois ans lorsqu’il est emporté, deux jours plus tôt, comme tant d’autres jeunes enfants à l’époque sur une île où l’on ne peut compter sur aucun médecin et où les glaces du grand fleuve empêchent encore d’aller quérir de l’aide sur la terre ferme.  Le couple vient de perdre leur unique garçon avec toute l’importance que l’on réserve encore à l’époque à un descendant mâle.  C’est bien Didier qui a la lourde tâche de reconduire le petit pour sa mise en terre puisqu’à l’époque, les femmes n’assistent pas aux inhumations; ce triste rôle est réservé aux chefs de famille.  C’est donc entouré de ses frères, de ses beaux-frères et du parrain de l’enfant qu’il enterre son fils.  Dans son cas, Didier est de plus entouré de son père et son grand-père[10]Denyse quant à elle, entourée de ses deux enfants restants et de la parenté, est demeurée à la maison.  Ce sont ses sœurs et belles-sœurs voisines qui se chargeront des tâches journalières et de la maisonnée durant les jours pénibles.  Un mois auparavant, le fils de Marie Justine (1831-1922), la sœur aînée de Didier, avait également été emporté par les fièvres typhoïdes, du moins on le présume. 

L’arrière-grand-père Joseph (1782-1897), habitant sous le même toit, qui s’était sans aucun doute attaché à cette progéniture qu’il voit mourir, les suit dans l’au-delà moins d’un mois plus tard.  1867 avait beau être la naissance du Canada, elle signifiait bien peu de choses agréables pour cette famille d’une petite île sur le grand fleuve qui perdait ses enfants. 

La mort d’un enfant, bien que triste, était coutumière dans ce pays d’insulaires.  Le couple ne se découragera pas pour autant puisque Denyse est enceinte à nouveau dès le printemps suivant. 

La maladie court toujours autour de la maisonnée.  Marie Phébé (1847-1902), une sœur de Didier, perd un enfant en juillet 1868.  Alors que Denyse est enceinte de plus de huit mois, le 16 décembre 1868, le couple perd leur aînée, Marie Marthe qui s’éteint à l’âge de six ans, elle aussi emportée par les fièvres qui sévissent à l’Isle et dans la famille[11]

C’est dans la tristesse ambiante que naîtra Joseph Théophane, neuf jours après, le 25 décembre.    Germain (1849-1925), le frère de Didier agit comme parrain alors que Marie Antoinette, la sœur de Denyse est choisie comme marraine[12]

Après que Marie Marthe (1838-1917), une autre sœur de Didier, eut perdu également un enfant à l’été 1869, c’en est assez pour les épouses de la famille qui s’inquiètent de leur progéniture, car on est tellement entassé dans cette maison.  Serait-ce l’eau du puits? On n’en sait rien puisqu’on ne connaît pas le mal qui sévit.  Quoi qu’il en soit, au cours de cet été, avec l’aide de tous, Louis Didier et Paul construisent deux petites maisons sur la terre du père qui se fait plus petite avec les subdivisions qu’engendrent les enfants.  Il y a maintenant trois maisons dont l’une est celle de Didier et de sa famille[13].  Avec l’arrivée de la nouvelle année, il en est fini de la maladie à l’Isle.  La vie reprend son cours normal, mais pas pour bien longtemps, car un autre type de calamité guettait les insulaires.

Les années s’écoulent et tout l’univers de Denyse est sur le point de s’effondrer. 

Vingt-sept mois plus tard, Denyse accouche d’un autre garçon le 30 mars 1871.  Louis Dominique Harvay a pour parrain le navigateur Paul Leclerc, un cousin de Louis Didier et pour marraine Marie Caroline Harvay (1852-1935), sa sœur[14].  C’est surtout cet enfant qui assurera la descendance de Denyse et Didier.

Tout au début d’avril 1871, Louis Didier est qualifié de cultivateur lors du passage du recenseur.  Sur la terre familiale, il y a toujours trois habitations distinctes maintenant habitées par trois familles.  Celle de Denyse et Didier, celle de son frère Paul Harvé et celle de son père abritant le reste de la famille.  En ce début d’avril, tous semblent travailler sur la ferme familiale du père, Germain Hervé et de son épouse qui ont encore sept enfants non mariés à la maison.  Les plus âgés partiront bientôt pour le bord de l’eau à Montréal afin de débarder tout l’été, à l’exception de Germain Harvay qui est apprenti forgeron auprès de son frère Joseph (1842-1887).  Malgré les décès récents et les filles qui ont quitté la demeure, les naissances ont compensé et il y a toujours, sur la terre, dix-huit personnes réparties dans trois maisons.

Trop jeune pour partir

Le 15 avril 1871, Denyse perd son mari.  À trente et un ans, Louis Didier Harvé qui avait été le premier de sa famille à quitter le nid familial est aujourd’hui le premier à partir pour l’au-delà[15].  La cause de son décès ne nous est pas révélée par les registres civils ou religieux, ni même par la tradition orale familiale.  Considérant que l’on meurt très vieux dans la famille, pouvait-il s’agit d’un accident? Outre sa femme Denyse, il laisse derrière lui trois orphelins de père, Marie Éléonore dite Olivine, quatre ans, Joseph Théophane dit Joseph, deux ans et Louis Dominique seize jours.  Il ne se sera passé que quatorze jours entre le bonheur d’accoucher d’un enfant et celui de voir ce dernier devenir un orphelin, les deux événements se suivants dans le registre du curé.  Denyse qui n’est pas encore relevée de son accouchement devra porter sa famille à bout de bras. 

Le couple formé de Denyse et Didier aura tout de même eu cinq enfants en dix ans bien qu’ils perdissent les deux premiers en bas âge à cause de la maladie sévissant à l’Isle pendant quatre ans.

Après s’être rétablie du décès de son époux et de son accouchement, de quoi Denyse a-t-elle vécu avec ses trois enfants à l’Isle par la suite? a-t-elle continué à enseigner?   L’histoire ne nous apprend pas les lendemains difficiles de ses veuves, femmes d’agriculteurs.  Veuves comme veufs avec des enfants, le premier objectif de ces derniers était généralement de trouver un mariage de convenance permettant à chacun de survivre, car il s’agissait bien de survie.  On sait que dans le cas de Denyse, elle ne retrouva pas un second époux.  Elle avait à tout le moins l’avantage d’un métier, celui d’institutrice, ce dont bien peu de femmes de l’époque pouvaient se prévaloir.  De plus, elle pouvait compter sur deux grandes familles pour l’aider un certain temps. 

Dix ans plus tard, la famille de Louis Didier réside toujours sur la terre du patriarche Germain Hervé dont le patronyme avait, à l’île, maintenant pris sa forme définitive de Harvey après être passé par Hervé, Harvé et Harvay.  Par contre, Denyse n’habite plus sa maison.  De fait, les maisons bâties par son époux décédé et par son frère Paul Harvé ont disparu de la terre familiale.  Elle et ses enfants sont maintenant tous sous le même toit, celui de Germain Hervé le patriarche.  Qu’est-il arrivé de la maison de Denyse? Un incendie qui aurait détruit sa maison et celle de son beau-frère? Des dommages assez considérables qu’aurait causés le tremblement de terre de 1870 qui aurait forcé, au bout d’un certain temps, les familles à se reloger tous ensemble? Le décès de Louis Didier pourrait-il être relié à une tragédie? Autant de questions qui demeurent sans réponses pour le moment. Au total, ils y sont quatre familles totalisant vingt personnes sous ce toit unique y compris le beau-frère Germain Harvay, nouveau marié, sa femme et leur nouveau-né.  Il faut dire qu’à l’Isle on s’habitue depuis plus d’une quarantaine d’années à voir les maisons pleines en hiver alors que tôt au printemps le gros des hommes part pour le port de Montréal, le bord de l’eau, où ils y seront pour un bon huit mois.  L’âge de Germain Hervé et d’Archange ainsi que le décès de Didier pourraient aussi être des facteurs qui auraient contribué à ramener tout le monde sous un même toit.  Mais alors, pourquoi avoir démoli les deux autres maisons[16] ?

Le 30 janvier 1883, Denyse voit Marie Éléonore dite Olivine, l’aînée de la famille qui a dix-sept ans quitte le toit où elle habite pour se marier à Alphonse Castonguay qui a vingt-huit ans.  Alphonse est l’aîné de sa famille et le couple s’installe donc sur la terre des beaux-parents d’Olivine à l’Isle aux Coudres.  En 1895 Marie Éléonore dite Olivine, après avoir donné naissance à six enfants à l’Isle, quittera son île avec sa famille, ses oncles Ferdinand (1845-1928) et Marcel (1854-1931) et s’établira à Saint-Félicien, aux limites de Saint-Prime.  Son mari, ses enfants et elles s’y défricheront une terre.  Olivine y aura encore six autres enfants.  Bien qu’elle décédera à Saint-Eugène du canton Antoine sur les bords de la Rivière-aux-Rats au Lac-Saint-Jean en 1933, alors qu’elle vivait chez l’un de ses fils, elle sera inhumée où elle avait fait sa vie à Saint-Félicien[17].


Pendant ce temps, la famille de Germain Harvay, le beau-frère de Denyse, s’élargit, car ce dernier n’en finit plus de faire des enfants.  Sa belle-sœur accouche en mai 1885 d’un autre enfant, son quatrième.  En 1885, les événements se précipitent donc pour Denyse, tout le monde le sait dans la famille, la terre familiale n’arrive plus faire vivre tout ce beau monde.  Le départ de plusieurs à l’Isle vers la manufacture de coton de Lowell au Massachusetts, où dit-on, les gages sont bons, inciteront Denyse à prendre un nouveau départ.

Le rêve américain comme planche de salut

Elle qui savoure tous les journaux sur lesquelles elle peut mettre la main et qui sert d’institutrice à tout le clan de Tremblay et de Harvey du Cap à Labranche, n’a pas été sans remarquer que, de l’autre côté de la frontière, se développe un petit Canada à Lowell au Massachusetts.  Les publicités de recrutement de travailleurs remplissent les pages des journaux de l’époque.  Lowell est un point d’attraction pour les Québécois de l’époque qui n’avaient pas de terre, puisque le travail n’y manquait pas et que les compagnies y fournissaient le logement.  De grandes manufactures de cotons ont attiré plus d’un Tremblay et d’un Harvey de l’Isle aux Coudres dans cette région.  Certains y sont demeurés d’autres n’ont fait qu’y passé pour le travail et son revenu.  Certains y sont même allés deux ou trois fois puisque les possibilités d’emploi ont changé en raison de l’économie américaine à deux ou trois reprises entre 1840 et 1900.  Dans le réseau familial de Denyse, c’est le cas de plusieurs.  Léon Tremblay (1811-1899) est parti y vivre avec sa famille où il décédera en 1899, alors que sa femme et certains de ses enfants reviendront à l’Isle après sa mort.  D’autres choisiront de faire leur vie à Lowell.  

Plus que tout autre, c’est probablement la famille de Jean Baptiste Tremblay (1830-post.1889) et Marie Délina Desbiens (1830-1875) qui favorisèrent le départ de Denyse et sa famille à l’automne 1885.  Le couple a vécu à Lowell à différentes périodes de leur vie; Jean Baptiste est retourné y vivre après le décès de sa femme et certains de leurs enfants, dont Jean Baptiste fils et Vitaline, y travaillent et feront la navette entre l’Isle et la manufacture de Lowell régulièrement[18].  Délina Desbiens est la fille de Vital (1791-1861) et de Magdeleine Hervé (1794-1882), la grande tante de Louis Didier alors que Jean Baptiste est le frère de Boniface (1835-1902) marié à Justine Harvé (1831-1922) la belle-sœur de Denyse, l’aînée de la famille.    

Denyse voit là sa planche de salut et répond à une des offres d’embauches des journaux.  Ses deux garçons ont maintenant quatorze et dix-sept ans, en âge de travailler dans un moulin de coton et, comme on l’a vue, la terre du patriarche qui l’héberge depuis le décès de son époux depuis quinze ans ne peut leur offrir de possibilités d’emploi.  Denyse prend donc la décision d’amener sa famille à Lowell pour y travailler dans une manufacture de coton.  Le 11 octobre 1885, avec seulement quelques valises et ses hardes comme toute fortune, elle quitte son île pour la première fois avec ses deux garçons et chacun leur baluchon sur une des nombreuses goélettes de l’Isle pour se rendre à Lévis où ils prendront le train le lendemain matin[19].

Peut-être que Denyse était du même voyage que d’autres insulaires comme des Bouchard et des Bergeron qui eux aussi tentaient l’aventure américaine dans les usines de Lowell à la même période; ces autres insulaires faisaient des allers-retours réguliers pour aller gagner leur vie dans les usines à coton.   Pamphile Harvay (1863-1901) à Jude (1837-1912) à Joseph (1809-1869) chez Louis Hervé (1784-1863) était aussi l’un de ceux-là.  Sa femme accouchera justement d’un enfant à Lowell, Delima, en janvier 1887.  Après avoir goûté à un travail régulier dans les moulins de Lowell, il s’y installera avec sa famille, probablement au début de 1886; ils y vivront deux ans.  

Dès son arrivée à Lowell, après avoir passé les formalités de l’immigration américaine le 12 octobre, elle se rend au bureau d’embauche de la Boott & Massachusetts Cotton Mills qui lui fournit emploi et logement.  Elle sera ouvrière sur les machines à coton tout le reste de sa vie.  La veuve Denyse Harvey (Tremblay) sera logée dans la maison numéro 104 de la Boott & Massachusetts Cotton Mills sur la rue Prince.  Elle semble être demeurée à cette même adresse pendant cinq ans.  Ses deux fils Joseph et Dominique sont également embauchés comme maçon, mais ils sont logés en pension dans un bâtiment différent, le numéro 112 de la rue Prince, qui semble être réservé aux jeunes célibataires[20]

Heureusement que Denyse avait décidé de quitter l’Isle aux Coudres en 1885, car le conseil de fabrique prit la décision le 1er janvier 1887 de cesser de payer le quart des écoles et d’autoriser le curé à terminer de payer la nouvelle église avec les argents ainsi épargnés.  Lorsqu’elle apprit la chose certaine, l’ancienne maîtresse d’école devait, en son for intérieur, le seul endroit où de telles réflexions étaient possibles, trouver que l’on négligeait le savoir des enfants au profit de l’architecture religieuse[21].

En 1890, les difficultés s’accumulent pour Denyse et ses deux garçons.  La production à l’usine de coton diminue et ils sont mis à pied.  Sans emploi et donc sans le logement fourni par la compagnie, la petite famille se voit dans l’obligation de revenir au Québec.  Elle qui pour cinq ans avait vécu l’indépendance d’un revenu, aussi maigre était-il et d’un logement qu’elle n’avait pas à partager avec une autre famille devait retourner quémander un gîte chez les siens. 

Denyse et ses garçons s’installent à nouveau à l’Isle aux Coudres, mais ne peuvent revenir dans la maison qu’ils occupaient chez les Harvey.  Depuis leur départ, l’habitation de la terre de son beau-père abrite maintenant trois familles qui ont grandi, outre le patriarche devenu veuf, il y a celle de Paul, celle de Ferdinand et celle d’Hercule (1856-1924).  Ce dernier vient tout juste de commencer la construction de sa propre maison.  En tout, sous les deux toits ont peu maintenant compté vingt-deux personnes[22].  Cette fois-ci, c’est chez Télesphore Tremblay, l’aîné de la famille de Denyse, lequel a hérité de la ferme familiale, qu’elle ira habiter.  Comme rien n’est jamais simple dans ces grandes familles, c’est le plus vieux des fils de Télesphore qui exploite la ferme familiale et y réside également avec sa famille puisque son père a déjà soixante-seize ans.  Télesphore et sa femme Antoinette Perron hébergeaient déjà neuf personnes.  Il y aura dorénavant quatorze bouches à nourrir[23]

Le retour forcé de Denyse s’agrémente toutefois des retrouvailles avec sa fille aînée Marie Éléonore dite Olivine Harvay qui a maintenant vingt-trois ans, et ses trois petits-fils, dont deux qu’elle n’avait pas vu naître.

Dès son retour, Denyse est à nouveau sollicitée comme marraine d’un enfant de l’une de ses nièces à la fin septembre 1890[24].  Elle qui enseignait avant son départ s’était très souvent prêtée à ce rôle important dans cette petite communauté très pratiquante.  Ses deux garçons travaillent à la ferme de son neveu.  Quelques jours plus tard au début d’octobre, c’est Dominique, le plus jeune des fils de Denyse qui agit comme parrain pour l’enfant d’une autre nièce de cette dernière[25].  Il rejouera ce même rôle en avril 1891, lors du baptême de Joseph Wilfred Harvey, l’un des fils de son oncle Hercule[26].

Dès le printemps 1891, le fils aîné Joseph qui ne semble pas se faire au travail sur la ferme repart s’installer à Lowell où il réussit à se faire réembaucher comme maçon auprès de la Merrimack et retrouve une chambre au bâtiment numéro 112 sur la rue Prince, celui réservé aux jeunes célibataires[27].  Peut-être aussi était-il simplement venu passer l’hiver à l’Isle où il aura été recensé en avril 1891 avant de repartir. 

Denyse et Dominique ne feront pas long feu à l’Isle puisque dès 1893, la famille est à nouveau réunie à Lowell et Denyse, dite veuve Didier Harvey et ses deux garçons se retrouvent sous le même toit dans le bâtiment numéro 201 de la rue Market.  Dire sous le même toit est un peu un euphémisme, car Denyse demeure dans une partie de l’immense bâtiment alors que ses deux garçons sont logés dans la partie des jeunes hommes en pension.  Joseph est maintenant ramoneur alors que Dominique est toujours employé comme maçon[28].


Le cadet de Denyse, Louis Dominique, dit Dominique aux États-Unis, épouse Amanda L’Heureux le 13 novembre 1893 à Lowell[29].  Il ne porta que le prénom de Dominique pendant tout le temps qu’il demeura aux États-Unis.  Amanda L’Heureux est née en 1870[30].  Elle est la fille de Cyrille L’Heureux et d’Éléonore Trottier, un couple d’expatriés de Saint-François-Xavier de Batiscan où ils ont eu dix enfants avant de «partir pour les États», la stratégie de survie de tant de jeunes de la province à l’époque[31].  Amanda a vingt-trois ans lorsqu’elle épouse Dominique.  Ils n’ont que quelques mois de différence.  Le couple part s’installer à deux rues de chez Denyse, dans une maison de chambre au 411 de la rue Moody.  Joseph son frère aîné suit le couple et part s’installer à la même adresse. 

En septembre 1894, Denyse est heureuse : elle est grand-mère.  L’épouse de Dominique accouche d’une petite fille qui sera prénommée comme sa tante, l’aînée de Denyse Marie Éléonore[32]Denyse ne reverra jamais Éléonore son aînée qui vit maintenant à Saint-Félicien puisque ni l’une ni l’autre n’ont jamais traversé la frontière après le retour de Denyse aux États-Unis.  Par contre, comme toute la famille de Denyse sait lire et écrire, on peut s’imaginer que tous deux correspondent abondamment.

L’année suivante, les deux fils de Denyse demeurent toujours au même endroit.  Joseph est maintenant monteur de tuyaux à vapeur à la compagnie, alors que Dominique pratique toujours le même métier de maçon[33]

En 1896, les deux frères qui exercent toujours les mêmes métiers déménagent à nouveau, cette fois à quelques portes de l’ancienne maison de chambres soit au 461 de la même rue Moody.  L’épouse de Dominique a accouché d’un garçon, Joseph Cyrelle Dominique[34], et la place manquait au 411.  Comme les parents d’Amanda L’Heureux semblent repartis au Québec, on peut penser que Denyse entoure sa bru et son petit-fils d’attentions.  D’ailleurs, l’enfant ne survivra pas très longtemps.  Il sera déjà décédé à la naissance du prochain enfant en 1898. 

Denyse demeure toujours au même endroit, mais à partir de maintenant, c’est chaque année qu’elle et ses enfants déménageront[35]

Dominique et sa famille ainsi que Joseph changent encore une fois d’adresse en 1897, mais ils sont toujours ensemble et pratiquent toujours les mêmes métiers.  Leur mère Denyse les a rejoints à nouveau, cette fois-ci à quelques rues au 14 de la rue Willie[36].


Le complexe industriel où Denyse vit et travaille est immense.  Cette insulaire sortie pour la première fois de sa petite communauté de sept cents habitants aux paysages bucoliques se retrouve dans la poussière du coton entourée de milliers de personnes.  Les bruits ne sont plus ceux des goélands s’ébattant, mais plutôt le fracas de la grande chute artificielle qui sert aux moulins à coton et de leurs machines. 

Lorsque l’on examine le bottin des résidents de la ville de Lowell, on remarque immédiatement la grande quantité de noms francophones qui se retrouve parmi les employés de la compagnie de coton.  On peut penser qu’outre le travail à la manufacture où les contremaîtres sont anglais, la vie dans les maisons de chambres devait se passer un peu en français puisqu’il a plus de vingt-quatre mille Canadiens français à Lowell à cette époque[37].

En 1898, Denyse, son plus vieux Joseph, Dominique et sa famille emménagent au 524 de la rue Merrimack[38].  Le 15 septembre, Amanda l’Heureux l’épouse de Dominique, donne naissance à un autre garçon, Joseph Horah Cyrelle[39].

Deux jours plus tard, Denyse Tremblay meurt à l’âge de soixante ans.  Le registre des décès de la municipalité de Lowell mentionne qu’elle était maintenant bonne à la compagnie, mais cela n’aura pas empêché la poussière du coton de faire son œuvre.  Elle s’éteint d’une insuffisance cardiaque en raison d’une bronchite[40]

Joseph, son fils aîné, rapporte la dépouille de sa mère à l’île pour qu’elle soit enterrée dans le sol qui l’avait vu naître soixante et un ans plus tôt.  Le 21 septembre, elle est inhumée dans le cimetière de Saint-Louis de l’Isle aux Coudres où elle pourra ainsi contempler le fleuve pour l’éternité[41].

Le plus vieux des garçons de Denyse, Joseph, épousera Marie Bertha Brunelle, originaire de Saint-Norbert près de Berthier le 10 juillet 1905 à Lowell où il finira sa vie comme Américain en 1958[42].  La famille nombreuse de sa femme avait émigré au complet dans la région de Lowell à la fin du siècle précédent.

Retour au pays

Dominique quant à lui reviendra probablement au Québec vers la fin de 1901 puisqu’il n’est plus aux États-Unis en 1902 et n’y apparaît plus par la suite.  Dans leurs bagages, Dominique et Amanda ramènent avec eux quatre petits Harvey américains, Eleonore (1894-1915), Horah dit Horace (1898-1902), William dit Willy (1899-1929) et Marie Jeanne (1901-post.1949).

Dominique Harvay, après avoir vécu plus de quinze ans à Lowell au Massachusetts, choisit de s’établir au lac Saint-Jean pour y voir ses enfants grandir.  Sa sœur aînée, Marie Éléonore dite Olivine, qui vit à Saint-Félicien, l’accueil d’abord chez elle; du moins elle accueille Amanda L’Heureux qui est enceinte, car Dominique travaille comme journalier à Roberval. 

Le couple s’installe rapidement à Roberval.  Dominique et Amanda y sont déjà au printemps 1902 lorsque décède l’un de leur fils en mai[43].  Il vient rejoindre ses deux oncles Ferdinand et Marcel Harvay.  Ces deux frères de Louis Didier, l’époux de Denyse, étaient partis se trouver un emploi à l’année dans la région de Roberval vers le milieu des années 1890, bien après le départ de Denyse pour les États-Unis.  Dominique et Amanda qui eurent cinq enfants à Lowell en auront six autres au lac Saint-Jean. 

C’est  un cousin, Louis Bouchard et sa femme, demeurant à Roberval, qui seront parrain et marraine de l’enfant lors du baptême du premier enfant québécois du couple, Joseph Louis Arthur Dominique, en mars 1903[44]

 

Journalier comme ses deux oncles, à la fin de l’été 1904, Dominique choisit Marie Archange (1888-1960), la fille de son oncle Ferdinand, comme marraine de son deuxième enfant né au lac[45]. 

Ils emménageront plus tard sur la rue Arthur à Roberval, ce qui leur permettra d’admirer le lac Saint-Jean de leur perron, une vue beaucoup plus agréable que celle des manufactures à coton de Lowell[46].  Malgré tout, Dominique n’aura pas perdu ses habitudes de déménager fréquemment comme à Lowell puisqu’après la guerre on le retrouve toujours à Roberval, mais demeurant cette fois sur la rue Paradis[47].  Amanda L’Heureux décède le 28 septembre 1939.  Dominique ne la laisse pas partir seule, il décède à son tour moins de deux mois plus tard le 24 novembre à l’Hôtel-Dieu Saint-Michel de Roberval[48].

Le choix du lac Saint-Jean comme terre de retour allait de soi pour le cadet de Denyse.  Toutes ces années, elle, qui avait certainement entretenu une correspondance assidue avec sa fille établie au lac et probablement aussi avec les autres membres de sa belle-famille, savait qu’à l’Isle aux Coudres les terres agricoles étaient saturées et n’arrivaient plus, malgré l’émigration, à faire vivre les grandes familles depuis un certain temps.  Ne l’avait-elle pas elle-même vécue? Conséquemment, elle devait bien souffler à l’oreille de ses fils que l’avenir, bien qu’il n’était pas à l’Isle, n’était non plus pas à Lowell.    

Quoi qu’il en soit, Denyse Tremblay par son courage à travers ses misères aura assuré un avenir à ses enfants.

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[1] Le texte intitulé «Denyse Tremblai (1837-1898), une femme de courage» a été publié au printemps 2016 dans la revue «La Tremblaie», qui est le bulletin de l’Association des Tremblay d’Amérique.  Voir le Volume XXXVII No 1, pages 20-25.  Le texte a été mis à jour depuis.

[2] BAnQ., Registre de la paroisse Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 26 février 1837.

[3]COLLECTIF. «Département de l’instruction publique du Bas-Canada», Journal de l’instruction publique, Premier volume, No.5 (juin et juillet 1857), page 96.

[4] B.A.C., G., Recensement de 1861, district de Charlevoix, Île-aux-Coudres, pages 139 et 144. 

[5] BAnQ., Registre de la paroisse Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 14 janvier 1862.

[6] Ibid., 13 novembre 1862.

[7] Ibid., 21 juillet 1864.

[8] Ibid., 26 octobre 1866.

[9] Ibid., 10 janvier 1883 et registre de la paroisse Saint-Eugène du lac Saint-Jean, 3 février 1933.

[10] Ibid., 6 avril 1867.

[11] Ibid., 18 décembre 1868.

[12] Ibid., 25 décembre 1868.

[13] B.A.C., G., Recensement de 1871, district de Charlevoix, sous-district de l’Isle aux Coudres, pages 1 et 2.  Le recensement a débuté officiellement le 2 avril 1871.  À l’Isle, il était complété avant le 17 avril puisque Louis Didier Harvé y apparaît et il est décédé à cette date.

[14] BAnQ., Registre de la paroisse Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 31 mars 1871.

[15] Ibid., 17 avril 1871.

[16] B.A.C., G., Recensement de 1881, district de Charlevoix, sous district de l’Isle aux Coudres, page 21.

[17] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Eugène du lac Saint-Jean, 3 février 1933 et registre de la paroisse Saint-Félicien, 8 mai 1933.

[18] BAnQ., Registre de la paroisse Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 21 janvier 1889.  Mariage de Jean Baptiste Tremblay.  Jean Baptiste est le fils de Jean Baptiste Tremblay (1802-1852), un cultivateur de l’Isle, qui en octobre 1852 était parti vers Québec avec Augustin Dufour (1796-1880), beau-frère de Germain Hervé, beau-père de Denyse, à bord d’une barque.  Au retour le 22, à la hauteur de l’île d’Orléans, son passager fut pris d’un mal dont le début fut brutal, sans signes annonciateurs, Augustin s’arrêta à Saint-Jean de l’île pour le faire examiner.  Jean Baptiste Tremblay décéda peu de temps par la suite du choléra qu’il avait attrapé dans le port de Québec.

[19] National Archives and Records Administration, dossiers de naturalisation fédérale, Middlesex, Massachusetts, Joseph Harvey, 28 septembre 1897.

[20] Massachusetts Archives, Lowell Massachusetts City Directories for 1888, 1889-1890.  

[21] BAnQ., Registre de la paroisse Saint Louis de l’Isle aux Coudres, conseil de fabrique, 1er janvier 1887.

[22] B.A.C., G., Recensement de 1891, district de Charlevoix, sous district de l’Isle aux Coudres, pages 8-9.

[23] Ibid., pages 2-3.

[24] BAnQ., Registre de la paroisse Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 27 septembre 1890.  Baptême de Marie Louise Bouchard.

[25] Ibid., 2 octobre 1890.  Baptême de Joseph Marie Tremblay.

[26] Ibid., 3 avril 1891.

[27] Massachusetts Archives, Lowell Massachusetts City Directory for 1891. 

[28] Ibid., 1893.

[29] Massachusetts Archives, marriages solemnized in the City of Lowell, in the year 1893.

[30] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-François-Xavier de Batiscan, 14 juillet 1870.

[31] TROTIER, Paul.  «Fuir la misère», Les Ainés porteurs de mémoire, Baie-Saint-Paul, no 6 (Mai 2010), page 44.

[32] Massachusetts Archives, births in the City of Lowell in the year 1894.  Le prénom est inscrit comme étant Marie Elinor au registre.

[33] Massachusetts Archives, Lowell Massachusetts City Directory for 1895. 

[34] Massachusetts Archives, births in the City of Lowell in the year 1896.  27 octobre 1896.

[35] Ibid., 1896.

[36] Ibid., 1897.

[37] BÉLANGER, Damien-Claude et Claude Bélanger. French Canadian Emigration to the United States, 1840-1930. Montréal, les presses de l’Université de Montréal, 23 août 2000.

[38] Massachusetts Archives, Lowell Massachusetts City Directory for 1898. 

[39] Massachusetts Archives, births in the City of Lowell in the year 1898.  15 septembre 1898.

[40] State of Massachusetts. Record of Deaths for the city of Lowell, 17 septembre 1898.

[41] BAnQ., Registre de la paroisse Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 21 septembre 1898. 

[42] Registre de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Lowell, 10 juillet 1905. 

[43] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-Immaculée de Roberval, 19 mai 1902.

[44] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Félicien, 10 mars 1903.  Louis Bouchard est le fils d’Éléonore Tremblay, la sœur de sa mère.

[45] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-Immaculée de Roberval, 18 septembre 1904.  Baptême d’Alfred Harvey.

[46] B.A.C., G., Cinquième recensement du Canada de 1911, district Chicoutimi-Saguenay, sous district de la ville de Roberval.

[47] B.A.C., G., Sixième recensement du Canada de 1921, district Chicoutimi-Saguenay, ville de Roberval, page 7.

[48] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-Immaculée de Roberval, 30 septembre et 27 novembre 1939.