Thomas dit Pierre Harvez

 (1858-1956)

Thomas dit Pierre Harvez, de la septième génération, quittera Saint-Alexis de la Grande Baie au Saguenay en 1888.  Né le 29 mai 1858 au Grand-Brûlé, endroit qui prendra le nom de Laterrière plus tard, il traînera sa bosse dans les forêts du nord de l’État de New York.  Thomas dit Pierre est le fils aîné de Didié Harvé (1828-1868) à Joseph François Hervé (1794-1890) à David Hervé (1764-1837) chez Dominique Hervé (1736-1812).

Thomas sera rapidement prénommé Pierre, même si uniquement le prénom de Thomas apparaît au registre de son baptême[1].  Erreur du curé? Possiblement puisque le parrain est un dénommé Pierre Fortin.  Sa marraine, tante Césarine Tremblay (1836-1910), est mariée à l’oncle François Harvay (1832-1901) qui est surnommé Thomas; il ne faudrait donc pas trop tenir rigueur au pauvre curé qui s’en est remis aux volontés des parents, tous deux absents de la cérémonie, volontés que lui ont communiqué parrain et marraine, illettrés il va sans dire.  Comme premier fils de la famille, on aurait pu s’attendre à ce que son grand-père soit choisi comme parrain, mais ce dernier et le père de Thomas sont absents de la cérémonie; on peut présumer qu’ils sont en forêt à voir à leurs intérêts[2]Pierre devra s’habituer très jeune aux absences de son père en forêt.

Parce que son père est décédé alors que Pierre n’avait que dix ans, il l’a suffisamment connu pour idéaliser cet homme qui abattait la forêt et en transformait le produit dans son propre moulin à scie.  En effet, père et grand-père exploitaient la forêt au Saguenay.  Quelques années avant sa naissance, son père avait construit un moulin sur la terre du grand-père[3], moulin qui tournait grâce à l’énergie hydraulique d’une chute sur la rivière Ha! Ha!

Sept mois après le décès de son père en septembre 1868[4] sa mère, Sophronie Potvin (1836-1922), se remarie à Élie Maltais (1846-1875)[5].  Élie viendra habiter avec la famille à Grand-Brûlé.  Pierre et ses frères et sœurs auront donc un beau-père pour un certain temps.  

Un peu après le printemps 1871[6], Pierre et sa fratrie prendront la direction d’Hébertville; ils y sont depuis un certain temps déjà l’été suivant lors du mariage de celle qui collectionnera les époux (4), l’aînée Léda (1856-1924).  Ce ne sera d’ailleurs pas le beau-père qui conduira la mariée à l’autel et lui servira de témoin, mais plutôt son frère Pierre, âgé de seulement quatorze ans[7].  Élie Maltais décède dans des circonstances tragiques, trois ans plus tard en septembre 1875[8].  Sa mère ne se remariera pas.  Pierre a déjà dix-sept ans au moment du décès.  

Pendant un certain temps, Pierre l’aîné et sa mère s’appuieront sur la famille Maltais[9], puis avant la fin de la décennie, la famille déménagera d’Hébertville à Saint-Fulgence.  Ils y auront une terre bien à eux, vivant maigrement d’agriculture, un domaine que la famille a peu connu ayant principalement vécu de l’exploitation forestière; Sophronie pourra tout de même compter sur le support de Pierre son fils aîné et de ses trois autres garçons en âge de manier la charrue.

Il est probable que ce fut en 1880 que Pierre est allé travailler aux États-Unis une première fois le temps d’une saison, peut-être comme bûcheron ou, comme on le verra, travailleur dans le pétrole[10]

À Saint-Fulgence, Pierre, que l’on surnomme Pitre comme tous les Pierre du canton, s’était épris d’une voisine[11], Flore Grenon.  Elle a vingt et un ans[12] et lui vingt-trois lorsqu’il l’épouse le 9 août 1881[13]

Le printemps suivant, le nouveau couple quitte Saint-Fulgence pour les États-Unis[14].  Ils y seront un certain temps avant de revenir s’établir à Chicoutimi alors que Flore est enceinte de son premier enfant.  Celui que l’on nommera Joseph Edmond Hector Gratien à son baptême naît le 9 septembre 1885.  C’est son frère Hector (1863-1943) qu’il avait choisi comme parrain.  Pierre est qualifié de cultivateur au registre, mais on ne lui trouve aucune terre[15].  Cette mention de cultivateur est sans doute plutôt le résultat de la mauvaise habitude des ecclésiastiquesqui attribuaient ce titre à leurs ouailles le plus souvent quand ils n’étaient pas des notables.   

Deux ans plus tard, la famille vit à Saint-Alexis quand Flore met au monde Anita Emely le jour de la Saint-Jean, en juin 1887.  Par l’orthographe du prénom de l’enfant, on décèle déjà l’influence américaine.  Encore une fois, le registre mentionne « Pierre Harvey cultivateur de cette paroisse »[16].  Il est probable que lorsqu’il avait quitté Saint-Fulgence pour les États-Unis après son mariage, sa fratrie et sa mère étaient parties également, mais dans leur cas c’était pour s’établir à Saint-Alexis de la Grande-Baie.  Comme en 1891, sa mère, trois de ses frères et ses deux demi-sœurs seront recensés, tous sous un même toit à Saint-Alexis, on peut présumer que Pierre et sa famille étaient retournés vivre avec eux[17].  Quoi qu’il en soit, Saint-Alexis sera le dernier lieu de résidence de Pierre au Saguenay.

Si le père et le grand-père de Pierre se sont opposés au monopole de la William Price and Company[18], Pierre n’a pas l’intention de se battre contre ce moulin à vent.  Il fera carrière dans le domaine forestier lui aussi, mais ce sera plus modestement, à la mesure de ses moyens d’orphelin, comme travailleur de moulin à scie et bûcheron hors de son Saguenay natal.

La Pennsylvanie

En effet, en 1888, lui, sa femme et leurs deux enfants, Edmond (1885-1970) et Emely (1887-1956), quittent le pays, définitivement cette fois-ci, pour aller vivre aux États-Unis[19].  Où sont-ils allés? Alors que l’on retrouve avec une relative facilité la trace des Canadiens français en Nouvelle-Angleterre, il en est tout autrement pour ceux qui ont migré dans d’autres états[20]Pierre et sa famille ont tout d’abord vécu au village de Clarks Mills en Pennsylvanie, tout près des frontières de l’Ohio où George est né[21].  Clarks Mills vit essentiellement de l’agriculture et l’industrie forestière.  

La famille sera dans cet État jusqu’en 1895; quatre de leurs enfants y sont nés : George Joseph (1889-1970), Olive (1890-ca.1907), Jane (1893-1953) et Harry (1894-1930)[22].  Toujours en Pennsylvanie, la famille aurait également vécu un certain temps dans la ville de Bradford à près de cent quatre-vingts kilomètres au nord-est de Clarks Mills[23].  Bradford est située tout près de la pointe occidentale de l’État de New York.  De fait, la ville est à peine à six kilomètres de la frontière de l’État de New York et à environ cent vingt-cinq kilomètres au sud de Buffalo dans ce même État.  À l’époque du passage de Pierre et de sa famille à la fin du siècle, cette ville est en plein essor et attire une main-d’œuvre nombreuse due à la ruée vers le pétrole de Pennsylvanie.  Journalier de sa condition, il pourrait avoir travaillé dans les champs pétrolifères un certain temps.   

Tupper Lake dans l’État de New York

Pierre affectionne les États-Unis.  Il n’a plus l’intention de retourner au pays puisqu’il fait sa demande de naturalisation et obtient sa citoyenneté américaine en 1895[24].  C’est cette même année que la famille part s’établir à demeure à Tupper Lake dans l’État de New York, un village de moins de trois mille habitants.  Pierre y loue une maison de la rue Mapple située au nord d’une baie du lac Tupper que l’on nomme l’étang Raquette.  Flore Grenon y aura ses trois derniers enfants : Laura (1896-1925), Hazel (1898-1971) et Eve (1899-1967). 

Le village de Tupper Lake dans la ville d’Altamont[25] où la famille a choisi de vivre est relativement récent; les premiers colons, des bûcherons pour la plupart, n’étant arrivés à cet endroit que vers 1844 pour la production de bois d’œuvre.  Cependant, l’endroit ne se développera vraiment qu’avec l’arrivée du chemin de fer.  La région a beau être entourée de forêt propice à l’exploitation, encore fallait-il évacuer facilement ce bois sur les marchés, ce que les premiers colons arrivaient difficilement à faire.  Lorsqu’en 1892, est inaugurée la ligne de chemin de fer Mohawk and Malone Railway reliant à Montréal la ville de Herkimer dans le sud de l’État, la colonisation d’Altamont (Tupper Lake) prendra définitivement son envol.  Le chemin de fer qui traverse désormais le village relie ce dernier à celui de Lake Placid et de Malone, avant d’atteindre la frontière canadienne.  L’exploitation forestière est favorisée par la présence de la rivière Raquette qui coule du côté sud du village et continue vers le nord-ouest à travers la ville de Potsdam, pour finalement rejoindre le fleuve Saint-Laurent au nord-est de celle de Massena.

Pierre avait sûrement été attiré à Tupper Lake par la réputation acquise par le village dans le domaine de l’exploitation forestière.  À l’époque, l’endroit détenait la distinction de premier producteur de bois d’œuvre de l’État.

À l’époque de l’arrivée de Pierre dans la région, la famille de tante Phébée Harvai (1826-post.1915), après avoir vécu à Brunswick au Maine durant une quinzaine d’années, était venue habiter dans le comté de Clinton, à quatre-vingts kilomètres au nord-est de Tupper Lake.  Il faut dire que dans les années 1890, on retrouve plusieurs descendants du Joseph Hervé (1794-1890) qui fut le seul Hervé à avoir participé à la guerre de 1812.  C’est justement dans ce même secteur de l’État de New York que s’établissent deux de ses filles et un de ses petits-fils.  Coïncidence? Probablement, car bien que l’aïeule ait passé une bonne partie de ses dernières années de vie à raconter aux membres du clan ses faits d’armes dans la région de Plattsburgh, il y a peu de chance que ses filles aient eu leur mot à dire sur la destination que prenait leur mari pour leur gagne-pain.  Cependant, le réseautage familial dont il a été question dans la plupart des histoires des exilés chez les Harvey jusqu’à présent prend tout son sens avec cette branche de la famille.  Comme elle vivait de l’exploitation forestière, ses membres devaient inévitablement avoir communiqué entre eux pour se retrouver à l’intérieur d’un cercle de cent kilomètres de diamètre, dans cette région des Adirondacks de l’État de New York, alors que les états de la Nouvelle-Angleterre constituaient toujours le pôle d’attraction principal pour les nôtres[26].

En 1899 un grand incendie rase le village.  Plus de cent soixante structures sont brûlées en une journée.  Les deux tiers des maisons de l’endroit y passent jetant à la rue autant de familles.  On ne sait pas comment s’en sont tirés Pierre et sa famille, mais comme leur domicile est au nord du lac, à trois kilomètres du centre du village, on peut présumer qu’ils furent épargnés.  Si les individus ont souffert, le village lui s’en est rapidement sorti gagnant.  Un village moderne est né des cendres de l’ancien, doté de commodités que nul autre endroit de la région ne possédait.  L’endroit aura en autres son propre grand magasin et son hôpital où travailleront deux des enfants de Peter, Harry et Hazel[27].  La nouvelle gare de triage tentaculaire, alimentée par le commerce du bois, fera de la ville une plaque tournante pour les communautés environnantes des Adirondacks.

C’est au tout au début de cette même année 1899 que Louise Hervai (1834-1910), sœur de Phébée et tante de Pierre, arrive dans la région avec sa famille.  Ils s’établissent à Glens Falls au sud-est de Tupper Lake.

Bien établie à Tupper Lake dans l’État de New York, au tournant du vingtième siècle, la famille de Pierre demeure dans une maison que ce dernier a louée.   Avec l’expérience acquise dans sa famille, on ne sera pas surpris de voir Pierre travailler dans l’un des moulins à scie de l’endroit.  Au cours de l’année 1899, il a besogné au moulin pendant dix mois.  Si quatre de ses enfants vont à l’école, son aîné n’y est allé que trois mois puisqu’il a déjà commencé à travailler[28]

L’État de New York n’est pas la Nouvelle-Angleterre et un Canadien français n’y faisait pas son jars comme on pouvait le faire dans l’un des parcs Lafayette d’un Petit-Canada, celui de Fall River ou de Salem au Massachusetts par exemple.  Dans l’état de New York, si on voulait travailler, il fallait rapidement se fondre dans la masse pour faire oublier ses origines en quelque sorte, car la majorité ici est anglo-saxonne.  Soixante ans avant l’arrivée des premiers Harvey dans cet État, les pères de ceux qui les entourent s’étaient battus contre l’envahisseur britannique venant du nord, du Québec et de l’Ontario; on n’avait pas encore oublié les lourdes pertes, sans compter les défaites humiliantes.  Pierre n’existera donc plus et l’homme sera connu sous le prénom de Peter.

On se rappellera que la tante de Peter, Phébée Levesque (née Harvai) et sa famille, après avoir vécu à Brunswick au Maine, étaient venus habiter dans le comté de Clinton de l’État de New York au milieu des années 1890.  À leur arrivée dans cet état, ils avaient senti le besoin de changer le patronyme familial « Levesque » en « Bishop ».  La situation de Phoebe Bishop n’est pas un cas d’espèce, les annuaires des villages environnants sont bondés de patronymes québécois aussi traduits.  Si les Poirier et D’Avignon font exceptions, les Fountain [Fontaine], Sovey [Sauvé], Raymo [Raymond], Dissotelle [Desautels], Laduke [leduc], Deno [Deneault], Grangers [Granger] sont légion, une situation inexistante en Nouvelle-Angleterre.  Les enfants de Peter et Flora iront à l’école anglaise[29].

Peter continuera de travailler comme journalier, comme bûcheron le plus souvent.  Malgré l’exploitation forestière florissante, en 1904, il sera tout de même sans emploi plus de trois mois au cours de l’année.  Ses neuf enfants sont toujours sous son toit.  Seuls les trois plus vieux travaillent, deux comme journalier et l’autre comme servante.  Cinq sont à l’école et la dernière y fera son entrée l’automne prochain[30].

Les cinq prochaines années amèneront plusieurs bouleversements dans la famille.  Avec trois mariages et un décès parmi les enfants, Peter et Flora emménagent au cœur du village dans une plus petite maison louée sur la rue Front.  Avec l’âge, comme le font encore généralement les gens vieillissants, ils se rapprochent de l’église paroissiale St-Alphonsus qui domine le village depuis 1890, à moins de trois cents mètres de leur demeure.  Si le secteur de l’étang Raquette où ils vivaient autrefois était entièrement anglophone, leur nouveau toit se situe sur une rue habitée seulement par des compatriotes.  Dans la famille, seule Flora n’a pas appris l’anglais, rien de bien différent des autres familles où la femme à la maison est généralement celle qui a été le moins exposée au milieu anglophone.  À plus de cinquante ans, Peter a maintenant quitté le milieu de l’exploitation forestière.  Il est maintenant journalier sur une ferme[31]

Près de trois ans après le début de la Première Guerre mondiale, les États-Unis déclarent la guerre à l’Empire allemand le 6 avril 1917.  Peter voit son fils George prendre les armes.  En juin il se joint au sixième bataillon de mitrailleuses du corps de la Marine nouvellement créé.  Le 3 mai 1918 à New York, il s’embarque sur le RMS Carpathia qui le mènera avec sa compagnie sur le Front-Ouest.  Le Carpathia sera coulé par un sous-marin allemand deux mois plus tard à son retour d’Europe, au sud des côtes irlandaises.  Après la fin de la guerre, George et son régiment feront partie des troupes d’occupation en Allemagne jusqu’en mai 1919.  Pierre reverra son aîné quelques mois plus tard[32].

Les années 1910 avaient scellé l’avenir des autres enfants de la famille qui étaient partis tour à tour, certains après leur mariage, d’autres pour leurs études.  Harry demeurera avec ses parents et deviendra le poteau de vieillesse de ces derniers.  Peter, avec son fils, retournera au travail dans les chantiers comme journalier pour un certain temps[33] puis se trouvera de l’emploi dans une manufacture.  Tout comme pour le lot des journaliers vieillissants, Peter devra vivre de petits boulots temporaires là où l’on voudra bien de ses bras. 

En 1924, l’hôpital pour Vétérans Sunmount ouvre ses portes à Tupper Lake.  Dédié au traitement des anciens combattants de la Première Guerre mondiale atteints de tuberculose, l’hôpital deviendra une bouffée d’air frais pour la famille de Peter aux maigres revenus.  Après leurs études Hazel et Eve, maintenant surnommée Eva, étaient revenues à la maison et toutes deux s’y trouvent immédiatement du travail, l’une comme infirmière et l’autre comme commis-comptable à la tenue de livres.  Harry aussi déniche un emploi au centre hospitalier.  Il faut bien que l’argent entre dans la maison, car deux des filles mariées de Peter, Jane (Jennie) Austin Harvey et Emely Martineau Harvey, après le décès de leur mari respectif, sont revenues vivre sous son toit; l’une d’entre-t-elles est même arrivée avec trois marmots.  Probablement grâce à ses états de service militaire, le fils vétéran George qui demeure à trois portes de chez son père s’est également trouvé un emploi d’agent de sécurité à l’hôpital[34].


En 1925, Laura décède des complications reliées à l’accouchement de son premier enfant.  Peter et Flora prennent sous leurs ailes leur petite-fille Theresa Larouche.  Peu de temps après ses enfants, sans doute aidés par ces derniers, c’est au tour de Peter de trouver un boulot de journalier à l’immense complexe de l’hôpital des vétérans.  

En 1930 il y est encore, à l’âge de soixante-douze ans.   Les bons salaires de la famille auront permis à cette dernière d’acquérir la maison que Peter louait depuis tant d’années sur la rue Front.  La veuve Jane (Jennie), son frère puîné Harry et deux petits enfants, dont la petite Theresa, demeurent encore chez Peter et Flora[35]

C’est en cette même année 1930 que Peter et Flora perdent leur poteau de vieillesse lorsque leur cadet Harry s’éteint le jour de Noël[36].   Ce sera donc la veuve Jane qui prendra la relève pour veiller sur ses parents.



C’est au cours de cette décennie que Peter prend sa retraite de l’hôpital des Vétérans.  Le 30 juillet 1938, il voit partir sa compagne de vie; Flore Grenon s’éteint à l’âge de soixante-dix-huit ans[37].  À quatre-vingts ans, Peter ne se retrouve pas seul, car sa fille Jane, quarante-six ans, continuera de veiller sur lui, de même que sa petite fille Theresa Larouche maintenant âgée de quatorze ans[38]



Peter s’accrochera à la vie encore longtemps.  À l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans, le 3 juin 1956, il s’éteint dans le village où il avait vu grandir sa famille.  On avait fêté son anniversaire cinq jours plus tôt[39]

Peter tout comme son frère cadet Louis Alphège (1867-1928) et ses deux tantes Phébée et Louise, avait fait le choix des États-Unis.  Seul deux de ses enfants étaient nés au Québec, les autres étaient américains.  Aucun d’entre eux ne reviendra.  Lors de mon passage à Tupper Lake en 2014, certains de ses descendants y étaient toujours. 

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[1] B.A.C., G., Recensement de 1861, Township de Chicoutimi dans le comté de Chicoutimi comprenant la section annexée de la municipalité de Laterrière, microfilms 4108689_00296 et 4108689_00297.

[2] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-de-Laterrière, 7 juin 1858.

[3] A.N.Q., GN. Minutier Louis-Zéphirin Rousseau, no 284, 4 juillet 1853.

[4] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-de-l’Immaculée-Conception de Laterrière, 9 septembre 1868.

[5] Ibid., 5 avril 1869.

[6] B.A.C., G., Recensement de 1871, District de Chicoutimi, paroisse de Laterrière, microfilm 4395491_00196.  Le recensement a débuté officiellement le 2 avril 1871.

[7] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-de-l’Assomption d’Hébertville, 19 septembre 1872. 

[8] Ibid., 5 septembre 1875.  Décédé d’un choc dû à l’épuisement et l’absorption trop rapide d’un liquide.

[9] Selon la tradition orale chez les Maltais, c’est toute la tribu des Maltais qui se chargea des orphelins en fournissant la veuve et en accueillant de temps en temps les enfants sans distinction de nom de famille.  Si cela fut le cas, cette situation fut bien temporaire puisque Sophronie et sa famille partiront pour Saint-Fulgence avant la fin de la décennie.

[10] 1920, Recensement fédéral américain, État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, village de Tupper Lake page 12 A.  Peter déclare à l’énumérateur être arrivé une première fois aux États-Unis en 1880.

[11] B.A.C., G., Recensement de 1881, District de Chicoutimi et Saguenay, paroisse de Saint-Fulgence, microfilm 31229_C_13209-00048.  Comme l’énumérateur est Prudent Potvin (1821-1891), grand-oncle de Pierre, on peut conclure qu’il était bien surnommé ainsi. 

[12] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Alexis de la Grande-Baie, 25 juin 1860.

[13] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Fulgence, 9 août 1881.

[14] 1910, Recensement fédéral américain, État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, village de Tupper Lake page 14 A. Flore déclare à l’énumérateur être arrivée aux États-Unis en 1882.

[15] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-François-Xavier de Chicoutimi, 10 septembre 1885.

[16] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Alexis de la Grande-Baie, 24 juin 1887.

[17] B.A.C., G., Recensement de 1891, District de Chicoutimi, paroisse de Saint-Alexis, microfilms 30953_148193-00481 et 30953_148193-00481.

[18] MATHIEU, Louis et Louis Z. ROUSSEAU. «Colonisation», Le Courrier de Saint-Hyacinthe. Saint-Hyacinthe, volume I, N0. 99 (14 février 1854), page 2.

[19] 1900, Recensement fédéral américain, État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, page 15.  Le village de Tupper Lake se nommait autrefois Altamont.  Lors du recensement de 1900, l’endroit où la famille vivait se nommait encore Altamont.    Ce ne fut que le 16 juillet 2004, pour éviter toute confusion avec les autres villes et villages nommés Altamonts dans l’État de New York et les états voisins que le conseil municipal vota pour renommer la ville en ville de Tupper Lake.  Pierre dit Peter dans l’État de New York déclare lors de ce recensement être arrivé aux États-Unis en 1888.

[20] En Nouvelle-Angleterre, les ecclésiastiques Canadiens français avaient amené avec eux les règles de maintien des registres qu’ils leur étaient ordonnés par les maîtres du clergé au Québec.  Leur absence dans les autres états nous oblige à avoir recours aux archives des différentes localités qui n’obéissent à aucune règle commune.

[21] Il est difficile d’établir avec certitude le lieu de naissance de George en Pennsylvanie.  En 1966, l’Index de la Sécurité sociale des États-Unis l’établit à Clarksville, une erreur sans doute puisque plusieurs autres documents mentionnent Clarks Mills.  Le 5 juin 1917, lors de son enrôlement dans l’armée, George déclare d’ailleurs être né à Clarks Mills.  Par contre, en 1919, au résumé de ses états de services pendant la Première Guerre mondiale et en 1942 sur sa fiche de conscription militaire de l’armée des États-Unis pour la Seconde Guerre mondiale, Bradford est mentionné comme lieu de naissance de George Joseph Harvey.  Trois villes de Pennsylvanie à bonne distance l’une de l’autre.  On sait par le registre de décès de l’une de ses sœurs que la famille a demeuré à Clarks Mills puisque ce lieu est mentionné comme endroit de sa naissance.  On sait également que la famille a vécu à Bradford.  On ne saura donc jamais avec certitude le lieu de naissance de George sans la découverte du document d’enregistrement.

[22] Je n’ai pu retrouver les registres de naissance de George Joseph, Olive, Jane et Harry, mais les registres de sépulture de trois d’entre eux mentionnent la Pennsylvanie comme État où ils seraient nés.  De plus, au recensement de 1940, George Joseph et Jane déclareront être nés en Pennsylvanie (1940, Recensement fédéral américain, État de New York).  Les archives de la sécurité sociale pour Jane et George Joseph de même que les archives du service militaire de George Joseph le confirment également.

[23] Certains registres militaires de George Joseph mentionnent Bradford.

[24] 1920, Recensement fédéral américain, État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, page 12 A.

[25] Les structures municipales des États sont différentes de chez nous.  Les villes souvent à la dimension d’un canton peuvent comprendre des villages.

[26] S’il existe un lien entre l’établissement de la famille de la tante Phébée et du neveu dans les Adirondacks, je ne l’ai pas trouvé.  Par contre, comme on le verra, il en existe bien un avec l’arrivée de la tante Louise.

[27] 1925-6-1, Recensement de l’État de New York, ville d’Altamont, village de Tupper Lake, page 11.

[28] 1900, Recensement fédéral américain, État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, page 15.

[29] 1910, Recensement fédéral américain, État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, village de Tupper Lake page 14 B.

[30] 1905, Recensement de l’État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, village de Tupper Lake page 37.

[31] 1910, Recensement fédéral américain, État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, village de Tupper Lake page 14 B.

[32] 1917-6-5, Fiches de conscription de l’armée américaine de la Première Guerre mondiale pour George Harvey.

[33] 1920, Recensement fédéral américain, État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, village de Tupper Lake, page 12 A.

[34] 1925-6-1, Recensement de l’État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, village de Tupper Lake page 10.

[35] 1930, Recensement fédéral américain, État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, village de Tupper Lake, page 21 B.

[36] Saint Alphonsus Cemetery Record for the year 1930. Harry James Harvey.

[37] Saint Alphonsus Cemetery Record for the year 1938. Flora M. Grenon Harvey.

[38] 1940, Recensement fédéral américain, État de New York, comté de Franklin, ville d’Altamont, village de Tupper Lake, page 13 B.

[39] Saint Alphonsus Cemetery Record for the year 1956. Peter J. Harvey.