02. Geneviève Savard

Geneviève Savard, un premier amour (période de 1754-1757)

C’est le 19 août 1754 que Dominique épouse dans la petite chapelle de Saint Louis de France à L’Isle-aux-Coudres, Geneviève Savard née le 1er juin 1736.  Elle vient tout juste d’avoir dix-huit ans alors que lui ne l’a pas encore tout à fait puisque son anniversaire n’est qu’en septembre.  Rappelons que les tourtereaux n’atteindront leur majorité qu’à l’âge de vingt-cinq ans.   

Geneviève est la troisième fille de la deuxième épouse de Joseph Simon Savard (1689-1755), Catherine Dallaire (1698-1759)[1]Dominique s’unit donc à la plus vieille famille de L’Isle-aux-Coudres.  En effet, Joseph Simon Savard[2] né en 1689 fut selon la majorité des sources, l’un des premiers, sinon le premier censitaire de la Nouvelle-France à s’établir à l’Isle-aux-Coudres.  Les parents de Geneviève sont sestémoins, car elle est mineure tout comme Dominique.  Dans son cas, c’est Zacharie, son frère aîné, qui lui sert de témoin. 

Sébastien, le père, n’avait pas suffisamment de terre, deux arpents et trois quarts, pour établir ses trois fils.  En effet, une fois l’aîné établi, où les installer ?  Dominique sera établi grâce à la famille de son épouse.  Les deux jeunots qui constituent la trentième famille à l’Isle comptent sans doute sur l’aide des parents de Geneviève pour s’établir.  

Le contrat de mariage, rédigé le jour même de la cérémonie[i], mentionne que l’épouse apporte à son mari une terre, de deux arpents de front par cinquante de profondeur dont elle a reçu donation en 1750[3].  Cette terre est située sur le Cap à Labranche et est traversée par le ruisseau Georges-Harvey[4].  Elle est bornée d’un côté par les héritiers La Bécasse et de l’autre par Jean Baptiste Savard (1734-1803), frère de Geneviève

En effet, Joseph Simon Savard et Catherine Dallaire en 1750 « étant âgés et malades proposent à leurs cinq enfants de s’établir sur leur terre et de la faire valoir et de les soulager jusqu’à leur mort » ; en retour, chacun des enfants, dont Geneviève, reçut une part de la terre paternelle. 

Comme on l’a vu au chapitre précédent, Joseph Simon Savard ne manque pas de terre labourable.  Depuis son établissement à l’Isle, il défriche.  Il avait d’abord obtenu du Séminaire la concession d’une terre de cinq arpents sur cinquante de profondeur[5], puis une seconde concession pour une terre un peu plus grande soit de six arpents de largeur dix-huit ans plus tard[6]

Au mariage, l’épouse Geneviève apporte donc une dot, ce qui est rare à l’Isle.  Les futurs mariés se soustraient à la « Coutume de Paris » puisque cette dot est associée à la condition, que si Geneviève décède la première, son mari devra payer une rente à ses parents, Joseph Simon Savard et Catherine Dallaire « dont ils sont convenues avec elle lors de la donation »[7].  Cette clause suggère certainement que les parents de l’épouse tiennent à conserver une certaine emprise sur la terre donnée afin de s’assurer du respect des engagements pris par Geneviève en 1750. 

Le fait que Dominique soit tenu de payer une rente à ses beaux-parents après la mort de sa femme suggère plus précisément que ceux-ci ne considèrent pas la donation comme faisant partie de la communauté de biens du couple, dont leur gendre hériterait au décès de leur fille, mais comme un bien propre qui doit être transmis dans la lignée de leur fille.  Ces précisions au contrat requises par l’aïeul et patriarche de l’île, Joseph Simon Savard, au mariage de la plus jeune de ses filles n’empêcheront pas les tourtereaux d’avoir de nombreux enfants et notre ancêtre de se munir, avec le temps, d’une très belle terre.  Cela n’empêchera pas non plus le patriarche de continuer de veiller sur Dominique et de l’aider à obtenir son certificat de capacité de pilote.   

Le pilote

L’Isle-aux-Coudres constitue sous le Régime Français, une importante étape pour le trafic maritime et Dominique saura en profiter.  La terre où s’installe le couple est bien située par rapport au métier de Dominique puisqu’elle n’est qu’à une lieue de La Prairie près de laquelle les navires mouillent à leurs arrivées à l’Isle pour y prendre un pilote.  Après avoir ancré leur vaisseau, les capitaines tirent le canon pour aviser le pilote de se présenter.  Dominique met donc à l’eau sa chaloupe à voiles pour aller à la rencontre du bâtiment d'outre-mer.  Ils repartiront tôt le lendemain afin de se rendre à Québec[8].

Quelques navigateurs s’établissent dans l’île et s’occupent du transport des huiles, des grains et du bois, pour le compte de ces messieurs du Séminaire et des marchands de la région.  Ainsi, les navigateurs Jean Baptiste Martel (1714-1775) qui est marié à une Lavoye, son beau-frère François Boucher (1730-1816) qui lui est marié à une cousine de Dominique, Joseph Nadeau (1736-1791), Pierre Lagüe (1715-post.1765) qui est aussi marié à une autre cousine de Dominique[9] et Pierre Gilbert (1735-1771) dans son cas marié à une Dufour, s’installent à l’Isle entre 1754 et 1767.  Dominique sera près de ces navigateurs et comme nous le verrons, facilitera leurs installations dans l’île, ce qui ne sera pas sans favoriser la pratique de son métier de pilote.

Au moment où Dominique et Geneviève s’établissent sur leur terre, le morcellement de l’Isle est largement entamé.  Les concessions originales se sont rapidement divisées.  Dès 1754, plusieurs propriétés sont composées d’une ou de plusieurs parties de concession.  En général, il s’agit de longues parcelles de terre étroites, à l’image des concessions originales.  Chacun des insulaires possède ainsi sa fenêtre sur le fleuve.  Les habitations forment déjà une longue file pas très loin du rivage.

Un an après, le mariage de Dominique et Geneviève en septembre 1755 «la grande picote»[10] se présente aux portes de la petite communauté.  En moins d’un mois, l’épidémie fauche une partie de la famille du jeune couple.  Geneviève perd son père Joseph Simon Savard.  L’un des pionniers de l’Isle, celui qui avait été nommé lieutenant de milice en 1731, puis capitaine en 1737 est emporté par la maladie[11].  Puis c’est au tour de sa demi-sœur Scholastique (1723-1755) qui vivait à La Baleine et qui est issue du premier mariage de son père avec Marie Josephte Morelle et, son beau-frère Joseph François Bouchard (1713-1755), l’époux de sa sœur Marie Dorothée qui aussi vit à La Baleine.  Dominique quant à lui perd six de ses parents coup sur coup.  Trois des frères de sa mère.  Son oncle François Xavier Tremblay (1695-1755) et sa femme Marie Madeleine Bouchard (1700-1755), leur fille Geneviève Tremblay (1720-1755), la cousine mariée au voisin Gabriel Dufour (1717-1781) à qui elle laisse six jeunes orphelins, dont l’aîné, n’a que douze ans.  Son oncle Guillaume Tremblay (1707-1755) et son oncle Étienne Tremblay (1710-1755) ainsi que sa femme Marie Louise Bonneau (1718-1755).  Ces derniers laissent derrière eux sept orphelins que la grand-mère maternelle, Françoise Agnès Gingras (1678-1759) tiendra à bout de bras.  

1755 n’est pas seulement l’année de « la grande picote », elle est également l’année de la première d’une longue série de noyades qui ont caractérisé l’histoire de l’Isle-aux-Coudres.  La petite communauté de cent-quatre-vingts âmes qu’elle était au début de l’été avait déjà perdu une douzaine de ses membres dans l’épidémie et elle perdait un autre des siens qui « …s’est noyé a la vue de lisle aux Coudres Joseph Villeneuve habitan de la ditte Isle… »[12].  Le noyé, Joseph Amiot dit Villeneuve (1722-1755) le fils était le deuxième voisin de Dominique et Geneviève au sud en allant vers la chapelle.  À la fin du mois après son décès, son épouse Marie Anne Gagné (1724-1766) accouchait de son troisième enfant de moins de cinq ans qui naissait orphelin de père.

Dominique, sans doute en vue d’assurer son indépendance, achète en 1756, à sa belle-sœur Marie Dorothée Savard, la part d’héritage qu’elle a reçu de son père, Joseph Simon Savard, mort l’année précédente[13].  Elle aussi veuve de « la grande picote » depuis trois mois au moment de la vente[14], Marie Dorothée, qui vit à La Baleine, n’avait que faire de cette terre et de plus, elle cherche les entrées d’argent pour nourrir sa famille de huit enfants que lui a laissés Joseph François Bouchard à sa mort; sa plus jeune n’a pas deux ans et la plus vieille en a seulement quinze. 

Dominique lui achète donc six perches de terre sur cinquante arpents divisés en plusieurs parts[15].  Se faisant, il se procure celles-ci ainsi que les biens meubles, bâtiments et autres ustensiles de ménage délaissés après le décès de Joseph-Simon Savard, à condition de payer les dettes de ce dernier et « d’être obligé aux conventions de mariage de la seconde épouse de Savard ».  La vente totalise trois cents livres.  Dominique lui paye cent livres en octobre 1756, cent livres en octobre 1757 et le reste en octobre 1758[16].  En plus des paiements à sa belle-sœur, Dominique doit s’acquitter à ces messieurs du Séminaire des « lods et ventes » sur sa transaction.  Ces derniers perçoivent un douzième du prix d’achat sur toutes transactions par vente, partage ou héritage[17], les temps n’ont guère changé, les autorités civiles aujourd’hui en perçoivent autant.

Dominique fait donc l’acquisition d’une partie de la première terre de Joseph Simon Savard, là où une maison située en haut du Chemin des Crans a toujours été considérée, comme la maison ancestrale des Hervé, Harvé et Harvey.  C’est également là que le ruisseau Georges Harvey[18] prend sa source.

Dominique est associé de pêche à l’Isle[19], tout comme son père l’était, il dispose donc d’un revenu qui lui permet au fil des années de se pourvoir lui-même d’une terre et même de plusieurs comme on le verra.

De l’union de Dominique et Geneviève Savard naîtront dix enfants[20]

Marie Catherine sera la première enfant connue à venir combler de bonheur le jeune couple.  Elle naît le 28 janvier 1756, mais ne sera baptisé que deux mois plus tard quand le « Missionaire de la Compagnie de Jesus dans le Domaine du Roy » passera à l’Isle[21]Dominique et Geneviève choisissent comme parrain le plus jeune des frères de Geneviève de deux ans son aîné, Jean Baptiste Savard qui est aussi le voisin du couple.  C’est la femme du frère aîné Zacharie Sébastien Hervet, Marie Charlotte Tremblay qui est la marraine.

Le 8 mai, on reçoit de la grande visite.  Louis Joseph de Montcalm-Gozon, marquis de Saint-Véran dit Le Marquis de Montcalm (1712-1759) visite la région avec pour objectif de prévoir un plan d’attaque contre l’ennemi anglais qui croit-il, s’apprête à envahir la Nouvelle-France maintenant qu’il s’est emparé de l’Acadie au grand complet.  Il croit à une attaque imminente sur Québec…

Dans cette petite île, la deuxième génération prend son envol

Alors que le 2 avril on avait fêté l’union d’Étienne Savard (1733-1815), à Angélique Rousset (1722-1794), en octobre on célèbre le mariage d’un autre frère de Geneviève, Jean Baptiste Savard qui épouse Madeleine Lavoye (1736-1759)[22].  Madeleine est la fille de Michel Lavoye de Petite-Rivière-Sant-François qui est le notaire royal dans toute l’étendue des paroisses situées à la côte du nord du gouvernement de Québec depuis la Petite Rivière jusque et y compris la côte de la Malbaye et L’Île-aux-CoudresJean Baptiste prend femme pour une première fois.  Il se mariera trois fois; ses deux premières épouses décéderont sur l’Isle, l’une d’une épidémie et l’autre en couches, loin d’un médecin comme tant d’autres le feront sur cette terre éloignée de tout.

En novembre de cette même année 1756, on fêtera fort chez les Hervé

D’abord, la benjamine de la famille Marie Magdeleine dix-sept ans épouse, Jean Baptiste Debiens (1736-1811) le 17.  La petite chapelle est à nouveau pleine.  Les familles sont aux complets, ou presque; assistent en autres, le père du marié Étienne Debien, son frère Joseph Debien (1722-1769), ses beaux-frères Jacques Godreau (1709-1780)[23] et Jean Baptiste Martel (1714-1775) ; du côté la mariée, son frère Pierre Hervé, l’oncle Joseph Tremblay, Boulianne dit le Suisse et plusieurs autres.  Tous étant évidemment accompagnés de leur épouse ou de leur dulcinée. 

Le lendemain, 18 novembre 1756, Pierre qui, à vingt-trois ans, épouse Madeleine Tremblay (1733-1811).  Madeleine est la fille de l’oncle de Pierre et de Dominique, feu Guillaume Tremblay, le demi-frère de leur mère.  L’oncle en question était parmi la douzaine de colons de l’Isle emportés par l’épidémie de « la grande picote » l’automne précédent.  Une autre grande brochette de parents et amis assiste aux épousailles.  Les jeunes époux, Pierre et Madeleine s’installent sur la terre de la veuve Marie Jeanne Glinel, la mère de Madeleine, à la Côte-à-la-Baleine.    

Ces événements se passent du temps où le missionnaire Jésuite Claude Godefroy Coquart (1706-1765) exerce son ministère d’une manière plus régulière à l’Isle-aux-Coudres, de 1751 à 1757.  II passe ses hivers à l’Isle afin d’éviter aux habitants de traverser le fleuve en canot pour avoir un prêtre, et, durant l’été, il fait la tournée de ses missions jusqu’à Sept-Îles[24].  Au cours de la journée du mercredi 17 et celle du jeudi 18 novembre, il célèbre cinq mariages en deux jours.

Comme on le sait, Sébastien, le père de Marie Magdeleine et de Pierre, ne traversera pas le fleuve en cette fin d’automne pour les noces.  Zacharie l’aîné servira de tuteur pour les deux enfants mineurs comme il l’avait fait pour DominiqueMarie Magdeleine et Pierre ont-ils choisi délibérément de se marier tard en automne pour éviter une rencontre entre leur père et Zacharie Sébastien ?  Compte tenu des habitudes du Jésuites Coquart, il n’y a rien de moins certain.   Il faut remarquer que Dominique également, n’assiste à aucun des deux mariages.  Une seule explication possible dans son cas, il pilote sur « la mer »[25], comme son métier l’exige.

C’est en deux ans 1754, et 1756, dans la petite chapelle de Saint Louis de France, que se sont mariés les deux ancêtres des Harvey du Québec.  Pierre et Sébastien Dominique Hervé. 

Après avoir défendu Louisbourg au printemps, le 23 juillet 1757, le Célèbre, tout nouveau vaisseau du Roi accompagné du vaisseau de ligne le Bizarre mouillent à l’île aux Coudres.  Ils ont à leur bord deux bataillons du Régiment de Berry envoyés en renfort pour défendre la colonie.  Les capitaines y prennent des pilotes pour se rendre à Québec.  Dominique, l’un de la poignée de pilotes à l’île,  devait être monté à bord.  Les deux navires repasseront par l’île en août pour y prendre leurs provisions, entre autres l’eau et la viande pour la traversée qui les amèneront à Brest en France avec une cargaison de fourrures pour la Compagnie des Indes.  Des pilotes monteront également à bord pour les diriger jusqu’au Bic[26].

À l’automne 1757, Dominique reçoit de son frère Zacharie les soixante livres pour sa part de terre héritée de sa mère[27].

Puis revient l’hiver et en cet hiver qui ne finit plus de durer, Dominique et Geneviève à leur jeune âge s’adonnent probablement au charme du patinage sur le fleuve. Comme tous les amoureux à cette époque l’hiver fournit l’occasion de se retrouver.  De longues promenades en traîneaux couverts sont l’habitude.  Bien que les courses de carrioles deviennent défendues aux abords des églises à Québec, ce n’est pas le cas à l’Isle. 

 

On imagine que Dominique participe aux «courses en carrioles ou en traîneaux» qui demeurent le sport favori de l’habitant de la Nouvelle-France[28].  Ces divertissements adoucissent les rigueurs de l’hiver, mais ne les font pas oublier, sur une île aussi isolée où n’habitent que trente familles, pas plus de cent-quatre-vingts personnes.


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[1] Elle est aussi connue sous le nom de Catherine Allaire., TANGUAY Cyprien. Dictionnaire généalogique des familles canadiennes depuis la fondation de la colonie jusqu'à nos jours. Québec, Éditions Eusèbe Senécal, 1871-1890, Volume 1.

[2] Le traversier desservant l’Isle-aux-Coudres aujourd’hui, le N.M Joseph-Savard, porte le nom du premier colon de l’Isle-aux-Coudres. SOCIÉTÉ DES TRAVERSIERS DU QUÉBEC. La Flotte. N-M Joseph Savard. [En ligne]. http://traversiers.com/flotte/nm_joseph-savard_7.php  [page consultée le 8/12/2013].

[3] A.N.Q., GN. Minutier Michel Lavoye, Acte de donation, 10 septembre 1750. « …deux arpents par cinquante qui joint la terre de feu Bonneau La Bécasse. »

[4] Le nom Georges-Harvey utilisé ici et sur les cartes montrant les terres de Domin
ique est un anachronisme.  Ce ruisseau ne prendra ce nom que bien plus tard et sa désignation officielle n’en sera faite qu’en 1972.  La commission de toponymie du Québec dans sa description de l’origine et la signification du nom mentionne qu’il rappelle probablement cet habitant de l’île, George Hervai, que l’abbé H.-R. Casgrain rencontre, en 1875, durant son pèlerinage autour de l’île aux Coudres.  Les insulaires à l’époque de mes ancêtres le nommaient indifféremment le ruisseau des Pruches ou la Rivière-des-Pruches.  Ce nom de Rivière-des-Pruches est relativement ancien puisque l’abbé Alexis Mailloux en parle dans son Histoire de l’Ile-aux-Coudres publiée après sa mort en 1879.  À la page 13 de son récit, il y est mentionné «... s’était bâti une petite maison sur une butte près de la rivière appelée Rivière-des-Pruches...» et à la page 52 «... le ruisseau des Pruches (celui qui coule sur la terre du sieur Georges Harvay) …»   Il est connu que la pruche est une essence forestière recherchée par les tanneries à cause de sa forte teneur en tanin.  Cependant, Jacques Rousseau, botaniste et ethnologue québécois, remarque en 1942, l’absence de cette variété d’arbres sur l’île aux Coudres.  Il suppose alors que les insulaires utilisaient ce nom pour désigner les épinettes. Ce petit cours d’eau se jette bien au nord de la Pointe de L’Islet.

[5] A.N.Q., GN. Minutier Joseph Jacob, 6 juillet 1728. C'est sur cette terre-ci que sont bâtis la maison paternelle et les bâtiments de Joseph Simon Savard.  Terre numéro 8 sur le plan de la page précédente.

[6] A.N.Q., GN. Minutier Michel Lavoye, 16 juin 1746.  C’est le tiers de cette terre que Dominique obtient par son mariage avec Geneviève.  Terre numéro 6c sur le plan de la page suivante.

[7] A.N.Q., GN. Minutier Michel Lavoye, Contrat de mariage, 19 août 1754.  Le contrat de mariage est rédigé le 19 août par le curé et déposé au minutier du notaire Lavoye le 25 août 1754.

[8] BOILY, Raymond. Le guide du voyageur à Baie-Saint-Paul au XVIIIe siècle. Montréal, Leméac, 1979, page 34.

[9] Arrivé au pays vers 1755, Pierre Lagüe, navigateur, pilote et négociant à ses heures, avait épousé Madeleine Françoise Tremblay (1724-1804) en 1756 de qui il avait eu cinq enfants. Cette dernière est la fille de l’oncle de Dominique, François Xavier Tremblay.  Après la Conquête en 1762, au départ des vaisseaux anglais, il fut emmené comme pilote et ne revint jamais au pays laissant femme et enfants sans explications qui nous soient parvenues. Dans : Fichier Origine #242239 et TANGUAY, Cyprien.  À travers les registres: notes recueillies. Édition Librairie Saint Joseph, Cadieux & Derome, 1886,  page 185.

[10] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France de l’Île-aux-Coudres, le 20 septembre 1755.

[11] B.A.C., G., Rapport des archives du Canada 1889, pages 28 et 105, « Etat de la milice à l'Ile-au-Coudres », (A.C., Série B, 225-2, page 423).  Son fils Pierre, lui succède en 1755.

[12] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France de l’Île-aux-Coudres, annotation au registre en septembre 1755.

[13] A.N.Q., GN. Minutier Antoine Crespin père (1713-1782), Contrat de vente, 6 avril 1756.  Le patronyme du notaire se retrouve aussi écrit Crépin sur certain document. 

[14] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France de l’Île-aux-Coudres, le 28 décembre 1755.

[15] Il s’agit d’une part de la terre numéro 8 du plan Plamondon; la terre numéro 8b de la page précédente.

[16] A.N.Q., GN. Minutier Antoine Crespin fils, 30 août 1756. Vente par Dorothée Savard à Dominique Hervé.  Marie Dorothée Savard a épousé Joseph François Bouchard, censitaire de la Coste de la Baleine.

[17] CUGNET, François-Joseph. Traité de la Loi des Fiefs. Québec, Chez Guillaume Brown, 1775, pages 40-42. 

[18] Georges Harvey de son nom véritable George Hervai (1814-1889) sera un des petits-fils de Dominique que ce dernier ne connaîtra pas puisqu’il naîtra en 1814.  Lui-même fils de Louis (1784-1863), il était un cultivateur de l’Isle que l’abbé H-R. Casgrain a rencontré en 1875 pour la rédaction de son Pèlerinage autour de l’île aux Coudres.

[19] A.N.Q., GN. Minutier Michel Lavoye, Bail de pêche, 19 octobre 1763.

[20] PRDH. Programme de recherche en démographie de l’Université de Montréal.  On sait que Geneviève eut au moins sept enfants par la description de l'élection de tutelle devant le tabellion Jean Néron (folio # 543), faite le 12 novembre 1781.  Le notaire a évidemment omis trois enfants ; Marie Catherine, décédée en 1758; Marie Geneviève, la première, décédée en 1776; et Joseph décédé en février 1781.  Comme Dominique et Geneviève eurent cinq filles ayant porté le nom de Marie, excusons le notaire.

[21] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France de l’Île-aux-Coudres, le 21 mars 1756.

[22] BAnQ., Registre de Saint-François-Xavier de la Petite-Rivière-Saint-François, le 23 octobre 1756.

[23]  Jacques Godreau est le fils d’Élizabeth Domingo (1682-1733). On se souviendra que le grand-père de Jacques, Étienne Domingo dit Carabi, au début de 1700, avait eu des démêlés en justice avec le grand-père de Dominique, Sébastien Hervet.  Le patronyme a évolué de Godro, puis Godreau à Gaudreau aujourd’hui. François Gaudreau, un petit-fils de sixième génération de Jacques Godreau a travaillé pour moi dans l’Équipe d’intervention en cas d’urgence entre 1980 et 1984 à l’établissement Leclerc.    

[24] COSSETTE, Joseph. « Coquart, Claude-Godefroy ». Dictionnaire biographique du Canada. 1re édition 1966, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1974, 15 volumes, volume III (Décès de 1741-1770).

[25] Les insulaires de l’Isle-aux-Coudres appellent le fleuve Saint-Laurent, « la mer » depuis aussi loin que la tradition orale nous permet de remonter.  Cette façon de désigner le fleuve apparaît dans les textes dès le début du XIXe siècle.  L’expression le « grand fleuve » est aussi utilisée pour le désigner surtout, mais pas uniquement, dans les écrits des ecclésiastiques.  Pourtant, « la mer » au niveau de l'Isle-aux-Coudres ne se caractérise que par des eaux saumâtres d’une teneur en sels minéraux inférieure à vingt-cinq pour cent (Brunel 1970 : 293).  Ses forts courants et un marnage de sept mètres peuvent peut-être expliquer pourquoi ses habitants d’origines des côtes françaises, pour la plupart, qualifient le fleuve Saint-Laurent de « mer ».

[26] BOSHER, John Francis.  Négociants et navires du commerce avec le Canada de 1660 à 1760 : dictionnaire biographique. Édition des lieux historiques nationaux, Services des Parcs, Environnement Canada. Ottawa, 1992, pages 141 et 144.

[27] A.N.Q., GN. Minutier Michel Lavoye, 8 octobre 1757.

[28] DE CHARLEVOIX, Pierre-François-Xavier. Histoire et description générale de la Nouvelle-France, avec le journal historique d’un voyage fait par ordre du roi dans l’Amérique septentrionale. 1re édition, in-quarto, Paris, Chez Rolin fils, libraire, 1744, trois tomes. Et BONIN, Joseph-Charles. Voyage Au Canada Dans le Nord de L'Amérique Septentrionale de 1751 à 1761. Fondation littéraire Fleur de Lys, Laval, 2009, page 59.

[i] Contrat de mariage entre Sébastien Dominique Hervé et Geneviève Savard 

« L’an mil sept cent cinquante quatre le dix neuf du mois d’aoust, par devant nous pretre Missionnaire de la compagnie de Jésus dans le domaine du Roy, faisant actuellement les fonctions curéales dans la paroisse de St-Louis de Liles aux Coudres aude faut de notaire, sont comparu Joseph Savard et Catherine Dallaire son épouse stipulant pour leur fille mineure, Geneviève Savard, d’une part et Sébastien Hervé stipulant pour Dominique Hervé son fils mineur tous deux agés de dix sept ans et quelques mois, résident dans ladite paroisse de St-Louis de Liles aux Coudres, anprésence de Dominique Boneau dit Labécasse, et de Sébastien La chavri (Zacharie) Hervé frère du contractant, de Jacques Bouchard et de François Dallaire qui depart et d’autre pour taimoin les quel Dominique Hervé et Geneviève Savard du consentement de leur père et mère, de leur plein gré et volonté sont convenus ce qui suit.  Savoir Dominique Hervé s’engage et promet de prendre pour femme et légitime épouse Geneviève Savard, et ladite Geneviève Savard s’engage et promet de prendre pour mari et légitime époux Dominique Hervé pour être leur mariage célébré selon lordre de la Ste Eglise catholique apostolique et romaine au premier jours favorables.  Et les dits contrats sont en faveur du dit futur mariage sont convenu de cequi suit toujours du consentement de leur père et mère, scavoir que Dominique Hervé apporte à sa future épouse ses droits et actions venue et avenir, et la ditte future épouse apporte àson futur époux un morceau de terre seis sur le Cap, consistant en deux arpent joignant d’un coté la terre des héritiers La Bécasse et delautre coté celle de Jean Baptiste Savard, et devent les dits futur époux entier en communauté de tous biens acquest et conquest du jour de leur future mariage en autre veulent et entendent que tous leurs biens acquets et conquest venus et avenir demeurent au dernier vivant, ce faisant a cet effet un don mutuel de tous ce quils apportent reciproquement, il déclarent de plus s’en tenir ala coutume de paris pour le douaire et (illisible) veut et entend la ditte future épouse que si elle meure la première son dit future iépoux sera tenu de payer à son père Joseph Savard e à sa mère Catherine Dallaire la vente dont ils sont convenus avec elle sois de la donation de la ditte terre, ainsi convenus… 

Fait aliles aux Coudres en présence des témoins sous nommée et Sébastien Hervé asigné avec nous sur laminute des présentes.  Les autres ont déclarai ne le savoir.  Dece anquis suivant aussi signé Hervé Coquart prêtre avec parapes de nous pour copie

Signé : Michel Lavoye         

Nous avont vesus ennotre étude le present contrats de mariage pour être ni auvan exormis nos minutes pour luy avoir reconu duquel ledit requerant avec qui acte de nous soussigné ce vingt cinq aoust mil sept cent cinquante quatre.

Michel Lavoye »