Jules Roméo Harvey en Alberta
Jules Roméo Harvey (1908-1990)
Un autre Harvey est allé quelque temps dans l’Ouest canadien dans la période de l’entre-deux-guerres. On a la certitude que Jules Roméo Aldéric Harvey (1908-1990) était en Alberta à la fin du printemps 1934 puisqu’il épouse Marie May Landry (1910-1997) le 15 juin dans l’église Saint-Joachim d’Edmonton.
Voyons d’abord le parcours de Jules Roméo. Né le 5 janvier 1908 à Alma, il est le fils de Ludger (1876-1958) et de Marie Louise Maltais (1881-1937). Le père de Jules Roméo deviendra un prospère entrepreneur en ferblanterie et plomberie ainsi qu’un important manufacturier de structures d’acier de Jonquière. Mais pour l’heure, il est propriétaire de la quincaillerie de la rue Saint-Dominique et pratique les métiers de ferblantier et de plombier.
Tout juste avant le départ de Jules Roméo de la maison, la famille est ébranlée lorsqu’en octobre 1918, en moins de trois jours, une sœur et deux de ses frères décèdent de la grippe espagnole[1] ; la fratrie n’est alors composée que de sept membres.
Contrairement à cinq de ses frères qui auront le goût de l’entrepreneuriat, Jules Roméo qui, jusqu’à présent se fait prénommer Roméo, s’intéresse plutôt à l’aspect financier de l’économie, discipline qu’il étudie au collège[2]. Pendant ses études il abandonne le prénom de Roméo pour celui de Jules. Vers la fin des années vingt, Jules quitte donc Jonquière pour allait pratiquer le métier de collecteur dans la région de Trois-Rivières[3].
S’il est toujours là en 1931, ce n’est plus pour longtemps, car on le retrouvera en Alberta dès 1934, sans que l’on ne sache trop ce qui l’avait attiré dans l’Ouest canadien.
On ne sait pas dans quelles circonstances Jules et Marie Mai Landry (1910-1997) se sont rencontrés. Cette dernière est native de Saint-François de Madawaska au Nouveau-Brunswick. Son père Docithé (1868-1932), sa mère Henriette Albert (1872-1949) sa mère et leur famille s’étaient installés avec leur famille à Durlingville en Alberta, où ils avaient obtenu un lot en 1914[4]. Après la mort de son père en 1932, Marie Mai était venu travailler à Edmonton. Le choix de l’église Saint-Joachim pour le mariage du couple n’est pas fortuit. Saint-Joachim est une paroisse catholique francophone où les célébrations religieuses se vivent en français.
Les nouveaux mariés s’établirent cependant dans la petite communauté franco-albertaine de Falher, à quelque quatre cent trente kilomètres au nord-ouest d’Edmonton, là où Roméo fut comptable. Falher est une communauté située dans la région de la Rivière-la-Paix. L’endroit se trouve à proximité des communautés franco-albertaines de Saint-Isidore, de Marie Reine et de Girouxville. Après son mariage, Jules Roméo se fera dorénavant prénommer Roméo, un prénom peut-être plus familier aux anglophones de l’Ouest canadien.
Pendant que Roméo alignait des colonnes de chiffres en Alberta, cinq de ses frères, avec son père, constituaient l’entreprise Ludger Harvey et Fils à Jonquière. Seul Roméo et son frère Adrien (1910-1973) ne participeront pas à cette importante entreprise familiale.
On ne sait pas combien de temps le couple vécut en Alberta ; on perd leur trace pour une vingtaine d’années. Chose certaine, c’est à Montréal qu’ils finirent leur vie[5]. Dans les années soixante[6], Roméo fut gérant d’une succursale de la Banque Canadienne Nationale[7] dans ville Saint-Laurent, une municipalité du nord-ouest de l’île de Montréal (aujourd’hui un arrondissement de la ville de Montréal). Roméo décéda à Montréal le 15 juin 1990 [8]et Marie Mai Landry le suivit le 18 février 1997[9]. Tous deux sont inhumés au cimetière Notre-Dame-des-Neiges.
Jules Roméo a comme généalogie patrilinéaire le marchand et entrepreneur de Jonquière Ludger Harvey (1876-1958), le cultivateur sur la ferme paternelle à La Malbaie puis à Alma Jean Hervai (1827-1895), les entrepreneurs forestiers Pierre Hervez (1799-1853) et Pierre Hervé (c.1759-1857), le cultivateur à l’Isle aux Coudres Pierre Hervé (1733-1799), le colonisateur de l’Isle aux Coudres Sébastien Hervé (1695-1759) et le migrant Sébastien Hervet (1642-1714).
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[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Dominique de Jonquière, 24, 24 et 25 octobre 1918.
[2] B.A.C., G., Recensement de 1921, District de Chicoutimi-Saguenay, sous district de la ville de Jonquière, microfilm E003067904.
[3] B.A.C., G., Recensement de 1921, District de Saint-Maurice, sous district de la ville des Trois-Rivières, microfilm e011604751.
[4] B.A.C., G., Documents sur les lots de colonisation en Alberta, Durlingville, 1914.
[5] Dans un livre publié en 2016 sur les Harvey, l’auteur avançait qu’après le mariage de Jules en 1934 à Edmonton, il n’y avait aucune trace au Québec de ce couple ou de leur descendance par la suite et qu’il était probable qu’il se soit installé définitivement dans l’Ouest canadien, et à Edmonton plus précisément. Plusieurs documents publics québécois prouvent le contraire. L’auteur spéculait également que Jules aurait pu être rejoint plus tard par son frère Adrien puisqu’il statuait avoir perdu la trace d’Adrien après son mariage à Marcelle Bédard en 1938 à Loretteville. Adrien a toujours vécu dans la région de Québec. Après avoir perdu sa première épouse, il convole en secondes noces avec Valérie Gagnon en 1942. Il fut un industriel connu à Loretteville. Son gendre Philip Brill de New York me confirmait en 2015 que lui et ses sœurs Blanche et Yvette ont habité Loretteville tout au cours de leur vie adulte. Adrien y est décédé le 28 juillet 1973 et est inhumé au cimetière paroissial.
[6] B.A.C., G., Liste des électeurs, district électoral de ville Saint-Laurent, 1968. Roméo Harvey, gérant de banque et Mme Mai Harvey.
[7] BEAULIEU, Carl. Les Harvey, entrepreneurs polyvalents et citoyens engagés. Chicoutimi, Éditions du patrimoine, 2002, page 305.
[8] Registre du cimetière Notre-Dame des Neiges, 18 juin 1990 : Roméo Harvey né le 5 janvier 1908, fils de Ludger Harvey et époux de Mai Landry.
[9] Registre du cimetière Notre-Dame des Neiges, 2 avril 1997 : Mai Landry née le 30 avril 1910, fille de Dosithée Landry et d’Henriette Albert et épouse de Roméo Harvey.