Georges Harvey

 (1873-1914)

Marie Joseph Georges Jules Harvey, de la septième génération, quitte Murray Bay le 1er novembre 1891 alors qu’il n’a pas encore dix-huit ans.  Né le 8 décembre 1873 à La Malbaie, il est parmi les quelques célibataires qui partent rejoindre des Harvey déjà établis à Brunswick au Maine.  Ce sera d’ailleurs l’un de ceux-là, François Hervey (1859-1927), qui parrainera Georges pour l’obtention de sa citoyenneté américaine en 1904[1]Georges Harvey est le fils aîné de Joseph Harvey (1846-1885) à Pierre Hervey (1807-1872) à Dominique Romain dit Joseph Hervé (1768-1830) chez Pierre Hervé (1733-1799).

Fils d’un cultivateur-marchand, il aura la chance de fréquenter l’école même s’il passera sa jeunesse à travailler sur la terre de son père[2].  Il ne semble pas éprouver un très grand amour pour cette terre; le commerce ne l’intéresse pas davantage, car bien qu’il soit l’aîné, à la mort de son père en 1885 il sera plus souvent dans les chantiers qu’à travailler la terre ou à ouvrir la boutique.  Sa mère, Marie Julie Malvina Riverin n’a que trente et un ans et quatre enfants vivants à la mort de son époux.  Malgré cela, la maison est pleine puisqu’elle loge deux de ses sœurs et une nièce dont l’une, veuve, est couturière et l’autre institutrice.   Louis Joseph Adjutor Boulianne et sa femme vivent également sous le même toit; Boulianne, un jeune notaire, a converti le commerce du décédé pour en faire son bureau[3].  Celui qui est qualifié de garçon de ferme[4] ne le sera plus pour bien longtemps.  En novembre 1891 il embarque sur un bateau en partance pour Québec d’où il prendra le train pour la Nouvelle-Angleterre, laissant derrière lui sa mère et sa fratrie.  Partait-il en éclaireur? Quoi qu’il en soit, il ne reviendra pas ou s’il l’a fait il n’aura convaincu personne de sa famille à le rejoindre aux States.

Georges débarque donc du train à Brunswick dans le comté de Cumberland, Maine, au milieu de l’automne 1891.  Bien qu’il n’y ait pas de lien de parenté rapproché, il semble avoir été accueilli par la famille de Joseph Hervey (1838-c.1894) puisque Frank, l’un des fils de ce dernier déclarera en 1904 le connaître depuis 1891[5].  Il est aussi possible que ces deux Harvey se soient simplement rencontrés au moulin de la Cabot car Georges y trouvera un travail rapidement et c’est justement là que travaille Frank.  Ils sont de bien lointains parents, car leurs arrière-grands-pères étaient cousins, mais ils resteront amis toute leur vie, du moins on le présume, car quand Georges partira vivre à Rollinsford dans le comté de Strafford au New Hampshire, dans une dizaine d’années, Frank déménagera à South Berwick dans le comté de York au Maine de l’autre côté du pont qui enjambe la rivière Salmon Falls.

Georges gardera ce travail au Cabot Mill jusqu’à l’été 1895.  Il part alors s’établir à plus de cent kilomètres plus au sud à York, dans le comté du même nom, à la pointe sud de l’état du Maine.  On ne sait ce qui l’attire là-bas; la population de York ne compte pas trois mille habitants et aucune industrie importante ne semble y croître.  Il y sera tout de même cinq ans.  En 1900, il loge dans une maison de chambres tenue par Thomas Rollins, natif de la Caroline du Nord.  Ils sont trente-quatre chambreurs dans le même édifice.  Georges est haulier (transporteur) de métier à York[6].  

C’est aux environs de York qu’il fait la rencontre d’Alice Bélanger.  Native de Grand-Sault dans l’ouest du Nouveau-Brunswick, la famille de celle-ci vient d’arriver dans les années 1890 et s’est installée à South Berwick dans le comté de York au Maine bien que tous travaillent de l’autre côté du pont qui enjambe la rivière Salmon Falls au moulin à coton de la Salmon Falls Manufacturing Company à Rollinsford dans le comté de Strafford au New Hampshire[7].  Le couple se marie le 3 septembre 1900 à l’église catholique St Michael de South Berwick où Alice habite[8], à une quinzaine de kilomètres du village de York où réside Georges.

Le couple part habiter au village de Rollinsford[9].  Ils y restent quatre ans et demi après quoi il emménage dans une maison qu’il loue au numéro 290 Great Works Drive à South Berwick.  Georges devient alors vendeur dans un magasin d’alimentation.  Le couple aura au moins cinq enfants[10].

En août 1913, alors qu’il est au travail, Georges tombe d’un chariot de transport de marchandises et les roues du véhicule de tire lui passent sur le corps causant de sévères blessures internes.  Le rêve américain de Georges venait de prendre fin.  Il décède à l’hôpital de South Berwick des suites de l’accident six mois plus tard, le 11 janvier 1914.  Il est inhumé trois jours plus tard de l’autre côté de la rivière à Rollinsford au New Hampshire[11].

**************************************************************************************

Pour passer au prochain ancêtre ayant migré au Maine, cliquez ICI

***********************************************************************************

[1] U.S. Department of Justice, Immigration and Naturalization Service, 3 septembre 1904. Naturalisation américaine de Georges Harvey.

[2] B.A.C., G., Recensement de 1881, district de Charlevoix, sous-district de la Malbaie, microfilm 31229_C_13209-00310.

[3] ROY, Joseph-Edmond. Histoire du notariat au Canada depuis la fondation de la colonie jusqu’à nos jours. Lévis, Revue du notariat, 1899-1902, volume 4, page 436.

[4] B.A.C., G., Recensement de 1891, district de Charlevoix, sous-district de la Malbaie, microfilm 30953_148192-00386.

[5] À l’époque, il y a un autre Frank Harvey (1877-1954) au Maine, mais ce dernier habite à Lisbon déjà en 1901, à plus de cent trente kilomètres.

[6] 1900, Recensement fédéral américain, État du Maine, comté de York, village de York, pages 15 et 16.

[7] 1900, Recensement fédéral américain, État du Maine, comté de York, village de South Berwick, pages 7 et 8.

[8] State of Maine, Record of Marriages, 3 septembre 1900.

[9] U.S. Department of Justice, Immigration and Naturalization Service, 3 septembre 1904. L’information relative aux endroits où a habité Georges est tirée de sa déclaration contenue à son dossier de naturalisation et des recensements e 1900 et 1910.

[10]1910, Recensement fédéral américain, État du Maine, comté de York, ville de South Berwick, page M.

[11] State of Maine, Record of Deaths, 11 janvier 1914.