6 Dani Hervey

5.6.11.6 Danie Hervay (1816-1900), 5e génération

Le 20 décembre 1816, Marie Anne accouche d’une petite fille qui est baptisée le même jour sous le nom de « Dani Hervey ». Le prénom et le patronyme sont orthographiés de différentes façons au registre ; dans la marge de ce dernier, on lit « Darie Hervay » alors que dans le texte, il est écrit « Dani » et le patronyme de Joseph le père est orthographié « Hervey ». Ce qui s’apparente à une erreur du curé Pierre Thomas Boudreault ne serait pas sa première comme on l’a vu précédemment. Le parrain est « Louis Hervey le frère de Joseph cultivateur et la marraine est, la fille cadette de sa cousine feu Marie Madeleine Hervé (1757-1792) à Pierre, Victoire Bilaudeau (c.1790-1860) qui ont déclaré avec le père présent ne savoir signer » alors que lui le célébrant, ne savait pas écrire[1].

Il semble bien que les parents eussent voulu appeler l’enfant Danie, car c’est de cette façon que Jos Asselin le futur curé à l’Isle entre 1826 et 1839 orthographiera son prénom au cours de sa vie d’adolescente.

En décembre 1832, la jeune cadette Danie qui n’a que seize ans fait son entrée dans le monde des grands en étant choisie marraine de Joseph Nathanaël, un enfant des voisins, Augustin Dufour son grand-oncle et son épouse Luce Desbiens. À la fin de l’été suivant, Danie est choisie comme marraine encore une fois. Sa filleule Denyse Harvé est la deuxième fille de son frère Germain. Danie ne sait toujours pas écrire puisque lors des deux baptêmes, le curé Asselin indique que « le parrain et la marraine ont déclaré ne savoir signer ».

En août 1836, Danie et les siens célèbrent le mariage de sa cousine, Modeste Justine Lajoie la fille de feu sa tante Marie Modeste Hervé. Danie qui agit comme témoin de sa cousine a le privilège de signer le registre, une pratique peu coutumière à l’époque pour une femme. Elle a donc appris à écrire depuis les baptêmes de 1832 et 1833. Pour cette première signature et comme elle le fera par la suite, elle signe clairement « Darie ». Un an plus tard en août 1837 Danie témoigne encore une fois lors d’un mariage. Cette fois-ci c’est George son cousin, le fils de son oncle Louis qui convole en juste noce. Elle signe encore « Darie ».

Danie qui est devenue vieille fille décembre dernier apparaît dans les registres à l’Isle une dernière fois alors que le 22 janvier 1842 elle est choisie marraine au baptême de Didier Leclerc, son neveu, le fils de sa tante Archange.

Danie est probablement partie habitée chez son frère Joseph à Saint-Irénée pour l’aider à s’y installer entre l’été 1842 et celle de 1844. L’épouse de ce dernier est enceinte à l’été 1844 et elle a bien besoin de cet appui. Elle décédera d’ailleurs des suites de cet accouchement. Danie demeurera chez son frère quelques années avant de se diriger vers la Murray Bay[2].

Au début de 1852, alors que son frère Joseph vit toujours à Saint-Irénée avec la nouvelle épouse qu’il a prise en 1848, Danie pour sa part vit maintenant sous le même toit que son frère-médecin Louis Didier qu’elle seconde à Saint-Étienne de la Malbaie[3]. Son frère le docteur Hervay décède en 1854 et Danie après quelque temps passé à conclure les affaires de ce dernier repartit vivre à Saint-Irénée chez Joseph, son autre frère. On la retrouve dans le rôle de marraine au baptême de l’une de ses filles, Marie Flavie le 25 mai 1857. Elle se fait alors appeler « Marie Dorie ».

En 1861, Danie demeure toujours chez Joseph avec Flavie Girard sa femme, les deux enfants que cette dernière eut de son premier mariage et les six enfants de son mariage avec Joseph. À Saint-Irénée, Danie se fait le plus souvent appeler Dorie et Dérie comme on le verra.

Dix ans plus tard, Danie dite Dérie réside chez Germain Lajoie (1831-1891) et son épouse Louise Bouchard (1834-1880), le fils de sa sœur Marie Anne décédée ; elle y est un certain temps puisqu’elle y est recensée également en 1881 sous le prénom de Marie. À cette occasion en 1881, le recenseur note qu’elle est d’origine écossaise. Il est peu probable que ce soit Danie qui se soit déclarée Écossaise puisque le recenseur inscrit tous les Harvey de Saint-Irénée comme étant de cette origine alors que ces mêmes Harvey étaient tous inscrits comme d’origine française au recensement de 1871. Son neveu Germain où elle réside se marie en secondes noces à Clémentine Dionne (1849-post.1911) et tôt en 1891 il décède.

Danie emménage alors chez la fille de son frère Joseph, Adélaïde Harvey (1850-1898) et son mari George Tremblay (1843-1926) un commerçant-tanneur de Saint-Irénée. Danie dite Dérie s’y trouve déjà en avril 1891 lors du passage du recenseur. Elle n’y demeurera pas longtemps puisque le couple quitte Saint-Irénée quelques années plus tard pour s’établir à Saint-Patrice-de-la-Rivière-du-Loup à quelques kilomètres à l’est de Fraserville qui deviendra sous peu Rivière-du-Loup.

Danie ira finir ses jours chez François Narcisse Lajoie (1829-1922) l’aîné de sa sœur Marie Anne et son épouse Aurélie Guay (1831-1916) à Saint-Irénée. Elle s’y éteint le 6 mai 1900. Celle qui était peut-être née Dani Hervey quatre-vingt-trois ans plus tôt et qui avait la coquetterie de modifier son prénom tout au long de sa vie, est inhumée deux jours plus tard dans le cimetière de Saint-Irénée. Elle repose en paix sous le nom de Dérie Harvey, mais cette fois-ci pour l’éternité.

Tous les gens où elle a vécu étaient parents et de surcroît étaient tous voisins. D’ailleurs, durant toutes ces années, elle ne s’est pas éloignée de son frère Joseph sauf pour la courte période où elle est allée seconder son frère-médecin à Saint-Étienne de la Malbaie. Être célibataire dans ce milieu rural ne devait pas être aisé. Danie semble avoir survécu en épaulant les couples chez qui elle a résidé.

[1] BAnQ., Registre de Saint-Louis-de-France, le 20 décembre 1816. Tout au long de sa vie, son prénom variera selon les inscriptions. Dans ses premières années à l’Isle, on retrouve aussi les formes du prénom « Darie » et « Dérie ». À Saint-Irénée où elle vécut à l’âge adulte, elle se fait le plus souvent appeler « Dorie » et « Dérie ». On peut penser qu’elle ne prononçait pas son prénom très clairement. Les quelques signatures qui nous sont parvenues semblent indiquer le prénom « Dérie ». Dans le texte, le prénom de « Danie » est utilisé.

[2] Saint-Étienne de la Malbaie.

[3] B.A.C., G., Recensement de 1851, comté Saguenay, Saint-Étienne de la Malbaie, page 23. Elle est prénommée Marie par le recenseur, mais l’âge et le lieu de naissance correspondent.