8 François Hervey

5.6.09.8 François Hervey (1810-c.1900), 5e génération

On peut penser que le curé était en mission quelques parts, car le père Dominique Isaïe devra attendre dix-sept jours pour faire baptiser son quatrième fils qui naît le 30 juin 1810 à Murray Bay comme tous ses frères et sœurs, à l’exception de l’aînée.  De fait, le curé est absent de la paroisse depuis plus de deux mois ou à tout le moins il n’a pas officié depuis le 8 mai.  L’enfant est donc baptisé le 17 juillet et prendra le prénom de l’aîné de ses oncles qui vit sur la Côte-du-Sud, « François Hervey » .  On lui attribue comme parrain Jean Malteste (1784-1851).  Ce Malteste dit Jean de Paris aura une femme fort célèbre au Saguenay, Marguerite Belley (1792-1877) qui, après la mort de son mari, aura la réputation pendant bien des années d’être allée fonder Jonquière.   Marie Geneviève Hervey (1781-1815), la tante du nouveau-né est marraine[1].

Ce n’est qu’à la fin de l’été 1828, alors qu’il vient d’avoir dix-huit ans, que l’on voit apparaître de nouveau François dans les registres du Bas-Canada.  Il est alors choisi comme parrain du septième enfant de sa sœur Madeleine (1797-1875).  La cérémonie se déroule dans l’église Saint-Étienne de Murray Bay[1a].  

François[2], une fois adulte, acquiert un lot à Sainte-Agnès où il défrichera un peu et se bâtira.  Il n’y restera pas très longtemps.  Le 2 mars 1835, il épousera Angélique Milliard dite Basque de l’autre côté du fleuve à Sainte-Anne-de-la-Pocatière.  Née le 2 mars 1814, la jeune fille célèbre sa majorité le jour de son mariage[3].   La mère de la mariée est décédée depuis quinze ans et Angélique fut sans doute placée au décès de sa mère, car elle ne vit déjà plus sous le toit de son père à l’âge de onze ans[4]Alors qu’il vit également à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, on pourrait penser que le père ne voyait pas cette union d’un bon œil puisqu’il n’assiste pas à la cérémonie et qu’Angélique doit attendre sa majorité pour son mariage[5]L’âge estimé de l’aînée des enfants du nouveau couple indique qu’elle serait née hors mariage.  Cela pourrait-il expliquer l’attitude du père[6]?  Il n’en est probablement rien puisque ce dernier depuis le décès de sa première femme, la mère d’Angélique, vit en concubinage avec une certaine Marie Boucher avec qui il aura trois enfants, tous nés hors mariage.  Ce serait possiblement plutôt l’inverse, Angélique n’aurait pas voulu voir son père à son mariage ou père et fille n’entretenaient peut-être plus aucune relation depuis le placement d’Angélique quinze ans plus tôt?

Comment François a-t-il rencontré Angélique ? Était-ce Angélique qui travaillait dans l’un des hôtels particuliers des riches anglophones qui fréquentaient la seigneurie de Murray Bay durant les étés ? Il est plutôt probable que François ait été sur la Côte-du-Sud.  On sait que son oncle François (1760-1843) qui a soixante-quinze ans demeure à Sainte-Anne, qu’il a une terre énorme et qu’il n’a qu’un fils pour l’entretenir, Jean Baptiste (1798-1862).  Or cette terre est voisine de celle de Jean Régis Milliard (1762-1845), le père d’Angélique.   François travaillait probablement pour son cousin qui avait pris la direction de la ferme de son père comme, on le verra, le feront d’autres cousins.

Le couple s’installe dans la seigneurie de l’Îlet-du-Portage à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. 

On ne sait pas ce qui amena le couple dans cette seigneurie.  Il y a bien Louis (1802-1866), un petit-cousin de François qui est cultivateur sur la ferme de son beau-père dans la paroisse[7], mais de toute évidence les deux petits-cousins ne sont pas très près l’un de l’autre.  S’ils l’avaient été, on pourrait penser que l’un ou l’autre ou leurs épouses respectives auraient joué un rôle de parrain ou marraine lors des baptêmes de leurs enfants respectifs compte tenu de l’absence de tout autre parent dans le secteur autre ceux de la belle famille de Louis.  Les parrains et marraines choisis par François et Angélique sont de purs étrangers sans lien de parenté aucun.  Ce Louis est le fils de Louis Hervé (1762-1842) chez Pierre (1733-1799) le frère de son grand-père qu’il n’a pas connu. 

Une autre possibilité, plus probable celle-là, est reliée au fait que Geneviève, la sœur de François, de dix ans son aînée, avait épousé cinq mois auparavant un journalier qui résidait justement à Saint-André de L’Islet du-Portage au moment du mariage.  On sait que dès la fin de 1835, sa sœur et son beau-frère n’y seront plus et qu’aucun des membres de la famille de François ou d’Angélique ne semble y résider.  De plus, le travail ne manque pas dans la seigneurie de l’Îlet-du-Portage pour un journalier.  Le nouveau seigneur John Saxton Campbell (1787-1855), fils d’un riche loyaliste britannique, lui-même riche constructeur de navires de Québec, met en valeur et exploite la seigneurie[8].  Il y construit un moulin à farine, une forge, un entrepôt, un chantier maritime ainsi qu’un quai.  Plusieurs employés travaillent à la construction de goélettes au chantier, l’un des quinze chantiers maritimes en importance au Québec à l’époque[9]François y avait peut-être vu un futur prospère et un endroit pour amasser un butin qui lui permettrait d’acquérir une terre.

Parmi les premiers enfants du couple, deux seront baptisés en l’église de Saint-André de L’Islet du Portage[10] ou le couple est déclaré de cette paroisse.  Il s’agit de Marie Anne Hervey née le 30 novembre 1835 et de Marie Claris Arvée née le 30 octobre 1836[11].  Lors de ces deux baptêmes qui ont lieu en automne, François est absent, probablement à travailler dans les bois comme la plupart des sans-terre de l’époque. 

François ne semble pas être revenu à Sainte-Agnès dans la région de Murray Bay, car lors du recensement de 1842, sa maison sera vide et il y sera inscrit absent[12].  Pendant ce temps, il laisse des traces de l’autre côté du fleuve dans la région du grand Madawaska à la frontière mal définie avec les États-Unis d’Amérique.  Il n’est pas surprenant de le retrouver dans cette région puisque plusieurs sans-terre de la Côte-du-Sud y travaillent l’hiver dans les bois depuis plusieurs années.  De plus, au lieu-dit la Rivière-des-Caps à la limite Est du territoire de la paroisse de Saint-André de L’Islet du Portage partait un sentier de portage permettant de relier le fleuve à l’Acadie depuis les temps de la Nouvelle-France et bien avant[13].  Ce sentier, tout comme l’autre plus à l’est, passait justement par la région du grand Madawaska.  Pendant un certain temps, plusieurs jeunes gens de la Côte-du-Sud partiront s’établir dans cette région, certains à la recherche d’une terre d’autres d’un emploi[14]

Pour ce qui est de François et Angélique, leur départ de Saint-André de L’Islet du Portage pour cette région due s’effectuer quelque part au printemps 1837, compte tenu de l’accouchement d’Angélique l’automne précédent à Saint-André de L’Islet du Portage alors qu’elle donnait naissance à Marie Claris et le prochain à survenir tôt en 1838 alors que naît Marie Obéline Arvai le 12 mai[15] au Petit-Sault (aujourd’hui Edmundston au Nouveau-Brunswick)[16] dans la paroisse de Saint-Basile de Madawaska à cent cinquante kilomètres plus au sud-est. 

Dans cette période et depuis un certain temps déjà, la couronne britannique multiplie les concessions de terres dans le grand Madawaska des deux côtés du fleuve Saint-Jean pour asseoir sa souveraineté contestée par les représentants de l’État du Maine qui en font tout autant.  François espérait-il obtenir une de ces concessions ? On ne retrouve pas de document d’acquisition pour la terre qu’il occupera et la maison qu’il habitera avec sa famille à son arrivée dans la région.  François n’est pas parmi ceux à qui la couronne britannique ou l’État du Maine ont accordé une terre entre 1830 et 1844, non plus qu’il fait partie de ceux s’étant installés sur des terres sans octrois en les squattant tout simplement.  Il est difficile aujourd’hui d’expliquer que François soit établi sur une terre dès 1838[17], qu’il ne la possède pas et n’en possédera pas avant plusieurs années sans être pour autant considéré un squatter[18].  Il y a tout lieu de croire que François vit, comme tant d’autres alors, sur une terre appartenant sans doute à son employeur.  Quoi qu’il en soit, cette dernière se situe à un peu plus de deux kilomètres à l’ouest de la décharge de la rivière Madawaska dans le fleuve Saint-Jean et à moins de cinq cents mètres à l’est du ruisseau Harford[19] du nom de l’américain s’y étant établi originalement.

La population de la paroisse de Saint-Basile de Madawaska, où la famille s’installe, vit sur les deux rives du fleuve Saint-Jean et ne fait qu’une.  Cette paroisse est la seule érigée canoniquement dans ce qui est connu alors comme la colonie du Madawaska (Madawaska Settlement).  L’église principale qui n’est qu’une chapelle est située à Madawaska sur la rive gauche du fleuve[20].  Antoine Langevin (1802-1857) le curé dessert deux autres chapelles, l’une à Saint-Bruno (aujourd’hui Van Buren dans l’état du Maine), à vingt-cinq kilomètres en aval de Saint-Basile, et l’autre à Sainte-Luce (aujourd’hui St Luce Station, Frenchville aussi dans l’état du Maine), à égale distance en amont[21].  Le couple qui était venu s’établir seul à Saint-André de L’Islet du Portage n’était assurément pas partit avec des parents de la Côte-du-Sud puisque les parrains et marraines de Marie Obéline et des dix autres enfants qu’ils auront dans la région du grand Madawaska sont ou seront tous des étrangers.  On ne sait pas si Marie Obéline fut baptisée à la chapelle Saint-Basile ou au Petit-Sault le 15 mai, car le père Langevin se rend régulièrement au Petit-Sault pour y administrer les sacrements dans les maisons des colons à moins de dix kilomètres de sa chapelle.  Lors du baptême, Benois Michaud le parrain et Geneviève Ouellet la marraine habitent également le même secteur que François au nord du fleuve. 

Certaines indications permettent d’avancer qu’à l’arrivée de la famille à Petit-Sault, François y est journalier sur la Rive-Nord du fleuve Saint-Jean.  De fait, il y sera qualifié de journalier jusqu’en 1840.  Petit-Sault et les secteurs avoisinants avaient été colonisés vers 1785 par des Acadiens fuyant Saint-Anne-des-Pays-Bas devant l’arrivée des loyalistes.  Depuis peu, quelques immigrants anglophones d’origines irlandaises et bon nombre de Canadiens français comme François en provenance de la Côte-du-Sud du Saint-Laurent viennent grossir la population.  Comme il est voisin de Francis Rice (1800-1867)[22], un important commerçant d’origine irlandaise qui opère également un moulin depuis une dizaine d’années, il est possible qu’il travaille pour lui[23].  À son arrivée au Petit-Sault on y construit un pont couvert enjambant les chutes à l’embouchure de la rivière Madawaska.  Comme les travaux s’étendront de 1835 à 1847, peut-être y travailla-t-il ? 

Bien que l’on y trouve presque seulement des Acadiens et des Canadiens français, à plus de soixante pour cent[24] et des Américains pour la majorité du reste, les loyalistes britanniques de la colonie du Nouveau-Brunswick considèrent cette région de chacun des côtés du fleuve comme leur appartenant.  Les représentants de l’État du Maine ne sont pas d’accord, car ils ont toujours revendiqué la région du Madawaska à partir de la ligne des eaux se déversant dans le fleuve Saint-Jean comme faisant partie de leur comté d’Aroostook.  De fait, de nombreux colons américains se sont installés dans cette région de chaque côté du fleuve.  Par exemple, dans le secteur de la rivière Meruimticook, un hameau existe que tous nomment l’American Settlement[25].  On y vit presque sous le drapeau américain planté par un groupe d’immigrants venus de la région de Kennebec dans le sud du Maine sous la gouverne des frères Baker qui, à l’arrivée de François, y sont toujours d’ailleurs.  John Baker (1796-1968) règne sur le hameau et exploite un moulin à scie et les forêts de pins géants environnants avec ses compatriotes.  Les colons américains y étaient arrivés par deux vagues successives dans le secteur un peu avant 1820.

Mais revenons à cette même année 1838 alors qu’à quelque soixante-dix kilomètres plus au sud dans l’État du Maine, des bûcherons du Nouveau-Brunswick, pour une question de droit de coupe, en viennent aux armes avec des colons et bûcherons du Maine dans la région de Caribou.  Pour les représentants de l’État du Maine c’en est assez, cet incident faisant suite aux emprisonnements par les britanniques de John Baker, l’un des colons américains établis sur la rive nord du fleuve Saint-Jean depuis 1817 pour avoir planté un drapeau étoilé et celui d’un agent des terres de l’État du Maine pour avoir saisi du bois coupé par des bûcherons du Nouveau-Brunswick sur le territoire contesté.  Les représentants du Maine considèrent alors cette série de gestes comme une déclaration de guerre et mobilisent dix mille miliciens dans la région.  La guerre de l’Aroostook est alors déclarée et François qui vient d’arriver avec sa famille sur les rives du fleuve Saint-Jean s’y retrouve mêlé bien malgré lui.  Mince consolation à tout le moins, le travail ne manque pas puisque l’armée britannique a besoin de bois ; on décide alors de construire quatre forts tout au long de la rivière Madawaska, du chemin du portage et du fleuve Saint-Jean et d’y envoyer des troupes.  Les Américains en font tout autant sur la Rive-Sud du fleuve.   

La tension suscitée par la frontière entre le Maine et le Nouveau-Brunswick est à son comble.  On a souvent affirmé que c’est l’incursion des Américains pour percevoir des taxes qui déclencha le conflit[26] ; ce sont plutôt un ensemble de facteurs comme les conflits entre différentes ethnies et d’autres portants sur des intérêts commerciaux divergents comme l’arrestation d’agitateurs étrangers qui se trouvaient sur les lieux mêmes en litige qui menèrent à la guerre d’Aroostook.  Outre la bataille de Caribou entre bûcherons, il n’y eut pas véritablement de guerre, il n’y eut pas non plus d’assauts, mais les deux parties y massèrent des troupes et provoquèrent d’autres tensions dont François fut un témoin. 

Pour l’instant, en avril ou mai 1840, Francis Harvey est recensé par les britanniques dans ce qu’ils décrivent comme le « Madawaska Settlement, Carleton County, New Brunswick »François est déclaré habitant sur la rive nord du fleuve Saint-Jean depuis deux ans entre la « Fish River », (aujourd’hui le village de Clair au Nouveau-Brunswick) et la « Little Madawaska River » (aujourd’hui la rivière Madawaska dans la ville d’Edmundston aussi au Nouveau-Brunswick).  Ce territoire est vaste, le fleuve y coule sur près de trente-cinq kilomètres de l’ouest vers l’est au confluent du fleuve et de la rivière Madawaska.  Comme on l’a vu, la terre où il vit n’a jamais fait l’objet d’un octroi officiel par la couronne britannique.  La population du grand Madawaska, comme défini par les autorités britanniques, s’établit maintenant à trois cent quatre-vingt-dix-sept ménages, égrainés de chaque côté du fleuve Saint-Jean sur une distance de plus de cent vingt kilomètres allant du Grand-Sault jusqu’au confluent de la rivière Saint-François à l’ouest[27].

Pour ne pas être en reste, les Américains recensent également Francis Harvey en août de la même année aussi sur la rive nord du fleuve Saint-Jean.  Selon le recensement américain, François vit alors avec Angélique sa femme, l’aînée Henriette et deux autres de ses filles de moins de cinq ans, présumément Marie Claris et Marie Obéline[28].   

À l’automne de cette même année 1840 où tous revendiquent une parcelle de territoire, Angélique Basque donne naissance le 13 septembre à Magdeleine Harvey.  Lors du baptême de l’enfant trois jours plus tard on choisira Francis Rice comme parrain, le voisin qui est déjà fort célèbre dans la région.  Cet Irlandais bilingue établi depuis seize ans a été le premier juge de paix catholique dans cette mer protestante du Nouveau-Brunswick loyaliste, il deviendra également le premier député du coin après la résolution du conflit frontalier entre les deux puissances.  Rice, qui est adjudant de la milice et fidèle à la couronne britannique, est celui qui fait la loi depuis bon nombre d’années contre John Baker et les colons américains[29]François a-t-il choisi son camp ? Rien n’est moins certain comme on le verra, car ce dernier n’est pas encore cultivateur puisque lors du baptême il est toujours considéré comme journalier[30]

Une dernière fille naîtra du mariage de François et d’Angélique, au nord du fleuve Saint-Jean, sur la partie du territoire qui sera reconnu plus tard comme faisant partie du Canada-Est[31] pour une dizaine d’années et qui sera par la suite concédé au Nouveau-Brunswick.  Il s’agit d’Angélique Harvey qui naît le 21 janvier 1842.  Comme pour ses sœurs Marie Obéline et Magdeleine son baptême est inscrit au registre de la paroisse Saint-Basile de Madawaska[32], sans que l’on ne sache vraiment si le baptême eut lieu dans la petite chapelle[33].  Le parrain choisi pour Angélique est encore une fois un voisin irlandais et cela n’a rien de surprenant puisque les familles acadiennes et canadiennes-françaises qui ont été les premières à occuper les lieux s’assurent d’abord d’établir leurs enfants dans ce territoire où les ressources et les terres ne sont pas abondantes ; elles sont plutôt rébarbatives face aux nombreux nouveaux arrivants du Bas-Canada[34].

 

La petite société locale est dominée par les descendants des familles souches qui sont toutes liées par le sang et François n’a pas encore réussi à pénétrer cette société suffisamment pour acquérir une terre bien à lui et cesser ainsi de vendre ses bras aux autres.  De plus, l’industrie du bois d’œuvre de la région montre des signes d’essoufflements avec la multiplication des moulins et s’effondrera sous peu ; ceux qui sont impliqués dans les petites et moyennes opérations perdent leurs chemises.  Une dépression s’en suivra jusqu’en 1848[35].  Ce sont probablement ces facteurs socio-économiques qui amènent François à pousser encore plus à l’ouest de l’autre côté du le fleuve Saint-Jean et à s’établir là où cette communauté tissée serrée n’a pas ou peu mis les pieds.  Ce sont-là les seules bonnes terres disponibles à prix raisonnables dans cette période de fin de conflit territoriale.   

C’est de toute évidence au printemps 1842 qu’il entreprend de s’établir avec sa famille à Saint Francis sur la Rive-Sud du fleuve où il occupera une terre qui deviendra sienne en abandonnant son métier de journalier-bûcheron à temps plein pour se convertir au métier d’agriculteur-bûcheron[36].  Il ne part pas seul, car les sans-terre Canadiens français de la région sont nombreux et ils s’y établiront en si grand nombre avec les années que Saint Francis deviendra Saint-François.  C’est le cas en autres du parrain de Marie Obéline, Benoit Michaud qui s’installe également à Saint Francis.

Contrairement à ce que certains ont pu croire, François n’est donc pas le premier Harvey à émigrer vers la Nouvelle-Angleterre.  C’est plutôt la Nouvelle-Angleterre qui est venue à lui.  Comme on l’a vu, dès 1837, François vit dans une partie du territoire que se disputent les autorités britanniques et l’état du Maine. 

Le 9 août 1842, les Britanniques et les Américains signent à Washington un traité qui établit les limites territoriales communes, et évite un autre appel aux armes comme celui de 1812,[37] mais cela, les résidents des lieux ne l’apprendront qu’après plusieurs mois, car les signataires savent bien que ce qu’ils viennent de signer ne plaira à personne ; ils prendront tout leur temps avant d’en faire l’annonce.  Le tracé choisi de la frontière passe au beau milieu du fleuve Saint-Jean.  Le traité d’Ashburton divisa le Madawaska en deux parties, soit le Madawaska américain (sud du fleuve Saint-Jean) et le Madawaska canadien (au nord du même fleuve).  Conséquemment plusieurs colons acadiens et canadiens-français agriculteurs ou travaillants dans les bois et qui s’étaient installés sur des terres de la région située au sud du fleuve, comme François, deviendront de facto résidents de l’état du Maine.  Contre toutes attentes, John Baker et la poignée de colons américains du hameau de la rivière Meruimticook (American Settlement) se retrouvent en territoire du Canada-Est[38] au nord du fleuve.  Une dizaine d’années plus tard ce territoire brayon au nord du fleuve passera sous le joug du Nouveau-Brunswick.  Les britanniques, dans leurs tractations, avaient obtenu une portion de territoire au sud du Haut-Canada[39] ou demeuraient plusieurs loyalistes.  Les Brayons[40], dont les terres et le peuple divisés entre les deux pays devinrent les perdants de cette guerre qui n’eut pas lieu. 

Depuis quelques années, la population dans l’ouest du Madawaska Settlement ne cesse d’augmenter et par conséquent l’évêché avait envoyé un vicaire en support au curé Langevin en 1841 afin de desservir cette région.  En janvier 1843 la mission de Sainte-Luce est détachée de la paroisse Saint-Basile et Henri Dionne (1814-1861), le vicaire qui y officiait depuis dix-huit mois, est nommé comme premier curé.  Les limites de la nouvelle paroisse sont établies à l’est par le ruisseau Harford sur la rive nord du fleuve tout près d’où François vivait auparavant et par les limites du village de Madawaska sur la rive sud du fleuve[41].  Au lieu-dit de Sainte-Luce, le cours d’eau Saint-Jean qui a l’apparence d’une rivière n’est pas très large et peu profond, on peut presque le traverser à gué bien qu’il ait le qualificatif de fleuve[42].  

La couronne britannique et les républicains américains avaient eu beau s’entendre pour diviser le Madawaska par son fleuve, Dieu ou ses représentants n’en avaient que faire et les deux paroisses allaient continuer d’accueillir les résidents de l’ancienne colonie du Madawaska des deux rives sous leurs toits.  La nouvelle paroisse de Sainte-Luce s’étend à l’ouest bien au-delà de Saint Francis, aussi loin qu’il y a des colons sur les rives du fleuve[43]

À la fin de l’été suivant, Angélique Milliard dite Basque accouche d’une septième fille.  Susanne Harvey sera la première à naître en sol américain le 2 septembre 1843.  Susanne est baptisée le lendemain de sa naissance par le curé Antoine Langevin.  Le curé nous confirme que François est maintenant cultivateur[44].  Contrairement à ses sœurs Marie Obéline, Magdeleine et Angélique, toutes nées dans la partie nord du fleuve Saint-Jean, le recensement de 1850 révèle que Susanne fut la première enfant née aux États-Unis d’Amérique du côté sud du fleuve Saint-Jean qui vient de passer aux Américains l’été précédent, bien que la population qui longe le fleuve de Saint-Basile à Saint Francis soit en très grande majorité de descendances acadienne ou canadienne-française.  Susan, ainsi prénommée, car le recenseur est anglophone, y sera inscrite comme étant né dans l’État du Maine[45].  Il est impossible de comprendre pourquoi le baptême de l’enfant fut inscrit au registre de la paroisse Saint-Basile.  On peut présumer qu’Angélique, dans son état, était peut-être demeurée chez des amis pendant que François défrichait et construisait leur nouvel emplacement à Saint Francis sur la Rive-Sud du fleuve[46].  On aura choisi de faire baptiser l’enfant par le curé Langevin pour une question de distance ou peut-être que le nouveau curé de Sainte-Luce est débordé par la construction de sa nouvelle église, car le père Langevin s’y rend encore régulièrement pour lui prêter main-forte. 

Moins de vingt mois plus tard, Angélique Basque donne naissance à son huitième enfant, lequel est son premier fils qui sera prénommé comme son père.   François fils naît le 10 avril 1845 et le père Dionne inscrit le patronyme sous sa forme Harvay comme il le fera toujours.  Tout comme pour Susanne, la dernière, le baptême a lieu le lendemain de la naissance[47].  Ces deux baptêmes survenant si tôt après la naissance nous indiquent sans doute que même si nous savons que les deux enfants sont nés aux États-Unis, ils ne peuvent être nés à Saint Francis où l’on sait le couple établi.  À cette époque, il n’y a pas véritable route entre Sainte-Luce où se trouve la chapelle et Saint Francis, mais un sentier tout au plus ; le trajet sur la rivière en canot est de quarante-six kilomètres et il faut en faire autant pour le retour à contre-courant.  Quoique certains écrits semblent indiqués que le curé Langevin de Saint-Basile et le curé Dionne venaient jusqu’en 1846 trois ou quatre fois par année administrer les sacrements et dire la messe dans les différents hameaux le long du fleuve[48], on peut tout de même présumer qu’Angélique soit demeurée aux environs de Sainte-Luce dans une famille d’amis, près de la sage-femme du coin pour ces deux accouchements, considérant l’éloignement du nouveau hameau où le couple s’est installé.  François, qui devait d’abord travailler pour faire vivre une famille de dix personnes, a pu prendre quelques années pour se défricher une terre à Saint Francis et y bâtir une maison convenable. 

Déjà en octobre 1846, considérant la population grandissante à l’ouest de la paroisse de Sainte-Luce fondée quatre ans plus tôt, le père Dionne ouvrit une mission à mi-chemin entre Saint Francis et son église de Sainte-Luce.  Les Canadiens français sans terres de la Côte-du-Sud du Saint-Laurent sont par milliers alors que toutes les terres y sont occupées ; c’est par centaine qu’ils arrivent dans l’ouest de la colonie du Madawaska et s’y défrichent des terres.  La nouvelle mission Saint-François-Xavier du père Dionne allait desservir les familles des deux pays dans la partie occidentale de la paroisse de chaque côté du fleuve.  Une petite chapelle fut bâtie l’année suivante, mais elle se situait sur la rive nord du fleuve, à tout de même plus de seize kilomètres de la maison des Harvay dans ce qui était appelé le Canada-Est (le Québec d’aujourd’hui) avant que ce secteur ne soit concédé à la colonie du Nouveau-Brunswick par les autorités britanniques. 

Le hameau de Saint FrancisFrançois et sa famille se sont installés fut tout d’abord colonisé par des Américains venus de la région de Kennebec dans le sud du Maine entre 1820 et 1830.  On se souviendra qu’une première vague d’Américains s’était installée aux environs de la rivière Meruimticook un peu avant 1820.  De cette deuxième vague d’arrivants américains, quelques-uns avaient choisi de s’installer en amont sur le fleuve sur la rive sud plutôt que dans l’American Settlement, à la rencontre de ce dernier avec la rivière Saint-François.  La communauté qu’ils avaient fondée sera bien vite supplantée en nombre par l’arrivée des colons francophones[49] et par le départ de certaines familles qui étaient allés rejoindre les leurs au hameau de la rivière Meruimticook où ils exploitent une scierie.  De fait, à l’arrivée de François, il ne reste guère plus que trois ou quatre familles d’Américains et par force du nombre le nom du hameau a déjà pris celui de Saint-François.  François, tout comme les premiers Acadiens et Canadiens français à s’établir à Saint Francis, doivent acheter leur terre des familles américaines qui étaient déjà là pour l’exploitation des forêts de pins, utilisant le fleuve Saint-Jean comme route de drave entre les forêts en amont et les scieries en aval.

On sait la famille maintenant bien établie à Saint-François en 1847.  Angélique Milliard y accouche d’Olivier Harvay le 18 mai 1847, lequel ne sera baptisé que deux mois plus tard à la nouvelle mission Saint-François-Xavier.  La mère de l’enfant avait toujours été nommée Angélique Basque dans les registres depuis son arrivée dans la région du grand Madawaska.  Le révérend Henri Dionne, aussi originaire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et du même âge qu’Angélique aura dû, au cours de discussions avec cette dernière, faire le lien entre elle et sa famille puisqu’à compter de 1847, il inscrira toujours son patronyme sous sa forme originale de Milliard[50].  

Louise Harvay naît moins de deux ans plus tard vers le 17 janvier 1849.  Lors du baptême à la mission Saint-François-Xavier en juin, Henri Dionne inscrira dans son registre « née depuis cinq mois »[51]

Il est compréhensible que François ne se soit pas précipité sur le parvis de la chapelle de la mission Saint-François-Xavier pour les deux derniers baptêmes.  Le premier est survenu en plein hiver et le second alors que les eaux tumultueuses du printemps gorgeaient encore le fleuve.  Il aura attendu que la mère soit parfaitement rétablie et que le beau temps soit de retour pour effectuer le trajet de trente-deux kilomètres, dont la moitié, à contre-courant.

En 1850, la terre de François fait deux cent vingt acres dont soixante ont été coupés où il y a culture.  Lui qui a maintenant cinquante ans semble toujours être d’abord bûcheron avant d’être agriculteur.  Alors que ses voisins possèdent tous un certain nombre d’animaux, François n’a qu’un cheval.  Son voisin et futur gendre Damasse Nadeau ne fait guère mieux, car ce dernier est à pied et n’a que deux vaches.  L’un devait compter sur l’autre[52]

Au cours de la prochaine décennie, François Harvay et Angélique Milliard auront quatre autres enfants, les derniers tous nés aux États-Unis et baptisés au Canada tout comme Olivier et Louise.  Le premier Frédéric Harvay naît le 6 octobre 1850[53].

À l’automne 1851, Angélique Milliard est encore enceinte lorsqu’Henriette, l’aînée des filles âgée d’environ dix-sept ans, épouse un célibataire de vingt-huit ans, Damasse Nadeau qui cultive la terre voisine[54].  Damasse est aussi natif de Saint-André de L’Islet du Portage.  Arrivé au Madawaska en bas âge avec sa famille entre 1826 et octobre 1828[55] il vécut avec sa mère jusqu’à sa mort en 1846[56].

Angélique Milliard donne à François un quatrième fils.  Joseph Harvay naît le 15 juillet 1852[57].  Seul le curé le nommera ainsi lors du baptême, car dans la famille et dans les registres civils et religieux futurs il sera toujours prénommé Thomas.  Viennent ensuite Elisabeth Harvay que l’on appellera Brigitte, qui naît le 7 juin 1854[58] et finalement Joseph Harvay qui voit le jour vers le 15 mai 1856 puisque lors de son baptême le 15 juin, l’abbé Dionne inscrit, né depuis un mois ; ce dernier portera le prénom de Joseph[59].  Lors de ces deux derniers baptêmes, ce sont les sœurs aînées Obéline et Claris qui agissent comme marraine.  On peut présumer que l’évêque est passé depuis 1850 puisqu’aucun des enfants de François n’avait été confirmé lors des précédentes visites de l’évêque en 1844 et 1850[60].  On se retrouve maintenant avec quatorze personnes vivant sous le toit de François.

La tristesse s’abattra sur cette maison l’année suivante.  À la fin de l’été 1857 en moins d’un mois décéderont, Susanne à l’âge de quatorze ans et Angélique à quinze ans.  Tous deux sont inhumés en sol canadien dans le cimetière Saint-François[61]François, Angélique et leurs enfants ne traverseront plus la rivière pour se rendent à l’église de Saint-François Xavier de Madawaska au Nouveau-Brunswick après le décès de leur fille et sœur[62] ?

En décembre 1857, le père Henri Dionne curé responsable de la mission de Saint-François-Xavier entreprend un recensement des paroissiens.  François y apparaît encore comme vingt autres familles catholiques résidentes de Saint-François au Maine.  Le curé nous confirme que sur les onze personnes vivantes dans la maisonnée, seuls quatre sont communiantes[63]

En 1860, encore dix de leurs enfants vivent sous le toit de Francis et Angélin.  Ce sont Clarissa, Obelin, Magdalin, Francis, Oliver, Mary, Frederick, Thomas, Brigit et Joseph.  Le melting-pot américain a déjà fait son œuvre, les prénoms ont commencé à s’angliciser[64].  Sa fille Henriette et de son mari Damasse Nadeau qui s’est fait travailleur agricole sont déménagés à Presque Isle plus au sud-est dans le comté.  

Les recensements américains de 1850 et 1860 pour ce qui est appelé le township No 17, Range 9 aujourd’hui et depuis 1842 une partie du village de Saint Francis (Saint-François) dans le comté d’Aroostook au Maine confirme le lieu de résidence de la famille.

Les départs des enfants se feront plus nombreux dans cette décennie et la suivante.  François fils épouse Virginie Dubé le 22 janvier 1867.  François père ne fait pas le trajet pour assister au mariage de son fils aîné.  Les familles du Madawaska semblent avoir gardé certains contacts avec la Côte-du-Sud du Saint-Laurent dont la plupart sont issus, car le mariage a lieu au Canada-Est et est célébré par le curé de Sainte-Louise, un village au sud de Saint-Roch-des-Aulnaies.  La mariée par contre vient de l’arrière-pays dans les contreforts des Appalaches à la mission Elgin dans le nouveau township Dionne où le mariage est célébré[65].  Ce canton longe la frontière américaine du Maine et la poignée de familles qui y sont, sept tout au plus, vivent de la terre et de la forêt.  L’ouverture du chemin Elgin peu après 1852 permettait aux travailleurs des forêts de l’ouest du comté d’Aroostook de se rendre du fleuve Saint-Jean à ce secteur de la Côte-du-Sud.  D’ailleurs, François fils et Virginie emprunteront ce chemin à quelques reprises, entre autres lors du baptême de leur fille Marie Harvé au hameau natal de Virginie, la mission Elgin[66]

François vivra encore longtemps au même endroit.  Il est recensé en 1870 sur sa terre de Saint-François dans le comté d’Aroostook.  Avec l’aide de ses fils, il a réussi à défricher vingt arpents de plus depuis 1850, car la terre en culture y est maintenant de quatre-vingts arpents[67].  La langue du nouveau pays où il vit y a repris ses droits, François est dit Frank Harvey et Saint-François est redevenu St Francis.  Lors de la publication d’un répertoire des habitants de la région en 1877, le nom de François apparaît deux fois sur une des cartes du répertoire dans le secteur qui est alors nommé la Saint Francis Plantation.  C’est à cet endroit qu’il est installé depuis le printemps 1842.  Il est peu probable que l’une d’entre elles soit celle de Frank junior comme est appelé son fils, car ce dernier demeure toujours à la maison et est journalier en 1880.  D’ailleurs François a concédé une partie de sa terre à son fils Joseph dit Thomas, qui est maintenant marié et qui demeure voisin.  La vieille fille Marie Claris dite Clarissia, qui a maintenant quarante-trois ans complète la maisonnée de François et Angélique[68].

François et Angélique auront vu quatre de leurs enfants se marier au cours de la décennie qui s’achève. Frédéric avait épousé Suzanne Clair le 25 mars 1874 ; ce dernier avait un peu hâté les choses puisqu’au début d’octobre de la même année naîtra son premier enfant qu’il devra aller faire baptiser au Nouveau-Brunswick plutôt qu’à l’endroit où il s’était marié.  L’anglicisation de la famille fait son chemin puisque l’enfant sera prénommé John, bien que le curé soit un francophone[69]Olivier avait uni sa destinée à Flavie Pelletier le 19 mars 1876.  Joseph souvent prénommé Thomas et aussi Damase comme lors de son mariage avait pour sa part épousé Marie Séguille Pelletier aussi en 1876.  Marie Obéline semble s’être mariée à John Hafford dans la même décennie, mais on ne trouve pas trace de son mariage[70]

Le 3 février 1886, le feu emporte l’église de la paroisse Saint-François-Xavier de Madawaska et ses registres que le curé Jos Martin eut du mal à reconstituer dans le peu de temps qu’il y demeura par la suite.  Le jour même, l’abbé Joseph Martin donne sa démission, ne se sentant pas capable de voir à la reconstruction de l’église.  Toutefois, il demeure à Saint-François jusqu’en avril 1886.  Après l’incendie, la maison de Hilaire Nadeau sert de chapelle temporaire, et ce pendant deux ans et cinq mois[71].

Le 8 mars 1893, Angélique Milliard, souvent dite Basque, s’éteint à la maison.  Elle aura donné à François treize ou quatorze enfants et vécut dans des conditions souvent difficiles.  François pour sa part est alors toujours vivant[72].  Que lui arrive-t-il à partir de ce moment.  On peut penser que Marie Claris continuera à s’occuper de lui comme elle s’occupait de sa mère dans les dernières années.  De toute façon, son frère Joseph dit Thomas veille au grain depuis longtemps.

Si on donne foi aux archives de l’État du Maine, François Hervey semble toujours vivant le 1er janvier 1900 lorsque sa fille Marie Claris convole en justes noces avec Johnny Pinette à l’âge de soixante-trois ans, même si elle prétend n’en avoir que soixante.  François a maintenant quatre-vingt-neuf ans[73].  Puis plus rien. On perd sa trace, mais à son âge avancé on peut bien le laisser partir.

La résolution du différend frontalier en 1842 avait abouti à la division de la région de la Madawaska par l’établissement de cette frontière internationale qui a amené François et sa famille à devenir résidents américains comme deux mille autres des leurs.  François, comme bien d’autres, ne semble pas avoir fait de demande pour devenir citoyen américain,[74] car bien que la rive sud du fleuve était devenue américaine, le changement de souveraineté n’eut absolument aucun impact sur la population qui continua d’y vivre sans frontière et l’immigration canadienne-française se poursuivit.  En 1850, la population du grand Madawaska, censé avoir été affecté par la nouvelle frontière qui devait la diviser, continua d’être stratifiée par les lignes de sang des familles souches plutôt que par une ligne imaginaire tracée au beau milieu du fleuve.  Les Canadiens français continuèrent de s’entasser au plus bas de l’échelle de cette petite société sur les deux rives[75] où le veuf François a sans doute fini sa vie.

François Hervey, ses enfants, données généalogiques - 6e génération

[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 17 juillet 1810.  Marguerite Belley n'est pas venue à la rivière au Sable avant les gens de la Société qui établirent les bases de ce qui deviendra Jonquière. C'est Buies qui a popularisé cette légende en plagiant les écrits de l'abbé Dominique Racine (BOUCHARD, Russel Aurore. Histoire de Jonquière, cœur industriel du Saguenay-Lac-St-Jean : des origines à 1997. À compte d’auteur, Chicoutimi-Nord, 1997, pages 87-96). 

[1a] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 26 août 1828. Baptême d’Adélaïde Duchesne.  

[2] Après que j’eus mis en ligne une première version de la vie de François en 2014, un bref récit de cet ancêtre fut publié en 2016 dans un ouvrage où on le présente comme le premier Harvey à émigrer vers la Nouvelle-Angleterre ce qui est faux.  Cette biographie est truffée d’imprécisions et d’erreurs concernant la vie de François et le contexte historique l’entourant. 

[3] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne de la Pocatière : 2 mars 1835 pour le mariage et 3 mars 1814 pour le baptême de Marie Angélique Milliard.  Les Chemin Milliard dit Basque furent parmi les premières familles à s’établir dans la seigneurie de la bouteillerie (Rivière-Ouelle) à la fin du XVIIe.  Basque d’origine établi en Acadie, certains d’entre eux quittèrent leurs terres et aboutirent sur la Côte-du-Sud dans la région de la seigneurie de la bouteillerie. 

[4] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne de la Pocatière, 17 juillet 1820 pour l’inhumation de la mère de Marie Angélique Milliard. B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada de 1825, district de Cornwallis, sous district de Sainte-Anne, page 60. 

[5] Le père, Jean Regis Milliard (1762-1845) devait être suffisamment en forme pour assister au mariage, car huit ans plus tard, alors âgé de quatre-vingts ans, ce veuf épousera à L’Isle-Verte une jeune femme de trente-six ans, Marie Boucher, qui décédera avant lui.  Bien que François et Angélique aient tous deux des parents dans la région, frères, oncles et cousins, ce sont des amis qui leur servent de témoins, une situation hors de l’ordinaire pour l’époque.

[6] National Archives and Records Administration Federal Population Schedules for the 6th and 7th Census of the United States in 1840 and 1850, Madawaska, Aroostook, Maine, township 17, range 9.  Lors du sixième recensement de 1840 comptabilisé au 1er juin et terminé avant novembre, un enfant de sexe féminin de plus de cinq ans et de moins de dix ans fait partie de la famille de François.  Au recensement suivant tenu le 30 septembre 1850, l’aînée des enfants est inscrite comme ayant seize ans.  Si les informations de ces deux recensements sont exactes, elle serait née hors mariage.  Lorsque l’aînée Henriette se marie le 24 novembre 1851, elle était mineure.  Les registres des paroisses de la Côte-du-Sud et du nord du fleuve pour 1834 recèlent d’inscriptions de baptêmes pour des enfants illégitimes. Il n’y en a qu’une pour Saint-André de L’Islet-du-Portage, Marie des Anges née le 29 décembre, mais rien ne laisse supposer qu’il s’agisse d’Henriette.  Elle aurait pu être baptisée dans une autre paroisse, mais les registres des paroisses avoisinantes ne révèlent rien.  Une enfant du couple prénommée Marie Anne est née le 30 novembre 1835, pourrait-il s’agir d’Henriette ? Si tel était le cas, les informations fournies à deux occasions aux recenseurs par l’un des parents auraient été erronées ? Comme au recensement de 1840, la famille est composée de trois enfants et que l’on ne retrouve aucune inscription d’inhumation d’un enfant de François aux registres de Saint-André de L’Islet du Portage ou de Saint-Basile de Madawaska, est-il possible que les parents aient modifié le prénom de Marie Anne entre son baptême et le recensement ?   

[7] En 1831, il vit avec sa femme et son premier enfant chez son beau-père à Saint-André de L’Islet du Portage. 

[8] POULIN, Pierre. « Campbell, John Saxton ». Dictionnaire biographique du Canada. 1re édition 1969, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1985, 15 volumes, volume VIII (Décès de 1851-1860).

[9] LIEUX PATRIMONIAUX DU CANADA.  Domaine de la Seigneurie de l’Islet-du-Portage, [En ligne]. http://www.historicplaces.ca/fr/rep-reg/place-lieu.aspx?id=10292 [page consultée le 30/10/2016]. 

[10] Aujourd’hui Saint-André de Kamouraska. 

[11] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-André de L’Islet du Portage, 30 novembre 1835, baptême de Marie Anne et 30 octobre 1836, baptême de Marie Claris. 

[12] B.A.C., G., Recensement de 1842, district du Saguenay, sous-district de Sainte-Agnès, page 1.  À l’époque, cinq François habitaient la région et je n’ai pu en trouver que trois inscrit au recensement.  

[13] Comme on l’a vu à la section traitant de la vie de Joseph Sébastien (1767-1834), pendant des siècles avant l’arrivée des Européens en Amérique, les Malécites, Micmacs, Abénaquis et Montagnais empruntaient deux portages de communication, composée de chemins d’eau et de chemins de terre qui leur permettait de se déplacer entre le Saint-Laurent et le fleuve Saint-Jean.  Le premier en canotant sur le lac Témiscouata et la rivière Madawaska et le second en empruntant la rivière Saint-François et le lac Pohénégamook.  Le sentier dont il est question ici est le deuxième.  Depuis les débuts de la Nouvelle-France, ces deux sentiers parallèles entrecoupés de rivières et de lacs reliaient le fleuve Saint-Laurent à l’Acadie par le fleuve Saint-Jean. 

[14] Ignace Basque, un cousin d’Angélique Milliard dite Basque s’établira bien plus tard à Saint-François de Madawaska, sur la rive nord du fleuve Saint-Jean à une vingtaine de kilomètres du lieu de résidence de François et d’Angélique son épouse qui est située sur la rive sud du même fleuve.  La migration de François et d’Angélique ne peut donc pas être reliée à celle de son cousin survenu près d’une vingtaine d’années plus tard. 

[15] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Basile de Madawaska, 15 mai 1838.  À l’âge adulte, elle sera prénommée Belinda dans les registres civils américains. 

[16] RAYBURN, Alan.  Geographical names of New Brunswick.  Ottawa, ministère de l’Énergie des mines et des ressources, 1975, 304 pages.  Appelé Petit-Sault en raison d’une chute d’environ quatre pieds à l’embouchure de la rivière Madawaska. 

[17] Archives of the University of New Brunswick Loyalist Collection. 1840 New Brunswick Census of the Madawaska Settlement by J.A. MacLauchlan, Warden of the Disputed Territories, Province of New Brunswick, May 9th, 1840, page 11.  Ce recensement précise que François habite cette terre depuis deux ans et qu’elle ne lui a pas été octroyée.  

[18] Archives de l’état du Maine.  The Reports of Committees of the Senate of the United States for the second session of the thirty-second congress, 1852-53. Washington, Robert Armstrong Editor, 1853.  Report 361,« Joint Report of the Commissioners to locate grants and determine the extent of possessory claims under the late treaty with Great Britain. », Upper St. John River Valley & Aroostook River Valley, Aroostook County, Maine, August 1844.  Ce rapport d’un comité du Sénat américain institué pour donner suite au traité signé entre les deux puissances inventorie les personnes à qui des terres avaient été octroyées par le gouvernement britannique et par l’état du Maine et les personnes qui s’étaient installées sur une terre de la région sans autorisation d’un des gouvernements afin de régulariser leur situation.  François n’y apparaît pas.  Il devrait pourtant y être puisqu’il a occupé une terre comme le démontrent les deux recensements de 1840.  Pour un motif qui nous est inconnu, mais qui ne doit pas être étrange à son départ pour Saint-Francis vers 1842, il semble ne pas s’être prévalu du processus de « claims to land ownership » mise ne place par les deux puissances, la façon pour chacun de régulariser leur situation et de se faire reconnaître leur terre.  

[19] THERRIAULT, Patrick et Prudent L. MERCURE. Histoire du Madawaska. Québec, Imprimerie Franciscaine Missionnaire, 1920, page 397.  Le « Harford’s Brook » est aujourd’hui nommé le« Three Mile Brook ».

[20] Aujourd’hui un quartier de la ville d’Edmundston. 

[21] MICHAUD, Guy R.« Langevin, Antoine ». Dictionnaire biographique du Canada. 1re édition 1969, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1985, 15 volumes, volume VIII (Décès de 1851-1860). 

[22] Archives of the University of New Brunswick Loyalist Collection. 1840 New Brunswick Census of the Madawaska Settlement by J.A. MacLauchlan, Warden of the Disputed Territories, Province of New Brunswick, May 9th, 1840, page 11.  Le recensement de 1840 effectué par les autorités de la colonie du Nouveau-Brunswick mentionne le nom des voisins de François dont certains ont été mêlés au conflit territorial impliquant John Baker, un colon américain s’étant installé sur des terres qui deviendront plus tard parties du Nouveau-Brunswick à Baker-Brook. Et dans : CONGRESS OF THE UNITED STATES.  Documents, Legislative and Executive of the Congress of the United States from the First Session of the First Congress to the Thirty-Fifth Congress.  Washington, Édition Gales & Seaton, 1859, Volume VI, Foreign Relations, page 939.  Les déclarations de témoins dans une affaire reliée à la dispute territoriale situent le lieu de résidence des voisins de François. 

[23] DOIRON, Alonzo. Petit guide historique sur le Madawaska. Edmundston, Nouveau-Brunswick, A. Doiron, à compte d’auteur, 1979, 210 pages. 

[24] National Archives and Records Administration Federal Population Schedules for the 6th Census of the United States in 1840.  Madawaska, Aroostook, Maine. Op. cit. 

[25] Aujourd’hui Baker-Brook au Nouveau-Brunswick. 

[26] MORTON, Desmond. Une histoire militaire du Canada, 1608-1991. Sillery, Les Éditions du Septentrion, 1992. 414 pages.  De fait, on a souvent dit dans la littérature canadienne que c’est l’incursion des Américains pour percevoir des taxes qui déclencha le conflit.  Les auteurs canadiens passent souvent sous silence l’établissement d’une colonie américaine par les frères Baker sur la rive nord du fleuve dès 1817 et le procès et l’emprisonnement de ce dernier qui s’en suivit.  De plus, l’incursion des bûcherons du Nouveau-Brunswick et l’escarmouche de Caribou qui s’en suivit sont peu prises en compte.  

[27] 1840 New Brunswick Census of the Madawaska Settlement. Op.cit. 

[28] National Archives and Records Administration Federal Population Schedules for the 6th Census of the United States in 1840.  Madawaska, Aroostook, Maine, page 50. Le recensement américain de 1840 ne fut pas nominatif.  Seul le nom des chefs de famille y apparaît avec le nombre de personnes vivant avec eux divisées en groupe d’âge.  Comme Marie Anne née en 1835 n’apparaît pas dans les recensements subséquents, on peut présumer qu’elle est décédée ou que l’on a modifié son prénom pour Henriette. 

[29] Archives de l’état du Maine.  First Statement on the part of Great Britain, according to the provision of the convention concluded between Great Britain and the United States, on the 29th September, 1827.  Regulating the reference to arbitration of the disputed joints boundary under the fifth article of the Ghent. J. Harrison and Son Editor, page 270.

[30] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Basile de Madawaska, 16 septembre 1840.  À l’âge adulte, elle sera prénommée Magdaline dans les registres civils américains. 

[31] Aujourd’hui le Québec.  Une grande étendue de territoire dans la vallée de la Rivière Saint-Jean a été retranchée du district de Québec par les dispositions du traité Ashburton.  Dans en autres : COLLECTIF. «Saguenay», Journal Le Canadien. Québec, volume XVIII, N0. 16 (14 juin 1848), page 2. 

[32] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Basile de Madawaska, 15 mai 1838, 16 septembre 1840 et 23 janvier 1842.  Bien que les baptêmes de ces trois dernières filles soient tous enregistrés à Saint-Basile de Madawaska, ils n’eurent probablement pas lieu dans la chapelle de Saint-Basile, mais plutôt que dans une résidence du Petit-Sault.  La pratique du curé Langevin de se rendre régulièrement au Petit-Sault pour y administré les sacrements, les dates de baptêmes très rapprochés des naissances et le lieu de résidence des parrains et marraines permettent de conclure hors de tout doute que tous ces gens n’auraient pas fait dix kilomètres de canot pour se rendre à Saint-Basile et tout autant pour en revenir avec un enfant naissant et une mère se relevant de ses couches. 

[33] THERRIAULT, Patrick et Prudent L. MERCURE. Histoire du Madawaska. Québec, Imprimerie Franciscaine Missionnaire, 1920, page 112.

[34] CRAIG, B.« Immigrants in a frontier community: Madawaska, 1785-1850 », N. Madore, & B. Rodrigue (Eds.), Voyages : A Maine Franco-American reader, Gardiner, ME: Tilbury House. 2007, page 277-278. 

[35] GRAIG, Beatrice.  Backwoods Consumers and Homespun Capitalists: The Rise of a Market Culture in Eastern Canada. Toronto, University of Toronto Press, 2009, 320 pages.                                                                                                                                                                                   

[36] Angélique Milliard dite Basque accouchera d’un enfant au tout début de septembre 1843.  François devait défricher une portion de terre et y construire une maison pour sa famille qui allait compter huit personnes, il n’a pu faire cela en 1843 avec l’aide d’une femme sur le point d’accoucher à la fin de l’été qui a un bébé de dix-huit mois dans les bras. 

[37] Le traité Webster-Ashburton, signé le 9 août 1842, mit un terme à la querelle concernant la frontière entre le Maine et le Nouveau-Brunswick, à l’époque colonie britannique. 

[38] Le Québec d’aujourd’hui. 

[39] L’Ontario d’aujourd’hui. 

[40] Les Brayons, aussi appelés les Madawaskayens, sont les habitants francophones du comté de Madawaska situé dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick.  Le comté de Madawaska forme la partie canadienne du Madawaska, mais était à l’origine une région plus vaste comprenant aussi le nord du comté d’Aroostook dans l’État américain du Maine et constituant la haute vallée du fleuve Saint-Jean. 

[41] DOIRON, Alonzo. Op.cit., page 23. 

[42] Ce qui est aujourd’hui Frenchville (et Upper Frenchville) dans le Maine sur la rive sud du fleuve Saint-Jean et toute la partie y faisant face sur la rive nord du même fleuve était à l’origine partie de ce qu’on appelait Chautauqua ou Chateaugay ou Sainte-Emilie par les colons de langue française en raison du nom de la première chapelle qu’ils y avaient érigée.  Vers 1830 lorsque l’évêque de Québec changea le Sainte-Emilie pour Sainte-Luce et jusqu’en 1843, ce secteur de la colonie de Madawaska (Madawaska Settlement) prit le nom de Sainte-Luce.  Ce secteur situé du temps le plus à l’ouest de la colonie de Madawaska a été largement colonisé par des réfugiés acadiens et leurs descendants vers 1785 avant d’être largement supplanté en nombre par l’arrivée massive de colons Canadiens français, comme François, de la Côte-du-Sud du Saint-Laurent dans les années 1820 et 1830.  En 1830, cent douze familles pour un total de sept cent quarante-six personnes vivaient à Sainte-Luce sur les deux rives.  

[43] National Archives and Records Administration Federal Population Schedules for the 4th Census of the United States in 1820.  US Census of Penobscot County, Maine. Matawasca Parish, French Settlement, page 3.  Et dans : DIETZ, Lew. The Allagash. New York, Holt, Rinehart and Winston, 1968, pages 189-190.  Un seul colon demeurait plus à l’ouest que Saint Francis en 1820, John Harford et sa famille.  Il y sera rejoint par cinq autres familles de britanniques, d’Écossais et d’Irlandais avant 1830 qui avaient poussé à vingt kilomètres au-delà du secteur où les Acadiens et Canadiens français dominaient.  Ils formeront une petite communauté anglophone à l’endroit qui prendra le nom d’Allagash à la fin du siècle.

[44] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Basile de Madawaska, 3 septembre 1843. 

[45] National Archives and Records Administration Federal Population Schedules for the 7th Census of the United States, Madawaska, Aroostook, Maine, 30 Septembre 1850, page 333, image 166a, ligne 28.  “Susan, birthplace Maine”. 

[46] Les patronymes du parrain et de la marraine sont si communs qu’ils ne peuvent nous aider à les localiser. 

[47] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Luce de Madawaska au Maine, 11 avril 1845.  À l’âge adulte, il sera prénommé Francis dans les registres civils américains. 

[48] Société historique du Madawaska. Livre-souvenir à l’occasion du 50e anniversaire de la fondation du diocèse d’Edmundston publié par la Revue de la Société Historique du Madawaska (vol. XXIII, numéros 1, 2, 3 et 4), 1995. 

[49] CHADBOURNE, Ava Harriet.  Maine Place Names and the Peopling of Its Towns. Freeport, Maine, the Bond Wheelwright Company, 1971, pages 41 et 42. 

[50] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Luce de Madawaska au Maine, mission Saint-François-Xavier, Canada-Est, 9 juillet 1847.  À l’âge adulte, il sera prénommé Oliver dans les registres civils américains. 

[51] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Luce de Madawaska au Maine, mission Saint-François-Xavier, Canada-Est, 17 juin 1849.  À l’âge adulte, elle sera prénommée Mary dans les registres civils américains. 

[52] National Archives and Records Administration Federal Population Schedules for the 7th Census of the United States, Madawaska, Aroostook, Maine, 30 September 1850, productions of agriculture in Township No 17 Range 9, page 61. 

[53] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Luce de Madawaska au Maine, mission Saint-François-Xavier, Canada-Est, 13 octobre 1850. 

[54] Ibid., 24 novembre 1851. 

[55] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada de 1825, district de Cornwallis, sous-district de Saint-André de L’Islet du Portage page 76.  Et BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Basile de Madawaska, 1er octobre 1828.  Sa famille est recensée au Bas-Canada en 1825 et son père est inhumé à Saint-Basile en 1828. 

[56] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Luce de Madawaska au Maine, 2 février 1846.  Inhumation de Marie Morin. 

[57] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Luce de Madawaska au Maine, mission Saint-François-Xavier, Nouveau-Brunswick, 17 juillet 1852. 

[58] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Luce de Madawaska au Maine, mission Saint-François-Xavier, Nouveau-Brunswick, 10 juin 1854. 

[59] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Luce de Madawaska au Maine, mission Saint-François-Xavier, Nouveau-Brunswick, 15 juin 1856. 

[60] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Luce de Madawaska au Maine, 29, 30 et 31 août 1844 et 18, 19 et 20 juillet 1850. 

[61] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-François-Xavier du Nouveau-Brunswick.  L’ouverture des registres s’est faite en 1859.  Aucune mention, d’un baptême, d’un mariage ou d’un Harvey n’est inscrite à cette paroisse entre 1859 et 1886 à l’exception d’un baptême que l’on a voulu facilité. 

[62] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Luce de Madawaska au Maine, mission Saint-François-Xavier, Nouveau-Brunswick.

[63] Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, fond Henri Dionne, boîte 34 (1), document XLII.  Recensement de la paroisse de Saint-François de Madawaska, décembre 1857 comprenant des parties du township17, R9, Maine. 

[64] National Archives and Records Administration Federal Population Schedules for the 8th Census of the United States, Township17, R9, Aroostook, Maine, 30 juin1860, page 56. 

[65] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Louise, 22 janvier 1867. 

[66] BAnQ., MRNFP — Répertoire des cantons du Québec 2004. Proclamation du canton Dionne, le 12 décembre1863 ; et COLLECTIF. Rapport sur les missions du diocèse de Québec. Québec, les ateliers de Léger Brousseau, 1863, pages 27-29.  Et BAnQ., Registre de la Mission Elgin (aujourd’hui paroisse et village de Sainte-Perpétue de l’Islet, 19 février 1871. 

[67] National Archives and Records Administration Federal Population Schedules for the 9th Census of the United States, productions of agriculture in St Francis, Aroostook, Maine, 21 juin1870, page 1.  

[68] National Archives and Records Administration Federal Population Schedules for the 10th Census of the United States, St Francis, Aroostook, 10 juin 1880, page 6.  

[69] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-François-Xavier de Madawaska, Nouveau-Brunswick, 11 octobre 1874. 

[70] BMS2000, 25 mars 1874 et 19 mars 1876. 

[71] « Un terrible malheur vient de fondre sur la paroisse de Saint-François », Le Messager de Lewiston. Le jeudi le 10 février 1886. 

[72] Archives de l’État du Maine, Record of a death, St. Francis, Maine, 8 mars 1893. 

[73] Archives de l’État du Maine, Record of a mariage, 1er janvier 1900, John Pinette & Clara Harvey. 

[74] Les registres d’immigration des États-Unis n’ont pas révélé jusqu’à présent de demande qui aurait été faite par François. 

[75] CRAIG, B. Op.cit., page 278.