2. Edmond Harvey

(1871-1926)

Louis Joseph Edmond Harvey, de la septième génération, quittera Saint-Fulgence en 1902 pour aller s’établir à Manchester au New Hampshire.  Né le 20 mars 1871 à La Malbaie, il est le troisième fils de seize enfants, dont deux couples de jumelles[1]Edmond est le fils de l’un des héritiers de la ferme Valin de Saint-Fulgence, Joseph Harvey (1845-1873) à Timothée Hervey (1806-1880) à Michel Hervé (1771-1810) chez Pierre Hervé (1733-1799).

Edmond n’a pas un an lorsque son père, sa mère et son frère Elzéar quittent Saint-Étienne de Murray Bay pour s’établir à Saint-Fulgence au Saguenay.  De fait, le grand-père d’Edmond, aussi de La Malbaie, vient tout juste d’acquérir de la famille Price, la ferme Valin de Saint-Fulgence et c’est la majeure partie de son clan qui le suit dans cette aventure[2].  La ferme en question comprend plus de cinq mille deux cents acres, de quoi accommoder tous les membres de cette grande famille.  Le père d’Edmond sera, pour un certain temps, propriétaire en société avec son grand-père Timothée et son oncle Michel, du moulin à scie et du moulin à farine activés par rivière à La Loutre.

Edmond sera donc fils de cultivateur puisque son père contrairement à ses oncles resta à Saint-Fulgence pour y travailler la terre.  À vingt ans c’est toujours le cas, mais plus pour longtemps[3].  Le 8 janvier 1894, il épouse à Saint-Fulgence Marie Simard qui a dix-sept ans.  Les nouveaux mariés sont un peu parents puisque l’arrière-grand-père paternel de Thomas et l’arrière-grand-père maternel de Marie étaient frères[4]

Edmond avait perdu sa mère en janvier 1890.  Elle avait quarante-cinq ans au moment du décès et avait donné naissance à treize enfants[5].  Six ans plus tard, son père se marie à nouveau[6].  L’année suivante, Marie Simard, épouse d’Edmond, sera choisie comme marraine du premier enfant du couple que forme maintenant son père avec Joséphine Boudreau[7].

Edmond et Marie Simard sont donc toujours au pays en 1897, mais ils semblent ne plus y être au tournant du siècle[8].  On les retrouve en 1902 sur les rives du fleuve Merrimack, dans le comté de Hillsborough.  Le couple a aménagé au numéro 211 dans un logement de la rue Hanover à Manchester, la ville la plus peuplée de l’État du New Hampshire[9].  À leur arrivée en Nouvelle-Angleterre, Edmond se déniche un emploi de journalier.  Il sera par la suite opérateur de moulin pour un certain temps avant de se convertir à la maçonnerie avant la fin de la décennie.  On ne sait pas où ce fils de cultivateur-entrepreneur forestier, fit l’apprentissage de son métier de tailleur de pierre ni qui fut son maître, mais quoi qu’il en soit il sera maçon et reconnu comme tel dès 1910, et cela jusqu’à la fin de sa vie.

Edmond n’est pas le premier de la famille à tenter l’aventure en Nouvelle-Angleterre.  Son oncle Timothée (1847-1939) y est déjà depuis 1894.  Comme on l’a vu, ce dernier est établi à Brunswick dans le Maine.  Elie Harvay (1832-1905), un cousin de son père, est également au Maine depuis 1884 alors que deux de ses fils y sont depuis 1881.

Toujours sans enfant après plus de huit ans de vie commune, Edmond et Marie Simard ne sont pas partis seuls.  Le couple avait pris sous son aile la jeune demi-sœur d’Edmond, née en 1899[10].  Il est difficile de comprendre pourquoi Joséphine Boudreau, la belle-mère, laisse ainsi partir son deuxième enfant de trois ans; la maison du père d’Edmond n’abrite pourtant que des enfants de plus de vingt ans et les trois plus jeunes, nés du deuxième lit, lesquels ont entre un et cinq ans[11]Marie Rosanna Léontine était donc partie pour Manchester avec son demi-frère; elle est toujours chez Edmond à Manchester en 1910,[12] mais reviendra au pays avant la fin de la décennie puisqu’en 1919 elle épousera Henry Simard à Saint-Fulgence.  Quoique fut la relation qu’Edmond entretenu avec sa demi-sœur qu’il avait élevée pendant un certain temps, il ne fera pas le voyage pour assister à son mariage[13].

Edmond est toujours journalier à Manchester et reviendra au pays à plusieurs reprises.  Marie Simard à la santé fragile, car en 1918, il la ramène au pays pour qu’elle soit hospitalisée à l’Hôtel-Dieu-du-Précieux-Sang de Québec.  Elle y décède le 13 août et est inhumée trois jours plus tard dans le cimetière du village d’adoption de la famille de son père, à Saint-Léon-de-Standon au cœur des Appalaches[14].  Le couple n’aura eu aucun enfant.

Après avoir inhumé sa femme, Edmond retourne à Manchester.  Deux ans plus tard, il fait la rencontre d’une Beauceronne de Lac-Drolet dont la famille avait migré à Manchester en 1890[15].  Le 31 mai 1920, il épouse Marie Félicia dite Félixine Giroux, une célibataire de quarante-cinq ans, native de Sainte-Marguerite en Beauce[16].  Bien que les futurs mariés résident tous deux à Manchester, le mariage a lieu dans la petite municipalité de Peterborough à soixante kilomètres au sud-ouest de Manchester où la mère de la mariée a élu domicile[17].    

Edmond s’établit avec sa nouvelle épouse au village de Jaffrey, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Peterborough, là où le couple s’est marié et où vivent la mère de Félixine et ses sœurs.  Le village où ils résident compte un peu plus de deux mille habitants, vivant pour une grande part d’une manufacture de textile et de l’industrie touristique créée depuis une soixantaine d’années au pied du Mont Monadnock.

C’est à cette époque que le gouvernement canadien lance une campagne de «Retour à la terre».  À Manchester seulement, quelque trois cent soixante familles, Canadiennes françaises pour la plupart, reviennent au Canada et se convertissent à l’agriculture dans les provinces de l’Ouest.  Bien que fils d’agriculteur, Edmond ne se laissera pas tenter, car son choix de partir habiter à Jaffrey East n’était pas anodin.  La région connaît une croissance significative avec la construction d’un grand nombre de maisons, d’hôtels, d’entreprises et d’institutions civiques que les gens veulent de style néo-grec.  Le tailleur de pierre profite donc de cette mode propre à l’Europe du Nord et aux États-Unis pour pratiquer son métier[18].

Edmond a cinquante-quatre ans lorsqu’il commence à sentir des symptômes d’« angine de poitrine ».  Une douzaine de mois plus tard, le 25 septembre 1926, il s’éteint des suites de la maladie[19].  Lui et Félixine n’avaient eu aucun enfant.

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[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 20 mars 1871.

[2] A.N.Q., GN. Minutier Élie Angers, no 690, 14 juin 1871.

[3] B.A.C., G., Recensement de 1891, district de Chicoutimi et Saguenay, sous-district de la paroisse de Saint-Fulgence, microfilm 30953_148193-00656.

[4] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Fulgence, 8 janvier 1894.

[5] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Fulgence, 7 janvier 1890.

[6] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne de Chicoutimi, 10 février 1896.

[7] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Fulgence, 7 janvier 1897.

[8] Je n’ai pu trouver Edmond et son épouse au recensement de 1901 qui a débuté officiellement le 31 mars 1901.  Ils ne semblent pas avoir été inscrits au Québec.

[9] Manchester, New Hampshire, City Directory for the year 1903, page 280.

[10] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Fulgence, 7 juillet 1899.

[11] B.A.C., G., Recensement de 1901, district de Chicoutimi et Saguenay, sous-district de la paroisse de Saint-Fulgence, microfilm z000133454 et z000133455.

[12] 1910, Recensement fédéral américain, État du New Hampshire, comté d’Hillsborough, ville de Manchester, page 19.

[13] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Fulgence, 25 août 1919.

[14] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Léon-de-Standon, 16 août 1918.

[15] 1920, Recensement fédéral américain, État du New Hampshire, comté d’Hillsborough, ville de Manchester, page 18 A.

[16] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Marguerite de Dorchester, 8 septembre 1874.

[17] State of New Hampshire, Record of Marriages for the city of Peterborough, 31 mai 1920.

[18] Traduction libre.  Les textes relatifs à son métier mentionnent « stone mason ».

[19] State of New Hampshire, Record of Death for the city of East Jaffrey, 25 septembre 1926.