Pamphile Harvay

(1863-1901)

Né le 6 décembre 1863 Joseph Pamphile Harvay, de la septième génération, quitte l’Isle aux Coudres en 1886 à l’âge de vingt-trois ans[1].  Jeune marié, il partira avec sa femme et un enfant pour aller gagner sa croûte à Lowell au Massachusetts.  Pamphile partait-il pour de bon ou comme d’autres allait-il simplement amasser un magot pour revenir s’établir? S’il ne vit aux États-Unis que deux ans, il en sera tout autrement de sa famille.  Pamphile Harvay est le premier fils de Jude Harvé (1837-1912) à Joseph Harvé (1809-1869) à Louis Hervé (1784-1863) chez Dominique Hervé (1736-1812).

Né d’un père-cultivateur, ce quatrième enfant d’une famille de dix n’a pas l’option de choisir la navigation comme tant d’autres à l’île, car son père a toujours eu les deux pieds sur la terre ferme[2].  De plus, Pamphile n’a pas les moyens de s’offrir une goélette.  Lorsqu’il épouse Arsène Bouchard le 10 février 1885 il doit envisager l’avenir autrement puisque le père occupe toujours cette terre avec laquelle il fait vivre dix personnes[3].  Au début du mariage, Pamphile est journalier.  Arsène Bouchard accouche de leur premier enfant, Marie Martine, en novembre[4].

Il est probable que Pamphile avait effectué quelques allers-retours pour aller travailler dans les usines de Lowell avant même son mariage, comme Jean Baptiste Tremblay (1830-post.1889), certains Bouchard et des Bergeron, d’autres insulaires qui comme lui, tentaient l’aventure américaine dans les usines de Lowell à la même période pour aller gagner leur vie dans les usines à coton.  Outre des célibataires, peu de familles Canadiennes françaises ont tout abandonné pour aller vivre en Nouvelle-Angleterre sans que l’un de ses membres y ait au préalable passé quelque temps.  Ceux qui l’ont fait y rejoignaient des parents déjà établis. 

C’est au début de 1886 que Pamphile quitte son île du Saint-Laurent avec sa femme et sa fille Martine, qui n’a que quelques mois, pour aller vivre en Nouvelle-Angleterre.  À leur arrivée, ils rejoignent une voisine insulaire, Denyse Tremblai, veuve du petit cousin de son père Didier Harvé (1840-1871), dont les enfants sont de l’âge de Pamphile

Un an après leur arrivée à Lowell, Arsène Bouchard accouche d’une deuxième fille, Delima, en janvier 1887.  Pamphile est alors opérateur dans l’un des moulins de la ville[5].  Comme la production diminue en raison de la forte compétition entre les villes cotonnières de la Nouvelle-Angleterre, Pamphile et sa famille sont forcés de revenir au pays.  Ils ne seront restés à Lowell que deux ans, mais ce fut suffisant pour que sa femme, Arsène Bouchard, prenne goût à la vie américaine comme on le verra.

Dès son retour à l’île, Pamphile installe sa famille à La Baleine, dans une maison louée entourée du clan Leclerc.  Il est d’ailleurs voisin immédiat de Georgina Leclerc (1850-1939), veuve de Joseph Harvé (1842-1887), mon arrière-grand-père[6]Pamphile et Arsène auront dix autres enfants à l’île.

Toujours journalier, on peut penser qu’il quitte l’île pour le port de Montréal au printemps, comme une centaine d’autres insulaires, pour ne revenir que tard à l’automne.  Chose certaine, Pamphile avec ses voyages aux États et son travail de journalier ailleurs en province a accumulé suffisamment d’argent pour acheter une maison, car avec une famille qui ne cesse de grandir, ils sont à l’étroit.  Il n’y a plus de terre disponible sur l’île et le cabotage sur le fleuve n’est plus ce qu’il était avec l’avènement des vapeurs.  L’exode des jeunes ne se limite pas à la Nouvelle-Angleterre.  Si beaucoup prennent le chemin des manufactures de Québec et Montréal, en 1895, une vingtaine de jeunes insulaires partiront pour Roberval et Saint-Félicien au lac Saint-Jean.  Parmi eux, trois frères de mon arrière-grand-père et la fille de Denyse Tremblai, veuve de Didier Harvé.  C’est justement la maison de l’un d’eux, celle de Ferdinand Harvay (1845-1928), que Pamphile achète au printemps 1895 pour la modique     « somme de vingt-cinq piastres courant » [7].

Pamphile s’éteint à l’Isle aux Coudres le 5 janvier 1901 alors qu’il venait d’avoir trente-sept ans[8], laissant à sa veuve dix enfants vivants[9].  Arsène doit trouver une solution, car elle est sans revenus, avec des enfants âgés de trois à quinze ans, dont aucun ne travaille.  Arsène connaît par contre un endroit où les enfants sont embauchés à compter de huit ans, les usines à coton de Lowell.  Elle aura quitté l’île avant que juin ne se pointe le nez.  

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[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis de l’Isle aux Coudres, 7 décembre 1863.

[2] B.A.C., G., Recensement de 1881, Charlevoix, Isle aux Coudres, microfilm e008153404.

[3] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis de l’Isle aux Coudres, 10 février 1885.

[4] Ibid., 20 novembre 1885.

[5] State of Massachusetts. Record of Birth for Lowell, 12 janvier 1887.

[6] B.A.C., G., Recensement de 1891, Charlevoix, Isle aux Coudres, microfilm 30953_148192-00299.

[7] A.N.Q., GN. Minutier Charles Boivin, no 4106, 9 avril 1895.

[8] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis de l’Isle aux Coudres, 7 janvier 1901.

[9] B.A.C., G., Recensement de 1901, Charlevoix, Isle aux Coudres, microfilm z000131733.