03. Paul Harvé

6.6.11.3.03 Paul Harvé (1835-1902), 6e génération 


Archange Desbiens donne naissance à «Paul Harvé» le 18 juillet 1835.  C’est le premier garçon du couple; une dixième personne fait donc son entrée dans la maison familiale.  Paul Harvé qui tentera d’assurer plus tard l’avenir de la terre familiale est baptisé le lendemain.  Il a pour marraine Marie « Félicité » Hervai (1818-1894) et Ulric Bouchard (1811-1887) comme parrain.  Ces derniers s’uniront l’été suivant; l’histoire ne dit pas si cette cérémonie du baptême de Paul les avait inspirés.  Félicité est la fille aînée de Louis, l’oncle de Germain, le père[1].

En 1840, Paul perd sa grand-mère paternelle, Marie Anne Tremblay.  À cinq ans, il ne réalise pas combien ce départ vient de chambouler les plans que l’on avait prévus pour lui à son insu.  Comme c’était l’usage et par son contrat de mariage, le grand-père règle la succession de la communauté qu’il formait avec sa femme.  La moitié des avoirs de la communauté vont à cinq des enfants survivants, le fils-médecin ayant déjà reçu sa part en frais d’éducation.  Le grand-père vend donc une bonne partie de la moitié des trois cents arpents des terres qu’il possède pour fournir à chacun des enfants un pécule équivalent à leur part.  Deux en profitent pour partir s’établir à Saint-Irénée.  L’aîné Germain, le père de Paul, reçoit son dévolu sous la forme d’une petite terre proportionnelle à sa part; cette dernière est adjacente à celle que son père conserve.  Germain attendra que son père se donne pour entrevoir une vie de cultivateur.  La terre du grand-père est maintenant d’environ trois arpents de front par cinquante de profondeur.  

Paul, dont l’avenir de cultivateur est tracé par sa condition d’aîné, n’ira pas à l’école.  Il n’apprendra donc pas à lire et à écrire et comptera plus tard sur sa conjointe à cet égard.  Il travaillera toute sa jeunesse sur les terres familiales, celles de son grand-père et de son père qui ne font qu’une.  Tout comme les autres aînés chez les insulaires, il attendra que cette terre devienne sienne.  Dans son cas cependant, il attendra toute une vie.  À l’instar de son père, en 1852 alors qu’il a seize ans, quand il n’est pas sur la ferme familiale, il travaille comme journalier à bûcher, au Saguenay probablement, mais peut-être aussi sur la Côte-du-Sud comme on l’a vu au chapitre consacré à son père[2].

Une dizaine d’années plus tard, la situation n’a pas changé et Paul attend toujours.  À l’âge de soixante-neuf ans, on peut s’imaginer que le grand-père ne pousse plus la charrue.  Par contre, il n’a pas encore décidé de se donner à son aîné, le père de Paul, comme l’ont toujours fait les vieux à l’Isle aux Coudres quand le corps n’avançait plus.  C’est donc encore lui qui dirige les travaux et qui est le maître d’œuvre comme chef de famille, mais c’est surtout Paul le «cultivateur» qui seconde le grand-père, car Germain le père travaille la plupart du temps hors de l’Isle comme journalier[3]

Au cours des longs hivers, Paul deviendra un peu cordonnier tout comme ses frères.  Les chaussures que portent les membres de sa famille et plus tard ceux de ses enfants sont, la plupart du temps, faites de ses mains; il a sûrement appris comment se servir des peaux des animaux disponibles, le marsouin entre autres.  Paul est de l’une des dernières générations à avoir pris part aux pêches à marsouins. 

Étant l’aîné de la famille, Paul sera choisi plus souvent qu’à son tour comme parrain des enfants de ses frères, sœurs, cousins et cousines.  On lui fera cet honneur une dizaine de fois au cours des dix ans précédant son mariage.  Le curé Jean Baptiste Pelletier, en poste depuis onze ans, n’en finira plus d’inscrire, «le parrain n’a su signer» lors de chacun de ces baptêmes[4]Paul n’en saura pas quitte pour autant après son mariage alors qu’il continuera de jouer ce rôle régulièrement.

De toutes ces jeunes marraines qui l’accompagnaient lors de ces nombreux baptêmes, ce sera celle d’un baptême en 1862 qui l’éblouira, car il épouse «Hélène Martine Desgagnés» dite Martine Hélène Desgagnés le 4 juillet 1864.  L’inversion des prénoms n’est pas une erreur du curé, mais plutôt un caprice de femme, puisque c’est ainsi que celle qui fera la lecture à son mari signe le registre; elle écourtera bientôt son prénom à Martine bien qu’elle se fera également prénommer Marie Martine et MathildePaul a vingt-neuf ans à l’été de son mariage alors que Martine en a vingt-huit.  Cette cousine de ma grand-mère est la fille de Joseph Timothée Desgagnés (1804-1880) et de Marie Susanne Desgagnés (1799-1887).  Puisque les deux parents de la mariée ont Sébastien Hervé (1695-1759) comme ancêtre commun de même que les parents de Paul, le couple avait obtenu une dispense de consanguinité un mois plus tôt.  Dans une île où les premiers arrivants de la décennie de 1720 étaient moins d’une dizaine, l’endogamie était encore reine[5].  Les nouveaux époux, accompagnés de leurs parents, étaient passés chez le notaire Joseph Perron à la baie Saint-Paul en après-midi le 1er juillet pour y signer leur contrat de mariage.  Germain le père a déjà déterminé que la part de ses avoirs qui reviendrait à Paul à sa succession serait l’équivalent de «cent cinquante louis courant», advenant qu’il ne dispose pas de ses biens ou d’une partie de ceux-ci pour un montant équivalent[6].  Bien que Paul soit l’aîné, par ce contrat, Germain traite son fils comme il l’a fait avec ses précédents enfants et comme il le fera avec tous les autres lors de leurs mariages.  Paul, bien qu’il assume les obligations d’aîné en veillant sur ses vieux parents, outre la maison familiale, il ne sera pas avantagé pour autant.  Il faut dire qu’avec treize enfants, Germain qui est toujours journalier et qui vit sur la terre familiale appartenant encore à son père Joseph n’a pas grand-chose à partager.

Paul a beau être l’aîné chez les garçons de la famille, il ne fut pas le premier à se marier.  En 1864, deux de ses sœurs et l’un de ses frères l’ont déjà fait; d’abord, Marie Marthe (1838-1917) en 1861 ainsi que Louis Didier (1840-1871) et Marie Justine (1831-1922) en 1862. 

Le nouveau couple ne tarde pas, Martine accouche de son premier enfant l’année suivante.  «Marie Clarise Harvay» est baptisée le jour de sa naissance le 4 août 1865.  Le parrain est l’oncle de l’enfant, Louis «Épiphane Desgagnés» (1838-1925) et la marraine, sa tante, Marie «Phébé Harvay» (1847-1902).  Le parrain et la marraine s’uniront pour la vie l’an prochain.  Comme on l’a vu, en 1866, un peu après les fêtes, la maladie se présente à l’Isle.  Les fièvres typhoïdes font leur apparition alors que cette maladie n’est pas encore bien connue, qu’il n’existe donc aucun remède et que l’Isle n’a toujours pas de médecin.  La première victime présumée à l’Isle est la jeune Marie Clarisse qui s’éteint le 9 janvier 1866.  Les parents de celle dont le curé à son baptême avait omis un «s» à son prénom avaient vu la condition de Clarisse se dégrader rapidement au cours de la dizaine de jours qu’avait durée la fièvre[7].   Il faut dire qu’une vingtaine de personnes s’entassent dans la maison puisque Paul et sa famille demeurent toujours sous le toit du grand-père avec son père et sa famille.  On peut facilement imaginer que l’hygiène, la cause principale de la fièvre, devait y être précaire.

Le couple, maintenant dans la trentaine, ne se décourage pas, car quelques semaines plus tard Martine est de nouveau enceinte.  Elle accouche d’une autre fille le 17 novembre de la même année.  «Marie Claire Harvay» est baptisée le même jour; on lui choisit pour parrain son oncle Joseph Harvay (1842-1887) et comme marraine sa tante Marie Desgagnés (1842-1875)«Marie Claire» sera prénommée Clarisse toute sa vie.  Il est possible que le couple ait demandé au curé de prénommée «Marie Claire» du prénom de sa sœur décédée comme les Harvay le faisaient si souvent pour défier le sort lorsqu’un enfant décédait et qu’un nouveau du même sexe naissait.  Si cela était, le curé n’aurait pas obtempéré[8].

En 1867, la maladie n’a toujours pas quitté la maison puisque le 9 mars décède Joseph Desgagné, le fils de Justine, la sœur aînée de Paul [9].  Le mois suivant, le 4 avril, Joseph dit Cléophas Harvay, le fils de son frère Didier s’éteint à son tour[10].  Le grand-père de Paul suit peu de temps par la suite le 5 mai 1867. 

Qu’advient-il de la terre familiale au décès du patriarche? Seuls Germain et sa sœur Archange sont toujours à l’Isle; les deux autres, Joseph et Darie, demeurent tous deux à Saint-Irénée[11].  L’avenir nous apprendra que Germain, qui a cinquante-huit ans et qui avait toujours été journalier, semble avoir hérité de la majeure partie de cette terre.  Germain Hervé gardera la terre encore longtemps.  Comme il s’est engagé à pourvoir à l’établissement de ses fils avec un ménage convenable et que certains choisiront plutôt d’encaisser l’équivalent pour partir s’établir ailleurs, il ne restera bientôt que biens peu d’arpents pour que Paul puisse envisager une vie d’agriculteur.  Germain a treize enfants et comme il aidera également ses filles à leur départ il lui faudra de l’argent.  Ces événements inciteront probablement Paul à se faire calfat pendant la saison d’hiver et bientôt débardeur, au bord de l’eau, à Montréal pendant les étés.  À l’Isle pour les travailleurs, il n’y avait que deux saisons; les glaces sur le fleuve en dictaient leur durée.

Le départ du grand-père et les tristes événements des dernières années auront convaincu la famille de la nécessité de loger le clan de Germain et d’Archange dans plus d’une maison.  C’est ainsi qu’une grande maison est construite du côté de la mer, au pied du Cap-à-Labranche où le père et la mère s’installent avec leurs enfants non mariés.  Paul quant à lui demeure avec sa famille dans l’ancienne maison de son père de l’autre côté du «chemin royal» alors que l’on construit une petite maison pour son frère Didier et sa famille.  Les deux frères ne partent donc pas très loin, car ils sont toujours sur la terre du père[12].    

C’est donc encore dans cette maison que naîtra le prochain enfant du couple.  «Marie Marthe» voit le jour le 10 mai 1869.  C’est leur troisième fille qui vient de naître.  Baptisée le même jour, elle a pour parrain «Joseph Octave Dufour» (1828-1905), un voisin et lointain parent dont Germain le père de Paul avait été le parrain à sa naissance.  La marraine est la sœur du père, Denyse Harvé (1833-1898)[13].

Au printemps 1871, Paul est toujours « cultivateur » à ses heures sur la terre de son père et profite aussi de la construction de goélette qui va bon train à l’île.  Cette nouvelle activité lui permet d’améliorer le sort de la famille par son travail de calfat l’automne et le printemps.  «Son travail de calfat consiste à rendre étanches les coques des goélettes en bois en bourrant d’étoupe les espaces entre les planches[14].»  Cela ne l’empêche pas de quitter l’île avec les gens du bord de l’eau pour la longue saison d’été.  

Comme nous le verrons, Paul et Martine n’auront qu’un seul garçon et ce dernier épousera les mêmes métiers que son père bien qu’il ne sera jamais cultivateur.  Ils sont toujours quatre à la maison, mais la situation changera sous peu puisque Martine est enceinte de sept mois.  Paul a profité de son union avec «Hélène Martine Desgagnés» pour apprendre à lire, mais il ne saura jamais écrire[15].  Les Desgagnés de La Baleine, pour la grande majorité, savent tous lire et écrire et cela depuis le tout premier Degagné arrivé à l’Isle vers 1798.  Dans la première moitié du siècle, le premier instituteur laïque de l’école de l’église fut d’ailleurs un Desgagnés. 

Le 17 avril, Paul perd son frère et voisin Louis Didier qui décède à trente et un ans.  Il est le premier des enfants de Germain à mourir.  Paul n’assiste pas aux funérailles puisqu’il est déjà parti pour le port de Montréal.  Il apprendra probablement la nouvelle par un navigateur de l’Isle plusieurs jours plus tard. 

Il sera également «absent» de l’île deux mois plus tard lors de la naissance de leur quatrième fille le 10 juin 1871; au port de Montréal toujours.  L’enfant est baptisée le même jour et est prénommée «Marie Archanges Phébée Harvay».  Dans la vie de tous les jours, elle sera toujours prénommée Marie.  Son oncle Ferdinand Harvay (1845-1928) est son parrain alors que Marie «Ledié Tremblay» (1851-1889) est la marraine[16].  Cette dernière est la sœur d’Émilie Tremblay, la future belle-sœur des parents de l’enfant, celle qui deviendra l’épouse du frère Hercule (1856-1924).

Les années passent alors que Paul est la plupart du temps parti hors de son île et que Martine voit à élever ses enfants.  Comme elle accouche à nouveau le 7 février 1874, il faut conclure que Paul devait être parti sur le tard pour le bord de l’eau l’année précédente.  Le baptême de «Marie Éloïsianne Harvay» a lieu le lendemain.  «Louis Boily» (1839-1912), marchand du lieu et voisin, est choisi comme parrain alors que la jeune veuve «Denise Tremblé» (1837-1899), l’épouse du frère de Paul décédé trois ans plus tôt, est la marraine.  «Marie Éloïsianne» sera prénommée Rosianne toute sa vie durant[17]

Martine a quarante ans lorsqu’elle accouche de son dernier enfant le 2 décembre 1876.  Elle aura eu six enfants en douze ans.  Paul aura un fils à son retour, car bien que décembre soit entamé, l’automne a été doux et la saison au port de Montréal s’est prolongée pour le débardeur qui est encore une fois «absent» de l’Isle lors de la cérémonie.  Comme pour la plupart de ses enfants, «Joseph Alfred» est baptisé le jour même.  L’enfant a pour parrain son oncle «Éli Harvay» (1859-1920) et pour marraine sa cousine Marie «Georgienne Desgagnés» (1862-1957), la fille de sa tante Marie Marthe Harvé (1838-1917)[18].

À l’été 1878, son frère Hercule se marie et son épouse accouche l’été suivant.  Ce dernier acquiert la petite maison de feu son frère Didier.  La veuve de ce dernier et ses enfants emménagent donc dans la maison du père de Paul

En 1880 on construit un quai permettant l’hivernement et le radoub des goélettes.  Du temps de la Nouvelle-France, deux quais de bois avaient été construits par les Français.  Le premier, destiné aux gros navires, qui y accédaient à marée haute, avait déjà disparu dans la première moitié du XIXe siècle.  Le second, où accostaient les chaloupes, eut une plus longue existence, mais ne suffisait plus depuis le milieu du siècle.  «Après trois pétitions successives envoyées à qui de droit entre 1858 et 1870, les insulaires arrivent à un accord avec le gouvernement pour construire un quai à la Pointe-de-Roches».  Les insulaires fourniraient le bois et la pierre alors que le gouvernement verserait les émoluments pour le temps de travail et le matériel d’assemblage.  On ne sait pas si Paul participa à cette nouvelle construction, mais elle allait lui permettre d’exercer son métier de calfat à temps plein pendant la saison morte.  Depuis le début de la construction de goélettes à l’Isle en 1860, ce travail allait surtout au gré des nouvelles constructions et Paul, le plus souvent, devait se rendre à Baie-Saint-Paul pour exercer son métier d’hiver[19].

C’est dans cette décennie qui s’achève que Paul et sa famille sont accueillis à nouveau dans la maison de son père et de sa mère.  Ces derniers ont pris la décision de se donner et l’aîné hérite donc de la tâche de s’occuper de ses vieux et de la maison de ces derniers.  Cette grande maison qui borde le fleuve est celle où Germain et Paul finiront leur vie.  La chambre de Germain et d’Archange est au rez-de-chaussée.  Paul, Martine et leurs enfants logeront à l’étage avec les autres. 

Au printemps 1881, ils sont vingt personnes au total dans cette maison du pied du Cap à Labranche au bord du fleuve, y compris le nouveau marié Germain fils et sa femme qui ont déjà un enfant[20].  Il faut dire qu’à l’Isle on s’habitue depuis plus d’une quarantaine d’années à voir les maisons pleines en hiver alors que tôt au printemps le gros des hommes part pour le port de Montréal où ils y seront pour un bon huit mois.

Le 6 mars 1882, Paul est nommé inspecteur de voirie pour la municipalité de la paroisse Saint-Louis-de-l’Isle-aux-Coudres[21].  Après de quarante-sept ans, il aura trouvé ce travail qui, soit dite en passant, peut se pratiquer en parallèle de celui de calfat et qui est moins pénible que de partir toutes les années pendant des mois hors de l’Isle.  Les «gens du bord de l’eau» devront dorénavant faire sans lui.

Paul et Martine marient leur premier enfant le 3 février 1885.  «Marie Claire» dite Clarisse (1866-1933), qui vient tout juste d’avoir dix-huit ans trois mois plus tôt, épouse le navigateur-cultivateur Joseph Harvay (1854-1947)

Clarisse

La jeune fille mineure épouse un parent de la génération précédente.  En effet, Joseph qui a trente ans est le fils d’une lignée de trois navigateurs, George Hervai (1814-1889) chez Louis (1784-1863) à Dominique (1736-1812).  Clarisse pour sa part est la fille de Paul chez Germain (1808-1902) à Joseph (1782-1867) à Dominique (1736-1812).  Bien que le couple ait obtenu une dispense pour consanguinité, cela ne les empêchera pas d’avoir sept enfants[22].  Marie Clarisse, celle qui avait eu mon arrière-grand-père pour parrain avait été la marraine de mon grand-père dix mois plus tôt.  Le couple vivra à l’île; chez les parents de Joseph pour quelques années puis ils se construiront.  Son mari construit également une goélette en 1901.  Il la nommera la Marie Clarisse pour honorer son épouse[23].  Après quarante-huit ans de vie commune, Clarisse décède le jour de son anniversaire de mariage le 3 février 1933[24].  Son mari lui survivra quatorze autres années.  Joseph décède le 12 octobre 1947 à l’âge de quatre-vingt-douze ans[25].    

Paul perd sa mère le 14 octobre 1887; elle décède à l’âge de soixante-quinze ans.  C’est maintenant Martine qui devient la maîtresse de la maison.   Elle ne le sera guère longtemps comme nous le verrons. 

À la suite du décès d’Archange Desbiens, le père de Paul vend et partage ce qui n’avait pas déjà été hypothéqué pour établir ses enfants qui se sont mariés.  Si les frères de Paul l’avaient un peu jalousé sainement parce qu’il était l’héritier naturel de la terre du père, ils durent se raviser avec le temps tout comme lui qui dû déchanter.  Paul aura été ce fils en attente de sa terre toute sa vie puisque la terre sur laquelle il travailla ne sera jamais devenue sienne.  Le grand-père Joseph l’avait gardé jalousement jusqu’à sa mort et son père en avait présumément hérité en 1867.  Ce dernier s’était bien gardé de passer cette terre de son vivant à son fils aîné, non pas pour éviter l’éclatement de la famille, car il était acquis qu’une terre revenait à l’aîné, mais plutôt pour pouvoir en user comme garantie hypothécaire.  Il devait en effet les établir en leur versant la part qui leur revenait de la communauté qu’il formait avec Archange.  Ni Paul ni lui n’avait les revenus suffisants pour racheter ces parts et pour rembourser les prêts reçus.  Quand bien même il l’aurait pu, cultiver une si petite terre à cette époque ne faisait plus vivre une famille, depuis la chute des prix survenus lors de la récession des années soixante-dix comme on l’a vu. 

Maintenant que Paul est à plein temps à l’Isle et qu’il ne part plus pour le port de Montréal, cela lui permet de participer à la vie familiale un peu plus.  On le retrouve comme parrain d’un enfant pour une dernière fois alors qu’il a maintenant cinquante-trois ans.  Sa belle-sœur Zénobie Bouchard (1850-1934), l’épouse de son frère Ferdinand vient de donner naissance à Marie Archange Harvey (1888-1960) le 31 juillet 1888[26]

Celle qui avait la coquetterie de varier son prénom fréquemment décède le 14 décembre 1889 à l’âge de cinquante-trois ans.  «Hélène Martine Desgagnés», dite pour l’occasion Marie Martine, est inhumée deux jours plus tard.  Paul ne se remariera pas; il veillera sur son père et ses quatre enfants toujours à la maison[27].  Le cadet Alfred, qui a treize ans depuis quelques jours, sera sans doute le plus marqué par ce départ, car il vivra toute son adolescence avec deux vieux endeuillés.  Paul aura cultivé la terre de son grand-père et celle de son père une bonne partie de sa vie, mais, à son âge et de surcroît veuf, il ne deviendra jamais cultivateur propriétaire de son bien de fond.    

Au printemps 1891, ils ne sont plus nombreux dans la maison où vivent en célibataire les deux veufs, Paul maintenant âgé de cinquante-cinq ans et son père qui en a quatre-vingt-deux.  Ses filles Marie Marthe, vingt-deux ans, Marie Archanges Phébée, vingt-ans et Marie Éloïsianne dite Rosianne, dix-sept ans ne sont toujours pas mariées.  Alfred, son unique fils, n’a que quatorze ans.  Dans la maison, seule Marie sait lire et écrire.  Rosianne quant à elle ne sait que lire.  Paul ne semble plus être inspecteur pour la voirie; s’il l’est encore, on ne l’aura pas dit à l’énumérateur qui se présente à la maison le 10 avril, car il inscrit que Paul est «calfat» de son métier.  Il vaque donc encore à l’entretien des goélettes.  Après le décès de leur mère, sa sœur Denyse et son frère, les deux célibataires endurcis, étaient partis crécher chez Hercule[28]

C’est à cette époque que Paul introduit son cadet Alfred au métier de calfat.  Il veillera donc comme son père au radoub des goélettes en bouchant les trous, les fentes et les gerçures du bois, avec des étoupes de vieux cordages goudronnées qu’il fera entrer de force à l’aide de son ciseau enfoncé à coups de maillet.  C’est à l’oreille qu’il déterminera si le joint est rempli d’étoupe jusqu’au fond par le son que fera entendre la coque de la goélette lorsqu’il la frappera de son maillet[29]. Alfred pratiquera ce métier jusqu’à son départ de l’Isle vers 1916.

Alors que Paul a abandonné le métier de débardeur depuis une bonne dizaine d’années pour s’occuper des travaux de voiries tout en étant calfat, Alfred se joint maintenant aux « gens du bord de l’eau ».  Comme son père, au début du printemps, il travaille «comme calfat durant un mois pour réparer les goélettes», mais dans son cas il s’exécute à Petite-Rivière-Saint-François.  «Puis, dès l’ouverture de la saison de navigation, il part avec d’autres hommes de l’île pour travailler comme débardeur au port de Montréal.»[30]

Paul ne tarde pas à voir une autre de ses filles quitter la maison, car pour Marie Archanges Phébée, le recensement aura été son avant-dernière apparition à l’Isle puisqu’elle la quitte peu de temps par la suite.  A-t-elle, comme tant d’autres célibataires de l’époque, tenté sa chance dans une manufacture de coton aux États-Unis ou simplement au moulin de la Dominion Textile au Sault Montmorency comme certains de ses oncles? Non, car on retrouve Marie Harvey à plus de sept cents kilomètres de l’Isle à Rivière-Saint-Jean sur la Côte-Nord en 1894[31].  Le 8 novembre de cette année-là, elle épouse un certain Nazaire Beaudin, fils de feu François Beaudin et d’Euphrosine Dubé. 

Marie Archanges Phébée

Le mariage a lieu, ou à tout le moins est inscrit, au registre de la paroisse de la Rivière Saint-Jean où Nazaire réside depuis que ses parents s’y sont installés.  Les Pères eudistes desservant alors l’entièreté des missions de la Côte-Nord, il est difficile d’établir avec certitude l’endroit du mariage puisque le célébrant s’est contenté d’indiquer les lieux de résidences des parents, «la Rivière St.Jean et l’Ile aux Coudres».  On ne sait pas comment Marie rencontra ce fils d’une famille de pêcheur originaire de Percé, mais quoi qu’il en soit, elle réside sur la Haute-Côte-Nord au moment de son mariage.  Évidemment, le veuf Paul, son père, n’a pas fait le voyage[32].  Le couple aura neuf enfants dont huit seront baptisés à Rivière-Saint-Jean, mais Marie est à l’Isle aux Coudres lors du baptême de son premier.  Elle accouche de cet enfant le 27 août 1895 et il est baptisé à l’Isle trois jours plus tard.  On peut penser qu’elle était venue finir une grossesse difficile entre les mains de sa sœur aînée Clarisse qui sera la marraine, car un baptême trois jours après une naissance est peu commun pour l’époque.  Il est peu probable que l’enfant soit né à Rivière-Saint-Jean et qu’on ait fait subir à la mère et à l’enfant le voyage par mer jusqu’à l’Isle[33].  Après avoir élevé leurs enfants, le couple semble avoir emménagé chez l’un d’eux à Rivière-Pentecôte où ils finiront leur vie.

La vie de Paul le calfat est bien monotone maintenant que son épouse est partie et qu’il partage ses soirées avec son père de quatre-vingt-neuf ans.  qui approche la trentaine tarde à se trouver un époux, car c’est elle qui veille maintenant sur les deux vieux puisque qu’à l’été 1897 son père escorte la dernière de ses sœurs à l’avant de l’église Saint-Louis.  Marie Éloïsianne dite Rosianne épouse le veuf Valérie Dallaire (1866-1919) le 27 juillet[34]

Marie Marthe

Valérie Dallaire avait convolé une première fois en 1890 et son épouse était décédée à la fin de cette même année des suites de l’accouchement de leur premier enfant, lequel lui survécut.  Valérie a donc un fils de six ans[35]Rosianne a-t-elle la coquetterie de sa mère en ce qui a trait à son prénom? Il semblerait, car elle se fera aussi prénommer Rose Anne pour le temps qu’elle vivra à l’Isle après son mariage.  Le couple y aura quatre enfants avant de quitter pour Saint-Félicien au lac Saint-Jean en 1903.  Ils partent y rejoindre de nombreux parents, entre autres ses cousins et cousines, les enfants de son oncle Louis Didier (1840-1871) qui y sont installés.  Ses oncles Ferdinand (1845-1928) et Marcel (1854-1931) sont également dans ce secteur.  Comme on le verra, un grand nombre de jeunes gens de l’Isle étaient partis coloniser Saint-Félicien vers la fin du siècle.  Pour l’heure, elle quitte l’Isle avec son beau-frère Louis Dallaire (1849-1931) et sa belle-sœur Marie Harvey (1845-1921) l’Irlandaise de l’Isle.  Marie est cette jeune orpheline de la grande migration irlandaise des années 1840 qui fut recueillie à l’Isle aux Coudres par les familles Boudreau et Hervé et qui adoptera leurs patronymes[36].  Comme on l’a vu, après avoir passé quelques années chez les Boudreau, elle passera le reste de son enfance et son adolescence chez Archange Hervé (1806-1888), la tante de son père Paul.  Marie, après s’être mariée à l’Isle en 1874 à Louis Dallaire et y avoir eu plusieurs enfants, part donc également pour s’établir à Saint-Félicien[37]Rosianne et Valérie auront un dernier enfant qui naîtra à Saint-Félicien en 1904[38].  Valérie décède en 1919[39].  Après vingt-ans de deuil, Rosianne épouse Philippe Tremblay, un veuf établit à Saint-Félicien, mais natif des Éboulements le 27 août 1939[40].  Après onze ans de vie commune Rosianne, décède le 13 mars 1950; elle avait soixante-seize ans[41].

Alfred, le cadet chez Paul, est toujours parti.  Outre les quelques mois de la saison morte, il est à Montréal dans le port.  C’est en profitant d’une saison morte particulièrement longue, celle de l’hiver 1900-1901[42], qu’il épouse Marceline Dufour (1883-1957) le 12 février 1901[43]«Marie Anne Marceline» est la fille d’Alexis et de Marie Leclerc. 

Joseph Alfred

«Marie Anne Marceline  Dufour» est la cousine de mon grand-père, Georges Harvey (1884-1958), puisque leur mère était sœurs.  Marceline et mon grand-père se retrouveront environ vingt ans plus tard dans le quartier Hochelaga de Montréal, alors qu’ils vivront à quelques portes l’un de l’autre.  Alfred et Marceline vivront une quinzaine d’années encore à l’Isle.  Ils y auront huit enfants.  Tout ce temps, Marceline le passera seule, car son homme continuera d’être parmi ces gens du bord de l’eau qui ne vivent guère que quelques mois comme insulaire alors que la saison de navigation s’est arrêtée avec les glaces sur la mer.  Le 12 décembre 1907, il devait d’ailleurs être à bord du Champlain qui, lors de son dernier passage maritime de la saison, s’arrêta comme à l’habitude à l’Isle aux Coudres pour y débarquer un certain nombre de débardeurs revenant de Québec et Montréal[44].  C’est probablement en 1915, après la naissance de Lucien leur dernier enfant insulaire, qu’Alfred et sa famille quittent leur île pour s’établir d’abord à Sainte-Anne de Beaupré, pour une courte période, puis au bas du Sault Montmorency près de l’immense filature de coton de la Dominion Textile qui emploie des milliers de personnes; certains de ses enfants y travailleront.  Comme on le verra dans l’histoire des frères de Paul, Alfred est en pays de connaissance aussi bien à Sainte-Anne de Beaupré qu’au Bas du Sault puisqu’oncles, cousins et cousines y pullulent.  On présume qu’Alfred, à cette époque, est à la recherche d’un emploi pour substituer son travail de migrant qu’est celui de débardeur à Montréal.  Il ne semble pas avoir du succès, car la famille emménage dans un nouveau logement du quartier Limoilou de Québec où il retrouve ses oncles Marcel et Élie et leur famille.  Ils y retrouvent aussi de nombreux cousins et cousines, les enfants de ses oncles Hercule et mon grand-père fils de son oncle Joseph.  Coïncidence ou pas, Alfred quitte Québec pour le quartier Hochelaga à Montréal la même année que mon grand-père et ils louent des logements à quelques portes l’un de l’autre.  Tous deux continueront de travailler comme débardeur.  Marceline accouche d’un dernier enfant à Montréal à la fin du printemps 1918.  Alfred finira sa vie de travailleur comme débardeur.  Il meurt sur la Haute-Côte-Nord en 1948 alors qu’il était allé visiter sa sœur Marie Archange Phébée à Rivière-Pentecôte où elle vit.  Son corps sera rapatrié à Montréal et il reposera au cimetière de l’Est avec ses copains débardeurs.

À soixante-six ans, au tournant du siècle, Paul est toujours calfat.  Il a maintenant cédé la maison, celle de son père, à son fils débardeur, comme la presque totalité des Harvey de sa génération à l’Isle.  Alfred apparaît comme chef de famille lors du passage du recenseur le 4 avril, deux mois après son mariage.  Ils ne sont plus que quatre à la maison.  La terre familiale a totalement été écumée aux fins d’installer les enfants du patriarche et de Paul[45]Marie Marthe ne s’occupe plus de son père Paul et du patriarche Germain, car elle n’est plus à l’Isle.  Il y a fort à parier qu’avec l’arrivée de Marceline, la nouvelle maîtresse de maison, celle qui a maintenant près de trente-deux ans, n’aura pas voulu partager le rôle qu’elle avait joué depuis onze ans.  Elle sera partie travailler au loin pendant un certain temps, car elle reviendra à l’Isle sous peu[46].

À la mi-janvier, Marceline accouche de son premier enfant.  Marthe est de retour à l’Isle puisqu’elle est marraine de l’enfant[47].  L’arrière-grand-père, qui en a vu d’autres, lui qui a déjà soixante-dix petits enfants et au-delà d’une quarantaine d’arrière-petits-enfants, vient d’hériter d’un autre arrière-petit-fils.  Il ne profitera guère du dernier puisque le 4 juin 1902, Germain le patriarche meurt à près de quatre-vingt-quatorze ans.  Paul est maintenant seul avec le couple de jeunes mariés et son petit-fils. 

Une autre calamité s’abat sur l’Isle à l’été.  Le 29 juin on vit une invasion de mouches à patates dans les champs à la grandeur de l’Isle.  Comme la pomme de terre est depuis le milieu du siècle dernier la principale production agricole à l’île, le curé demande à ses ouailles de jeûner pendant deux jours et demi «afin d’obtenir du Bon Dieu la cessation du terrible fléau de la mouche à patates.»   Des grand-messes sont chantées pendant trois jours dans le même but et, de plus, le curé organise une procession et des bénédictions avec conjuration.  Ce déluge de dévotions sera pourtant sans effet.  Paul et les siens ont beau prier pour les insulaires cultivateurs, les doryphores dévoreront des champs entiers; le parasite fera disparaître la majorité des plants de pommes de terre de la surface de l’Isle[48].

Pour Paul, qui vécut assurément une vie difficile, c’en est assez.  Tout comme son père, il ne verra pas son petit-fils grandir, car il s’éteint le 14 novembre de la même année à l’âge de soixante-sept ans.  Celui qui devait être cultivateur par sa nature d’aîné meurt calfat.  Il est inhumé trois jours plus tard.  Alfred était de retour à l’Isle et assiste aux funérailles tout comme ses sœurs et beaux-frères; seule Marie, loin sur sa Côte-Nord, n’est pas au fait des événements[49].

Comme Marceline, Alfred sait lire.  Au retour de Montréal, il devait ramener de la lecture pour les longues journées hiver.  Gare à lui s’il a ramené un almanach, car le curé fait croisade.  Le 30 novembre 1902, un avis est donné aux paroissiens par le curé :

«Remarque au sujet des almanachs qui circulent et qui circuleront dans la paroisse. On voudra bien les mettre au feu avant d’en faire lecture, car la plupart sont très mauvais. Messieurs les maîtres (de) poste sont priés de les brûler.»[50]

Maintenant que son père et son grand-père ne sont plus, Marie Marthe peut penser à elle.  Le 2 août de l’année suivante, elle épouse le veuf Alexis Boudreault (1863-1943) en l’église Saint-Louis[51]

Marie Marthe

Alexis Boudreault a déjà quatre enfants dont trois ne sont même pas en âge d’aller à l’école[52].  Marie Marthe ne pensera donc pas à elle très longtemps.  Le veuf vient de perdre son épouse l’année précédente[53].  Cette dernière, Marie Louise Dufour, était une petite-cousine de tous les côtés puisque son père et sa mère étaient des petits-cousins de Paul le père de Marthe.  Œuvre de charité ou accommodement raisonnable? Marthe et Alexis, s’ils sont en amour, se trouvent bien aise dans cette union : alors que la première trouve un lieu pour continuer d’être maîtresse de maison, l’autre trouve une mère pour ses enfants.  Marthe et Alexis auront quatre enfants; elle accouche de son dernier en 1911 alors qu’elle a quarante-deux ans[54]Marthe Harvay décède à l’âge de soixante-dix-huit ans le 25 novembre 1947[55].

[1] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 19 juillet 1835.

[2] B.A.C., G., Recensement de 1851, comté Saguenay, Isle aux Coudres, page 21.  L’énumération connue sous le nom du Recensement de 1851 a débuté officiellement le 12 janvier 1852.  À l’Isle, il s’est déroulé avant le 23 janvier, car Marie Caroline Harvay, la sœur de Paul née à cette date, n’y apparaît pas.

[3] B.A.C., G., Recensement de 1861, district de Charlevoix, Île-aux-Coudres, page 137.  Le recensement a débuté officiellement le 14 janvier 1861.

[4] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 16 juin 1854, 1 juin 1855, 10 décembre 1856, 23 décembre 1859, 7 octobre 1861, 9 octobre 1862, 24 novembre 1862, 21 mars 1863, etc…

[5] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 4 juillet 1864.

[6] A.N.Q., GN., Minutier Joseph Perron, 1er juillet 1864.

[7] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 4 août 1865 et 10 janvier 1866.

[8] Ibid., 17 novembre 1866.

[9] Ibid., 11 mars 1867.

[10] Ibid., 6 avril 1867.

[11] Je n’ai pu retrouver le testament de Joseph (1782-1867), mais tous semblent indiquer que Germain est celui à qui la terre est revenue.

[12] B.A.C., G., Recensement de 1871, district de Charlevoix, sous-district de l’Isle aux Coudres, page 2.  Le recensement a débuté officiellement le 2 avril 1871.  À l’Isle, il était complété avant le 17 avril puisque le frère de Paul, Louis Didier Harvé, y apparaît et il est décédé à cette date.       

[13] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 10 mai 1869.

[14] HARVEY, Fernand. Histoire des ancêtres d’Alfred Harvey (1876-1948).  Montréal, Édition privée, 2001, page 106.

[15] B.A.C., G., Recensement de 1871, op. cit.

[16] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 10 juin 1871.

[17] Ibid., 8 février 1874.

[18] Ibid., 2 décembre 1876.

[19] ANCTIL-TREMBLAY, Alain et Chantal GRAVEL. Les grandes familles. Ile-aux-Coudres, 1741-2011. Baie-Saint-Paul, Imprimerie St-Paul, «Les grandes familles de Charlevoix», volume 9, 2011, page de chronologie sommaire. Et : COLLECTIF.  Visite guidée de l’Isle aux Coudres.  Baie-Saint-Paul, Les Impressions Charlevoix offset inc., 1995, pages 6-7.  Le texte est erroné, car la première pétition fut envoyée aux autorités en 1851.

[20] B.A.C., G., Recensement de 1881. Le recensement de 1881 a débuté officiellement le 4 avril 1881. L’inscription du recenseur lors de son passage au printemps 1881 indique la maison apparaissant à la ligne de Germain et non à celle de Paul ce qui en détermine la propriété.  Comme ce n’était pas coutume d’enregistrer un acte notarié lors de la construction d’une maison et que le testament de Germain n’a pas été trouvé à ce jour, on peut présumer que cette maison était celle du père. 

[21] COLLECTIF.«Chronique de l’Isle aux Coudres», Le phare, Isle-aux-Coudres, volume 8, numéro 3, mai et juin 2008.

[22] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 3 février 1885.

[23] B.A.C., G., Immatriculation des navires (1787-1966). 1901, enregistrement numéro 111500.  D’une longueur de 46 pieds et d’une capacité de 21 jauges, la Marie Clarisse fut construite à l’Isle aux Coudres en 1901.  Joseph Harvay (1854-1947) en était le propriétaire navigateur.

[24] Ibid., 6 février 1933.

[25] Ibid., 14 octobre 1947.

[26] Ibid., 1er août 1888.

[27] Ibid., 16 décembre 1889.

[28] B.A.C., G., Recensement de 1891, district de Charlevoix, sous-district de l’Isle aux Coudres, pages 8 et 9.  Au Cap à Labranche, le recensement a eu lieu de 10 avril 1891.

[29]  

[30] HARVEY, F., op. cit., page 106. 

[31] HARVEY, F., op. cit., page 106.  Fernand Harvey mentionne que le mariage de sa grande tante Marie Harvay et de Nazaire Beaudin eut lieu à Rivière-Pentecôte.  Il est possible que le prêtre ayant inscrit le mariage ait célébré celui-ci à Rivière-Pentecôte et inscrit le mariage au registre de Rivière-Saint-Jean à son retour.  Les registres de cette paroisse étaient ouverts depuis 1876 bien que la mission n’ait été érigée qu’en 1905.  Les Pères eudistes la desservaient bien avant cela.  Par contre, il est plus probable que le mariage ait eu lieu à Rivière-Saint-Jean où l’époux y est pêcheur et où sa famille habite; d’ailleurs Marie et Nazaire s’établissent à Rivière-Saint-Jean après le mariage.

[32] BAnQ., Registre de la paroisse de la Rivière-Saint-Jean, 8 novembre 1894.  L’inscription du célébrant ne permet pas d’établir à quel endroit sur la Côte-Nord le mariage fut célébré. Le mariage s’est déroulé le 8 novembre 1894 ce qui est compatible avec le fait que Marie n’apparaisse plus à l’Isle après 1891.  Cependant, selon l’inscription, cette Marie aurait été la fille d’un certain Thomas Harvey et d’Almanda Harvey de l’Isle aux Coudres et elle aurait été mineure.  Deux choses clochent au registre du missionnaire.  D’abord, il n’y a jamais eu de Thomas Harvey marié à une Almanda ou Amanda à l’Isle.  De plus, Marie n’était pas mineure, car elle est née en 1871.  Il est tout de même curieux que le célébrant inscrive qu’elle est mineure et qu’il n’inscrive pas avoir reçu le consentement du père.  Il est par contre certain que l’inscription du mariage soit le bon et que le prêtre ait été peu attentif, car en 1895, Marie Archanges Phébée dite Marie Harvey, fille de Paul, donnera naissance à son premier enfant, fils de Nazaire Beaudin de Rivière-Saint-Jean à l’Isle aux Coudres.

[33] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 30 août 1895.  Baptême de Louis Nazaire Beaudin, «fils de Nazaire Beaudin de la Rivière Saint-Jean et de Marie Harvey».

[34] Ibid., 27 juillet 1897.

[35] Ibid., 21 janvier, 19 octobre et 26 octobre 1890.

[36] Marie Harvey l’Irlandaise fut aussi dite Boudreau du temps où elle résidait chez Catherine Leclerc (1803-1874) et son mari Vital Boudreault (1783-1866) dans les premières années de son arrivée à l’Isle.

[37] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 29 novembre 1907.  Mariage de Philippe Dallaire et d’Azilda Bouchard.

[38] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Félicien, 24 juillet 1904. 

[39] Ibid., 7 avril 1919.

[40] Ibid., 27 août 1939.

[41] Ibid., 16 mars 1950. 

[42] B.A.C., G., Recensement de 1901, district de Charlevoix, sous-district de l’Isle aux Coudres, page 2.  Le recensement a débuté officiellement le 31 mars 1901, mais eu lieu le 4 avril au Cap à Labranche.  Alfred n’avait travaillé que sept mois en 1900.

[43] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 12 février 1901. 

[44] GIRARD, Jacques et Jacques HARVEY.  La Baie St.Paul Lumber : Histoire d’une tentative d’industrialisation avortée. Québec, Copiepress, 2012, page 22.

[45] B.A.C., G., Recensement de 1901, district de Charlevoix, sous-district de l’Isle aux Coudres, tableau No.2, bâtiments et terres, églises et écoles, page 1.

[46] B.A.C., G., Recensement de 1901, district de Charlevoix, sous-district de l’Isle aux Coudres, page 2. 

[47] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 14 janvier 1902.  Baptême de Joseph Albert Harvey.

[48] COLLECTIF.«Chronique de l’Isle aux Coudres», Le phare, Isle-aux-Coudres, volume 9, numéro 2, mars et avril 2009, pages 8 et 9.

[49] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 17 novembre 1902.

[50] COLLECTIF.«Chronique de l’Isle aux Coudres», Le phare, Isle-aux-Coudres, volume 9, numéro 3, mai et juin 2009, page 2.

[51] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 2 août 1903.

[52] B.A.C., G., Recensement de 1901, district de Charlevoix, sous-district de l’Isle aux Coudres, page 14. 

[53] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 12 mai 1902. 

[54] Ibid., 31 juillet 1911.

[55] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Bernard de l’Isle aux Coudres, 27 novembre 1947.