05 Marie Luce Hervé

5.6.05.05 Marie Luce Hervé (1801-1860), 5e génération

C’est le dimanche 14 juin 1801, à Saint-Roch-des-Aulnaies que Marie Catherine Denis dite Kimper donne naissance à Marie Luce, laquelle est baptisée le jour de sa naissance. Joseph Sébastien Hervé le laboureur devra attendre encore un peu pour espérer de l’aide sur sa terre et un fils pour prendre la relève. Le dimanche 14 juin 1801 naît celle qui est baptisée le jour de sa naissance sous le nom de Marie Luce Hervé à Saint-Roch-des-Aulnaies. Cette cinquième Marie de la famille sera prénommée Marie Lucie, mais plus souvent Lucie au cours de sa vie adulte. Son oncle paternel François Hervé est son parrain alors que Marie Geneviève Micho, la grand-mère maternelle, est sa marraine. Comme à l’habitude le père, probablement en mer, est absent à la cérémonie[1].

Marie Luce dite Marie Lucie Arvé, âgé de vingt-trois ans épouse, dans le village qui l’a vue naître, Jean Baptiste Dion qui a quatre ans de plus qu’elle. Le marié est natif du Cap-Saint-Ignace ; ses parents, feu Jean Baptiste Guyon dit Dion père (1765-1820) et Marie Françoise Lemieux (1771-1848), se sont établis avec leur famille à Saint-Roch-des-Aulnaies après 1809. Bien que le patronyme Guyon ait évolué vers la forme Dion depuis deux générations dans cette lignée de l’île d’Orléans, le curé inscrit Yon lors du mariage. Le nouveau marié est menuisier de son métier. Pour sa part, le père de la mariée est toujours agriculteur à cinquante-huit ans[2].

Le couple aura au moins dix enfants. Louis né le 4 janvier 1826, Marie Anastasie le 13 avril 1828, Jean Baptiste le 2 janvier 1830, Joseph le 9 septembre 1831, Jean Climaque le 8 juin 1833 et finalement Prudent, le 19 décembre 1835. Leurs six premiers enfants sont tous nés à Saint-Roch-des-Aulnaies où l’époux de Marie Luce est menuisier pendant les dix années qui suivent leur mariage.

Marie Luce perdra deux enfants en bas âge à Saint-Roch-des-Aulnaies ; Jean Baptiste ne survivra que quelques mois alors que Jean Climaque n’atteindra pas ses quatre ans.

À compter de 1835, Jean Baptiste est qualifié de journalier ; il le restera dans les registres paroissiaux et aux divers recensements pour le reste de ses jours. Un journalier, à l’époque, pour faire vivre une si grande famille devait inévitablement se déplacer pour se trouver un emploi. Cela ne sera pas différent pour Jean Baptiste. Qui prend mari prend pays et pour Luce ce fut le cas. Avant 1838, la famille déménage à Rimouski où Luce donnera naissance à Marie Célinie dite Angélique le 11 septembre 1838. Il est possible que cette migration eût lieu à l’été 1838 puisque Marie Célinie ne sera baptisée que quarante-sept jours après sa naissance[3]. Puis viendra Marie Délima dite Adélina née le 19 mai 1841. À l’automne 1841, Marie Luce et sa famille demeurent toujours à Rimouski[4]. Elle donnera encore naissance à deux autres enfants, Anselme le 28 avril 1844, et Jean Baptiste, le 18 septembre 1846, les deux baptisés en l’église Saint-Germain de Rimouski.

Peu de temps après ces dernières naissances, la famille traverse le fleuve pour la Côte-Nord, plus précisément aux Escoumains, où Jean Baptiste s’est trouvé un autre emploi de journalier. En 1845, les frères Nazaire et Charles Têtu, avec leurs cousins Félix et Jean Frédéric Boucher, avaient construit un moulin à scie, un hangar, un moulin à farine et une trentaine de maisons pour accueillir des colons, comme Jean Baptiste et Marie Luce, venus principalement des seigneuries de Trois-Pistoles, de Rimouski et de la Rivière-Ouelle. En 1848, Marie Luce et Jean Baptiste y sont qualifiés de résidents lors du mariage de leur fille Marie Anastasie à Ignace Couture, un natif de Saint-Charles de Bellechasse[5].

L’aventure sur la Côte-Nord ne dura pas plus de cinq ou six ans, car en janvier 1852 la famille et les nouveaux mariés sont déjà de retour sur la Rive-Sud du fleuve, tout juste en face des Escoumains. Bien que recensée sur le territoire de la paroisse Saint-Simon de Rimouski en 1851, leur résidence est hors des limites de cette paroisse puisqu’elle appartient à Trois-Pistoles[6]. De fait, Lucie Arvé et sa famille demeurent sur le premier rang de Trois-Pistoles. Les villages de Saint-Simon de Rimouski et de Trois-Pistoles ne sont séparés que d’une douzaine de kilomètres. C’est d’ailleurs à la porte de l’église Notre-Dame des Neiges de Trois-Pistoles qu’ils frapperont pour le mariage de l’aîné à la fin de l’été 1853[7]. Comme leur père, les trois plus vieux travaillent à titre de journalier à Trois-Pistoles.

Avant 1860, il ne restera plus aucun enfant à la maison. Louis, l’aîné qui avait perdu sa première épouse en couches moins de neuf mois après leur mariage, avait quitté Trois-Pistoles pour s’établir comme agriculteur à Saint-Fabien où, en 1857, il convola en secondes noces[8]. Les autres enfants n’auront pas eu le temps de prendre racine à Trois-Pistoles, et conséquemment, la famille se dispersera. Certains à la mission de l’Anse des Dunes sur la côte du Labrador comme Prudent. Les plus jeunes deviendront pêcheurs à Bradore-Bay près de Blanc-Sablon également ou, comme Adélina, s’expatrieront aussi loin qu’à Muskegon, au fin fond du Michigan, face à Milwaukee au Wisconsin.

Marie Luce dite Lucie Harvey s’éteint des suites d’une longue maladie à Saint-Simon de Rimouski où elle habite dans la partie du territoire qui sera annexée à Saint-Fabien en 1885. Déclarée consomption[9], elle meurt de la tuberculose le 29 octobre 1860 et est inhumée dans le cimetière de Saint-Fabien deux jours plus tard[10].

[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies, 14 juin 1801.

[2] Ibid., 25 janvier 1825.

[3] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Germain de Rimouski, 28 octobre 1838.

[4] B.A.C., G., Recensement du Canada-Est de 1842, Saint-germain de Rimouski, microfilm 004569580_00611.

[5] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Marcellin des Escoumains, 13 janvier 1848. Mariage de Marie Anastasie Dion et Ignace Couture.

[6] B.A.C., G., Recensement de 1851, district de Rimouski, sous-district de Saint-Simon, page 63. L’énumération connue sous le nom du Recensement de 1851 a débuté officiellement le 12 janvier 1852.

[7] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame des Neiges de Trois-Pistoles, 16 août 1853.

[8] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Fabien, 4 mai 1857. Mariage de Louis Dion et Marie des Anges Thibault.

[9] B.A.C., G., Recensement de 1861, paroisse de Saint-Simon dans le comté de Rimouski, page 425-40, personnes décédées en 1860.

[10] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Fabien, 31 octobre 1860.